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24 octobre 2013

La psychanalyse pétitionne en Belgique et demande notre appui

DERNIÈRES NOUVELLES

une question mal posée

selon Claudia Ucros

Notre formatrice Claudia Ucros nous mande que la question est plus complexe que ne le laisse entendre le document que nous avons publié, commenté et appuyé la semaine dernière.

Nous éditions ici même la

lettre de l’Union des psychologues belges

qu’elle nous fait parvenir.

Voici par ailleurs ce que Claudia, qui s’inscrit dans le mouvement des psychologues, nous écrit.

Ça fait plus de 10 ans que nous travaillons sur ce dossier et que nous essayons de faire passer que l’accès à la psychothérapie peut s’étendre au-delà des psychologues et médecins.
Nous sommes parvenus à un accord de principe sur le fait que la profession est accessible à des personnes qui ont un BAC + 3 avec très peu de restrictions.
Nous pensons que certains psychanalystes veulent simplement continuer à exercer leurs formations sans aucun « contrôle », par la profession au sens large, ce qui n’est pas dans l’intérêt des citoyens.

Voir

le site

des éléments de la profession au sens large laissés « sans aucun contrôle » ?

par Philippe Grauer

Qu’est-ce que « la profession au sens large, » au regard du Carré psy ? Qui définit et organise le contrôle ? quel type de contrôle ? Les choses pourraient mal tourner de la façon suivante. Les formations des psychanalystes dans leurs écoles deviendraient moins importantes que le processus de passation devant des Commissions composées essentiellement de psychologues où on spécifierait (prescrirait ?) aux psychanalystes, collègues en psychothérapie, leur pratique. Quand on pense aux séances scandées à cinq minutes on se dit tiens voilà une bonne idée, des abus inadmissibles pourraient venir à disparaître. On ne pense pas que ça pourrait finir par exemple à l’allemande, tant de séances, avec obligation de résultats.

inadvertance identitaire

L’enjeu c’est une obligation pour les psychanalystes de se présenter devant des Commissions de non psychanalystes pour rendre régulièrement compte de leur pratique, et d’en pâtir un jour ou l’autre. Franchissement grave par inadvertance identitaire. Contrôlé par ses pairs, mais quels pairs ?(1) La psychanalyse belge se voit invitée à rentrer dans le rang de la psychothérapie. Cela ne serait envisageable qu’au prix d’élargir le concept de psychothérapie pour qu’il englobe légitimement la psychanalyse. Nous aborderons bientôt ici même cette question en évoquant dans un prochain article le mécanisme inverse, quand la psychanalyse enseignée en France en psychologie dans les années 60 était devenue pour une part par banalisation psychologique une sorte d’enseignement de la psychothérapie aux psychologues cliniciens. Le résultat ne fut pas terrible.

décalage horaire

Il résulte en tout cas heureusement du processus historique en France qu’un psychanalyste non diplômé peut exercer (à cause de l’inscription quasi obligée dans des sociétés, mais il le peut même sans cela) librement. Claudia Ucros psychologue déjà contrôlée par ses pairs souhaite que les psychanalystes le soient comme elle, et ça ne la dérange pas, la Commission comportant une minorité de deux psychanalystes. Garantie pour l’une, insécurité méthodologique radicale pour l’autre. Le bât blesse là. D’ailleurs que vaudrait une telle minorité, les choses évoluant on ignore dans quel sens ? Chacun voyant midi à sa porte respecter la différence des portes.

attention inconscient cheminement difficile

En Belgique les actes des psychiatres sont déjà contrôlés (par qui et comment ?), pourquoi s’arrêter en si bonne route ? Cette machine à contrôle ne laisse pas d’être inquiétante, particulièrement au regard de ce que nous appellerons la méthode de l’inconscient. Et ce n’est pas après mais avant qu’il faut s’inquiéter. Sachant lorsqu’on introduit le petit doigt dans un dispositif étatique, que le bras est à l’autre bout de la phalange.

Une loi va passer en Belgique il convient de veiller à ce qu’un cap lui ne soit pas passé, d’une surveillance des pratiques fondées sur l’économie de l’inconscient susceptible d’aboutir logiquement à leur dissolution, par application innocente de la logique psychologique. Concevoir une surveillance confraternelle collective assise sur la confiance et l’intégration de la diversité de cadrage, dont le principe reste véritablement ouvert. Il faut protéger le gradient d’ouverture. Et veiller à ce que la psychanalyse ne se trouve pas au bout du compte absorbée purement et simplement dans la psychothérapie (des psychologues et psychiatres) – à terme liquidée après liquéfaction.

d’utilité publique

par Philippe Grauer

L’Europe, et le monde démocratique entier, se préoccupent de réglementer nos professions. Signe de notre importance. Parfois cela tourne à la manœuvre hostile contre nos valeurs et méthodes, incontournables et précieuses se rapportant au processus de subjectivation sur lequel elles s’appuient. Nous devons d’abord en être honorés. Le texte mis à l’étude par les pouvoirs publics belges manifeste la volonté politique de réduire la psychanalyse à une variété de psychothérapie normative. Ce poison circule toujours dans l’Union européenne. Nous savons ce qu’est un conflit et en régime démocratique qu’on peut et doit lutter pour se faire respecter et tout mettre en œuvre pour l’emporter. Tant il est vrai que nous demeurons socialement, politiquement, humainement, d’utilité publique.

Chers amis psychanalystes laïcs belges nous entendons nous porter solidaires avec vous et notre École s’apprête à appeler son équipe et ses étudiants à signer votre pétition. Il importe que la psychanalyse comme discipline, avec à ses côtés la discipline voisine que représente la psychothérapie relationnelle, maintienne le principe clinique et théorique de dynamique de subjectivation aux côtés d’autres orientations. Il est capital qu’elle ne reçoive d’encadrement et de consignes qu’en cohérence avec sa propre épistémologie et éthique.

Qui tient la formation tient la profession – et la discipline. Tenez bon, nous appuyons votre juste cause. Nous faisons confiance aux différents protagonistes des professions psys en Belgique pour surmonter les querelles et soutenir ensemble un cadre qui protège et garantisse leurs identités respectives.


BELGIQUE

La psychanalyse en danger en Belgique

Une proposition de loi, dont l’existence est connue de nous depuis seulement quelques semaines, est déposée ce matin sur le bureau des parlementaires belges. Cette loi vise à légiférer le champ de la psychothérapie, celle-ci étant alors considérée comme spécialisation des titres de psychologue et de psychiatre. Les psychanalystes, qu’ils le veuillent ou pas seront vraisemblablement inclus dans le champs de la psychothérapie. Cela aura comme conséquence deux choses dommageables pour les analystes : d’une part leur formation spécifiques au sein des écoles n’aurait plus de valeur au yeux de la loi, seuls les titres universitaires seraient pris en compte, les analystes par ailleurs dépendraient dès lors du conseil supérieur de la santé mentale qui légiférera leur pratique et qui sur douze personnes ne comprendrait que deux analystes. D’autre part il y a presque une certitude que l’analyse laïque ( pratiquée par des non psychologues ou psychiatres) deviendrait illégale.

Toutes les associations belges de psychanalystes regroupées sous le nom de FABEP ( FBPV pour les néerlandophones) se sont donc réunies en urgence et sont arrivées à un accord ce dimanche pour publier un Appel des psychanalystes belges aux parlementaires et faire circuler ce document sous la forme d’une pétition pour laquelle votre signature est sollicitée.

Cet appel espérons-nous pourra peut-être nous permettre d’être entendus par les commissions qui décideront d’entériner ou pas cette loi.

Pour le bureau d’Espace analytique de Belgique : Danielle Bastien et Cédric Levaque

PÉTITION

L’ensemble des Écoles, Sociétés et Associations psychanalytiques de Belgique – FABEP – lancent aujourd’hui un

APPEL DES PSYCHANALYSTES AUX PARLEMENTAIRES DE BELGIQUE

Nous vous invitons, tous, très largement à signer celui-ci en rejoignant le lien suivant

ATTENTION

: vous devez recevoir un courriel de confirmation pour signer, si ce n’est pas le cas vérifiez dans vos spam certains y arrivent dans cette boîte.

Voici le texte de l’appel

APPEL DES PSYCHANALYSTES AUX PARLEMENTAIRES DE BELGIQUE
TEXTE ADOPTÉ PAR LA FABEP (Fédération des Associations Belges de Psychanalyse) – FBPV (Federatie van Belgische Psychoanalytische Verenigingen) ce 20 OCTOBRE 2013

Une réglementation de la psychothérapie dans le cadre d’une loi sur la santé mentale est en préparation. Elle englobe la psychanalyse. Nous psychanalystes et amis de la psychanalyse, ou simplement reconnaissant ce qu’elle a apporté à la culture, demandons avec insistance que les structures institutionnelles qui ont jusqu’à présent permis et assuré la transmission de cette discipline ne soient pas mises en péril par la règlementation qui se prépare, ceci afin que la spécificité de la psychanalyse soit prise en compte. Celle-ci est une discipline à part entière.

La formation des psychanalystes a été assurée jusqu’à aujourd’hui par leurs Sociétés et Écoles qui existent en Belgique depuis plusieurs dizaines d’années. Il y faut une analyse personnelle de longue durée et une formation permanente tout au long de la pratique du psychanalyste : contrôles, supervisions, séminaires, groupes de travail, colloques… Cette formation ne relève pas des universités, même si une partie de la formation théorique peut y trouver place.

La psychanalyse est aujourd’hui pratiquée tant par des médecins, des psychologues que par des personnes détentrices d’autres diplômes. C’est ce que Freud a appelé la psychanalyse laïque.

En toute légitimité, nous demandons, pour ce qui est de la formation au-delà des enseignements dispensés par ailleurs, que les Écoles et Sociétés psychanalytiques restent habilitées à assurer cette formation spécifique.



Lettre de l’Union professionnelle des psychologues (Belgique)

Union professionnelle des psychologues (Belgique)

Monsieur et Madame le député,

Depuis peu un groupe de psychanalystes, minoritaire dans le mouvement psychanalytique mais très bien organisé en termes de lobbying, conteste haut et fort votre travail.

Ils souhaitent la non paramédicalisation des professions psy, ce sur quoi nous sommes tous d’accord.

Ils souhaitent aussi pouvoir être reconnus d’office comme pratiquant la psychanalyse du fait de leur appartenance à une association de psychanalystes, comme c’est le cas en France. Cela leur permet d’avoir les avantages de la législation sans ses contraintes. Cela nous paraît indéfendable.

Leur argument est entre autres que seules leurs écoles connaissent les exigences de leur formation et ses modalités. C’est tout à fait exact, mais c’est le cas de chaque orientation psychothérapeutique.

Nous avons réfléchi à ce problème et nous vous y proposons uns solution.
Il faudrait que la loi prévoie un conseil supérieur de la psychothérapie. Celui-ci serait composé pour moitié de représentants du corps enseignant (universités organisant un 3e cycle en psychothérapie, professeurs enseignant la psychothérapie à l’université pour les universités qui ne l’organisent pas + formateurs de chaque orientation psychothérapeutique dans des écoles reconnues sérieuses) et pour l’autre moitié de représentants des fédérations de psychothérapeutes de chaque orientation.
Ce conseil de la psychothérapie comprendrait 4 (éventuellement 5) chambres différentes : une par orientation psychothérapeutique (plus éventuellement la psychanalyse). Ce sont ces chambres qui détermineraient les conditions minimales que doivent remplir les formations pour leur orientation et leurs modalités dans les grandes lignes.
Ceci permet un compromis entre être « hors la loi » et être dans la loi mais avec la sécurité que son orientation psychothérapeutique ne soit pas dénaturée.

Nous vous signalons également que différentes fédérations professionnelles de psychothérapeutes existent à l’heure actuelle, reconnues par le Ministère des classes moyennes comme fédérations professionnelles. Ces fédérations ont déjà fait le travail de réfléchir aux critères et exigences de formation pour leur orientation. Il s’agit de l’Association belge de psychothérapie (qui se réfère au diplôme européen), la Fédération francophone belge de psychothérapie psychanalytique, la Fédération belge des psychothérapeutes humanistes (démarche d’agréation en cours auprès du Ministère des Classes Moyennes). Il existe aussi une fédération des formateurs en psychothérapie systémique, mais non reconnue, de même que la Fédération des associations de psychanalyse, non reconnue également.
Pour ce qui concerne le conseil supérieur de la santé mentale, celui-ci devrait aussi avoir différentes chambres (psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, travailleurs sociaux, …) qui donneraient des avis

compromis à la belge

concernant leur secteur de travail et réfléchirait en commun à comment améliorer la prise en charge de la santé mentale en Belgique.
Nous souhaitons vraiment qu’une législation passe durant cette législature mais il est important que celle-ci soutienne ce qui fonctionne déjà bien dans ce secteur. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un secteur diversifié et donc complexe, mais nous avons un atout majeur pour résoudre ces difficultés, celui du « compromis à la Belge ». Nous comptons sur vous pour y arriver.

Cette lettre est co-signée par l’Union professionnelle des psychologues (UPPsy)