par Philippe Grauer
On attend de voir qui de Camus ou Onfray sera mis à l’honneur, s’interroge Xavier Thomann dans le Nouvelobs. On sait déjà qui de Onfray ou Stora est écarté de son travail, doit laisser dans un silence malsain le champ libre aux pieds-noirs(1) (2). Quand à Onfray que voulez-vous plus que jamais il confisque, œuvre en eau trouble, se substitue, fait son Onfray. Médiatique vs. honnête. Ça a plu apparemment à Catherine Camus. Et la morale là-dedans ? on avait pris l’habitude d’aimer un Camus moins onfrayant. Lourde tâche parfois que d’hériter. Quant à Maryse Joissains, édile UMP d’Aix, elle dévoie un événement correctement mis en place pour lui donner le profil du scandale au profit de l’extrême droite.
On se demande par contre ce que fait le gouvernement socialiste dans cette galère. Si ça continue comme ça il n’y aura pas que Camus de révolté à l’ouverture de cette exposition.
– L’exposition Albert Camus, Michel Onfray et les monothéismes , où il apparaît que Michel Onfray via son ami Jean Soler vire à la Nouvelle droite solaire et polythéiste.
– « La bataille ratée de Michel Onfray« , par Marc Riglet (Lire), publié le 01/03/2012
– Michel Onfray pilotera l’exposition et le Musée Camus
– Michel Onfray a-t-il toujours sa place sur France Culture ?
– Motion de soutien à Benjamin Stora
– et cliquer ici-même Onfray pour plus d’information.
Michel Onfray pilotera l’exposition et le Musée Camus
LE MONDE | 02.08.2012 à 13h07 • Mis à jour le 02.08.2012 à 14h52
Par Catherine Simon
À la suite de la mise à l’écart de l’historien Benjamin Stora, annoncée en début d’été, le philosophe Michel Onfray a officiellement accepté, mardi 31 juillet, d’être nommé commissaire de l’exposition Albert Camus, qui devrait se tenir, fin 2013, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans le cadre des manifestations Marseille Provence 2013.
Le nom de Michel Onfray, auteur de L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus (Flammarion, 595 p., 22.50 €), avait été cité par notre chroniqueur littéraire Pierre Assouline (Le Monde du 26 juin), ce dernier s’inquiétant du « Pataquès à Aix » que ces batailles de coulisse, dans une région marquée par une forte présence de la communauté pied-noir, n’allaient pas manquer de provoquer. « Nous étions convenus d’attendre septembre avant de donner l’information à la presse« , a indiqué, dans un texte qu’il nous a envoyé, mercredi 1er août, le nouveau commissaire en titre.
Ce délai, non respecté, aurait dû, ajoute Michel Onfray, lui permettre, « par courtoisie », d’ « informer personnellement » Benjamin Stora, lequel, après avoir travaillé sur le projet, en a été « écarté » ; il aurait aussi donné le temps à la maire (UMP) d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, de prévenir « le ministre de la culture, Aurélie Filipetti, comme elle en avait formulé le souhait », précise le philosophe. C’est « en lisant la presse », mercredi matin, que Michel Onfray a réalisé, dit-il, que la municipalité avait décidé « unilatéralement » de publier l’information.
À la question, que nous lui avons adressée par courrier électronique, de savoir s’il n’avait pas le sentiment que les pressions, notamment de franges de la droite extrême – très hostiles à Benjamin Stora et très présentes dans la région – n’avaient pas joué un rôle dans sa nomination, Michel Onfray a laconiquement répondu « non ». Homme de gauche, régulièrement attaqué par les nostalgiques de l’Algérie française, Benjamin Stora avait soutenu, en 2007, la candidature à la présidentielle de Ségolène Royal. Michel Onfray comprend-il que celui dont il prend la place puisse se sentir blessé ? « Oui », convient le philosophe, qui qualifie l’œuvre de Benjamin Stora d' »impeccable ».
Joint par téléphone mercredi, l’historien s’est dit « abasourdi », non pas tant par la nomination de Michel Onfray que par le soutien du gouvernement socialiste à une telle décision. L’exposition d’Aix-en-Provence devrait être suivie par l’ouverture d’un Musée Albert Camus, Michel Onfray s’étant attaché, pour l’aider dans cette double tâche, la collaboration de l’artiste Robert Combas.
NOUVELOBS
Xavier Thomann
Michel Onfray sera finalement le commissaire de l’exposition Camus : l’Homme révolté. Ce n’était pourtant pas lui qui devait organiser cette exposition, prévue pour la fin 2013 à Aix-en-Provence. Benjamin Stora, historien spécialiste de la guerre d’Algérie, était jusqu’à peu responsable de l’événement, l’idée première étant de la confier à un historien et non à un spécialiste de l’œuvre camusienne.
Cette nomination met un point final à un «Pataquaix», pour reprendre l’expression de Pierre Assouline, qui dure depuis quelques mois. L’expo Camus, en chantier depuis trois ans, a bien failli ne jamais voir le jour: on raconte que Catherine Camus, la fille du philosophe, a refusé de prêter des documents, et surtout que la maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, matrone locale de la droite populaire, rechignait à heurter son électorat pied-noir.
Benjamin Stora
C’est dans ce contexte nébuleux que l’exposition a été annulée, il y a quelques mois, pour des raisons obscures. On imagine que des pressions ont dû s’exercer dans les couloirs de l’hôtel de ville d’Aix, commune qui compte 40 000 pieds noirs pour 140 000 habitants. Benjamin Stora, qui écrit depuis longtemps sur le sujet, est en effet loin d’être apprécié par les nostalgiques de l’Algérie française.
Toujours est-il qu’après cette première annulation, Maryse Joissains ordonne l’organisation d’une nouvelle exposition. Le nom de Michel Onfray se met à circuler. L’intéressé affirme aujourd’hui qu’il aurait préféré que sa nomination soit annoncée en septembre, afin «d’informer personnellement» Stora. L’historien a quant à lui confié à nos confrères du «Monde» être «abasourdi» par cette décision, soutenue par le gouvernement socialiste.
Michel Onfray est-il le plus à même de superviser une telle exposition? Il a consacré son dernier ouvrage à l’auteur de La peste, L’ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus. Ce livre avait pour ambition de «réhabiliter» la pensée de Camus, qui passe trop souvent, d’après Onfray, pour le philosophe des classes de terminale.
Rappelons que L’ordre libertaire avait reçu des critiques divergentes. Les uns parlaient d’une réussite, les autres d’une hagiographie sans nuance glorifiant Camus à l’excès et faisant de Sartre le «méchant» à l’origine de cette mauvaise réputation. Le livre était aussi l’occasion, pour Onfray, de dresser en creux son propre portrait. On attend donc de voir qui, d’Onfray ou de Camus, sera vraiment mis à l’honneur.
Et voici le plus beau.