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13 mars 2012

La Haute Autorité est tombée bien bas ! collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

pour le dialogue entre psychiatrie et psychothérapie relationnelles

Par Philippe Grauer

Oui il s’agit pour certains « d’en finir avec une psychiatrie adossée à la psychanalyse et qui serait incapable de faire ses preuves scientistes. » Oui ils s’appuient sur des associations de parents se plaignant légitimement « d’un manque d’accueil de certains praticiens, de certains dogmatismes. » Un peu vite dit passons à autre chose.

Oui de trop nombreux psychiatres psychanalystes pratiquant une sorte d’abus d’autorité et de pouvoir ont scié avec continuité la branche hospitalière sur laquelle ils étaient assis, et se retrouvent maintenant avec la colère des parents aux trousses, bien entendu exploitée par les adversaires de la psychanalyse et de la psychiatrie relationnelle.

psychiatrie relationnelle

Nous apprécions au passage que nos collègues se définissent comme psychiatres relationnels, après avoir massivement ignoré et méprisé notre psychothérapie relationnelle. C’est tout de même nous qui avons créé l’appellation. Bienvenue chers collègues au club que nous avons eu l’honneur de patronymer ! En qualité de psychiatres relationnels nous aimons à croire que vous ne reprenez pas à votre compte les légères erreurs dogmatiques qui ont fait plonger bien bas elle aussi une certaine psychiatrie d’inspiration psychanalytique.

multiréférentialité

Oui les enveloppements humides, c’est-à-dire une pratique psychocorporelle relevant de la psychologie dynamique, et la psychothérapie institutionnelle, sont
mis en cause et pratiquement éliminés du cadre des bonnes pratiques, car se situant hors du jeu d’une médecine fondée sur la preuve (Evidence Based Madecine) qui n’a rien à voir avec une écoute de l’autre prenant en compte les processus inconscients et la dynamique de sa subjectivation. Oui les deux approches sont irréductibles l’une à l’autre, mais demeurent intercalables, coordonnables par alternance – nous appelons cela multiréférentialité – à la condition d’une tolérance de bonne compagnie, ce qu’on pourrait appeler une bonne intelligence, hélas, pour de multiples raisons historiques, trop souvent absente, comme on pouvait lire sur les évaluations à l’ancienne des carnets de correspondance.

l’essence de la condition humaine

Oui une psychiatrie articulée à une psychanalyse pas obligatoirement sectaire se trouve à présent en difficulté. Il y faudrait peut-être aussi un peu plus d’ouverture du côté de la psychanalyse. Non l’homme n’est pas réductible à un agrégat de molécules conditionnable. Oui les protocoles et certifications bureaucratico managériales tentent de supplanter la psychopathologie et leur prolifération systématique au détriment de toute autre vision du monde conduit droit à l’emprise de la bêtise et à la négation de ce qui constitue l’essence de la condition humaine.

non aux deux extrêmismes

Oui, tout cela est bien triste et nous devons nous en préoccuper, nous autres psychopraticiens relationnels, colocataires de ce carré psy mis à l’épreuve par la montée en puissance de l’extrémisme comportementaliste et par la rigidité dogmatique de trop de psychanalystes restés contents d’eux, trop contents, reprenons le mot, de pouvoir accuser le camp d’en face de trop leur en vouloir, ce qui évite bien des remises en cause.

Alors, arrêtons la dévastation par la folie évaluatrice et normative, tout autant que l’arrogance dogmatique de psychanalystes peu enclins à se remettre en cause – et à se rendre compte entre autre que leurs collègues psychopraticiens relationnels eux aussi représentent de leur côté et à leurs côtés une ressource théorique et clinique digne d’intérêt. Oui donc, au dialogue de tous les relationnellistes.

Les intertitres sont de la Rédaction.


collectif des 39 contre la nuit sécuritaire


La Haute Autorité est tombée bien bas !

Une nouvelle tartufferie

mener une recherche sur une pratique désavouée

Le collectif des 39 prend acte des dernières décisions de la Haute Autorité de Santé (HAS) concernant l’autisme, et qui interdit de fait le packing « sans exception », sauf dans le service du Pr Delion où une recherche est en cours depuis deux ans à la demande du ministère de la Santé… Ainsi une décision est prise sans attendre les résultats de ce travail important qui sous la pression de lobbies dictant leur conception de la maladie, imposent de se détourner du soin. Nous soutenons avec force notre collègue Pierre Delion, pris au milieu de cette tourmente, et de cette double contrainte : mener une recherche sur une pratique désavouée par la HAS !

loin de se limiter à l’autisme

Mais comme nous le pressentions, cette affaire est loin de se limiter à l’autisme, bien loin de s’appuyer seulement sur le lobby de certaines associations de parents, se plaignant d’un manque d’accueil de certains praticiens, de certains dogmatismes.

en finir avec une psychiatrie adossée à la psychanalyse

Le scandale de l’insuffisance de moyens, de lieux d’accueil et de prises en charge intensive n’est absolument pas pris en compte.

Dès l’annonce de la décision, le président de la HAS a affirmé qu’il s’agissait d’en finir avec une psychiatrie adossée à la psychanalyse et qui serait incapable de faire ses preuves.

contre la psychiatrie relationnelle

Le propos, s’il a le mérite de la clarté, se présente comme une véritable déclaration de guerre contre la psychiatrie relationnelle. Il bascule même dans un négationnisme, occultant les plus de soixante années de travaux, de recherche, de résultats thérapeutiques que nous devons à Françoise Dolto, Maud Mannoni, Tony Lainé et Roger Misés pour ne citer que les plus illustres praticiens français reconnus dans le monde entier.

Le président de la H.A.S. qui avait aussi masqué ses conflits d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique, vient rejeter la psychiatrie que nous pratiquons, ouverte sur l’altérité, ouverte sur tous les autres champs du savoir, dans sa prise en compte du transfert, de l’inconscient et le du désir humain.

Si nous avons à rappeler après la mise en place de la loi indigne du 5 juillet 2011 que les patients ne sont pas des criminels potentiels, bons à enfermer ou à traiter de force à domicile, nous sommes aujourd’hui confrontés à l’extrême violence d’une volonté d’éradication de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle, d’une psychiatrie où la dimension relationnelle est au cœur de tout processus de soins, où la dimension psychopathologique n’est pas déniée ou rejetée.

Aujourd’hui le packing, et demain l’interdiction de tout ce qui tisse la vie quotidienne et relationnelle dans les institutions : les médiations qui s’appuient sur les activités thérapeutiques, les repas pris en commun, les ateliers d’expression et de création etc.

évaluation, « preuve » vs. désir

Tout ce qui ne peut être « évalué » dans l’immédiateté, dans la « preuve » par des chiffres, des statistiques, et qui se trouve en rapport avec l’inestimable du désir humain, se trouve ainsi invalidé explicitement par la HAS !

Nous nous trouvons sous le coup d’un « interdit professionnel » et d’une « police de la pensée » où il s’agirait de bannir tout un pan du savoir humain. Cet interdit s’applique de facto aux familles et aux patients qui seraient demandeurs d’une thérapie autre que celles recommandées par cette instance.

Ne nous y trompons pas, ce diktat tente de discréditer une conception de l’humain qui considère que tout homme ne peut en aucun cas se réduire à être un tas de molécules ou un objet à adapter ou à rééduquer.

envahissement d’une bureaucratie abêtissante

Les recommandations, les accréditations, les protocoles et certifications nous imposent un carcan étouffant toute initiative soignante, l’envahissement d’une bureaucratie abêtissante, la mise en place d’un système à même de nous empêcher de soigner.

Ainsi après les ridicules recommandations de bonnes pratiques sur les TOC et la dépression, où tout référence psychopathologique est soigneusement évitée, L’HAS démontre à nouveau sa partialité, son incompétence, son pouvoir de nuisance.

idéologie implacable

Un pas supplémentaire vient d’être franchi :

La HAS et son président se discréditent complètement

En posant ces actes la HAS se révèle au grand jour comme l’instrument d’une idéologie implacablement réductionniste, dégradante et régressive.

C’est pour ces raisons que nous demandons aux candidats à l’élection présidentielle de se prononcer (entre autres) sur :

mise en normes des pratiques, protocolisées et homogènes

L’arrêt immédiat de tous les processus d’accréditation et de certification, des recommandations de “bonne pratique “ et “des conférences de consensus”, validés dirigés et imposés par l’HAS, dont l’objectif d’une mise en normes des pratiques, protocolisées et homogènes, est anti thérapeutique, destructeur des soins et constitue un obstacle majeur à des soins psychiques de qualité.

Aussi le meeting du samedi 17 Mars revêt-il une importance cruciale au cœur de cette campagne électorale. Les soignants, les familles et patients qui sont au programme, avec des scientifiques et des philosophes, vont expliquer les raisons de leur refus d’une instrumentalisation de la science. Nous réaffirmerons notre mot d’ordre d’arrêt de toute cette folie évaluatrice et normative.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire