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13 février 2013

À côté du divan Daniel Friedmann chroniqué par Yann Plougastel

l’art de l’archive

par Philippe Grauer

Merci à Daniel Friedman d’avoir complété son entreprise et constitué un second volet à son original travail d’historiographe et d’archiviste, travail indispensable à l’issue duquel on peut commencer à débattre.

Figurant parmi « les autres » que mentionne Yann Plougastel, je refuse de me laisser classer en tant que « panseur d’âme » faisant « l’économie de l’exploration de l’inconscient et [m’appuyant] sur les neurosciences ». Je refuse surtout l’étiquetage farfelu en qualité d’analyste bioénergéticien. Multiréférentialiste convaincu, quoique de sensibilité approfondie gestaltiste en dehors de ma référence à la psychanalyse, et par delà ma formation en analyse bioénergétique, j’ai toujours refusé mon inscription dans une seule discipline et considère cet affichage comme le fruit d’une négligence regrettable.

N’ayant pas eu encore le bonheur de visionner le coffret je réserve pour une reprise de ce commentaire une analyse de son contenu, qu’au demeurant je sais éclectique. Je me contente de signaler aux internautes que je me présente comme psychopraticien relationnel multiréférentiel, ce qui ne correspond nullement à la désignation qui est faite de mon travail dans ce coffret, et pour corroborer ce que j’en disais au premier §, que je ne prétends pas faire l’économie de l’inconscient et mesure avec intérêt et circonspection la distance qui me sépare des neurosciences.

Tout est là, qu’est-ce qu’on appelle (et d’abord qui on ?) psychothérapie ? Nous aurons l’occasion de revenir sur ce document, à ce titre déjà, et à bien d’autres, tout à fait intéressant de l’ami Daniel Friedman.

PHG


Daniel Friedmann chroniqué par Yann Plougastel

À côté du divan

Avec Être psy, volume 2, Daniel Friedmann poursuit sa passionnante exploration des champs de la psychanalyse.

par Yann Plougastel – Le Monde 20 janvier 2013.

[Vidéo : Sans titre]
Sigmund Freud, sur la couverture du magazine  » Vu  » du 20 juillet 1932.

Il ne s’agit pas de cinéma. Encore moins d’un documentaire. Face à la caméra, en plan fixe, six femmes et dix hommes parlent de leur métier. Aucun effet de mise en scène : par moments, la caméra se rapproche en un plan plus serré ; à d’autres, elle s’éloigne. Ils sont assis la plupart du temps à leur bureau ou sur un canapé. Derrière eux, des bibliothèques, parfois un tableau légèrement de travers, ou même une crédence encombrée d’un lecteur de DVD ou d’un répondeur téléphonique. Seule fantaisie, il arrive qu’à travers l’embrasure d’une fenêtre, on devine un paysage enneigé.

Bref, l’austérité est totale. Et, reconnaissons-le, on entre dans cette histoire sur la pointe des pieds, en se demandant où l’on va… Pourtant, même si on a perdu l’habitude d’écouter et de regarder l’élaboration d’une réflexion dans toute sa lenteur, très vite, une fascination scotche le spectateur face à son écran.

Pourquoi ? Parce qu’en huit DVD (16 heures), ces seize personnages en quête de hauteur nous emmènent dans un univers passionnant où sont abordées parmi les questions les plus importantes d’une vie d’homme. Puisqu’il s’agit de s’interroger sur les nouvelles façons pour les psychiatres et psychothérapeutes de répondre aux demandes des patients face à des symptômes comme la toxicomanie, la phobie ou des situations d’exclusion sociale.

En 2009, Daniel Friedmann, sociologue au CNRS et réalisateur, avait déjà conçu un formidable coffret, Être psy, où il avait filmé quinze psychanalystes de renom (Laurence Bataille, Isi Beller, Jean-Bertrand Pontalis (mort le 15 janvier) Élisabeth Roudinesco, François Roustang…) afin de rendre compte de leur conception et de leur exercice de la psychanalyse. Voici la suite,  » Être psy, volume 2 « , sous-titré De la psychanalyse à la psychothérapie, où des nouveaux venus, c’est-à-dire des psychothérapeutes qui ne se réfèrent pas uniquement à Freud et ont d’autres pratiques, explorent à leur façon le champ des thérapies de la psyché humaine.

Daniel Friedmann est parti d’un principe : « La psychanalyse a perdu son hégémonie sur le champ des pratiques psy et en partie son aura intellectuelle. » Il donne donc la parole à des thérapeutes dont les méthodes (thérapie familiale, ethnopsychanalyse, hypnothérapie, gestalt, rebirth, etc.) font l’économie de l’exploration de l’inconscient et s’appuient sur les neurosciences.

Plusieurs points communs les unissent : le refus de tout dogmatisme (le lacanisme), la volonté d’échapper à la vision caricaturale développée dans les films de Woody Allen (le divan, le silence…), le recours pragmatique à plusieurs pratiques thérapeutiques en fonction des demandes du patient. Et surtout, ils constatent que les névroses classiques diminuent et que les troubles narcissiques et les addictions se multiplient. Le refoulement a cédé du terrain au clivage et au déni…

À écouter Boris Cyrulnik, Serge Hefez, Christophe André, Robert Neuburger et les autres, on se dit que tout cela tient d’un pur moment de rock’n’roll où l’intelligence et la générosité entament un pas de deux, histoire de vivre sans poids mort. Et que l’une de ces panseurs d’âme, Valérie Colin-Simard, soit une ancienne journaliste ne doit pas être pris à la légère.


Éditions Montparnasse, 8 DVD (40 euros).

© Le Monde