par Philippe Grauer
Cette brève en l’honneur d’une Juste, émule de Saint Nicolas – c’est bientôt sa fête, nous n’avons pas résisté, cette histoire de Résistance, à contribuer à la publier sur la Toile. Cette femme était un colosse, on ne se rescapait pas aisément du supplice de la roue berlinoise. Hommage à elle.
Expédié on ne sait d’où appareillé à l’inévitable paragraphe de chaîne à l’orthographe estropiée ne détruisez pas ce courriel transmettez-le, garni d’un commentaire populiste du style les prix Nobel ne sont pas attribués à ceux qui les méritent, ce message mérite d’être défolklorisé.
Il n’a pas grand-chose à voir avec l’actualité de la psychothérapie relationnelle sinon qu’il comporte un bel exemple d’ingéniosité humaniste, d’incroyable audace, et de générosité, une de nos valeurs fondatrices.
Prenez-le comme une de ces brèves de Noël qui font pleurer en pensant aux hommes de bonne volonté qui partout sur la planète se dépensent sans compter (et bien entendu sans prix Nobel à l’horizon, d’ailleurs ils le refuseraient, avec le sentiment qu’ils n’ont fait que leur devoir) au service de l’humanité, aux deux sens de ce terme.
Elle aussi méritait le Nobel.
1942 – 2008 : il y a 63 ans, Irena Sendler. Récemment décédée à 98 ans.
Elle demanda pendant la 2ème guerre mondiale à aller travailler dans le Ghetto de Varsovie comme plombier-serrurier. Elle avait une motivation bien particulière. Elle connaissait les plans d’extermination des nazis envers les juifs. Elle était allemande.
Irena a caché des enfants dans le fond de la boite à outils qu’elle transportait à l’arrière de son véhicule ainsi qu’un gros sac pour les plus grands. Elle avait aussi un chien à l’arrière qu’elle avait entrainé à aboyer quand les soldats allemands la contrôlaient à l’entrée et à la sortie du ghetto. Les soldats ne pouvaient rien contre le chien qui couvrait le bruit que pouvaient faire les enfants.
Elle sauva 2500 enfants en les dissimulant de la sorte. Elle fut arrêtée, les nazis lui brisèrent les jambes et les bras et la torturèrent très sévèrement. Irena garda tous les noms des enfants qu’elle avait fait partir du Ghetto et les conserva dans une jarre en verre enterrée derrière un arbre au fond de son jardin derrière sa maison. Après la guerre elle essaya de localiser tous les parents qui avaient pu survivre et tenta de réunir les familles. La plupart avaient été gazés.
Les enfants sauvés furent placés dans des familles d’accueil ou adoptés. L’année dernière, proposée pour le prix Nobel de la Paix elle ne fut pas retenue. C’est Al Gore qui fut primé pour son film sur le réchauffement de la planète. En sa mémoire 63 ans après les faits nous célébrons leur anniversaire en éditant ce message revigorant.