RechercherRecherche AgendaAgenda

Actualités

Revenir

12 août 2013

homoparentalité – billet à retardement

Petite réflexion sur la question de l’histoire de la psychanalyse en France, relativement à l’homosexualité.

Ce billet est parfaitement décalé. Comme on nous annonce une reprise de la campagne anti mariage pour personnes du même sexe pour la Rentrée, il suffira d’un rien pour que ce texte se retrouve d’actualité.

On connaît d’heureuses exceptions aux aberrations que dénonce Michael Randolph, dont les protagonistes ont à plusieurs reprises été mis en ligne ici, qu’emblématise Élisabeth Roudinesco et qu’illustre Joyce Mcdougall, résistante résolue à l’homophobie psychanalytique.

Il demeure que le fond de l’affaire n’a jamais été institutionnellement nettoyé. Plus facile de s’en prendre aux collègues pris à partie en attendant de ne tirer aucun marron du feu ainsi attisé, que de réévaluer cinquante ans d’omerta psychanalytique sur la question de l’homosexualité.

PHG


par Michael Randolph

14 décembre 2012

billet à propos du débat sur l’homoparentalité

À la différence du débat public dans d’autres pays que je connais, la psychanalyse en France est perçue comme une source aussi incontournable qu’incontestable de sagesse par rapport à une vaste gamme de questions liées aux relations humaines. On permet typiquement à ses praticiens non seulement de s’exprimer avec plus d’opacité, plus crument, souvent plus cruellement que les praticiens de n’importe quelle autre profession ou confraternité, mais surtout on leur donne très souvent, comme on dit chez nous, the last word, un espace de pouvoir inouï. Dans le débat sur l’homoparentalité, des psychanalystes d’opinions très diverses se sont exprimés dans les quotidiens français, et tant mieux. Ce que j’ai pu lire me laisse avec l’impression que les soutiens de la nouvelle donne légale et sociale s’expriment avec une certaine modestie, évoquant souvent la complexité des évolutions sociales qui ont apporté la demande pour ce changement passablement radical de notre perception du monde relationnel.

Les pourfendeurs de ces changements en revanche fulminent. Ils fulminent qui plus est de toute la hauteur de leur maitrise du symbolique dans lequel notre vie s’enracine, et, tant qu’ils y sont, ils nous promettent à un avenir pitoyablement déraciné si nous continuons à ignorer leurs stentoriennes mises en garde. Au cœur de l’argumentaire il y a toujours la révélation que l’on n’est pas fait pour ça et qu’ils le savent parce que précisément c’est leur métier de savoir pour quoi l’on est fait.

le silence des psychanalystes

Alors me vient à l’esprit un des plus curieux silences que j’ai eu le malheur de devoir côtoyer au travers de mes trente années de travail en tant que psychothérapeute(1) en France, à savoir la silence des psychanalystes, dans leur immense majorité, par rapport aux raisons qui les ont amené à changer d’opinion sur l’homosexualité depuis les années soixante-dix, à ne plus parler en long et en large de l’évidence de la déviance ainsi que du cas d’école de la perversion que représente l’homosexualité adulte. Aujourd’hui plus personne n’oserait comme jadis – avec souvent un art consommé de l’enfoncement d’une minorité déjà traditionnellement enfoncée – en parler avec la nonchalance de ceux qui ne parlent que de ce qui va de soi.

Eh bien Messieurs et Mesdames les psychanalystes, qu’est-ce qui a donc changé entre 1980 et l’an 2000 ? Des nouvelles perlaborations révolutionnaires de la théorie qui soutend les canons de la pensée psychanalytique ? La prise en compte finalement d’années de travail clinique avec des homosexuels dont le fardeau de culpabilité s’est souvent vu redoublé voir multiplié par trois à travers leurs années de cure ? Ou est-ce que peut-être ils se sont tout bêtement fait rattraper par un monde en mouvement qui se foutait par mal des foutaises élaborées dans le secret de leurs correspondances et leurs conférences où le maniement du transfert était souvent bien moins important comme talent à développer que celui du maniement du mépris.

l’histoire de ce revirement reste à écrire

L’histoire de ce revirement reste à écrire. Tant qu’elle ne l’est pas, les psychanalystes ne pourront prétendre au respect qu’ils méritent par ailleurs pour la pertinence et la sensibilité d’un savoir-faire bien réel enroulé souvent dans un savoir-être tout aussi impressionnant. Ce point noir, aveugle et indigne doit faire l’objet d’une crédible reconstruction historique, pour chasser bien tard il est vrai de ce côté là du carré psy, mais mieux vaut tard que jamais, ce parfum qui continue de flotter de lâcheté et de suffisance.