En adoptant ce code les institutions membres de l’Affop, dont le Cifp, mettent en place un cadre régulateur dont l’importance n’échappera à personne, étudiants, formateurs, psychothérapeutes relationnels, pouvoirs publics, personnes appelées un jour à recourir aux soins des étudiants de nos Écoles devenus psychothérapeutes relationnels – puis à présent psychopraticiens relationnels. Cette profession est majeure, capable de produire ses dispositifs, tant du point de vue programmatique, ici hors du champ, que procédural. Elle manifeste sa capacité de définir et sécuriser le champ professionnel, épistémologique et éthique qu’elle constitue. Cela porte le très beau nom d’autoréglementation.
L’emploi du terme déontologie est limite. Dupont Musard rappelle (1*) que formellement du point de vue juridique il n’existe qu’une déontologie de la police qui ne s’étaye pas d’une structuration à proprement parler étatisée, impliquant dans notre domaine disait-il à l’époque une problématique d’ordre des psychothérapeutes relationnels, nous parlerions en ce qui nous concerne d’amorce ordinale. Les auteurs du présent code, qui désiraient s’obliger, ont choisi d’emprunter cette ligne de crête. Le premier pas dans cette direction fut franchi il y a plus d’un quart de siècle par le SNPPsy, qui défricha le terrain avec la vitalité instituante qu’on lui connaît en créant un code de déontologie qui fait toujours référence. L’Affop continue sur cette lancée.
Le Cifp est heureux de vous proposer ce texte qui témoigne de la légitimité des institutions qui l’ont produit, et de la psychothérapie relationnelle telle qu’elle se dispense dans les écoles dont elles répondent. Nous sommes heureux de prêcher en matière d’éthique par l’exemple plutôt que par l’exhortation ou la dénonciation. Nous nous présentons en disant voilà nos principes et la loi que nous nous imposons pour que notre psychothérapie soit honorable et digne comme il convient à une science que Nietzsche aurait pu dire surhumaine. D’une juste exigence. Voici nos principes et valeurs déclinés en règles. Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre, géomètre en esprit de finesse, comme il convient à une science humaine clinique.
Philippe Grauer
1. Engagement
Les instituts de formation adhérents à l’Affop présentent en début de formation à leurs étudiants un code de déontologie du psychopraticien relationnel (1*) adopté par les sociétés de pairs et/ou les syndicats de psychothérapeutes adhérents à l’Affop et le leur donnent à signer au moment du début d’une pratique professionnelle, dans le cadre de leur formation en cours.
2. Relation étudiant – formateur
2.1. La relation étudiant – formateur est une relation professionnelle.
2.2. Le formateur est conscient de son influence et de son pouvoir inhérent à la situation d’apprentissage et s’engage à ne pas en abuser. Il s’interdit d’avoir des relations sexuelles avec tout étudiant de l’école où il enseigne.
2.3. Le formateur sera attentif notamment à ne pas cumuler les rôles de formateur-superviseur et de psychothérapeute pour une même personne. Un formateur s’abstient d’accepter en psychothérapie un étudiant en formation dans l’institut dans lequel le formateur intervient.
2.4. Lorsqu’une personne est en psychothérapie et candidate à une formation dans laquelle son psychothérapeute est formateur, l’équipe pédagogoqiue responsable de la formation doit considérer cette candidature avec soin et au cas par cas en fonction de la personne, de son histoire psychothérapeutique notamment avec le psychothérapeute-formateur et du dispositif pédagogique. Il en sera de même pour toutes les procédures d’évaluation au cours de la formation.
2.5. Il est demandé d’adopter un règlement intérieur à l’institut, signé par les formateurs et par les étudiants, conforme aux textes de loi en vigueur et au présent code.
2.6. Une information sur l’état du statut des psychothérapeutes et de l’exercice légal de ce métier doit être faite en début de formation.
3. Confidentialité
3.1. Les informations personnelles issues de situations expérientielles d’implication personnelle et d’entraînement à la pratique durant la formation doivent rester confidentielles à l’intérieur de l’espace d’apprentissage.
3.2. Lorsqu’un formateur souhaite faire l’usage d’informations spécifiques recueillies au cours d’un travail expérientiel en vue d’une conférence ou d’une publication, il doit avertir l’étudiant, obtenir son accord et s’engager à préserver l’anonymat des personnes concernées.
4. Compétences
Les formateurs doivent être conscients de leurs ressources et de leurs limites. Ils s’engagent à poursuivre leur développement professionnel et personnel.
5. Sélection et évaluation
Un soin particulier sera apporté à la sélection et à l’évaluation des étudiants. Un professionnel extérieur à l’institut et faisant partie d’un organisme adhérent à l’Affop pourra être invité pour contribuer à la qualité et à l’objectivité de l’évaluation finale.
6. Présentation des instituts
Les informations fournies par les instituts sur leur programme seront claires, complètes et respectueuses de la dignité de chacun ; elles ne doivent pas comporter d’informations mensongères ou comparatives avec d’autres instituts.
7. Relations entre instituts de l’Affop
Un soin particulier sera porté aux relations entre instituts. En particulier, dans le cas où un étudiant souhaite arrêter une formation longue en cours et contacte un autre institut, ce dernier est tenu de consulter l’institut précédent et de différer l’entrée en formation du candidat tant que la situation et les conditions de départ de l’étudiant n’ont pas été clarifiées.
8. Commissions de médiation
8.1. Commission de médiation de l’institut
• Lorsqu’un étudiant représente, aux yeux de l’école, un danger pour lui même ou pour les autres.
• Lorsqu’une plainte est déposée contre un formateur ou contre l’école.
Une instance de médiation étudiants/formateurs peut être mise en place pour prendre toute décision utile, pouvant allant jusqu’à l’exclusion de toute personne impliquée dans la situation.
8.2. En cas de litige, il peut être fait appel à la Commission de médiation de l’Affop.
Composée de trois membres, elle peut être saisie par les étudiants, formateurs et instituts adhérents de l’Affop, en cas de conflits et litiges à résoudre, concernant un institut ou un formateur de cet institut. Son but est de :
• réguler les conflits, entendre les parties adverses, leur permettre de confronter leurs points de vue et de proposer, dans l’intérêt commun, toute mesure qui semblerait utile
• statuer sur l’objet du litige
• émettre un conseil.
9. Relations entre les intervenants et les instituts
Les formateurs s’engagent à ne pas outrepasser leur mission au service de l’école. En particulier, ils s’engagent à ne pas faire de publicité ni promouvoir leurs activités en leur nom propre ou s’exerçant dans le cadre d’un autre institut.