par Philippe Grauer
Nous en reparlerons dans notre analyse à venir bientôt de cet ouvrage majeur de la psychothérapie relationnelle du dernier quart du XXème siècle, enfin à la disposition des lecteurs francophones.
Certes on aurait souhaité une édition soignée, celle-ci apparemment n’a pas bénéficié de la simple relecture de base qui permet d’éliminer les innombrables fautes triviales qui émmaillent le texte, plutôt qui lui font sauter son émail ainsi piqué de trop nombreuses et évitables taches de rouille.
Une introduction par l’un des membres d’Artex qui a depuis près de trente ans à l’instigation de Noël Salathé diffusé et mis au travail ce texte de référence, ne l’aurait pas non plus déparé. Que voulez-vous l’édition étant ce qu’elle est devenue, contentons-nous d’apprécier la parution dans notre langue d’un texte indispensable à tous les praticiens à qui la posture existentialiste importe, ce qui fait du monde.
Noël Salathé y a puisé dès 1992 la créative inspiration qu’on retrouve dans son ouvrage Psychothérapie existentielle, une perspective gestaltiste (1*), par ailleurs texte de référence du groupe Artex (2*).
La pensée psychothérapique existentialiste de Yalom se déploie majestueusement dans cet ouvrage. La gestalt-thérapie peut puiser dans ses ressources, mais pas uniquement elle. Les contraintes existentielles (3*) que dégage Yalom constituent un apport fondamental à la clinique du même nom. Ne confondons cependant pas tout. La gestalt-thérapie est existentialiste ; ni la psychothérapie existentielle ni Yalom ne sont gestaltistes. Ne hiérarchisons pas en les inversant l’englobant et l’englobé.
Les amateurs de sciences humaines et d’anthropologie trouveront dans ce livre puissant le plaisir de la fréquentation d’une pensée exigeante agréable à lire, d’une recherche bien conduite, à contre-courant des idées reçues en particulier au moment de sa publication aux États-Unis. L’honnête homme (4*) révisera avec profit ses notions sur l’existentialisme, décidément un véritable humanisme — au sens fort du terme(5*). Avec à la clé l’exigence de tâcher de bien la vivre cette vie qui nous a été transmise, dans laquelle nous nous sommes retrouvés propulsés, et d’en faire quelque chose qui signifie et mérite à nos yeux d’être vécu.
Dans cet essai entre philosophie, littérature et psychothérapie, Irvin Yalom convie les plus grands penseurs et auteurs — de Montaigne à Camus et Sartre en passant par Kierkegaard, Tolstoï, Freud, Buber, Dostoïevski, Fromm, Frankl — pour nous aider à élaborer les enjeux cardinaux au cœur de l’existence humaine : mort, solitude, liberté, absence de sens.
Les psychothérapeutes puiseront dans ce cadre de référence existentiel des pistes de réflexion et des outils concrets pour une meilleure prise en compte de ces enjeux qui émergent lors de tout parcours psychothérapique approfondi.
Irvin Yalom est également l’auteur de Mensonges sur le divan, Apprendre à mourir, la méthode Schopenhauer, Et Nietzsche a pleuré , et la toute récente en français Malédiction du chat hongrois .
Thérapie existentielle de Irvin Yalom
Essai traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Richard
Éditions Galaade – 768 pages – 27,90 euros
Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du livre
– Philippe Grauer, Irvin Yalom, La psychothérapie existentielle débarque en force en France [mis en ligne le 25 septembre 2007]. Référence : Irvin D. Yalom, Noël K. Salathé, CIFP, ARTEX.
– Philippe Grauer, Psychothérapie existentielle, [mis en ligne mai 2015]