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Glossairede la psychothérapie

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Psychanalyse, soin médical

Introduction provocatrice

Par Francois-R Dupond-Muzard

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a.) — Question : « Selon moi, et surtout les psychanalystes avec lesquels j’ai travaillé, la psychanalyse n’est absolument pas un “soin”. Et dans les institutions que j’ai fréquentées ou fréquente, pas davantage. ».

Réponse : Je suis désolé mais… la société n’a que faire de l’opinion des psychanalystes sur le point de savoir si la psychanalyse est ou n’est pas un soin, et est ou n’est pas un soin « médical » (de santé). Les termes soin, santé, médical, ne sont pas des termes du jargon des psychanalystes, mais des termes banals du vocabulaire de toute la société (personne n’a jamais eu de soin quelconque, y compris de soin capillaire, n’a pas de santé bonne ou mauvaise, ni n’a jamais reçu de prestation de médecin, hormis échapper même aux vaccinations obligatoires des nourrissons). Par conséquent sur ces points les psychanalystes peuvent donner leur opinion à qui ils le peuvent comme tout le monde sur n’importe quoi, y compris sur ce qu’ils font, mais on se moque de leur définition de ces termes, et donc de leur volonté que ce qu’ils font soit qualifié par ces termes ou non.

En définitive, si les psychanalystes ne sont pas contents que la société, les institutions, qualifient leur activité de soin, de soin médical (de santé), ils n’ont qu’à saisir les tribunaux, et pour le reste ils peuvent écrire tout ce qu’ils veulent dans leurs bouquins, que la psychanalyse n’est pas un soin, et que l’eau ne mouille pas.

Aucun pays européen ou américain (des deux sous-continents) ne considère que la psychanalyse n’est pas un soin de santé. Et s’agissant de l’Union européenne, c’est même un soin relevant de catégorie de « médical », ce qui ressort de la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne ayant eu à définir le « soin médical », notamment à l’occasion d’affaire concernant la notion de psychothérapie. Il est impossible à vue humaine de contrecarrer sur ce point, disons pour un siècle, la Cour qui à l’occasion des affaires unifie les concepts pour toute l’Europe. Et attention : dans cette unification de concepts, notions, le terme « médical » ne signifie en rien soin réservé aux médecins ou à leurs subordonnés ou professionnels sujets à leur contrôle, parce que ceci est faux dans l’écrasante majorité des pays de l’Union (et y compris la France sans même faire référence à la Cour, si l’on regarde bien les textes franco-français, et même si la plupart des médecins s’imaginent ou prétendent le contraire).

Par conséquent, la psychanalyse est un soin médical, et c’est sans discussion possible, hormis de celles où l’on peut aussi soutenir que l’eau ne mouille pas.

b.) — Question : « Même si le mot (psychanalyse) est prononcé (dans les institutions que j’ai fréquentées ou fréquente), la pratique n’y est pas. »

Une jurisprudence de 1954 (Cour d’appel de Paris) définit admirablement la pratique psychanalytique : il s’agit, du côté du patient, de la mise en œuvre de la « règle » de « dire tout ce qui lui vient à l’esprit ». Il en découle que, du côté du praticien, il s’agit de la « règle » d’incitation à dire « tout ce qui vient à l’esprit ». Par extension pratique, il en découle que le praticien peut aussi entendre en pratique psychanalytique des paroles de patient même si le patient n’est pas dans la situation de mettre en œuvre la « règle » précitée. Par extension, d’autres manifestations que la parole peuvent être « entendues ». Mais dans ces cas d’extension, il faut justifier de l’impossibilité, selon l’état du patient, de « contractualisation » préalable des « règles » précitées, autrement il s’agit selon la doctrine même de la psychanalyse, d’» interprétation sauvage » ou « psychanalyse sauvage ».

Par conséquent, tout professionnel de santé en institution, qui a une formation psychanalytique, peut selon sa responsabilité professionnelle individuelle, son appréciation du cas de chaque patient, pratiquer la psychanalyse en incitant un patient à dire « tout ce qui lui vient à l’esprit », ou à dessiner ce qui lui vient à l’esprit, pour essayer d’en parler, et même si ce patient est en train de faire le poirier au lieu d’être sur un divan (qui n’existent pas en général dans les institutions de santé). L’usage impropre répandu est de parler, quand il n’y a pas divan, de « psychothérapie psychanalytique », mais dont il n’y pas deux psychanalystes ni deux experts quelconques pour être d’accord sur la définition, et c’est donc une fantaisie terminologique, la condition de divan (et de fréquence, et d’ampleur de la période) devant en revanche recevoir la dénomination correcte de « cure psychanalytique (le cas échéant : dite “type”) ».

c.) — Question : « “Le soin par la parole n’est remboursé par la Sécurité sociale que s’il est effectué par un psychiatre (ou psychologue en institution de santé reconnue)”.

Vous parlez de “talking cure”, là, pas d’analyse ? »

Réponse : Je ne changerai pas sur ce point mes termes extrêmement simples (et dont l’expression ne m’est d’ailleurs pas propre), choisis précisément dans le but d’exclure tout jargon, et dont l’expression ne peut se résumer à la notion ni d’analyse ni de cure.


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Sur l’exigence de « preuve » d’efficacité du soin par la parole / la psychanalyse pour financement par la sécurité sociale

Question : Connaissez vous un autre soin médical (que le soin par la parole / la psychanalyse) qui n’ait pas réussi à prouver son efficacité mais qui soit remboursé (financé) par la sécurité sociale (régimes « maladie »)… ?

Réponse : En résumé, je n’ai pas à rechercher d’autre soin médical qui n’ait pas réussi à prouver son efficacité, parce que depuis la nuit des temps, en tout cas indo-européens avec la notion spécifique de médecine toujours présente actuellement dans le terme, et qui s’est répandue dans le monde entier, on sait par exemple que les traitements « rationnels » nécessaires à la notion de médecine sont moins efficaces sans paroles (quand celle-ci est physiquement possible, autrement la question ne se pose pas). Les obligations devenues légales d’information du patient et de discussion avec lui sur les soins proposés, prodigués et à prodiguer sont une illustration du soin par la parole, contre les médecins ayant perdu la notion de médecine, qui s’y refusaient et s’y refuseraient. La loi n’a pas eu besoin de mesures d’efficacités chiffrées pour imposer cela : c’est un principe sans lequel il n’y a pas de notion de médecine. La psychanalyse est aussi une illustration du soin par la parole. La logique de la contestation de la pratique psychanalytique conduit à supprimer toute parole avec les patients dans la médecine en général, sauf celle de la description de son appréciation de ses symptômes par le patient, et encore, celle-ci n’est pas nécessaire dans tous les cas, et on pourrait concrètement l’éliminer dans un nombre plus important de cas. Il n’y aurait plus qu’à remettre les ordonnances écrites et à refuser toute parole à ce propos. Ceci est inacceptable pour la notion de médecine. La notion récente spécifique d’éducation à la santé semble être devenue sous cette forme aussi un soin par la parole, même si là le terme éducation est étrange et contraire à la notion spécifique de médecine, mais il faut examiner la chose et pas seulement le terme. En tout cas la Sécurité sociale en espère des économies. En tout cas, si vous contestez le soin par la parole, vous n’êtes pas médecin, et si vous l’êtes formellement, vous refusez d’exercer la médecine, alors que la loi vous en fait dans certains cas de cet abus obligation, par celle d’information et de discussion avec le patient sur les traitements.

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