Cet article comporte trois sections
– discipline
– définition
– historique
La lucarne ci-dessous est tirée de l’entrée discipline :
– une conception spécifique de la relation et des rapports humains
– une méthodologie de l’implication du professionnel en relation de travail
– des règles d’encadrement et de cadrage relationnel
– un mode clinique et un type de sensibilité spécifique
– une prise en compte de la dimension inconsciente de la relation
– une conception de l’apprentissage et de l’éducation
– une conception de l’évolution et du changement
– une prise en compte de la dimension émotionnelle du comportement humain
– une définition du processus par lequel la personne accède à un savoir de soi comme être relationnel
– une conception du sujet
– une conception du processus d’autonomisation
– une philosophie de la psychopathologie
– une représentation de l’univers du sens
– une anthropologie
– une clinique de l’implication
– une éthique et un corpus de règles déontologiques
– une méthodologie de l’observation participante
– une philosophie de la recherche
– un mode de professionnalisation.
Elle représente l’alternative d’une psychothérapie du soin non médical (du souci de soi), axée sur la relation au sens plein et méthodologique du terme (la relation comme ressort du processus de changement), alternative donc à la psychothérapie psychologique ou médicale actuellement professionnalisée sous le titre d’exercice de psychothérapeute (terme pris dans sa nouvelle désignation institutionnelle). Ces deux champs disciplinaires se répartissent (et éventuellement conjugent, au risque de situations paradoxales) dans le cadre du carré psy.
– Nom de discipline, comportant des méthodes, dispensées par des écoles, souvent regroupant leurs praticiens en sociétés savantes de méthodes.
Le SNPPsy, syndicat professionnel, et l’AFFOP, fédération professionnelle, regroupent les praticiens qui professent la psychothérapie relationnelle sous l’appellation de psychopraticiens relationnels®. Le PSY’G se réclame également de cette appellation.
– Le code de déontologie du SNPPsy encadre et garantit la pratique de cette discipline.
– les deux disciplines axées sur la dynamique de subjectivation sont la psychothérapie relationnelle et la psychanalyse.
– les deux disciplines non assujetties au principe mettant en jeu le processus de subjectivation sont la psychologie (clinique ou non) et la psychiatrie.
– des formules mixtes peuvent exister, pas forcément claires. Voir le tableau des quatre disciplines psys à la rubrique carré psy.
Définition
– GLPR
– Naissance et développement de la psychothérapie relationnelle. Nouvelles perspectives
– Psychothérapie relationnelle — contribution à la construction d’un concept
Août 2010 — Comme de nombreux articles de ce glossaire celui-ci, écrit avant la promulgation de la loi dite Accoyer, la terminologie use du terme alors libre de psychothérapeute, qui continue au niveau international sa carrière dans le langage scientifique courant. Nous n’allons pas réécrire l’Histoire, et conservons donc nos textes tels quels, nous réservant des mises à jour pour améliorer les contenus. Ainsi au sens légal du terme il y aura des psychothérapeutes relationnels de toute façon, ceux des psychopraticiens qui peuvent prétendre au titre désormais réservé (1). Les nouveaux psychopraticiens relationnels, ex psychothérapeutes ou non ont, chacun comprendra cela, pris le relais et ce qui se disait du ci-devant « psychothérapeute relationnel » (d’avant 2010) vaut bien entendu pour eux puisqu’il les désigne.
5 nov 2010 — notre profession changeant (seulement) de nom, les psychopraticiens relationnels, praticiens en psychothérapie du même nom, seront peut-être moins sujets à confusion avec les désormais porteurs du titre d’exercice de psychothérapeute. Le substantif psychothérapie (2) demeure tout de même commun, le qualificatif de relationnel continuant d’être bien utile pour départager nos populations psys les unes des autres, également pour distinguer le nom de métier : psychopraticien du titre d’exercice alternatif de psychopraticien relationnel®, délivré par le Snppsy (organisme titularisant dans le cadre de l’Affop, propriétaire INPI de l’expression.)
On ne peut plus sans confusion de nos jours parler de psychothérapie au sens générique du terme, en entendant : le type de psychothérapie que je pratique, et en l’appliquant aux autres comme allant de soi. Le terme psychothérapie est devenu un embrayeur (Shifter, en linguistique) fou. Un embrayeur c’est un mot que le locuteur investit au moment de le prononcer, et qui se met à désigner celui qui le prononce (autodéictique) : Je désigne celui qui dit Je. Psychothérapeute ne peut plus jouer proprement cet office car celui qui emploie le terme le définit différemment selon son propre référentiel (3). Chaque utilisation du terme dissimule un présupposé différent, selon le statut disciplinaire et professionnel de l’émetteur. Si on oublie de s’en préoccuper on est pris dans la logique du discours de l’autre sans même s’en rendre compte et l’on se voit inopinément privé de sa propre parole.
Cela permet le jeu retors de la présupposition(4), à savoir que celui qui parle de La psychothérapie, comme allant de soi, au lieu d’allant de moi – venant de moi (celui qui est en train de parler), plus précisément – embarque implicitement son interlocuteur dans son référentiel à lui le locuteur : le pervers renforce constamment ses adresses à sa victime de ses « nous sommes bien d’accord » dont elle ne parvient plus à se désengluer. Dès que vous lisez quelque part un développement, souvent savant, ça marche mieux, comportant un « nous sommes bien d’accord » – savant ou titré, disant implicitement « je suis vous le savez qualifié pour définir le savoir commun, par exemple universitaire ou psychiatrique, je dispose de l’autorité légitime pour parler en votre nom en même temps qu’au mien –, un développement qui vous embarque avant que vous ayez eu l’occasion d’examiner et réagir, vous voilà ficelé.
Ainsi aux yeux des psychothérapeutes relationnels, les psychiatres ne pratiquent nullement la psychothérapie puisqu’ils ne pratiquent pas la relationnelle. Pour les psychologues les psychothérapeutes(5) (relationnels mais ils oublient de le dire) qui ne sont pas psychologues cliniciens sont des imposteurs, puisque la psychothérapie, la leur, demeure l’apanage de l’enseignement universitaire, dont la pierre de touche est une certaine psychopathologie d’inspiration médicale (notamment DSM), mais pas seulement, et ainsi de suite. La logique du carré psy exige qu’on parle de psychothérapie relationnelle lorsqu’il s’agit de ce que nous faisons, ce qui permet de comprendre qu’on ne saurait confier à un psychiatre ou psychologue le soin de nous examiner depuis leur logique professionnelle spécifique. Ni réciproquement d’ailleurs. Autrement dit sans corps de définitions bien établies un flou intellectuellement et institutionnellement malsain préside aux relations entre les différents psys.
Pour couper court à cet imbroglio constant, qui mène à toutes confusions, les psychothérapeutes et psychopraticiens qui œuvrent par dans et pour la relation(6), à partir d’elle et par son ressort, dans le cadre d’une psychothérapie du lien et de la dynamique de la subjectivité, intégrant sous des formes diverses la dimension du transfert, ont choisi de se dire relationnels.(7)
La psychothérapie relationnelle (8) est issue du courant de la psychologie existentielle américaine des années 50, relancée sous le nom de psychologie humaniste (1961, Abraham Maslow) puis de Nouvelles Thérapies dans les années 70 – 80. Elle procède de la même éthique et méthodologie que la psychanalyse. Dont, sans pour autant émaner d’elle purement et simplement, elle porte souvent l’empreinte.
Pour en savoir plus voir également Structure et épistémologie de la relation (2009).
Fiche sd, remise à jour successivement les 12 novembre 2010 – 30 août 2011 – 6 nov 2011 – 8 mai 2012 – 26 juillet 2013 – 20 avril 2014 –
Historique
L’expression vient de Jacques Durant-Dassier, qui divise sa Structure et psychologie de la relation, Épi, Paris, 1969, 203 p., en deux sections : Essai théorique de psychologie relationnelle et structurale et Groupes de psychothérapie relationnelle. JDD conduisait ces groupes au Centre d’évolution (14 rue des Saints Pères), qui existe toujours. L’expression savante s’est vue insue puis réinventée. La modestie de Jacques Durand-Dassier, comme le fait qu’apparemment personne parmi les psychothérapeutes militants contemporains n’éprouva le besoin d’y recourir, n’explique pas comment cette expression et le concept qu’elle revêtait restèrent si longtemps non pas oubliés mais ignorés.
Processus de différentiation et décantation, de décomposition du concept de psychologie humaniste à mettre à l’étude.
C’est une génération plus tard que le SNPPsy auquel Jacques Durand-Dassier avait tant donné de son énergie, par mon clavier inspiré par la réflexion de Jean-Michel Fourcade, en 2001(9) pensa comme nouvelle la dénomination de psychothérapie relationnelle. Il s’agissait de se démarquer des autres pratiques psychothérapiques d’inspiration cognitiviste, neurologique, organiciste, pratiquées par les psychologues et les psychiatres. Il s’agissait aussi d’abandonner la prétention de la psychologie puis psychothérapie humaniste de représenter à elle seule la psychothérapie. Le concept est déterminant, et permet de fonder la psychothérapie relationnelle comme discipline, résolvant et dépassant son aspect de nébuleuse accumulant des objets éphémères sans dignité théorique, dont on énumère la liste sans queue ni tête ni dignité scientifique montée à 500 items où se mêlent méthodes, techniques et une masse d’OPNIS, objets psychologiques non indentifiables.
Désormais les psychothérapies ne peut plus signifier que l’ensemble comportant d’une part la psychothérapie médicale et psychologique, de type objectiviste, et la psychothérapie relationnelle, intersubjective au sens fort de ce terme puisqu’en son cas « c’est la relation qui soigne » (Yalom). Bien entendu les combinaisons, cumuls, collages par éclectisme, montages intégratifs de toutes sortes, organisation multiréférentielle, complexifient la figure, mais cessent de la rendre illisible.
Tout ceci conduit tout d’abord à distinguer
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Psychothérapie relationnelle désigne un nom de domaine scientifique. Cette discipline se définit comme psychothérapie (soin-souci de soi) de la relation par la relation pour la relation.
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Il existe toutes sortes de psychothérapies, parmi lesquelles la psychothérapie relationnelle, pratiquée exclusivement par des psychopraticiens relationnels(10), en représente la discipline, au sein de laquelle il peut spécifier une spécialité, généralement une méthode. Sur la carte de visite on pourrait inscrire, comme font les spécialistes en médecine : »psychothérapie relationnelle uniquement. »
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après validation post diplôme par une instance titularisante (i.e. conférant le titre) AFFOP (affiliée au GLPR) le spécialiste en psychothérapie relationnelle se voit autorisé à porter le titre de psychopraticien relationnel® (SNPPsy – ou autre organisation AFFOP habilitée).
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Frédérique Unetelle, diplômée du CIFPR en psychothérapie multiréférentielle®, psychopraticienne relationnelle® titulaire SNPPsy (11).
4 octobre 2011 – entrée bis rapportée à la présente entrée : 8 & 16 mai 2012 – 31 mai 2012 – 26 août 2012 – 9 septembre 2012 – 26 juillet 2013 – 20 avril 2014 – 30 juin 2014 – 20 août 2014 – 29 juin 2015 – 4 novembre 2015 –
Philippe Grauer
Non, certaines psychothérapies n’engagent pas profondément dans toute sa vitalité les deux protagonistes également en relation, dans le cadre d’une intersubjectivité intense, dans laquelle le praticien se trouve engagé, participe au processus. Seules celles qui exigent méthodologiquement que le praticien ait effectué un travail sur soi approfondi et suffisamment abouti, et que cette qualité d’être, ce savoir être et faire être tout à fait particulier bien connu des psychanalystes et praticiens en psychothérapie relationnelle, que cette qualité relationnelle soit engagée profondément dans le processus entre les deux protagonistes, sont qualifiables au sens méthodologique du terme de relationnelles. Que l’engagement se joue sur une base phénoménologique ou psychanalytique, il reste moteur, à risque pour les deux en présence, et la dynamique de l’implication, intégrant la question du transfert, autrement complexe, délicate et puissante. Il s’agit ici d’un concept et non plus d’un lieu commun qui évacue la pensée. Nous nous trouvons alors véritablement dans l’espace épistémique de la psychothérapie relationnelle proprement dite. Toute « relation » psychothérapique ne présente pas cette caractéristique, toute relation n’est pas Relation.