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14 septembre 2011

DSK – Diallo : devoir de réserve chez les psys Philippe Grauer

Après l’émission sur TF1

Par Philippe Grauer

Dominique Strauss-Kahn a perdu de sa crédibilité. Politiquement celui qui se savait un boulevard pour accéder à la Présidence de la République, a ruiné et son avenir prometteur et l’espérance qui s’était attachée à lui. Regrettable gâchis.

L’ex directeur du FMI, qui a conduit avec talent sa mission jusqu’à sa brutale interruption, est venu dire aux français qu’il regrettait sa faute morale. Elle ne réside pas particulièrement dans les détails du mystère de la suite 2000 et quelque, mais dans le fait d’un débordement du public par l’intime, un intime qui heurte le sens moral par le fort indice d’abus de pouvoir qu’il comporte dans la relation humaine tout simplement, par quelque chose qui s’en prend à la dignité, à l’imprescriptible considération de l’autre. DSK n’en a toutefois pas le monopole, mais que diable fait-il de plus que tant d’autres ? Christophe Barbier (L’Express) parle justement d’un comportement contestable envers les femmes et du danger que [sa] vie privée faisait peser sur [sa] vie publique. C’est solidairement avec ces lignes que nous exprimons notre désaccord sur une attitude qui fait offense à ce que relation veut dire.

[Image : Sans titre]

À part cela, que des femmes soient maltraitées au quotidien par un machisme qu’il convient de combattre d’abord par la manifestation de l’indignation, sans nécessairement traiter de viol un comportement qui n’a pas besoin de cette qualification pour disqualifier celui qui s’y livre, nous tombons d’accord avec le sentiment largement partagé que le respect est une valeur, de surcroît radicalement républicaine.

Risque d’abus du concept de viol

On peut être irrespectueux sans être Mister Hyde. Attention aux mots et à leur charge émotive. Il demeure qu’une jeune femme costaude face à une homme plus lourd, plus court, et nettement plus âgé, dispose raisonnablement des moyens de faire face à une agressivité sexuelle appuyée mais non délictueuse, sans qu’on ait recours, au stade de la baffe qui calme le jeu ou du coup de genou bien connu qui rafraîchit les idées, au concept de conduite criminelle. Attention à ne pas dans le domaine sensible de la sexualité recourir hors pertinence par idéologie féministe au concept de viol – accompagné de menace physique lourde, de l’usage de la force en groupe, du maniement d’une arme et/ou de la mise en œuvre d’une confrontation véritablement athlétique au désavantage de la victime qui alors l’est sans conteste.

Philippe Grauer


Lire aussi l’article du Monde (1)


Philippe Grauer

Malheur à celui par qui le scandale arrive

Une affaire sensible pour professionnels de son sang-froid

Par Philippe Grauer

En bons professionnels, si l’on commençait par réfléchir, écouter, peser – tout peser ? L’affaire DSK a profondément déstabilisé l’opinion de notre pays, qui attendait l’homme devant l’emporter sur l’actuel Président de la République. Que dire de ce gâchis par hypermédiatisation précipitée ? Que dire du comportement d’un homme politique réputé « à femmes » sans prendre en compte dans la relation incriminée celui de la femme avec laquelle il s’est passé quelque chose que la justice a renoncé à qualifier comme crime(1) ? Il serait anti éthique de se faire le psy de quiconque ne l’a pas sollicité, et certainement pas en public. Que dire aussi bien des mensonges de celle qui se dit victime ? Comment conclure qu’il y a eu viol dans l’état actuel de notre information, biaisée de toutes parts, pourtant aussi complète que contradictoire ? la justice a besoin de preuves plus que d’intimes conviction. En l’occurrence on ne saurait revenir sur la chose jugée qui affirme expressément le contraire.

À partir de là, à chacun son humeur, mais méfions-nous des mouvements d’humeur en phase médiatique. L’indignation style cause des femmes, « shame on you« , ne devrait pas selon nous se ficher sur DSK embourbé mais non convaincu de crime, mais plutôt prendre de la hauteur et rappeler qu’en tout état de cause le sexisme est toujours présent au cœur de l’actualité dans notre monde, requérant notre active et intelligente indignation, indignation qui ne devrait pas oublier de se tourner également du côté de la capacité manipulatoire d’un certain type de médiatisation.

Indignation à double face sinon partielle et partiale. Nous assistons à une levée vertueuse, puritaine même, sachant que le puritanisme représente l’exact envers de la perversion, une levée de boucliers psys. Renforcés par les psys amateurs. Ainsi le bon docteur Rocard y est allé de son diagnostic de maladie mentale. Dans le lancer de boue les psys féministes en ce moment déchaîné(e)s à 80% de leur effectif ne rechignent pas à un argumentaire gauchiste extrême droitier qui nous invite à plonger dans les eaux troubles du populisme. Veillons à ce que le remède ne soit pas pire que le mâle, et que le cauchemar ne mobilise nos surmois déchaînés. Gare à la populacerie, notre vertu est aussi subversible.

Claudine Schalck dispense à l’occasion au CIFP de la formation avec un talent et une capacité d’engagement que nous apprécions. Pas une raison pour participer dans l’impulsion à notre tour à un jet de pierres ou de gadoue, mais dix raisons de réfléchir aux enjeux de cette ténébreuse et particulièrement pénible affaire. Mutatis mutandis, cette affaire fait penser à celle qui déstabilisa Clinton. Il convient en l’occurrence de rester dignes. Au motif de la protection des femmes ne les laissons pas s’embarquer dans un ordre moral populiste qui se moque bien de leurs légitimes intérêts. Et n’absorbons pas au passage le poison du puritanisme.

Pour se perpétrer le sexisme a besoin du silence. Certes qu’on peut acheter à l’occasion mais rien n’est si simple et les diffamations rampantes sentent mauvais. L’actuel tintamarre ne doit pas nous rendre sourds au simple sol du diapason de la raison. Dans le concert de casseroles actuel concernant DSK, un peu comme en psychothérapie relationnelle, il faut ménager pour s’y retrouver un peu de silence pour commencer. Cela ne veut pas dire qu’on doive s’installer en complicité, car notre métier requiert que devant l’injustice en activité nous fassions savoir ce qui ne se fait pas, nous ne lâchions pas la loi morale. La même morale requiert que nous nous refusions à tout psycho lynchage, galvaudant notre profession.

Tel quel voici l’appel de Claudine Schalck, document significatif publié dans Le Monde du 31 août 2011 sous le titre Machisme sans frontière, à consulter pour examen, conjointement à d’autres(2), pas pour vous contaminer de l’air du temps. On n’a pas le droit de traiter DSK de violeur et nous ne nous associons pas à cette pétroleuse accusation. La justice en a décidé autrement, précisément parce que manquent les preuves, tout de même ! Prenons ce texte comme une occasion de continuer de réfléchir dans cette zone ultra sensible ravagée par la tempête médiatique.