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30 mai 2014

le métier de psychologue menacé Collectif des 39

évaluateurs liquidateurs

par Philippe Grauer

Cela fait longtemps que l’ensemble des professions du carré psy est menacé, atteint plutôt, chacun dans son être professionnel, par les gestionnaires et leurs évaluateurs liquidateurs de l’humanisme dans la fonction hospitalière.

Si au lieu de se réjouir des premières attaques dirigées contre nous lors de la bataille des charlatans nos psychologues-psychanalystes aujourd’hui persécutés si ravis de la belle occasion offerte à leur corporatisme de se joindre aux accusations de charlatanisme lancées contre nos professionnels dûment regroupés en organismes responsables historiques autorégulateurs de notre profession de psychothérapeutes, nous avaient soutenus, nous serions plus forts actuellement pour les soutenir à notre tour.

solidarité antipsychiatres – psychologues-psychanalystes

Enfin il n’est pas trop tard voici que les psychiatres humanistes c’est-à-dire psychiatres-psychanalystes (ceux qui n’ont pas levé le petit doigt à l’époque non plus pour nous soutenir (1) ) regroupés à partir de janvier 2008 en Collectif des 39 (2) proches de la sensibilité de la psychothérapie institutionnelle donc relevant de l’antipsychiatrie, voici que les psychiatres relationnels comme certains se le disent fièrement, appuient leurs collègues psychologues-psychanalystes aux prises avec l’étouffoir managero-évaluatif.

Nous nous réjouissons de cette conjonction des énergies. Nous ne souffrons pas tout à fait des mêmes maux, en butte pour notre part aux attaques des nouveaux psychothérapeutes (les mêmes psychologues-psychanalystes et psychiatres seules corporations sérieuses en matière de soin psychique – pardon, de traitement psychologique – médicalement rebaptisé santé mentale) et aux difficultés à maintenir nos écoles alternatives de formation à la psychothérapie relationnelle (interdite de fait à l’hôpital), mais nous menons le même combat, pour une psychothérapie de la relation et de la dynamique de subjectivation, contre la médicalisation de l’existence, pour soutenir l’humanisme dans le monde psy.

attention au titre trompeur

L’intitulé de cette brève peut induire en erreur. Ne sont concernés que les psychologues-psychanalystes ou apparentés (cette profession est assez floue pour comporter des sous-catégories exotiques), que les psychologues cliniciens qui travaillent à partir de la relation, au sens strict que nous donnons à cette expression dans le cas où c’est le principe relationnel même qui est mis en œuvre, où c’est véritablement la relation qui soigne. Car c’est bien ce caractère qui se voit sérieusement entamé par les pratiques que dénonce l’article que vous allez lire.

C’est dans ce sens qu’alternatifs aux actuels porteurs du titre d’exercice de psychothérapeute nous soutenons pour notre part le combat des hospitaliers aux prises avec la mécanique décervelante d’une évaluation d’inspiration managériale qui sans bruit étouffe leur pratique – ils disent leur clinique, si elle se veut d’inspiration psychanalytique ou tout simplement humaniste et relationnelle.

Voici pourquoi nous répercutons ici l’alerte des 39 qui suit.


Collectif des 39

le métier de psychologue menacé

par le Collectif des 39
Depuis près d’un mois les psychologues de l’association CIDE qui regroupe trois établissements thérapeutiques des Hauts de Seine (l’Hôpital de Jour pour adolescents, CMPP de Ville d’Avray, CSAPA Chimène à Issy les Moulineaux) sont en grève pour défendre le libre et plein exercice de la fonction DIRES dans leurs établissements et la qualité des conditions de travail.

Les psychologues hospitaliers sont confrontés aux mêmes difficultés au sein de leurs établissements. Qu’ils soient du public ou du privé, ils sont aujourd’hui une variable d’ajustement économique, au mépris de leur activité clinique et institutionnelle qu’ils ont mission d’accomplir auprès des collectivités soignantes.

Ils doivent pouvoir en effet évaluer leur travail selon les moyens qu’ils choisissent (supervision, analyse des pratiques), se former et concevoir leurs recherches selon les besoins de leur pratique. La fonction FIR (formation, information, recherche) dans le secteur public ou DIRES (documentation, information, recherche, élaboration, supervision) qui répond mal à une comptabilité étroite du temps de travail, fait naître des soupçons chez les gestionnaires des ressources humaines. Ainsi au nom de la transparence et du contrôle, l’administration tend à réduire cette fonction à un temps mesurable. Il est évident qu’elle ne peut pas être réduite à un acte chiffré, qui viendrait faire preuve de l’acquisition de savoirs.

Lorsque cette fonction est remise en question, voire supprimée, le travail du psychologue est rendu impossible La fonction clinique et la fonction FIR ou DIRES sont intriquées et indissociables.

L’attaquer, c’est attaquer la pensée et le temps nécessaire à l’élaboration et à la recherche. Il faudrait penser plus vite, surtout ne plus prendre le temps de penser.

Nous qui luttons pour le maintien de l’accueil, de la rencontre singulière et du travail institutionnel, nous insurgeons contre de telles dérives dommageables avant tout pour les patients.

Nous, soignants, patients, familles, citoyens, soutenons les psychologues dans ce combat légitime et essentiel.