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12 septembre 2011

Bulletin de la société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse(Ed. Henri Roudier)

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Nous avons appris il y a quelques heures l’arrestation de la
psychanalyste syrienne Rafah Nached.

Un texte collectif est en préparation.

Nous vous tiendrons informés


Le samedi 10 septembre à 1 heure du matin (heure de Damas), la
psychanalyste syrienne Rafah NACHED, fondatrice de l’Ecole de
Psychanalyse de Damas, a été arrêtée par les services de sécurité
syriens à l’aéroport de Damas, alors qu’elle s’apprêtait à embarquer
sur un vol d’Air France en direction de Paris afin d’y assister à
l’accouchement de sa fille.

Rafah NACHED a juste eu le temps de passer un bref coup de fil pour
prévenir ses proches dans les secondes qui ont précédé son
arrestation. Depuis plus de 36 heures, sa famille est sans nouvelle.
Les services de l’aéroport comme les services de police refusent de
communiquer la moindre information. Nul ne sait où elle se trouve, ni
si elle est en mesure de prendre les médicaments requis par son
insuffisance cardiaque.

Le choc est d’autant plus violent pour ses proches que nul ne
comprend les raisons de cette interpellation. Rafah NACHED, âgée de
66 ans, est diplômée en Psychologie Clinique de l’Université Paris 7.
Elle est la première femme psychanalyste à exercer en Syrie et a
récemment fondé l’Ecole de Psychanalyse de Damas, en collaboration
avec des psychanalystes français. Son engagement professionnel a
toujours été de nature scientifique et humanitaire, à l’exclusion de
toute implication politique. Ainsi, fin août dernier, les presses
arabe et française s’étaient fait l’écho des initiatives prises par
Rafah Nached et la communauté jésuite de Damas pour organiser des
réunions entre citoyens syriens de toutes obédiences. Il s’agissait
de leur offrir un espace apolitique, ouvert et multiconfessionnel, au
sein duquel verbaliser leurs angoisses et leurs peurs dans le climat
de violence qui ravage actuellement le pays.

Est-ce ce dernier espace d’accompagnement psychologique de la
souffrance humaine qu’on a voulu museler ce samedi par une
arrestation arbitraire ? Alors même que ces trop rares initiatives
sont probablement vitales pour maintenir le fil ténu du dialogue
inter-communautaire et éviter que la Syrie ne bascule demain dans la
guerre civile ?

A Paris et à Damas, comme dans les nombreuses capitales arabes où
Rafah NACHED avait noué, au cours des 30 dernières années, de
nombreuses amitiés personnelles et professionnelles au sein des
communautés universitaires, et notamment dans les facultés de
psychologie et de psychanalyse, l’inquiétude – couplée à un
formidable sentiment d’injustice – grandit d’heure en heure en
l’absence de toute information.