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7 mai 2020

CAMPAGNE EN COURS POUR UN APRÈS QUI NE VIENDRA PAS (TOUT DE SUITE NI SANS VOUS) : VINCENT LINDON*(Ed. Philippe Grauer)

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https://www.youtube.com/watch?v=EdZBZUN2t-4&feature=youtu.be

De goutes d’eau en gouttes d’eau, combien en faut-il pour qu’elles deviennent Niagara ?


Exortation de ceux qui souhaiteraient contribuer (mais à quoi ?)

par Philippe Grauer

La gauche, car il faut appeler les choses par leur nom et le fake slogan de ni gauche ni droite ne saurait embrouiller les disciples de la théorie de la Forme que sont nos lecteurs nombreux  à partager une culture gestaltiste, la gauche propose, bégaye plutôt, quelque chose qui ressemble au Front populaire, rénové programme du CNR (1945), qui pourrait servir de socle à l’organisation d’une Nouvelle Donne, politiquement délibérée et organisée fantasmatiquement à l’issue du déconfinement. Je me positionne par sensibilité politique ainsi. J’admets parfaitement qu’on fasse et sente différemment. En démocratie débattre, sans particulièrement chercher à convaincre, est une valeur fondatrice. Et Vincent Lindon dans cette affaire ? il est mis en circulation. La politique comme jeu de forces. Mais comme lieu d’analyse ? Présenter l’actuel état de la France sous un jour apocalyptique renvoie au titre fameux de Roustang, La fin de la plainte. Quand on prononce un réquisitoire on en assure chaque terme.

On ne perçoit pas, au moment où vous lisez ce youtube prononcé timidement par un comédien politiquement incompétent au nom d’une équipe journalistique qui se veut alternative et parfois ne lésine pas sur la recherche de la visibilité par l’effet, on ne perçoit pas les forces politiques organisées capables de rédiger puis conduire, un programme audacieux et cohérent. Nous manquons cruellement de forces vives, politiquement toniques, ayant dressé un catalogue cohérent d’objectifs et de moyens, susceptible de s’opposer à la malfaisance (ici présupposé qui peut très bien n’être pas partagé) néothatcherienne de l’actuel gouvernement de notre pays, prêt quant à lui, il fait sa politique, à se maquiller en pseudo gauche pour tenir jusqu’au terme du quinquennat, et plus si affinité.

Alors chacun y va de ses éléments programmatiques, que des mouvements spontanéistes dévoyés par quelques voyous incendiaires, ne seront jamais capables d’imposer par « la rue ». Il nous faut une Nouvelle Gauche, puissante, cohérente, organisée, autour de partis qui ne soient plus des appareils à se faire élire pour ensuite tourner le dos à leur marketing électoral. L’ébauche programmatique prononcée par Lindon (mais rédigée par qui ? une déclaration anonyme en politique c’est curieux) contient, à côté d’un tableau inexact de la situation politique française (à rapporter aux vraies apocalypses moyen orientales et autres), des éléments impraticables comme la révocabilité immédiate des élus. Proposer l’agressivité journalistique d’un média lue par un comédien populaire connu pour sa fragilité comme tenant lieu de catalogue de rentrée politique n’est pas politiquement parlant recevable. La plainte hypostasiée peut miroiter, mais le champ politique n’est pas un miroir aux alouettes. On mesure qu’un programme réfléchi doit consister, la politique, c’est sérieux. 1981 avait vu en lever de rideau la candidature de Coluche. Mais il y avait le Programme commun et les 101 propositions. Nous n’avons ici ni la candidature de Vincent Lindon, ni le rideau approprié. Toujours pas de signe avant-coureur, d’hirondelle en ce printemps qui vient. Qui tarde et risque de continuer à tarder car tant que les choses ne sont pas prêtes la seule à faire, de chose, c’est de continuer à les préparer.

Comment se disposera (et quand ?) en ordre de bataille politique cette partie de l’opinion qui veut que le pouvoir politique reprenne le pas sur l’économique qui impitoyablement le régit actuellement, qui veut que la planète ne grille pas, que le glyphosate dégage, que nos forêts ne soient pas revendues puis « rentablement » ravagées, comme le fut le système hospitalier, que le service public ne soit pas livré aux protagonistes apostrophés par Hugo : »Bon appétit Messieurs ! », que les lobbies ne fassent plus la pluie et le beau temps sur le dos des petites gens, des classes moyennes laminées, des nations livrées au pillage colonial ? Nous n’en avons pas la moindre idée (et politiquement parlant c’est bien dommage). Exactement comme lorsqu’un nouveau patient vient à nous avec l’espérance de changer sa vie, sans que ni lui ni nous n’ayons une idée de la façon dont ça pourrait se passer, des formes que cela pourrait revêtir. Ce que nous savons alors, c’est que  commencer par en parler peut faire avancer les choses. Sauf qu’ici le patient c’est nous, vous et moi. Et qu’il n’y a pas de thérapeute, il nous faut seulement tenter de vivre au plus juste. Ensemble. Impraticable autant qu’inévitable. Impératif même. Comment combler le hiatus entre l’individuel et le collectif ? par le débat, par l’analyse critique, par le risque calculé de façon responsable et transparente.

C’est dans cet esprit, en période inédite d’incertitude que j’ai, après avoir reçu cette improbable performance, entrepris d’improviser ce billet. Ne nous laissons ni dévoyer ni désemparer. À chacun d’évaluer la situation actuelle, de décider en concertation comment agir, et dans quel cadre à condition qu’il existe. À chacun de s’exposer au discours d’autrui, pour, selon notre sensibilité et conscience, oser vivre notre existence parmi les autres en accord avec nos valeurs.