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17 septembre 2013

LIBERTÉ D’EXPRESSION : 1 – JACQUES-ALAIN MILLER : ZÉRO G-O Silvagni

ne jamais céder sur notre responsabilité

par Philippe Grauer

Le parti des honnêtes gens se réjouit de constater que ceux qui osent signaler que des anomalies sont en train de se produire ne risquent pas fatalement leur peau à le faire, et que s’ils ont pris des risques il faut commencer par les en féliciter car c’est par la lâcheté que la démocratie se verrait entamée, et par l’absentéisme que nous organiserions subrepticement notre disparition, au moment où plus que jamais nous devons manifester notre existence.

Loin de là, notre psychothérapie relationnelle a montré à travers cet épisode qu’elle était présente sur la scène du Carré psy. Il importe que notre voix porte et que notre présence fasse paraître aux yeux du monde professionnel comme du public que l’alternative que nous représentons au système du titre de psychothérapeute réservé aux psychologues et psychiatres – psychanalystes inclus, tient, précisément du point de vue de l’éthique, sa place et son rôle.

Nous sommes bien décidés à continuer d’honorer notre discipline et profession, nous mêlant lorsque nous considérons la chose comme importante de ce qui nous regarde concernant ce qui se passe dans le milieu psy. Nous avons notre mot à dire, on peut compter que nous n’y manquerons pas à chaque fois, comme par le passé, que notre responsabilité scientifique, professionnelle, éthique, politique se verra engagée dans la marche du monde psy.

voir également

Miller perd son procès
– Michel Rotfus, Jacques-Alain Miller-Capitaine-Win-Win débouté de toutes ses demandes devant le tribunal de Nanterre [Mediapart 13 septembre 2013].
– par collectif et Laure Murat, Procès Miller vs. 9 adversaires – trois pièces pour comprendre.
– – Thierry Savatier, Le Monde, Curieux procès autour de « l’affaire Mitra Kadivar », Précédé de « Embrouille & Co » par Philippe Grauer [mis en ligne le 24 juin 2013].


G-O Silvagni

LIBERTÉ D’EXPRESSION : 1 – JACQUES-ALAIN MILLER : ZÉRO

Mediapart, 16 septembre 2013

Par Gilles-Olivier Silvagni

Miller vient d’être débouté et condamné par un jugement du TGI de Nanterre le 11 septembre dans le procès qu’il avait intenté contre Elisabeth Roudinesco, Henri Roudier, Philippe Grauer, ainsi que la SIHPP et le CIFPR. Il leur reprochait de l’avoir diffamé à l’occasion de la pétition lancée par ses soins et très largement signée par le Tout-Paris en faveur d’une psychanalyste iranienne supposément en péril.

Les commentaires ironiques et sévères émis par les trois prévenus dans les sites web des deux sociétés poursuivies, qui s’étonnaient que tant de personnalités aient pu être ainsi conduites à signer une pétition basée sur des faits présentés de façon pour le moins discutable par le sérénissime JAM, avaient outré ce dernier. Estimant son honneur et sa réputation bafouée, Miller avait préféré aller en justice que s’expliquer avec ses contradicteurs.

C’est d’ailleurs bien ce que le TGI de Nanterre souligne dans son jugement en invoquant la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme, et dont le délibéré mérite d’être cité largement:

« De plus, la liberté d’expression ne peut être soumise à des ingérences que dans les cas où celles-ci constituent des mesures nécessaires au regard du paragraphe 2 de l’article 10 précité de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. En l’espèce, l’article incriminé traite d’un sujet que le demandeur, personnage public du fait de ses interventions et publications, l’exposant à une légitime critique, a lui même rendu médiatique par la publicité donnée à l’internement de Madame Mitra Kadivar et à l’action menée pour obtenir sa libération, à l’occasion de la publication du recueil de correspondances quelques jours plus tôt et de la diffusion de la pétition pour la libération de la psychanalyste iranienne, signée par de nombreuses personnalités d’horizons et de sensibilités différents. S’appuyant sur le recueil publié dont ils se font la critique personnelle, les propos incriminés, qui s’inscrivent dans la suite d’un affrontement intellectuel, agrémentés de commentaires critiques qui relèvent de la simple expression d’opinion, fût elle polémique, et rédigés sur le registre de la provocation et le sarcasme, ne dépassent pas les limites admissibles de la liberté d’expression. » »

Le fait est désormais public que pour le TGI de Nanterre, toute l’affaire est bien un procès de Miller contre la liberté de débat et la liberté d’expression qui sont le fondement même de la démocratie.

C’est d’ailleurs bien ce que les avocats des défendeurs Maître Bigot et Maître Streiff avaient plaidé avec talent, ce dernier insistant avec une force particulière sur le courage de citoyens qui à l’exemple de Philippe Grauer, expriment librement et courageusement leurs idées et leurs critiques, malgré les menaces que font peser de plus en plus souvent des procès abusifs et attentatoires aux droits des citoyens.

Et le fait est que les exemples récents ne manquent pas qui voient des puissants de ce monde, comme ici le riche Miller, recourir à des procès de ce type pour tenter de baillonner leurs opposants : au prix d’un détournement et d’une instrumentalisation de la Justice, sinon juridiquement, au moins dans le calcul qui préside à ces poursuites. En effet, ces poursuites dont le coût reste négligeable pour des milliardaires restent ruineuses pour ceux qui sont poursuivis, même lorsque le Tribunal leur donne raison. Quant aux vraies motivations des poursuites, il faut se référer aux sommes exorbitantes demandées en réparation pour bien en mesurer la vraie et triste nature. Pour le coup, la crainte légitime de ces pertes de temps d’argent – sans parler de la juste indignation d’honnêtes gens d’être ainsi trainés devant un Tribunal en qualité de « prévenus » – joue plus souvent qu’on ne le pense en faveur d’une auto-censure.

C’est bien ce qu’espère une petite camarilla bien connue de potentats outrecuidants que leur richesse et leurs relations haut placées dans les médias comme dans les palais républicains conduit à se croire tout permis.

Au prix parfois d’un coup d’arrêt cuisant et humiliant comme celui reçu à Nanterre par Jacques-Alain Miller.