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17 février 2013

Battre la campagne à Téhéran et à Paris Esmat Torkghashghaei à SIHPP

Une lacanienne iranienne peut bien battre la campagne de temps à autre, comme tout un chacun occasionnellement, sans qu’il soit nécessaire d’emboîter le pas et de partir au quart de tour en campagne soi-même en y entraînant des célébrités consternées en fin de compte face à un internement de courte durée à caractère parfaitement privé.

Privé en tout cas de toute dimension politique. Pour le reste nos lecteurs apprécieront l’événement et la façon dont il fut et reste conduit par ses protagonistes français.

lire également

– T. Savatier, « La psychanalyse entre débat et procès », Le Monde 02 04 2013.)
– Esmat Torkghashghaei à SIHPP, « Battre la campagne à Téhéran et à Paris, » mis en ligne le 17 février 2013.
SIHPP, « À propos d’un échange entre Jacques Alain Miller et Mitra Kadivar, » mis en ligne le 13 février 2013.
– Élisabeth Roudinesco, Henri Roudier, Docteur Foad Saberan, « Affaire Mitra Kadivar – Il ne manquait plus que ça », mis en ligne le 11 février 2013.


Esmat Torkghashghaei à SIHPP

BULLETIN DE LA SIHPP

un témoignage à propos de Mitra Kadivar

Témoignage de Esmat Torkghashghaei, psychanalyste iranienne, 16 février 2013, adressée à Françoise Wilder, psychanalyste française, membre des Cartels constituants de l’analyse freudienne.

Ce témoignage de première main montre une fois de plus à quel point les organisateurs de la pétition qui présentent Mitra Kadivar comme une opposante politique à de prétendus « islamistes » et ayant été victime d’un internement abusif ont cherché à berner une partie de l’élite intellectuelle et politique française. Nous le publions tel qu’il nous a été transmis après avoir simplement corrigé quelques coquilles.

Bien à vous
HR


Bonjour,

J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs psychanalystes et psychiatre au sujet de Dr Kadivar. Elle a été hospitalisée plusieurs jours dans un service psychiatrique, attaché à l’université de Téhéran et ensuite elle est sortie, il y a deux jours (14 février 2013). Ce service qui est situé à 10 kilomètres de Téhéran, est sous la direction du docteur psychiatre Ghadiri. Ce petit hôpital a été créé pour enseigner les étudiants en médecine (psychiatrie). La plupart des services médicaux sont gratuits ou pas trop chers.

Apparemment, selon mes informations, Mitra Kadivar a eu des soucis dans sa résidence. Plusieurs voisins ont porté plainte contre elle pour sa mauvaise conduite (des agressivités verbales). Lors de l’audience, le juge a décidé de l’envoyer vers le service de Dr Ghadiri afin de faire un diagnostic de son état de santé d’ordre psychologique.

Pour ma part, afin de vérifier ces informations, je me suis aujourd¹hui déplacée pour voir le service psychiatrique de Ghadiri. Comme je l¹avais dit, ce service qui est attaché à l¹université de Téhéran, est à l¹extérieur de Téhéran. Dès mon arrivée, je suis allée directement à la réception du service, et leur ai demandé de me montrer le numéro de chambre du Dr Kadivar. La réception qui se situe au même endroit que les consultations, et à peu près de cinquantaine, était dans l’attente de rencontrer un psychiatre, m’a informé que le Dr Kadivar avait quitté l’hôpital, il y a deux jours. Il est nécessaire de vous informer que comme en France, quand les patients quittent l’hôpital, ils doivent être accompagnés d’une personne.

À cette occasion, j’ai profité pour rencontrer le docteur Ghadiri qui avait un cours. Son lieu de cours était au même endroit que là où le docteur Kadivar était hospitalisée. C’est un lieu fermé qui s’appelait «l’hospitalisation d’urgence» et était sous la surveillance d’un gardien afin d’éviter que les patients psychiatriques quittent l’hôpital sans autorisation.

Le docteur Ghadiri avait déjà entendu le nom de Miller psychanalyste. Ensuite, il m’a raconté ce qui s’est réellement passé dans son service. Voici son récit. Selon lui, Mitra Kadivar est arrivée avec une ordonnance du juge afin que soit examiné son état de santé. Toujours selon lui, « je lui ai demandé si elle avait envie de rester quelques jours ». Et le docteur Kadivar a accepté. Et pour la consoler, il lui a donné la permission de sortir du campus pour se rendre à la bibliothèque qui était à l¹extérieur du service d’hospitalisation d’urgence afin de bénéficier de l’internet.

Selon lui, quelques jours plus tard, le comportement du docteur Kadivar a complément changé. Et le docteur Kadivar disait que « je suis la seule psychanalyste lacanienne en Iran et vous m’avez enfermé contre ma volonté ». Et que « en raison des soutiens mondiaux pour moi, vous m’avez laissé utiliser l¹internet et maintenant, vous voudrez me libérer. »

Selon le docteur Ghadiri, c’est désolant que les psychanalystes français, « nous considèrent comme les traîtres, et disent que nous avons donné des médicaments au docteur Kadivar par la force ».

Pour ma part, comme je vous l’ai déjà dit, je ne connais personnellement ni le docteur Kadivar ni le docteur Ghadiri. À ma connaissance, je ne pense pas que cet événement relève d’un acte politique (État).

Cordialement

Esmat Torkghashghaei