Cette réflexion est indispensable à qui cherche à comprendre comment fonctionne cette bataille de l’autisme dont le député Fasquelle prend la direction politique, succédant à la bataille des charlatans (1999-2010) avec comme stratège en matière de législation le député Bernard Accoyer.
Elle ne doit pas masquer que la psychanalyse en tant que telle figure au centre du colimateur.
PHG
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Sur la proposition de loi Fasquelle pour interdire l’accompagnement psychanalytique des enfants autistes (et sur le projet d’avis HAS) :
Par François-R. Dupond Muzart
– sur le Forum Œdipe le 15 février 2012 :
– puis dans « Lacan Quotidien » nº 158 du 17 février 2012
– et en même temps par l’ Association des psychologues freudiens sur son site
Contrairement aux premiers mots de la proposition de loi Fasquelle, l’essentiel n’en est pas d’interdire la psychanalyse pour quoi que ce soit, et c’est une erreur de se montrer sur la défensive à ce propos ou de faire de la « pédagogie » lamentatoire. L’essentiel de la proposition de loi Fasquelle est de proposer le transfert de financements du budget maladie de la sécurité sociale (même si de quel budget il s’agit n’est pas précisé) sur, expressément, des activités d’« éducation » (et de communication et relatives au comportement… qui sont des objectifs de scolarité).
Il s’agit de siphonner le budget maladie de la sécurité sociale pour des activités qui relèvent du ministère de l’éducation, et du budget « dépendance » puisqu’il s’agit d’éducation spécifique pour des intéressés sujets à dépendance.
Un tel pompage du budget maladie de la sécurité sociale est du vol, du détournement du budget maladie de la sécurité sociale, c’est-à-dire de nos cotisations « maladie », qui serait organisé par la loi, tout simplement.
Par conséquent, il faut être, pour cette raison même, pour l’expulsion immédiate de la psychiatrie et même de la médecine en général des enfants autistes en cette qualité, sauf s’agissant de la recherche, d’une part, et des cas extrêmes, d’autre part, tels ceux comportant des automutilations.
C’est ce que nombre de parents d’enfants autistes et leurs associations réclament, d’ailleurs. Parfait, c’est ce qu’il faut faire, pour s’assurer définitivement que pas un sou du régime maladie de la sécurité sociale n’aille à des activités d’éducation, y compris sous couvert de « comportementale ».
Mais par ailleurs, comment en est-on arrivé à cette haine de la psychanalyse à propos de l’autisme ?
On en est arrivé là en particulier par le détournement de la psychanalyse en préconisations d’éducation ou de non-éducation. Mais je me moque que la méthode ABA soit du « dressage ». Si les parents d’enfants autistes veulent du « dressage », eh bien qu’ils fassent du dressage. Car il est aberrant de prétendre que l’éducation en général ne comporte pas de dressage. La différence avec les vers de terre, c’est que l’éducation implique l’interaction émotionnelle avec l’éducateur, et l’échange par la parole lorsque l’enfant en devient capable. Mais même les chiens interagissent émotionnellement avec leurs « dresseurs », et communiquent avec eux, et en réalité il s’agit d’éducation, hormis cruauté de dénégation funeste par le « dresseur ». Mais bien entendu, les chiens n’ont qu’à faire ce qui leur plaît selon leurs désirs, selon certains psychanalystes. Dans ce cas, la cruauté est équivalente à celle du dresseur qui dénie la nature d’éducation même des chiens.
Le problème, c’est que si la composante « dressage » est excessive, les parents se disqualifient émotionnellement envers leurs enfants : ce ne sont plus alors les enfants qui sont disqualifiés, ce sont les parents qui se retrouvent disqualifiés. C’est seulement là où la psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse, peuvent (doivent) entrer en jeu, en faisant intervenir un tiers. Et là on est bien dans la « santé mentale ».
Mais en réalité, aucun dialogue n’est possible, puisque les promoteurs de la proposition Fasquelle ont montré leur vrai visage : celui de parasitisme du budget maladie de la sécurité sociale, pour des activités qu’eux-mêmes qualifient d’éducatives, y compris sous l’aspect « comportemental ». Il faut au contraire leur couper définitivement les fonds du budget maladie pour ces prétentions, et les renvoyer vers les budgets de l’État relatifs à l’éducation et à la dépendance, relevant des ministères concernés.
Nos cotisations « maladie » ne doivent pas servir à des activités d’éducation, y compris comportementale ; nous devons le refuser. Nos cotisations « maladie » ne doivent servir à ce propos qu’à la prévention et la résolution des troubles de santé mentale que peuvent entraîner des méthodes intensives sur de jeunes enfants, et donc par là à faciliter le succès de ces méthodes et ainsi optimiser l’emploi par l’État des budgets de l’éducation et de la « dépendance » pour ce qui n’est que de l’éducation, y compris « comportementale », et de la réduction de la dépendance des intéressés.
Telle paraît être la véritable réponse à la proposition de loi Fasquelle.
– Le texte ci-dessus est un extrait réécrit d’un commentaire plus détaillé, d’un autre style, sur le site du Collectif des 39 contre la Nuit sécuritaire .
On y trouve : L’on peut toujours exiger qu’un éducateur soit titré psychologue, ça ne fera toujours pas de l’éducation un soin psychologique. L’on peut toujours appâter la Sécurité sociale en faisant miroiter que l’éducation adaptée aux enfants autistes lui épargnera par la suite des coûts supérieurs, mais cela ne changera toujours pas la nature d’éducation en nature de soin médical. Il faudrait savoir : l’éducation est un principe, que l’on soit en bonne santé ou non, ou c’est un soin médical. Si c’est un principe, la Sécurité sociale n’a rien à y faire, sauf coordonner de véritables soignants avec les éducateurs, et éviter que quiconque se croie tout-puissant à cumuler les deux fonctions. M. Fasquelle propose de basculer une partie du budget de la sécurité sociale à l’éducation. Bon vent, fumiste à ce propos (par ailleurs professeur agrégé de droit… européen).
– Une suite plus “technique” est publiée sur le Forum Œdipe : pour « Réponse à un Professeur d’université lacanien », sa question : « D’un point de vue juridique, il me semble que la proposition de loi n’est guère recevable, car la rigueur juridique est-elle capable de cerner une notion aussi indéfinissable que celle de “pratique psychanalytique” ? ».