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3 octobre 2007

Un monde de fous : la souffrance ne s’expertise pas !

Bientôt ici même notre présentation de cet événement.

Faculté Victor Segalen — ßrest

Le savoir expert créera-t-il l’homme de demain ?

La loi de 2002 et les décrets concernant l’évaluation, les critères de bonnes pratiques et de diagnostic, modifient de façon inquiétante le travail des professionnels qui y sont confrontés. Les acteurs du social, du médico-social, de la santé psychique en général, pour ne citer qu’eux, sont en première ligne. Au nom d’une prévention reprenant l’argument des « classes dangereuses », on veut leur imposer des pratiques de contrôle, voire de délation, contraires à l’éthique de leurs professions. L’institution d’un «secret partagé», notamment, met fortement en cause le fondement même de leurs pratiques. Ces nouvelles recommandations disqualifient le sujet au profit d’un individu repérable dès sa conception et transformé en usager consommateur, avec son « consentement éclairé », précaution nécessaire pour se prémunir des actions qu’il pourrait intenter. Le patient transformé en usager devient aussi un ennemi potentiel… À l’heure où la « parole d’expert », et l’argument statistique prétendent dire le vrai et le réel, sous le sceau de la scientificité, on voit la personne humaine traitée comme une machine qu’il convient de faire fonctionner correctement, de réparer ou de remiser si elle ne donne plus satisfaction. Le devenir de l’enfant est donné pour inscrit inexorablement dès le petite enfance, le bambin coléreux sera le délinquant de demain. Au cours de cette journée, nous souhaitons défendre une autre conception de l’humain.

Françoise CORVAZIER
Psychanalyste, Médecin PMI, membre de l’Ecole de Psychanalyse des Forums du champ Lacanien.


Quand le sujet disparaît

Les lieux de soins et de prévention, médicaux, psycho-psychiatriques, voire sociaux étaient-ils si désertés qu’il soit nécessaire – de façon récurrente – de faire appel à une « requalification » ? De nombreux textes viennent encadrer, recadrer les orientations à définir dans ce champ. Depuis toujours, dirais-je, depuis longtemps du moins…
Pour poursuivre leur travail, centré sur l’humain, au plus près de sa singularité, les professionnels cherchent appui. Y aurait-il des garanties ? Serait-ce le droit, les lois à lire, à interpréter ? La science et ses experts ? L’appel à la déontologie ?
Comment soutenir notre acte ? L’éthique est requise.

Patrick COUPECHOUX
Journaliste indépendant, collaborateur au Monde Diplomatique, auteur de « Un monde de fous, comment notre société maltraite ses malades mentaux » aux éditions du Seuil, préface de Jean Oury.

Comment la société maltraite ses malades mentaux
« On juge du degré de civilisation d’une société à la façon dont elle traite ses fous »: c’est à partir de cette phrase de Lucien Bonnafé, l’un des inventeurs de la psychiatrie de secteur après la libération, que Patrick Coupechoux a mené une enquête dans le monde de la maladie mentale et de la psychiatrie. Après l’expérience du désaliénisme, qui avait mis le fou au coeur de la condition humaine, on assiste aujourd’hui à un changement de regard sur la folie à partir de trois facteurs : la domination d’une conception biologique de la folie, la domination d’une idéologie managériale soucieuse avant tout de gestion et de rentabilité, la domination de l’industrie pharmaceutique. Ce bouleversement conduit à la négation de la maladie mentale, à l’abandon des fous – y compris dans la rue et en prison – à la remise en cause même de la psychiatrie. Si l’on considère la situation actuelle des fous, on peut donc faire l’hypothèse d’un recul de civilisation.

Jean-François COTTES
Psychologue, Psychanalyste, Président de l’InterCo-Psycho, membre du collectif « pasdezerodeconduite »


Les noces nouvelles du savoir et du pouvoir

L’apparition du discours de la science avait déjà profondément modifié les rapports du savoir et du pouvoir. Aujourd’hui, l’apparition des nouvelles technologies de la communication, et en particulier, la numérisation des données, marque une nouvelle étape. D’autre part, la marchandisation du secteur des services sanitaires et sociaux progresse. Comment dans ces conditions préserver l’espace intime et les pratiques qui le concernent ?