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1 décembre 2012

Changement indispensable en psychiatrie ! Gilles-Olivier Silvagni

un important changement à engager

par Philippe Grauer

La dynamique de subjectivation opérant dans le cadre d’une psychiatrie relationnelle elle aussi, est mise à mal par l’orientation axée sur la gestion, le sécuritarisme, la médicalisation de l’existence, le cognitivisme ambiant et le DSM triomphant mis en place lors de la précédente mandature présidentielle. La HAS représente dorénavant le pouvoir d’experts aux ordres d’une idéologie managériale et comportementaliste, s’efforçant de liquider un demi siècle de psychiatrie humaniste diversifiée.

Ni la psychanalyse – ni la population des patients d’une psychiatrie en difficulté retournant à la neurologie et à l’organicisme ne trouvent leur compte dans l’orientation actuellement dominante. La psychothérapie relationnelle, qui travaille en réseau avec la psychiatrie, a besoin naturellement de psychiatres humanistes et relationnels comme partenaires.

C’est pourquoi nous approuvons et recommandons la signature de la pétition de Gilles-Olivier Silvagni.

PHG


Gilles-Olivier Silvagni

Le changement est indispensable en psychiatrie !

Depuis deux décennies une certaine conception de la psychiatrie, tout comme toutes les pratiques sociales où la relation humaine est centrale, sont attaquées.

Cette conception de la psychiatrie a été fondée sur la prise en compte pour chaque personne de son histoire et de sa psychodynamique propre. Elle s’est nourrie de nombreux apports : ceux de la psychanalyse, de la psychothérapie institutionnelle, du désaliénisme (lutte contre les effets de l’asile, processus de ségrégation et d’exclusion), des psychotropes, des thérapies familiales et systémiques, des aides psycho-sociales, de la création et des activités culturelles comme soutien thérapeutique et facteur d’insertion dans la vie de la cité.

La psychiatrie de secteur est porteuse de la richesse de cette diversité

Cette attaque s’est développée d’abord à partir d’une idéologie issue des neurosciences en expansion, en instrumentalisant certaines perspectives génétiques ou techniques, ainsi que la médicalisation des émotions et des souffrances sociales.

La diversité et la pluralité des approches se trouvent mises à mal au travers de cette tentative destructive

Nous n’acceptons pas de voir réduire le champ de la psychiatrie au traitement d’un symptôme qu’il faudrait à tout prix éradiquer et ne plus prendre soin d’une personne malade, dans sa globalité, abolissant toute dimension relationnelle.

La psychiatrie a été aussi attaquée au travers d’une multiplication de directives et de contraintes (ordonnances Juppé de 1996, accréditation, démarche qualité, Loi Hôpital 2007, Loi HPST, regroupement de services et secteurs en pôles, protocoles opposables,…) qui disent vouloir améliorer la qualité des soins dans un discours où « la qualité », « le patient au centre des soins », ne sont que des formules de communicants.

Ces contraintes ont pour effet d’empêcher toute créativité, assèchent la réflexion clinique et les innovations alternatives, empêchent de soigner et d’être correctement soigné.

tentative de dire la Norme et de rendre les pratiques homogènes

Cette évolution pousse la Haute Autorité de Santé à produire des recommandations qui sont érigées comme des vérités, et mettent en danger la pluralité des modes d’approche de la souffrance psychique dans une tentative de dire la Norme et de rendre les pratiques homogènes. Or la Haute Autorité de Santé s’est soumise à la pression de plusieurs lobbys pour produire des recommandations aberrantes, voire scientifiquement illégitimes, aux antipodes des pratiques diversifiées, des effets bénéfiques de thérapeutiques anciennes, reconnues et partagées dans toute la profession. Elle a perdu là toute indépendance, une indépendance dont elle a été parée à l’origine mais qui s’est révélée être une mystification : ses recommandations médico-économiques au nom de la qualité des soins ne sont devenues que des instruments de normalisation, de « restructuration » des hôpitaux et d’annihilation de toute pensée originale et créatrice dans l’organisation des soins.

laboratoires pharmaceutiques

Sous la pression de l’économie néolibérale en vogue, les tenants de cette psychiatrie, considèrent qu’il faudrait choisir entre les plus malades (notamment les personnes souffrant de psychose) et les plus nombreux (dépressifs, « TOC », « Hyperactifs, »). Le choix simpliste se trouve être celui qui correspond le mieux aux intérêts des laboratoires pharmaceutiques. Aussi de nombreux malades, les plus en difficulté, se retrouvent en rupture de soins, isolés, dans la rue, voire en prison essentiellement pour des délits mineurs, « jetés hors du monde ».

le soutien soignant disparaît sous le règne de la gestion

Dans le domaine de l’enfance et l’adolescence, un affrontement violent contre les professionnels du soin a été initié, là où la complexité des souffrances nécessite pluralité des pratiques et des recherches, mais aussi développement de lieux d’accueil et de soins, moyens réels pour l’insertion et l’intégration scolaire. Les institutions du médico-social ne sont pas en reste : le soutien soignant disparaît sous le règne de la gestion.

contrôle social et normalisation des populations

À cette situation, le gouvernement précédent, a instauré un dispositif de soins visant à transformer la psychiatrie en un dispositif de contrôle social et de normalisation des populations. Ainsi la loi du 5 juillet 2011 instaure une garde à vue psychiatrique de 72 heures, un fichier des antécédents médico-légaux et l’internement à domicile. Surtout cette politique sécuritaire est venue amplifier les dérives délétères, comme les enfermements, les isolements et les contentions toutes pratiques qui avaient disparu pourtant.

Nous voulons rappeler que ces directives et ces lois ont été combattues par l’ensemble des partis qui constituent la majorité gouvernementale actuelle… Alors,

LES ENGAGEMENTS DOIVENT ÊTRE TENUS

-* La suppression (et non l’adaptation !) des dispositions liberticides de la loi du 5 juillet 2011
-* Redonner à la psychiatrie comme mission essentielle de soigner des personnes en souffrance et non d’éradiquer des symptômes, ni de normaliser des populations.
-* La mise en chantier d’une ambitieuse Loi cadre prévoyant notamment une formation spécifique à tous les métiers de la psychiatrie, des moyens humains suffisants en qualification et en nombre, une réforme de l’évaluation en fonction de critères issus de la clinique et non de l’entreprise.

Merci de

signer et diffuser cet appel

!

– Le changement est indispensable

– Pour une éthique de l’hospitalité

– Pour vos signatures : collectifpsychiatrie@yahoo.fr