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14 mai 2012

ARS – faire le point, une nécessité pour ne pas naviguer à vue Michel Baron, Secrétaire général du PSY’G

POUR UNE PSYCHODIVERSITÉ VIVANTE

Par Philippe Grauer

Les ARS achèvent leur travail, ce dont Michel Baron témoigne clairement. Il ne nous reste plus qu’à agir pour notre part, mettre en place et faire connaitre l’alternative que nous représentons. Cette communication qui ouvrit le débat de la matinée de la Journée d’Étude Affop-Snppsy sur le thème Sauvons le sujet, montre comment a fonctionné et continue de fonctionner la mise en place de la loi Accoyer.

deux secteurs

Elle nous place devant nos responsabilités, toutes illusions dissoutes. Notre pratique reste inchangée, la médicalisation de l’existence également. Eux l’exercent sous notre ancien nom, nous, leurs « autres », continuons notre même exercice sous le nouveau vocable de psychopraticien relationnel. Il s’ensuit la proposition de deux secteurs, le médical (principalement hospitalier) et le non médical (essentiellement libéral). Nos concitoyens ont besoin des deux.

À la clé, un conflit scientifico idéologique qui promet de beaux débats, déjà en cours. Une nouvelle profession naît, paramédicale, soit(1). La nôtre persévère, changée seulement de nom, son système d’alter titre professionnel calé par les soins des quatre du GLPR. Si l’institutionnel trouvait quelque paix maintenant, cette psychodiversité au sein du carré psy pourrait s’avérer profitable et bénéfique.


Michel Baron, Secrétaire général du PSY’G

FAIRE LE POINT : UNE NÉCESSITÉ POUR NE PAS NAVIGUER À VUE

par Michel BARON

Secrétaire général du Groupement syndical des praticiens de la psychologie, psychothérapie, psychanalyse – PSY’G

Membre des Commissions régionales d’inscription et d’agrément de l’Agence régionale de Santé – ARS, Ile-de-France.


la réflexion, c’est comme le bon vin : cela se décante avant dégustation !

Au fil des mois de travaux et d’ajustements, nous commençons à percevoir de plus en plus nettement les orientations des dispositions transitoires du Décret n° 2010-534 de l’usage du titre de psychothérapeute que nous continuons de baptiser Loi Accoyer, dont le but technique, à l’époque, était de lutter contre les sectes qui se seraient infiltrées dans une psychothérapie non contrôlée (première proposition de loi en1999).

Cette intention louable, sous forme de prétexte, ne pouvait que faire rire les spécialistes car, en fait, elle favorisait les sectes : elle leur offrait une respectabilité recherchée à partir d’un texte où les candidats n’avaient aucun mal à la justification. En effet, sociologiquement, nous savons bien que les membres des sectes appartiennent aux classes moyennes et supérieures et sont en possession des diplômes exigés par la loi (ou peuvent les acquérir), y compris un nombre impressionnant de médecins.

Donc, cette disposition n’était que le prétexte à une mise en place plus complexe dont nous prenons conscience aujourd’hui : l’appareil fonctionne, les commissaires œuvrent avec compétence et courage (à titre bénévole !), mais dans quelle direction ? Nous devons, dès lors, faire le point sur où nous en sommes.

La question des psychologues

Au fil des années les psychologues cliniciens, qui considèrent que la psychothérapie est une de leurs pratiques, se sont désolidarisés de la réglementation du titre de psychothérapeute dont les textes étaient de moins en moins favorables à leur égard, craignant de voir s’affaiblir ou même disparaître leur profession, au profit d’une nouvelle : celle de psychothérapeute. Le mot d’ordre de plusieurs organisations professionnelles de psychologues était donc de ne pas présenter de demande auprès des ARS.

Mais, avant la date de clôture des dossiers, et en opposition souvent avec leur organisation, ils posèrent leur candidature par milliers, encombrant d’ailleurs le travail des commissions.

Face à cette situation, et avec la pression des organismes et syndicats professionnels, le tout récent décret n° 2012-695 du 7 mai 2012 modifie le décret n° 2010-534 du 20 mai 2010 et donne gain de cause aux psychologues souhaitant faire usage du titre de psychothérapeute, ce qui rendra possible, en quelques mois, de résoudre le travail des commissions pour traiter les dossiers des « autres » (non médecins, non psychologues, non psychanalystes), ceux à l’encontre de qui la loi était faite à l’origine.

naissance d’une nouvelle profession

L’afflux des psychologues cliniciens est symptomatique d’une peur justifiée d’être pris à leur désavantage dans une réorganisation de la santé mentale, secteur dévasté de la santé. Ils se rendent compte désormais que le titre réglementé de psychothérapeute ouvre la voie à une nouvelle profession (ce que le PSY’G avait pressenti dès l’origine), avec ses diplômes et éventuellement son Conseil de l’Ordre. De là, découle évidemment la possibilité d’exercer dans les services de santé publique ou les associations qui exigeaient auparavant la formation de psychologue clinicien et qui, désormais, ne recruteront plus que sur le titre de psychothérapeute.

C’est aussi un alignement sur l’Europe où le titre de psychologue n’est guère connu. En revanche, celui de psychothérapist, de psychiatrist ou de psychoanalyst sont reconnus communément. De là l’idée que le vocable « psychothérapeute pourrait remplacer là aussi celui de psychologue clinicien il n’y a qu’un pas.

formation

Les Commissions régionales d’inscription des ARS exigent parfois pour les candidats des formations supplémentaires pour compléter leur cursus. Ces formations sont organisées par des organismes retenus par les commissions sur des critères d’exigences sévères. Peu d’organismes sont proposés et encore moins sont sélectionnés ! Certains organismes y voyaient un pactole mais ils ont déchanté : outre la difficulté de leur reconnaissance, ils perçoivent que leur rôle se terminera à la fin des mesures transitoires et, les psychologues cliniciens évacués (quand ils vont être reconnus comme les psychiatres et psychanalystes figurant sur un annuaire), il ne restera finalement que peu de « clientèle » à former et que cela demande un travail considérable de mettre au point un programme de psychothérapie conforme aux désirs du Ministère.

Quant aux universités, ce passage de reconnaissance ne les intéresse pas car, celui-ci terminé, c’est elles qui vont gérer le nouveau diplôme de psychothérapeute, de niveau Master II et qui sera l’équivalent du Master II de psychologie clinique, et peut-être qui le remplacera un jour.

Les universités travaillent donc déjà à la mise au point de la maquette des diplômes et vont vers une sortie rapide du projet. Le vrai problème universitaire étant de savoir si les leaders vont être les facultés de lettres ou de médecine. Ces dernières ont plus de chance de l’emporter car elles ont déjà des programmes de psychothérapie (orientation psychiatrique) dans de nombreuses facultés de médecine et correspondent mieux à une orientation médicalisée de la santé mentale.

en forme de conclusion

Au-delà des difficultés, des retards et de l’énorme travail des commissions, il est prévisible que le projet verra le jour de l’instauration de cette nouvelle profession de psychothérapeute, car les enjeux sont trop importants pour qu’il y ait un renoncement de la part des Ministères (Santé et Enseignement supérieur), des Universités (Lettres et Médecine) ou des politiques.

Demeure la mise en place et la création d’autres structures de remplacement.

Le 9 mai 2012.