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11 mars 2007

Un point sur la loi et la position du SNPPsy Yves Lefebvre

Yves Lefebvre


La loi qui réglemente non pas la pratique de la psychothérapie mais le seul usage du titre générique de « psychothérapeute » pour le réserver aux médecins et psychologues diplômés de l’université, même s’ils n’ont pas fait de travail psychothérapeutique ou psychanalytique sur eux-mêmes ni reçu de formation à la pratique de la psychothérapie, reste très contestée par les principales organisations de psychothérapeutes. Ont été rajoutés après coup les psychanalystes membres d’une association professionnelle, qui pourront donc aussi s’appeler psychothérapeutes.

Les seuls qui ne pourront plus sont ceux qui s’appelaient psychothérapeutes à ce jour, même après 5 ans de formation et au moins autant de travail sur eux-mêmes… À moins qu’ils ne s’appellent psychanalystes et fondent une association, ou passent par l’université pour 400 à 500 heures de psychopathologie médicale théorique et autant de stage d’observation en institution.

Les décrets d’application ne sont toujours pas parus, après quatre versions successives.

Le député Accoyer promoteur de la loi a tenté de faire passer des amendements aggravants ces dispositions dans une loi sur les médicaments, ce qui vient d’être refusé par le Conseil constitutionnel.

On devine derrière cette loi la pression de lobbies pharmaceutiques, ainsi que celle de l’Académie de médecine et des psychologues universitaires cognitivo-comportementalistes qui voudraient remplacer la psychothérapie du sujet (« connais-toi toi-même et deviens qui tu es », les symptômes étant d’abord un langage de l’inconscient à décrypter pour que la personne s’approprie par elle-même son état de sujet) par la psychothérapie de l’objet (réduire les troubles mentaux considérés comme une maladie objective, comme un médecin réduit une fracture).

Voici la position de la principale organisation de psychothérapeutes relationnels, le Syndicat national des praticiens en psychothérapie.

• Le SNPPsy demande qu’une place légitime soit reconnue pour chacune des quatre professions qui se partagent le champ de la psychothérapie, en tenant compte de leurs propres critères, exigences et règles de l’art.

Psychiatres et psychologues cliniciens exercent majoritairement une forme de psychothérapie médicale objective visant à réduire des symptômes ; psychanalystes et psychothérapeutes relationnels exercent majoritairement une forme de psychothérapie humaniste subjective, visant à la réalisation de son état de sujet par la personne elle-même. Chaque profession a sa juste place, sa spécificité et son public mais n’obéit pas aux mêmes critères de formation.

• Le SNPPsy s’oppose à la tentative de rayer du champ de la psychothérapie les spécificités de la psychothérapie relationnelle qui existe depuis un demi-siècle et s’est autoréglementée depuis trente ans, pour la soumettre aux seuls critères médicaux et cognitivistes des psychologues universitaires et de l’Académie de médecine.

• Le SNPPsy demande de surseoir à la parution des décrets d’application de l’article 52 de la loi du 2 août 2004, pour préparer un nouveau texte de loi adapté à la réalité des quatre professions psy à l’issue d’une négociation avec les institutions représentatives.

La loi par ailleurs inapplicable parce que deux de ses articles sont contradictoires, a été votée avant toute concertation avec les organisations des professions concernées et vise à éradiquer la psychothérapie relationnelle humaniste au profit de la médicalisation du soin psychique.

• Le SNPPsy demande également le rejet des amendements proposés par M.Accoyer dans le cadre de la loi sur les médicaments, concernant le monopole de l’université pour la formation des psychothérapeutes et la composition des commissions d’agrément par les seuls médecins et psychologues universitaires ne connaissant pas la pratique de la psychothérapie relationnelle, ceci justifié par des présupposés scientistes et des prétextes sécuritaires utilisant la diffamation envers les psychothérapeutes relationnels, ce qui est indigne de notre démocratie. Les quelques charlatans qui échappent aux exigences des associations professionnelles ne sont pas aussi nombreux que certains affectent de le croire et ne justifient pas qu’on pénalise tous les autres.

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Le SNPPsy demande qu’il soit tenu compte des cinq critères qu’il a élaborés dans une réglementation du titre de psychothérapeute relationnel.

Ces cinq critères repris par les principales organisations de psychothérapeutes relationnels ont été vérifiés et confirmés par trente ans d’expérience et fondent la qualité du psychothérapeute relationnel bien mieux que les seuls diplômes universitaires sanctionnant un enseignement scientifique : avoir suivi soi-même une psychothérapie relationnelle ou une psychanalyse suffisamment approfondie, avoir suivi une formation théorique et pratique apte à donner une réelle compétence de praticien, s’engager à respecter le code de déontologie des psychothérapeutes relationnels, s’engager dans une supervision constante de sa pratique, se faire reconnaître par une commission de pairs.

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Le SNPPsy approuve l’enseignement des bases de la psychopathologie médicale dans les cursus de formation des psychothérapeutes relationnels, mais conteste le remplacement de ses cinq critères par le monopole universitaire de la seule psychopathologie médicale.

La psychopathologie est déjà enseignée par les instituts privés agréés par les principales associations de psychothérapeutes relationnels. Il est souhaitable qu’elle puisse être enseignée en coopération avec l’université, mais pas que l’université ait le monopole de la formation parce qu’elle n’est pas équipée ni prévue pour entraîner les futurs praticiens à la pratique de la psychothérapie relationnelle.

D’autre part s’il est juste d’imposer de nombreuses heures de psychopathologie médicale aux médecins psychiatres et aux psychologues cliniciens pour qu’ils puissent soigner objectivement les troubles mentaux, une base solide de psychopathologie suffit aux psychanalystes et aux psychothérapeutes relationnels qui par contre doivent développer d’autres approches et un long entraînement personnel impliquant, pour qu’ils puissent accompagner un sujet dans sa propre réalisation.

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Le SNPPsy conteste l’idée de mélanger dans les listes préfectorales les médecins psychiatres et les médecins non psychiatres, les psychologues cliniciens et les psychologues non cliniciens et les psychanalystes de toutes obédiences légitimes ou non sous un même titre « psychothérapeute », que seuls les psychothérapeutes relationnels n’auraient plus le droit de porter.

Cette disposition est porteuse de graves effets pervers pour les quatre professions concernées. Le SNPPsy la rejette absolument, dans l’intérêt des professionnels, de la psychothérapie et du public.

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{Ajoutons qu’au cas où des décrets d’application seraient tout de même signés, la plupart des organisations professionnelles de psychothérapeutes relationnels constatant le rapt de leur nom de « psychothérapeute », choisiraient d’appeler leurs membres « psychopraticiens relationnels » ou « praticiens en psychothérapie relationnelle » ou autre synonyme, plutôt que se conformer à un dispositif pervers et devenir psychothérapeutes d’État sur listes préfectorales avec des gens n’ayant pas fait de travail sur eux ni reçu de formation à la pratique de la psychothérapie relationnelle.

C’est une question d’éthique, de désir et de réalité d’une profession qui existe et continuera d’exister de toute façon, indépendamment des règlements corporatistes et politiciens.