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20 novembre 2014

Viva la muerte – le retour de la Bête Gilles-Olivier Silvagni, précédé de « Non à la glorification de la pulsion de mort » par Philippe Grauer

Non à la glorification de la pulsion de mort

par Philippe Grauer

La Bête immonde, tel Alien, enfante et ré-enfante. Ceux qui s’engagent comme serviteurs du Mal s’installent comme ennemis du genre humain. Humanistes nous nous devons de dire que NON ça ne passe pas, ça n’a pas à passer, cette horreur est inadmissible !

un fascisme qui n’a rien à voir avec l’islam

Après les Mille collines du Rwanda martyrisé, voici venir un fascisme qui n’a rien à voir avec l’islam, et qui s’en prend systématiquement d’abord aux musulmans bien entendu. Il n’est pas commode dans notre histoire européenne d’aller puiser dans nos souvenirs du XXème siècle. Généralement on adopte comme convention de n’y jamais faire allusion pour décrire les faits contemporains.

temps sans pitié

Il est tout de même temps d’appeler un chat un chat et un fasciste un fasciste. L’expression islamo-fascisme existe, avec le danger d’embarquer l’islam dans une sinistre aventure sémantique. Il est de toute façon temps que les amoureux de la mort et adorateurs du Mal soient qualifiés selon leurs mérites et que ceux qui pensent que la pitié procède aussi fondamentalement de la nature humaine sonnent l’alarme.

Le jour où le SNPPsy organise une journée « Éthique au cœur » il est bon de rappeler ce qu’éthique et morale humaine fondamentale veulent dire pour nous tout autant que pour la société où nous œuvrons. Merci à l’ami psychanalyste Gilles Olivier Silvagni d’avoir pris la parole en ce sens.


Gilles-Olivier Silvagni, précédé de « Non à la glorification de la pulsion de mort » par Philippe Grauer

Viva la muerte !

par Gilles Olivier Silvagni

coauteur de La psychanalyse pour les nuls

nécrophile et insensé

Ce cri « nécrophile et insensé » comme Miguel Unamuno eut le courage de le dire hautement, en 1936, face à une foule franquiste prête à le lyncher, est revenu à la mode.

Et telle est bien la mode, la triste mode, la mode nécrophile et insensée en effet, de ce malheureux siècle qui commence par le triomphe partout en ce monde de la barbarie la plus sanglante, sous toutes les formes les plus renouvelées et les plus sophistiquées dont elle nous outrage quotidiennement.

l’anniversaire hideux des années trente

Voyez donc comme, un siècle après ceux de 14, nous revient en pleine face avec un peu d’avance, mais si peu, mais si vite, l’anniversaire hideux des années trente, avec son cortège de massacres de haine, de brutalité meurtrière et d’insondable bêtise, multiplié par le coefficient internet.

Voyez-les dans toute leur gloire médiatique, ubiquitaire, sur tous les écrans de la planète.

Quel spectacle !

Ils sont là, sanglés dans leur djellabas noires, beaux, jeunes, souriants et barbus, un doigt levé pour réclamer leur gloire sanglante, posant en majesté grâce à l’omniprésence obligeante des chaînes d’infos continues. Ces télévisions enchaînent en continu et en live et diffusent et rediffusent 24 heures sur 24 et comme à plaisir les mêmes vidéos à peine floutées, avec les mêmes commentaires sensationnels, qui bâtissent par accumulations et répétitions imbéciles la légende sinistre de ces jeunes gens qui assassinent à visage découvert : les barbares nouveaux sont arrivés !

Nouveaux, sans doute, puisque notre époque aime par-dessus tout qualifier de nouveau ce qui nous revient de la veille, et ceux-là tout particulièrement, qui ressemblent comme deux gouttes de sang à leurs tristes aînés.

Voyez-les prendre la pose !

Ils ont tout en commun avec les jeunes SS, beaux blonds sanglés dans leur élégants uniformes noirs, un bras levé vers leur Führer, et comme aujourd’hui les mêmes, exactement les mêmes : ivres de sang, de violence et par-dessus tout de jouissance brute et brutale.

Avec en prime de faire, d’un doigt levé, la nique à leurs sages petits camarades restés à la maison cramponnés à leurs consoles sur leurs jeux vidéo de massacres où ils abattent sans compter à grandes rafales hommes femmes et enfants fictifs pour faire un bon score, si discutablement virtuel.

transgression absolue, la mort mise en scène en une pornographie ultime

Leur message de ralliement est clair. Il s’adresse aux enfants du siècle enkystés dans leurs cités et dans leurs pavillons, et les invitent à les rejoindre et à partager pour de vrai ce festin de sang, ces tenues et ces armes mythiques, la violence inouïe, jamais vue, et la transgression absolue : celle de la mort mise en scène en une pornographie ultime. Celle permise par un dieu-prétexte, en son nom perverti, pour mériter son paradis de bastringue, par le martyre, en noir, en beauté : dis, t’as vu ma belle kalache ?