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Glossairede la psychothérapie

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LÉGITIMITÉ À DEUX NIVEAUX

DESTINÉE DU CONCEPT DE MÉTHODE

des centaines de quoi ?

On peut repérer systémiquement parlant deux institutions distinctes dans l’univers de la psychothérapie. Dans le cadre de la fraction relationnelle de la psychothérapie prise comme ensemble (dont l’autre volet pourrait se voir dénommer psychothérapie « scientifique », d’inspiration neurobiologique et cognitiviste, relevant du champ de la médecine et du paramédical) qui constitue la discipline nommée psychothérapie relationnelle, on dénombre un certain nombre de grandes méthodes. Confondues avec une quantité mouvante de techniques cela a alimenté la confusion terminologique des années 80 et suivantes, les Nouvelles Thérapies disait-on, par centaines.

une dizaine de courants

Ces méthodes, à proprement parler sont regroupables selon une dizaine de courants, orientations, approches, délimitant champ d’application, dimension philosophique, anthropologique, méthodologique.

complexes de Méthodes

Pour ne pas tout confondre nous nous en tiendrons dans l’espace que nous voulons cohérent de la présente terminologie en cours d’élaboration, à une position de rigueur. Les Méthodes, pouvant prendre la forme de méthodes-écoles ou agrégats méthode-formation, confondues ou non avec une société savante d’appui, bref, constituant une sorte de maillage institutionnel en réseau, endossant les caractéristiques de lieux de pouvoir, relèvent elles-mêmes d’une discipline de référence qu’elles le veuillent, le sachent, ou non.

discipline de référence

Nous avons distingué et défini notre discipline de référence, la psychothérapie relationnelle, dont même nous avons protégé l’appellation, et dont nous fournissons la définition, garantissons et protégeons l’espace épistémique, qui s’occupe d’accompagnement et de soin. Cette discipline se situe dans l’espace épistémologique de la dynamique de subjectivation, aux côtés de la discipline jumelle qu’est la psychanalyse.

champ psycho médical

Hors d’elle, il nous semble que « la » psychothérapie qui reste ressemble d’assez près à « la » psychologie, d’unité factice. Le champ cognitiviste et neurobiologique, finalement situé lui-même dans le champ idéologique du paramédical et du traitement (psychiatres, psychologues, mais pas seulement) occupant une place importante de nos jours dans cette psychothérapie psychologique ou psycho médicalisante.

éclectisme indéchiffrable ?

L’univers composite des pratiques éclectiques permet certainement des acrobaties épistémologiques et de constater qu’un référentiel en manteau d’Arlequin permet à de nombreux praticiens de naviguer dans des entre-deux (voire entre-trois, avec dérive vers la non scientificité). Les chercheurs s’y perdent, comme lorsque ceux de l’Inserm mélangeant tout rapportent à des critères qui lui sont systémiquement externes la psychanalyse pour en tirer des conclusions peu scientifiques. Comme quoi la situation n’est pas si simple, d’autant que des enjeux idéologiques viennent compliquer la figure.

comment en est-on arrivé là ?

Ce n’est pas parce que la figure est complexe qu’il faut renoncer à la décrire selon des principes classificatoires si possible clarificateurs. Nous présentons par ailleurs dans la suite de cet article les éléments d’Histoire qui permettent de comprendre la genèse et la destinée du concept de Méthode.

un laborieux processus d’équilibrage entre deux sphères de souveraineté

Maslow : psychologie humaniste

À l’issue de sa longue période de latence durant la phase hégémonique de la psychanalyse en Occident, à partir des années 60 ce sont des psychologues américains qui ont pris en charge la question de la psychothérapie. L’impulsion vient d’Abraham Maslow. Avec le soutien de Rollo May, Carl Rogers et de nombreux éminents psychologues ayant rapidement répondu à son appel. En un an le Mouvement était lancé. En exerçant en qualité de psychologues et en investissant ce qu’on devrait appeler une para psychologie à l’image des parapharmacies, le counselling (1), des psychologues existentialistes sartriens, imprégnés de philosophie et en ce qui concerne Maslow et Grof, passablement de spiritualité, ont réinventé la psychothérapie sous des appellations variées, dont celle de thérapie, mais essentiellement sous la dénomination commune de psychologie humaniste.

psychologues de la relation et du lien

Ces psychologues du sens, voire de la transcendance atteinte lors de moments paroxystiques, disons de l’extrême éprouvé, sont des psychologues de la relation et du lien, de l’implication, du dialogue et de l’expérienciation. Leur pratique voisine avec la méditation et le bouddhisme zen et par là ils vont bientôt explorer le domaine de la sensation et perception, puis viendront les émotions. L’expression corporelle arrivera plus tard. Certains comme Grof s’intéressent aux états modifiés de conscience, qu’on provoque par des pratiques corporelles ou l’absorption de produits dont l’idée, puis bientôt la pratique, correspondra tout à fait à l’air du temps.

troisième force

Tout ceci porte le nom de Troisième force – Third Force Psychology, de courant existentiel-humaniste. Cette force prit conscience d’elle-même en 1961, répondant à l’initiative d’Abraham Maslow, en réaction à une psychanalyse médicalisée en psychothérapie du bonheur à vocation normalisatrice et au behaviorisme de Watson et Skinner, qui entendait réduire la psychologie à une science du comportement et surtout rien d’autre qui ressemblât à du sens. Elle se constitua en troisième discipline, se proposant comme une psychologie à visage humain, nécessaire alternative aux deux autres.

un ample et puissant mouvement

Cette discipline venait de loin, d’un grand demi-siècle de recherche variée en philosophie, psychiatrie, spiritualité, psychologie, psychosociologie, anthropologie et… psychothérapie. Il s’agit d’un ample mouvement qui plonge ses racines dans l’extrême fin du XIXème siècle, avec Ehrenfels puis au XXème siècle Brentano (l’intentionnalité), avec Jaspers psychiatre déjà existentialiste (et déjà intéressé par le mysticisme chrétien, comme Jung à la même époque, lisant Maître Eckart) publiant sa Psychopathologie générale la même année 1913 que Husserl Ideen, avec Koffka, (Principles of Gestaltpsychology, 1921), avec Buber (Je et Tu, 1923), avec Trigant Burrow inventant à Lifwynn, NY (1926), le groupe psychothérapique, avec Köhler, 1929, Gestalt Psychology,Être et temps de Heidegger est de 1927, les Méditations cartésiennes de son maître Husserl sont de 1929 –, en 1930 c’est Levinas et Biswanger, le mouvement est largement international. En 1934 Moreno crée à Beacon, NY, sa clinique avec théâtre, et publie Who shall survive ? la même année que Goldstein sa Structure de l’organisme, et ça n’arrête pas, Foulkes émigré conduit ses premiers groupes à Exeter en Grande Bretagne en 1938, Binswanger met au point l’analyse existentielle, en 1939, accélérons, Kurt Lewin au MIT en 1944 crée son Research Center for Group Dynamics, Sartre produit L’existentialisme est un humanisme en 1945, Binswanger présente la Daseinanalyse à Paris, 1950. En 1951 paraît Gestalt Therapy, Excitement and Growth in the Human Personality, de Frederic Perls, Ralph Hefferline, Paul Goodman. En 1958, Lowen publie The language of the body, tournant du psychocorporel, et paraît en 1959 de Viktor E. Frankl, Man’s search for meaning.

la psychanalyse dans tout ça

Ce survol est loin d’être exhaustif, de plus nous avons omis de nombreux événements européens et tout ce qui concerne la psychanalyse. Pour une vue complète de la chronologie de la période on se reportera à notre chronologie précisément. Resterait à examiner les interférences avec la psychanalyse, scientifiques et institutionnelles, il faudrait aussi examiner les caractérielles – ce fut de la part des psychanalystes français le temps du mépris – et devrait-on dire de la méprise, ils nous ont pris pour des autres, et ces autres ne valaient pas grand chose à leurs yeux. On peut mesurer en écoutant se dérouler la précédente phrase, le genre d’amabilités qui volaient d’un camp à l’autre en ces temps pas si reculés, sauf que les psychothérapeutes comme ils s’appelaient alors (jusqu’en 2001 officiellement), eux, comme le fait remarquer Élisabeth Roudinesco, étaient allé souvent fréquenter les divans de leurs contempteurs. Ces antagonismes inter disciplinaires en deux mots jouent toujours, à de suffisantes exceptions notables près. Moins exacerbés mais ça reste souvent encore chacun sur son côté du perchoir à quatre branches du carré psy. La nouvelle génération n’est pas obligée de reprendre à son compte les chamailleries corporatistes des parents. D’autant que nous avons de sérieux intérêts communs, en tant que dépositaires de la dynamique de subjectivation, apparentés à plus d’un titre, par ailleurs enrichissables mutuellement de nos différences.

scientifiquement parlant une discipline distincte

Elle va fleurir et foisonner, la mouvance humaniste. On peut mesurer à considérer la variété des production et écoles qu’il s’agit, idéologico politiquement d’un Mouvement, scientifiquement parlant d’une discipline, avec de puissants liens interdisciplinaires. En fait la psychologie s’était dissociée, comportementalo cognitivisme scientiste d’une part, humanisme de l’autre. Cela représente assez bien une tension courant tout au long du XXème siècle entre deux axes épistémologiques et éthiques constants. Maleval parle d’un axe autoritaire / non autoritaire, on peut aussi dire médical bio-physiologiste et paramédical, et parler de biopouvoir / profession de santé non médicale, on peut aussi discerner soin/souci, voir enfin Fourcade, nous évoquons souvent en ce qui nous concerne l’axe de la dynamique de subjectivation, voir aussi notre carré psy, bref les références ne manquent pas.

« révolution culturelle »

Tout au long les écrivains, les étudiants, les philosophes, le public, suivent la révolution en cours. Il s’agit d’une poussée puissante et constante, préparant le terrain à un changement des mentalités. Le mouvement de libération des homosexuels, le féminisme, collatéralement, en procèdent. Nous avons pu mesurer l’impact de cette vague à son arrivée en France, considérable. 1968 en procède. Durant les années remuantes, quelques universités goûtèrent à la chose. Telles Vincennes Paris 8 sous l’impulsion de Michel Lobrot et Philippe Grauer, à la Faculté de Lettre de Nantes, sous l’impulsion d’Alexandre Lhotellier et Philippe Grauer, à Paris 9 Dauphine, sous l’impulsion de Max Pagès et Alain Aymard (et partiellement Philippe Grauer), puis à Paris 7 avec Max Pagès, à Paris 10 Nanterre, ce fut Edmond Marc. Cela reflua. Cela aussi se consolida. La consolidation prit deux formes. Les différentes branches s’instituèrent en Écoles, telles le psychodrame, l’analyse transactionnelle, l’analyse bioénergétique, la gestalt-thérapie, la sophia-analyse, la psychosynthèse, la psychothérapie de groupe, la thérapie centrée sur le client, etc. (pas une infinité, pas davantage que deux dizaines, en définitive réunies par cooptation(2). Deux syndicats professionnels apparurent.

de champ disciplinaire à profession

Au bout du compte la psychologie humaniste se répartit en moins d’une dizaine de domaines, lesquels regroupent un certain nombre de méthodes, spécialités, techniques, d’importance et envergure diverse, jusqu’au cortège d’astéroïdes de quelques centaines de sous-produits éphémères, apparus et disparus avec leur créateur. Cet ensemble, en plus d’un champ disciplinaire allait devenir une profession constituée, bousculant l’environnement existant, en France principalement la psychologie, et moins visiblement mais plus en profondeur, la médecine. Accrochée à ces dernières, la psychanalyse. On l’a vu, tout cela ne fut pas sans conséquences, au niveau mondial, européen, national.

psychologie >> psychothérapie

Entre temps, chemin faisant, il devint clair que la psychologie humaniste faisait de la psychothérapie. Cela s’organisa spontanément dans le langage. Les Nouvelles Thérapies étaient installées dans l’imaginaire collectif dès 1980. Dans le domaine syndical comme partout ailleurs. Du PSY‘G regroupant psychologues psychanalystes psychothérapeutes, on arrive au SNPPsy, dont le radical psy fonctionne comme apocope de psychothérapie, représentant sans problème le courant de la …psychologie humaniste et la Troisième force(3). C’est le SNPPsy qui procéda à la démarche de faire inscrire par les Pages Jaunes, sans aucune difficulté, la rubrique psychothérapie et la profession psychothérapeute dès 1981. Le passage à psychothérapie relationnelle exigea une maturation ultérieure et ne s’opéra qu’au tournant du siècle, ouvrant une nouvelle page (dont le côté Pages jaunes, cette fois, s’avéra discriminatoire, autres temps, autres mœurs), c’est comme on dirait à juste titre une autre histoire(4)

passage à la formation par reconversion

Dans l’histoire de la psychologie humaniste, qui débouche sur la psychothérapie relationnelle (2001) donc, les méthodes-écoles, peu nombreuses rappelons-le(5) – on parle aussi parfois d’Écoles (faudrait-il dire « grandes » écoles ? même quand elles sont minuscules ?) au sens où elles désignent conjointement une doctrine, une anthropologie, une méthodologie, une psychopathologie, une orientation philosophique, et bien entendu une éthique – ont fourni l’effort de développer une formation de plus en plus riche et approfondie, en rivalisant en matière de pénétration sociale, en enrichissant leurs cursus de formation. Notons-le très rapidement, à l’intention de personnes de moyen âge en reconversion, à mesure que les universités ont refusé de prendre en charge ce secteur de savoir et de recherche. Rappelons que ce mouvement, européen, de transmission du savoir psychothérapique relationnel à des population du deuxième âge, se développe également en Europe centrale et orientale.

écoles techniques

Cependant que nombre d’établissement techniques forment de façon limitée à leur technique et non à la psychothérapie proprement dite. Ainsi la PNL forme à sa technique, à laquelle des psychopraticiens relationnels peuvent recourir, sur la base de leur compétence disciplinaire acquise par ailleurs : à partir du cadre d’une véritable méthode (ou discipline s’il s’agit de la psychanalyse).

« grandes » écoles

On pourrait presque dire qu’il y a les grandes, que nous venons de définir sous le nom d’Écoles, et les petites méthodes. On appellera techniques les « toutes petites méthodes », qui ne font pas de leur spécialiste un psychotherapist(6), un praticien en psychothérapie accompli, mais peuvent compléter son équipement.

l’idée de syndicat professionnel comme amorce ordinale

Dans notre pays parallèlement à leur système en voie de développement, est apparu, après le PSY‘G (1966), syndicat regroupant en trois collèges des psychanalystes, des psychologues, des psychothérapeutes, sur la base de leur exercice en tant que professions libérales, et d’un contact européen avec les Méthodes, le SNPPsy (1981) regroupant exclusivement des psychothérapeutes, se donnant pour mission d’asseoir leur profession, de l’autoréglementer spécifiquement, de valider des praticiens et promouvoir un métier et non des méthodes, « un métier au-delà des méthodes(7) ».}}

processus d’inscription sociale, impensé institutionnel

Originalité institutionnelle encore insuffisamment pensée, on l’a vu quand surgit l’AEP et la déclaration de Strasbourg, et le mouvement d’adhésion à ce système, du SNPPsy dans le sillage du PSY’G. En fait c’est la conjonction du message de base de ce dernier profession libérale indépendante se voulant à l’abri de toute ingérence de l’État, s’inscrivant dans le cadre de l’UNAPL (donc s’inscrivant, mais le plus silencieusement possible), avec celui du SNPPsy : profession en voie d’institutionnalisation, par amorce ordinale et d’inscription (reconnaissance latérale à la clé) dans le maillage institutionnel ambiant (Pages jaunes, Ministères, recherche de reconnaissance de fait par les pouvoirs publics (démarche AFNOR) ) – un système d’inscription plus idéologique et « visible » – qui engendra, à l’initiative d’un PSY’G ne pensant pas suffisamment de son côté ce qu’impliquait son adhésion au système des Méthodes (AEP), la FFdP, pour évoluer fatalement vers l’apparition de l’AFFOP puis de la complexe situation actuelle(8).

Déclaration de Strasbourg

Lorsqu’en 1990 apparut la Déclaration de Strasbourg – proclamée par une quinzaine de Méthodes (et soutenu par le PSY‘G, à l’époque axé sur l’Europe de Bruxelles) – le SNPPsy (syndicat pluraliste c’est-à-dire dont les membres pratiquent chacun des méthodes différentes(9) syndicat centré sur le métier vs. méthodes) s’y rallia, pour en 2001 se dégager de sa revendication de représenter l’ensemble de la psychothérapie. C’est de ce mouvement que date l’apparition de la psychothérapie relationnelle (discipline).

CEP

Depuis un certain nombre de méthodes-écoles se sont organisées au niveau européen (AEPAssociation européenne de psychothérapie) et regroupées par nation (FFdP (1995) puis FF2P), autour de l’idée d’une formation standardisée, avalisant une vingtaine de centrales, dites par le concert de leurs promoteurs « scientifiquement validées », délivrant à leurs étudiants un diplôme professionnel privé, traduisible en anglais et par là en certificat « européen » le CEPCertificat européen de psychothérapie(10).

La carte de l’Europe comme possible matrice instituante de la nouvelle profession et discipline se trouva jouée mais produisit en fait un nuage instituant dans l’Europe centrale et orientale, et un effet limité en Europe occidentale, où prévalut le principe de subsidiarité. Par ailleurs un inconvénient « européen » (il ne s’agit pas en effet des institutions européennes) important reste que l’AEP demeure axée sur la Déclaration de Strasbourg, qui ignore le Cinquième critère et propose une validation et légitimation centrée en définitive sur le diplôme, on n’est pas loin de la définition de la qualification professionnelle des psychologues (sauf qu’eux sont universitairement, étatiquement, légitimes – à défaut de l’être… professionnellement, en ce qui concerne la psychothérapie relationnelle).

flux et reflux du CEP

De fait l’intérêt de l’institution du CEP décline actuellement. Sa fonction consistait à revalider les diplômés des méthodes-écoles reconnues (par les soins de l’AEP), à transformer un diplôme en certificat professionnel européen – le Cinquième critère (d’origine syndicale !) tendant à devenir une formalité bureaucratique (réellement en la matière c’était la connaissance de l’anglais écrit qui était requise, pour pouvoir constituer son dossier). À présent que chaque pays européen occidental ou presque s’est pourvu ou se pourvoie d’une législation propre (rappel : le domaine de la Santé relevant du principe de subsidiarité, désignant l’échelon organisationnel ou institutionnel de traitement d’une question, consiste à régler au niveau de la souveraineté nationale ce qui n’a pas intérêt à recevoir un traitement supra national), la tentative de réglementation de la psychothérapie (11) par une législation européenne tombe à l’eau, et la maquette du CEP avec elle, redevenue ce que l’Affop lors de sa création (1998)(12) avait dénoncé, une machine à valider les nouveaux psychothérapeutes de l’Europe de l’Est sur des critères insuffisants, l’important étant de regrouper le plus de professionnels possible, à niveau moyen, vraiment moyen, pour exercer une pression sur les États. Cela a fonctionné, mais jusqu’à un certain point seulement, et à présent reflue.

Tel qu’il existe actuellement le CEP représente la légitimité psychothérapique telle que conçue et organisée par la FF2P. À partir du dialogue régulier entre les Quatre du GLPR, chacun respectant l’identité des trois autres sur la base des Cinq critères, aucun des quatre partenaires ne remet en question le système de l’un des trois autres, sinon dans le cadre d’un débat confraternel. Cela permet, pour paraphraser Daniel Lagache de s’entendre sur la base minimale d’une sorte d’unité de la psychothérapie relationnelle, permettant de relier ses diverses organisations, ce qui constitue une avancée considérable.

capacité de délivrer un « titre »

Quoi qu’il en soit, les méthodes-écoles ont continué leur progression, se sont organisées au niveau européen, cependant qu’au niveau national ou mixte (national fédératif européen) des sociétés savantes de méthode ont coiffé les étudiants diplômés par les écoles et méthodes-écoles apparentées. Ainsi en France au sein de l’Affop on compte une demie douzaine de sociétés savantes qui ont fait homologuer par leur fédération leur capacité de délivrer un « titre ». Ce qui veut dire que leur est reconnue la capacité d’agréer comme psychopraticien relationnel® la personne qu’a diplômée une école ou méthode-école puis enregistré une société savante apparentée.

Nous distinguons à présent que cette délégation comporte institutionnellement un point aveugle qui la rend génératrice de confusion.

anomalie institutionnelle

Cette anomalie mérite qu’on se penche au chevet de ces étranges frères siamois. Dans la situation d’exception française qui est la nôtre (puisque les autres pays européens ne disposent pas de syndicats professionnels) on peut soutenir que la fonction d’une méthode est de soutenir et promouvoir sa pratique garantie par une appellation protégée, et non de devenir un quasi syndicat, prenant soin d’une discipline tout entière et de la profession elle aussi logiquement tout entière.

diplôme > titre d’exercice professionnel : certification à double détente

Par ailleurs, des méthodes-écoles, parfois sociétés savantes en même temps nous l’avons vu, ou articulées à une société savante mias ça n’est pas obligatoire, forment sérieusement, de 1400 à 2000 heures pour les meilleures d’entre elles, l’équivalent de cinq années universitaires(13) à un diplôme professionnel privé, délivré à l’issue d’une reconversion. En tout cas il en est ainsi avec les méthodes membres de l’Affop. Quand elles se contentent de délivrer leur diplôme professionnel privé, tout reste parfaitement normal. En aval le psychopraticien relationnel se fera par la suite, au bout de quelques années de pratique, habiliter comme tel par le SNPPsy ou comme psychopraticien agréé par le PSY‘G, bref il se fera titulariser en deux temps, reconnaissance à l’issue d’une formation puis confirmation d’une pratique.

« titré » deux fois

Mais au bout du compte la complexité institutionnelle parvient à la figure du comble quand peut voir un praticien « titré » deux fois, une fois de trop, ou de travers, par sa société savante de référence – méthode – puis par son syndicat (mais s’il ne se syndique pas que se passe-t-il ? et pourquoi le ferait-il puisque déjà (pseudo) « titré » par sa méthode, pourquoi le référerait-il au titre (!) de sa discipline). Une véritable concurrence s’est ainsi trouvée à peu près « ignorée » et refoulée, ou déniée, à condition que soit maintenue la pagaïe fruit d’une marche en avant aveugle de l’Histoire articulant en cohérence lâche méthodes, fédérations et syndicats. Cela est attribuable si l’on y pense à l’exception française (on pourrait être en droit de penser une telle exception comme précieuse) consistant à avoir adopté la forme syndicale professionnelle (et sa philosophie du métier) parallèlement et concurremment au développement de la forme méthode.

toilettage

N’empêche, tout cela mériterait un toilettage de cohérence et de simplification même si les souverainetés concernées ressemblent à une organisation féodale à implications croisées et territoires superposés auprès de laquelle le casse-tête chinois peut ressembler à un jeu d’enfant.

voir également

il s’agit d’un réseau sémantique, c’est l’ensemble du maillage qui fait sens et construit le concept.

accréditement
autoréglementation
reconnaissance
confirmation
reconnaissance par les pairs
discipline
certification
diplôme
légitimation
métier
profession
méthode
pluralisme
multiréférentialité
psychanalyse intégrative
psychanalyse multiréférentielle
psychopraticien relationnel
psychopraticien relationnel®
psychopraticien multiréférentiel®
société savante
titre
titres
altertitre
titularisant
titularisation
terminologie

Entrée dont la date s’est trouvée effacée. Mise en ligne vraisemblablement en 2011 – réajustement au 5 janvier 2014 – 16 janvier – 11 mars 2014 – 12 mai 2015 – 18 mais 2015 – 30 juin 2015 –

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