Ne pas confondre les paires pétainisme/république, xénophobie/europhilie, peuple/élites, puis rouge/brun. Glissement progressif du plaisir… frontiste.
Ces élections sont à plusieurs tours. Ne pas nous en jouer nous un sale, de tour. Pour rien au monde ne les confondre. D’abord on reste républicain, sans états d’âme. Ensuite, ensuite seulement on milite pour son camp. Ne pas recommencer avec le coup des sociaux-traîtres ce qui ne fut pas un entre deux tours mais un entre deux guerres.
"Le film ne s’arrête pas le 7 mai"
Macron social-libéral et non ultra-libéral, grosse différence. À supposer qu’il applique intégralement son programme, la France gardera en tout état de cause l’essentiel de son système de protection sociale et conservera son record européen de prélèvements obligatoires. Le contraire de l’ultra-libéralisme.
par Laurent Joffrin, Libération, 25 avril
Confusion de droite et de gauche. Gaulliste de toujours, Henri Guaino s’abstiendra au second tour. Entre les successeurs du pétainisme et ceux d’un centrisme républicain, il refuse de choisir ; entre l’extrême droite et les autres partis, De Gaulle, lui, n’hésitait pas. Après toute une vie à gauche, Jean-Luc Mélenchon tergiverse, prétextant d’une consultation en ligne pour rester silencieux. Un de ses adjoints explique que la France se retrouve «entre extrême droite et extrême marché». Ce qui revient à mettre sur le même plan xénophobie et europhilie, comme deux maux équivalents. Confusion redoublée. Macron est social-libéral et non ultra-libéral, ce qui est différent. A supposer qu’il applique intégralement son programme, la France gardera en tout état de cause l’essentiel de son système de protection sociale et conservera son record européen de prélèvements obligatoires. Le contraire de l’ultra-libéralisme. A user des mots n’importe comment, on s’enfonce dans le brouillard. A moins qu’il ne s’agisse d’un choix stratégique : en remplaçant la division droite-gauche par l’opposition peuple-élites, on prépare des rapprochements contre nature. Toujours malin, Jean-Marie Le Pen a jugé «très digne» l’attitude de Jean-Luc Mélenchon. Florian Philippot affirme avec gourmandise que «beaucoup d’électeurs» de La France insoumise peuvent voter FN. Rouge ou rouge-brun ? Il arrive un moment ou il faut choisir sa couleur. Plus lucide, le Parti communiste, qui n’est pas tendre avec Macron, a su hiérarchiser ses adversaires. Un peu de bon sens…
Encore faut-il que Macron soit à la hauteur. La moitié de ses voix, le sondage de Libération le montre bien, vient d’électeurs qui n’adhèrent que très peu à son projet. Et pour faire une majorité dans le pays, il doit rallier des millions d’autres voix fort peu macroniennes. Il n’a qu’une solution : mettre l’accent sur ce qui peut unir les républicains de tous les partis. Entendre la colère populaire, moraliser la vie politique, respecter les équilibres sociaux, réformer l’Europe : sans ces garanties données aux Français contraints de voter pour lui, il court les plus grands risques. Il veut être le président de la République. Pas celui des bobos et des start-upers.
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