Le naufrage de la psychiatrie française a déjà eu lieu. Il procède de la déshérence de la pensée axée sur la dynamique de subjectivation, de l’attitude humaniste envolée avec l’abandon (bébé avec l’eau du bain ?) de la psychologie dynamique, pour le cognitivisme, le retour à la neurologie et la nouvelle pensée (si l’on peu oser ce terme) DSM.
Résultat : les psychiatres et psychologues freudiens minoritaires, ravis de leur collaboration passive ou active à la chasse aux charlatans (exception faite de ceux de la Cause freudienne, ayant depuis décroché de leur alliance avec les ex psychothérapeutes), divisés (les 39 d’un côté l’Appel des appels de l’autre), ignorant la force alliée potentielle des psychopraticiens relationnels, aux prises avec l’hégémonisme d’une médecine organiciste prônant la médicalisation de l’existence, ne trouvent plus la force nécessaire pour résister efficacement au rouleau compresseur d’une psychiatrie d’État fondée sur l’alliance du stéthoscope et de la férule préfectorale.
Cette situation concerne l’ensemble du champ. Le jeu des contrecoups affectera fatalement le Carré psy tout entier, dont nous les psychopraticiens relationnels occupons le côté jouxtant la psychanalyse.
La lutte conséquente des 39 ne pourra pas s’arrêter là, les citoyens doivent protéger les malades mentaux les plus fragiles contre le sécuritarisme d’une santé mentale qui conduit dans le mur le corps social citoyen tout entier. Tenants depuis toujours du soin s’exerçant comme relationnel , nous nous tiendrons volontiers aux côtés des psychiatres psychanalystes qui s’en réclament pour leur part, et qui depuis cette conviction scientifique et citoyenne refusent la mécanisation autoritaire et sécuritaire des soins psychiques.
Philippe Grauer
Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire
Journée de mobilisation unitaire
À l’issue de la conférence de presse au sein du Sénat
Rassemblement devant l’entrée principale à 16h30
Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d’État qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge. »
Malgré nos propositions, il n’y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et paradoxalement, elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.
Cette loi adoptée, il ne restera plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie.
Éthiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.
Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent. Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés. »
Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’État.
Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel(1), nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons le mercredi 15 juin tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi.
D’ores et déjà, il nous paraît essentiel d’appeler à un grand rassemblement unitaire à Paris, avant l’été, pour entériner notre refus et organiser la résistance qui concourra à l’abrogation.
www.collectifpsychiatrie.fr
Pour nous contacter :
Nous avons le plaisir de vous convier à la journée découverte de notre école de formation de psychopraticien, conduite par Pascal Aubrit et Henry Kisiel, qui aura lieu :
L’objectif de cette journée consiste à découvrir et à expérimenter le programme de l’école, les formations que nous dispensons et notre méthodologie reliée à la psychothérapie relationnelle. Elle se déroulera dans une alternance de séquences expérientielles et de temps d’élaboration. Une présentation du cursus de formation au CIFPR sera suivie par un temps de questions-réponses.
Lieu : Centre de Psychologie Biodynamique du Père Lachaise
Salle ALIZE
59 boulevard de Ménilmontant, 75011 Paris
Code immeuble : 19 B 60
Code BLOC 1 : 1519