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7 novembre 2012

É. Roudinesco – Séminaire d’histoire de la psychanalyse 2012-2013 Élisabeth Roudinesco

Des éléments pour comprendre la nature du discours post-moderne sur Freud

par Philippe Grauer

Comment passe-t-on en moins d’un siècle d’une biographie censurée puis hagiographique au modèle d’une périodisation longue aboutissant à l’histoire de la découverte de l’inconscient (Ellenberger) pour en arriver aux biographies négatives voire « satanographiques », et au révisionnisme, sonnant l’heure d’un retour au comportementalisme, au neurologisme et à l’ethnico-biologique ?

Retour en partie compensé il est vrai par la consolidation de l’assise de la psychothérapie relationnelle et la consistance du discours alternatif des tenants de la dynamique de subjectivation – dont certains psychanalystes.

Si l’on n’accède pas à l’intelligibilité des mouvements de grande ampleur de l’historiographie freudienne et psychanalytique on se condamne à manquer du recul qui permette d’appréhender ce qui traverse la polémique des discours contemporains de et sur la psychanalyse et la psychothérapie – dont la relationnelle.

La fréquentation de ce séminaire est recommandée aux étudiants de notre école et plus généralement à tous les étudiants en psychothérapie relationnelle, ce qui n’exclut nullement les étudiants en psychologie et psychiatrie qui éprouveraient le désir d’approcher la pensée d’une historienne dont la recherche en ces temps obscurs peut contribuer à éclairer quelques lanternes. Les honnêtes gens s’y joindront tout naturellement.

Ceci constitue la reprise d’une annonce parue en juillet 2012.


Élisabeth Roudinesco

Séminaire d’histoire de la psychanalyse 2012-2013

Élisabeth Roudinesco GHSS-Paris VII, ENS (Département d’histoire, Gilles Pécout)

Questions historiographiques, biographies et biographes, construction d’une histoire savante, facettes du révisionnisme

45 rue d’Ulm, 75005 Paris

Salle BECKETT –18:00-20:00

20 novembre, 4 décembre, 8 et 22 janvier, 5, 19, 26 février, 19 et 26 mars, 2, 9 et 24 avril, 14 et 21 mai.

Ernest Jones, première biographie de Freud

Freud refusait le principe d’une biographie et, pour dérouter ses biographes futurs, il avait tendance à faire disparaître ses papiers et sa correspondance. Néanmoins, malgré ses proclamations, il fut attentif à ce qui s’écrivait sur lui. Aussi eut-il à cœur de corriger scrupuleusement toutes les erreurs écrites sur lui de son vivant dans les premières biographies. Après la Deuxième guerre mondiale, c’est à Ernest Jones, son disciple anglais, que revint la tâche d’écrire la première grande biographie de Freud. Nous étudierons de quelle manière travaillait Jones, à partir d’archives inédites à l’époque, ce qu’il avait choisi de dire ou de ne pas dire et surtout comment se posa pour lui la question légale : avait-il le droit de tout dire, alors que de nombreux protagonistes étaient encore en vie ?

Ellenberger, rupture avec le modèle biographique

Nous examinerons ensuite la constitution d’une historiographie savante en partant de l’ouvrage majeur de d’Henri Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient (1970), qui rompt avec le modèle biographique – officiel ou dissident – pour replacer la découverte freudienne dans la longue durée d’une histoire des théories de l’inconscient et des thérapies de l’âme. Nous analyserons la manière dont la thématique Vienne fin de siècle, inaugurée par Carl Schorske, transforme également, pendant la même période, le regard que l’on portait autrefois sur Freud et sur son premier cercle : d’une part dans leurs relations avec leur judéité et, de l’autre, dans leur rapport ambivalent avec l’environnement culturel qui marqua tant les débuts de la psychanalyse.

déni de la psychanalyse comme approche rationnelle de la subjectivité humaine

On abordera enfin la question de l’historiographie révisionniste qui, à partir des années 1990, se déploie aux États-Unis en plusieurs courants, centrés sur la haine ou le dénigrement de Freud – on parle de Freud Bashing(1) – ainsi que sur le déni de l’existence de la psychanalyse comme approche rationnelle de la subjectivité humaine. Nous montrerons que ces différents courants, qu’ils émanent du scientisme apolitique, de l’anti-universalisme ou d’une idéologie complotiste, ont pour point commun de réduire la subjectivité humaine à une somme comportementale ou à un héritage ethnico-biologique.