par Philippe Grauer
L’auteur du drame serait un « schizophrène » suivi par un psychiatre. Nous rappelons que les psychothérapeutes sont désormais répertoriés sous ce titre protégé, inscrits ou en voie d’inscription auprès de l’Agence régionale de santé administrativement responsable de leur localité d’exercice.
D’ordinaire de tels faits violents, statistiquement rares, se perpétuent plutôt à l’hôpital ou aux cabinets des psychiatres, au contact direct avec les pathologies lourdes. Les traitements peuvent s’accompagner d’un suivi psychothérapique en ville, il s’agit le plus souvent de stratégie psychothérapique combinée (psychiatre référent).
Le plus grand nombre des « schizophrènes », d’ailleurs la plupart du temps plutôt doux et victimes que violents et agressifs, se trouvent actuellement dans la rue ou en prison (ce qui n’est pas sans poser problème, restant à examiner si c’est bien le lieu convenable de traitement pour eux). Un accident est toujours possible de la part d’un malade qui ne prend plus ses médicaments (défaut d’encadrement suffisamment humain). Naguère un effort important avait été réalisé, de prise en charge dans des appartements thérapeutiques. Si l’on veut sensibiliser l’opinion sur ces questions il faut impérativement se souvenir de cela et militer pour une relance de la psychiatrie de secteur dans ce sens.
Il faut dire également qu’à côté des psychothérapeutes en titre dont nous venons de parler, un psychopraticien relationnel® dûment couvert par le système des quatre organisations historiquement responsables (AFFOP, FF2P, PSYG, SNPPsy) dans le cadre d’une autoréglementation professionnelle sérieuse cadrée sous le sigle GLPR, est convenablement formé (cinq années universitaires minimum) par une école puis accréditée par l’une des quatre institutions précitées. Il connaît bien son métier et la psychopathologie, et travaille régulièrement en réseau avec des psychiatres.
Un accident peut toujours arriver, mais un bon professionnel agit de façon avisée, prudente et encadrée (cinq critères), réduisant considérablement le risque. Bien entendu le risque zéro n’existe pas.
Dès que nous disposerons de davantage d’éléments nous analyseront plus avant ce fait divers tragique, statistiquement rare, qui vient alerter sur l’état général de la psychiatrie et de l’univers de la santé mentale dans notre pays après le démantèlement auquel le précédent gouvernement a fortement contribué.
Une psychothérapeute a été retrouvée étranglée hier dans son cabinet à Paris, et son pronostic vital est engagé. L’agresseur présumé, un de ses patients, a été placé en garde à vue.
par Benoit Hasse et Céline Carez
Le Parisien le 30.08.2012, 07h30
Les faits se sont produits d’un cabinet paramédical au 1er étage d’un immeuble de la rue du Mont-Doré à proximité de la place de Clichy (Paris XVIIe). Le drame s’est joué hier à 15 heures hier dans le secret d’un cabinet paramédical au 1er étage d’un immeuble de la rue du Mont-Doré à proximité de la place de Clichy (Paris XVIIe). Un homme de 28 ans a étranglé sa psychothérapeute chez qui il venait de suivre une séance, avant de prendre la fuite en la laissant pour morte. Alerté par des bruits suspects, l’un des deux fils de la spécialiste, qui exerce à son domicile, s’est précipité dans le cabinet. Il a découvert sa mère inanimée au sol, à moitié dénudée, le corps couvert de marques et le cou de traces de strangulation. Le jeune homme s’est lancé à la poursuite de l’agresseur présumé qui dévalait les escaliers. « Ils se sont battus dans la rue, » indique la gardienne d’un immeuble voisin.
Des témoins ont alerté la police qui a interpellé le fuyard quelques minutes plus tard. « Le type hurlait c’est pas ma faute, c’est pas ma faute ! rapporte Léo, aux premières loges dans l’immeuble en face. L’agresseur a été placé en garde à vue dans les locaux du premier district de police judiciaire. Selon une source policière, le jeune homme, très agité, n’aurait pas pu être entendu tout de suite par les enquêteurs. Il n’aurait cependant pas été transféré à l’institut psychiatrique de la préfecture de police. Dans la soirée, l’agresseur, connu des services de police pour un seul fait qualifié de mineur se trouvait toujours dans les locaux de la PJ.
Sa victime, âgée d’une cinquantaine d’années, a perdu connaissance après l’agression. Elle aurait fait un arrêt cardio- respiratoire. Les secours qui l’ont d’abord soignée sur place sont parvenus à la réanimer. Elle a été conduite à l’hôpital Saint-Louis dans un état jugé critique. Hier soir, une source proche du dossier indiquait que son pronostic vital restait engagé.
« C’est une très belle dame brune élégante et aimable qui vit avec ses deux fils », commentait, encore sous le choc, une habitante de la petite rue calme du quartier des Batignolles où la psychothérapeute exerçait. Hier soir, sur la porte de son cabinet, dépourvu de plaque, un message manuscrit indiquait : « Mme D. est absente en raison d’un contretemps. »
On a appris entre temps que Madame D. est décédée.