► Mots clés : décharge émotionnelle, catharsis, abréaction, stress, trauma, régression, psychanalyse, gestalt-thérapie, psychothérapie relationnelle.
Vous avez décidé de laisser pleurer bébé? Voici ce qui se passe dans son corps
By Gina Louisa Metzler, The Huffington Post
16/04/2016 09:34 CEST | Actualisé October 5, 2016
"VIE DE FAMILLE – Beaucoup de parents croient qu’il est utile de laisser pleurer leur bébé. Selon une opinion répandue, quelques minutes de pleurs ne font pas de mal à l’enfant mais l’aident au contraire à trouver seul le calme et le sommeil.
Ainsi, la technique de "l’attente progressive" (également appelée en France "méthode du 5-10-15"), développée aux États-Unis par le Dr. Richard Ferber, neurologue et pédiatre à l’Université de Harvard et à l’hôpital pour enfants de Boston, est-elle encore utilisée de nos jours par des parents dans le monde entier.
Pourtant, presque personne ne sait vraiment ce qui se passe chez les bébés qui continuent à pleurer. Les conséquences corporelles et psychiques pourront peser sur eux leur vie entière."
par Philippe Grauer
Nous disposons des moyens d’édifier une théorie de la catharsis applicable en psychothérapie relationnelle mais aussi en relation émotionnelle quotidienne. Freud sur la voie de la découverte de la psychanalyse a répudié la catharsis aristotélicienne peu après l’avoir approchée. Tâtonnements compréhensibles, un seul chercheur ne peut inventer tout à la fois, et la psychanalyse constitue déjà un suffisamment gros morceau pour un seul homme — enfin un seul mouvement devrait-on dire.
Encore que, précisément, si l’on considère les apports de Ferenczi, Reich, pour ne citer qu’eux, la piste cathartique a bien été assez rapidement explorée et théorico-méthodologiquement exploitée au sein du mouvement psychanalytique. Quant au domaine existentiel phénoménologique, dès Carl Rogers la piste émotionnelle cathartique est explorée et exploitée.
En effet, si l’on conjugue les travaux néo darwiniens de Robert Plutchik aux intuitions de Reich (tension-charge/décharge-détente) reprises par Lowen (psychopathologie du développement), et sous une forme différente (cycle de l’expérience) par Perls puis par tout le Mouvement du potentiel humain (Esalen etc.), on aboutit à une conception de la tension psychique comme susceptible de résolution cathartique. Par le jeu de laquelle l’organisme en libérant ses tensions émotionnelles (en situation relationnelle favorable), littéralement se détraumatise. Redevenant du coup apte à se comprendre en situation, sur le mode combiné sentience/sapience[1], à l’harmonie restaurée (retour à l’équilibre). Autrement dit le processus complexe de décharge émotionnelle bien accompagnée agirait en libérateur de la capacité de penser (comme disent les partisans de Bion), un temps (plus ou moins long) bloquée par le stress ou le trauma.
Auquel cas il vaudrait mieux accompagner les bébés (et plus généralement les enfants, et peut-être bien les adultes, voyez notre article Régression) en proie à une tempête émotionnelle jusqu’à sa résolution en relation, que les abandonner en détresse, les laissant s’auto-bloquer en mode désespoir relationnel. Comme dit la chanson, sans amour on n’est rien du tout, et à cet âge-là ça peut faire des dégâts (et éventuellement plus tard, c’est souvent tout l’enjeu de la psychothérapie — relationnelle en tout cas).
Évidemment rien de tout cela n’est simple, et l’on peut tirer de tout une théorisation fruste. Pourtant cet article du Huff expose un bout de vérité capital, bien connu en psychothérapie relationnelle. Nous tenions à le signaler.
[1] affectif/cognititif.