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28 décembre 2012

Rapport moral version récupérée philippe grauer

Esquisse d’une terminologie, quelques points de repère, éléments d’histoire, panorama de l’année 2012.

Texte incomplètement repris du site snppsy.org.

Avertissement

Ce texte, reprenant une maquette inachevée qui d’ailleurs n’a pas été prononcée telle quelle, une improvisation la prenant comme base l’ayant remplacée, n’est pas un
rapport moral formel, au sens que lu publiquement il aurait été approuvé dans les termes exacts soumis à l’Assemblée générale. Cela provient du fait que le SNPPsy s’est petit à petit lassé de ces prononciations d’une quinzaine de pages et a préféré le discours et dialogue directs, à partir d’une trame. L’esprit est bien là, et cet esprit a bien été approuvé. En vue de publication l’écriture du discours non lu en public a évolué, et s’est vue agrémentée de notes après-coup. Tel quel nous livrons la chose à la réflexion de nos lecteurs. Les membres du SNPPsy le prendront comme base de réflexion infidèlement fidèle au Rapport moral initial.

Manœuvres de lecture du texte

En parcourant les automatismes pour vous les décrire nous nous rendons compte de la possibilité d’améliorer la consultation de notre site, dont nous étions naïvement si fiers. Nous sommes résolus à faire en sorte que tout soit facilité d’ici peu (prudence, ne jamais s’engager en pareil cas inconsidérément).

comment ça marche sur ce site

Tout le monde n’est pas internaute aguerri. Pour les plus timides, voici comment ça fonctionne. Une certaine fantaisie préside à la chose, introduisant de l’inattendu machinique dans le maniement. Le système a probablement conçu de vous maintenir en éveil par ce moyen, et d’ainsi vous rappeler à la contrainte d’imperfection – voir à ce sujet Yalom ou Salathé.

Ce texte donc se trouve appareillé en hyperliens ocre rouge, qu’il suffit de cliquer pour en déclencher la lecture. Au mieux une fenêtre apparaît, qui vous livre le texte, Retour facile vous fermez la fenêtre – cas de figure favorable. Hélas pas tous les jours dimanche. Au pire vous cliquez ça pédale pour vous donner l’hyperlien, puis ça repédale pour vous redonner le texte. Quand ils ont fait ça plusieurs fois certains renoncent. Dommage. Nous travaillons à améliorer ces manœuvres. Parfois pourtant il faut sacrifier du temps et déployer sa patience ça peut en valoir la peine. Cas 2 : sur un clic Retour de votre logiciel vous revenez enfin là – parfaitement classique – où vous en étiez.

On peut encore stationner sur un numéro de note également ocre rouge. Elle dévoile ses premiers mots et si vous cliquez pour l’obtenir, c’est soit fenêtre commode soit cas 2 aller et Retour à la ligne initiale non assuré, puis c’est mal fait, il faut repédaler jusqu’au point où vous en étiez. Facile vous remontez dans le texte jusqu’au numéro interrogé.

Courage & bonne consultation à tous.

DERNIER ÉVÉNEMENT : ce texte vient de se scratcher. Nous le reconstituons à partir de sa cassure, marquée /////.

On nous pardonnera cette inconvénience. La chronologie avait progressé, nous la rétablirons.


philippe grauer

SNPPsy – Rapport moral

– extraits

par philippe grauer

Les lignes bougent. Nous demeurons & évoluons.


QUELQUES TERMES

Nous avons besoin d’une terminologie soigneusement assise. Nous proposons ici quelques points de repère pour contribuer à la stabiliser.

métier discipline méthode

– Nous pratiquons un

métier

, celui de psychopraticien(1) (aucune garantie).
– Nous nous réclamons d’une

discipline

, la psychothérapie relationnelle (héritière de la psychologie humaniste et du Mouvement de croissance personnelle(2)). (3).
– Au sein de cette discipline qu’à la fois nous proclamons, revendiquons, soutenons et dont les sociologues, les autres professionnels constatent l’existence effective nous nous réclamons d’une

spécialité

, ou

méthode

(relevant d’une société savante(4)).

parcours

Certification

: nombre d’entre nos nouveaux adhérents sortent désormais d’une école (agréée Affop) qui les a diplômés dans une méthode (diplôme professionnel privé – délivré à l’issue d’une reconversion – 2000 heures, l’équivalent de cinq années universitaires). Leur méthode les rattache à une société savante.

Professionnalisation

: en fin d’études ils connaîtront une période d’exercice stagiaire (encadré par leur école) au cours de laquelle ils s’inscrivent au Snppsy en qualité de membres étudiants associés d’une école agréée Affop.

qualification

: Sortis de l’école les voici syndiqués de base, membres qualifiés du Snppsy, autorisés à se dire psychopraticiens relationnels du Snppsy (sans le ®, par dérogation AFFOP), se réclamant par là de leur discipline de référence.

Habilitation

: un peu plus tard, ayant rencontré une commission de pairs expérimentés relevant de méthodes diverses (pluralisme), ils passent (cinquième critère) psychopraticien relationnel®, et se voient habilités à porter ce titre.
– Des

parcours atypiques

restent possibles, respectant le principe de l’échelle décrite ci-dessus.

garanties, syndicat garant professionnel

Nous constituons un syndicat particulier, professionnalisant(5), garant solidaire de la qualité professionnelle des praticiens qui le constituent et qu’il encadre. Noyau préordinal, entre le cas de figure et l’anomalie caractéristique. Notre dispositif de titularisation permet de confirmer la reconnaissance et autorisation de soi en qualité de professionnel de notre discipline auprès de représentants expérimentés de laquelle le candidat déjà en exercice vient présenter décrire et évaluer sa pratique. Le dialogue entre pairs relevant de champs méthodologiques divers (pluralisme) de leur discipline commune permet d’attester d’un référentiel solidaire commun (les cinq critères), de la valeur symbolique de l’exercice du praticien, de la représentation qu’il s’en fait, et de sa compétence suffisante.

paradigme

Notre titre professionnel privé (exercice libéral) garanti par les quatre membres historiques du GLPR, se présente comme alternatif au titre paramédical d’État qui ouvre l’accès à l’hôpital. L’alternative que nous représentons, institutionnellement faible, mais socialement suffisante et professionnellement consistante, se propose comme profession de santé non médicale (ce qui ne veut en aucune manière dire anti médicale).


1) UNE ANNÉE D’ÉTABLISSEMENT

Conflits en cours

Un épisode de la guerre des psys se termine, celui que j’ai appelé la bataille des charlatans. La guerre n’est pas finie, une autre bataille se déroule sous nos yeux, la bataille de l’autisme, tandis que les psychiatres des 39 luttent de leur côté contre le couplage de leur discipline et de l’instance juridique opéré sous l’ère Sarkozy, les enrôlant dans un dispositif sécuritaire qui ruine le concept même de psychiatrie. De leur côté nos écoles poursuivent leur travail de transmission de notre psychothérapie relationnelle et il serait imprudent d’attendre des pouvoirs publics leur reconnaissance à court terme, car en l’actuelle situation cela signifierait le remplacement des actuels enseignants de ces écoles par des universitaires en activité, à tout le moins leur subordination à des mandarins scientistes, correspondant à une véritable annexion qui signerait la disparition de leur spécificité. La génération qui vient devra s’occuper de faire entériner si elle le souhaite, sans se faire confisquer au passage, l’état de fait, pragmatique, de l’existence, bonne performance et utilité publique de nos écoles agréées, avec leur philosophie, idéologie, pédagogie et programmation propres. Nous ignorons encore si cela sera souhaitable et sous quelle forme. Pour l’instant perpétuons la situation actuelle, maintenons nos écoles syndicats et fédérations, notre consistance institutionnelle. Établissons-nous solidement.

En fait des tensions sont maintenues, des conflits se poursuivent nous venons de le voir, simplement ceux nous concernant n’occupent plus le devant de la scène, et si nous y prenons part c’est en appui, à titre parfois de quasi invisibles.


La bataille des charlatans s’achève. La guerre des psys peut-être pas. Pour l’instant nous vivons l’acalmie. La psychanalyse aux prises avec les TCC qui veulent l’expulser de l’hôpital livre, deuxième épisode, la bataille de l’autisme. Hors l’hôpital nous ne participons pas à cette action qui concerne psychologues et psychiatres.
Cette année a vu notre dernière mutation institutionnelle nous adapter au nouveau régime réglant le fonctionnement des différents protagonistes du carré psy.

frontières inchangées

En ce qui concerne le titre de psychothérapeute attribuable à nos grands-parents qui l’ont revendiqué, les dossiers des candidats au titre paramédical de psychothérapeute définitivement acheminés, les ARS poursuivant leur travail, il ne reste plus qu’à s’occuper des contestations en cours ou à venir. Les nouveaux psychopraticiens en place auront affaire au contrôle d’institutions qui ont conservé l’habitude de ne pas distinguer entre psychopraticiens sans garantie spécifique et nos psychopraticiens relationnels. Nos écoles agréées AFFOP continuent leur travail de formation et transmission dans des conditions parfois économiquement tendues. Nous continuons de travailler et évoluer, pour occuper respectablement notre territoire dont les frontières n’ont pas bougé, et populariser notre discipline, métier, titre.

ARS

Nous nous sommes occupés des dossiers ARS pour ceux d’entre nous qui trouvaient leur intérêt à continuer de s’appeler psychothérapeutes(6), souvent habitués à le faire depuis des décennies, avec talent et sérieux. Il pourront en outre de la sorte appartenir formellement à l’autre bord. Ces dossiers suivent à présent leur cours, accompagnés par nous quand c’est nécessaire. Les ARS traitent les dossiers de façon différente, parfois incohérente. Les décisions de certaines nécessiteront une reprise auprès du Tribunal administratif. L’excellent travail de préparation de Geneviève Mattei a manifesté son utilité. Nous accompagnerons jusqu’au bout les dossiers litigieux qui le nécessitent.

post ARS

Les nouveaux arrivants dans notre métier ne s’appelleront pas, ne porteront pas le titre de psychothérapeute de toute façon. Je le rappelle notre profession à partir de maintenant recrute fondamentalement des étudiants apprentis en reconversion (ils ont entamé leurs nouvelles études entre 40 et 50 ans) sortis de nos écoles. Si cet état de fait vient à changer nous le verrons bien. Pour l’instant il s’agit d’un fait concernant toute l’Europe. Bien entendu les parcours atypiques classiques si l’on peut dire continueront d’approvisionner également nos effectifs. Nous avons modifié notre institution de recrutement précisément de façon à pouvoir accueillir ces populations ancienne et nouvelle selon des modalités conformes aux besoins actuels de publication de listes et d’affichage pour chacun de son identité disciplinaire et professionnelle.

nouveau libellé identitaire

Nous avons tardé à réviser notre personnalité institutionnelle. Notre terminologie disciplinaire et professionnelle est seulement en train de s’établir, à preuve qu’il n’y a quelques mois que nous nous sommes avisés en tant que syndicat il fallait attribuer l’appellation disciplinaire et professionnelle de psychopraticien relationnel à l’ensemble de nos membres, la confusion entre titre et appellation s’étant prolongée après notre AG réformatrice du printemps.

syndicat de titulaires sur trois décennies

À l’origine nous avons créé un syndicat professionnel spécifique puis nous sommes battus sur la ligne : Profession psychothérapeute, tout en créant un code de déontologie et avons encadré et garanti la qualité de la formation des méthodes-écoles. Nous nous définissions comme un syndicat de titulaires (dès le début, un titre), fondé sur la reconnaissance par des pairs (les cinq critères) issus d’écoles différentes, toutes fondées sur le principe de la psychothérapie par la relation. Nombreux furent nos membres qui ne devinrent jamais titulaires, le titre n’était pas alors nécessaire pour exercer.

agents et objets du changement

Les choses et les temps ont changé. Nous distinguons à présent métier, titre, discipline, spécialité, méthode ou technique, système de certification, syndicat, fédération. Notre profession s’est consolidée notre discipline s’est donné son nom (en 2001), notre titre professionnel spécifique, alternatif, garanti dans le cadre du GLPR, s’affirme face au titre d’État paramédical dont les praticiens n’ont pas besoin d’avoir effectué un travail sur eux pour exercer une psychothérapie d’inspiration et d’idéologie radicalement différentes. Notre nouveau système de dénomination complexe est prêt, juste au moment où nous sommes en train de mettre en place un portail de la psychothérapie relationnelle. Décidément les temps ont bien changé, et nous avons été à la fois agents et objets du changement.

un des lieux où l’on pense l’épistémologie, l’éthique, l’idéologie

Notre syndicat s’est toujours placé comme un des lieux où l’on s’efforce de penser notre profession et discipline, où s’en pensent l’épistémologie, l’éthique et se sécrète l’idéologie(7). En poursuivant notre action aujourd’hui, avec le même effectif têtu des années 80, mais en ayant bien survécu à la dissémination qui vit nos effectifs professionnels et organisationnels pratiquement décupler, nous ne déméritons pas et entamons à présent l’installation de notre nouvelle appellation désignant encore plus clairement qu’avant notre domaine et champ d’action dans la cadre du Carré psy dont nous sommes les inventeurs du concept.

portail, affichage.

Le Carré psy continue de constituer le cadre de référence de l’ensemble des disciplines et professions du soin psychique (le terme soin étant ici utilisé volontairement dans le sens soit de traitement soi de souci). En créant notre portail nous afficherons notre permanence identitaire aux côtés de nos trois voisins de palier, de nos trois disciplines voisines. Rappelons leur situation.

2 – LES MOUSQUETAIRES DU CARRÉ PSY

Un pour tous tous contraints, les mousquetaires du Carré psy sont passablement désunis. Passons-les en revue.

psychologie

La doctrine idéologique de base de la psychologie reste son arrimage identitaire au scientisme. Le psychologisme consiste à intégrer y compris certains éléments de la psychanalyse et de la psychothérapie humaniste à une philosophie positiviste expliquant le fonctionnement humain à partir de celui du cerveau. Bien entendu pourvus d’un cerveau et d’un câblage développemental, nous répondons partiellement à la description que la psychologie nous fournit. Elle constitue une discipline passionnante, dont le rayon d’action en matière psychothérapique n’a rien à voir avec le nôtre, mais constitue une des pièces du dispositif global au service de ceux qui nécessitent un traitement psychique.

psychiatrie

Le psychiatrisme en partie transféré aux généralistes administrateurs de trop de psychotropes, médicalise le malaise. Définitivement déconnecté de la clinique psychanalytique qui l’avait durant une génération colonisé, il est retourné à la neurologie, ce qui rapproche la psychologie de lui. La clinique de la psychiatrie consiste à savoir diagnostiquer, trop souvent sans suffisamment de temps d’écoute afin d’administrer les bonnes molécules. Un petit vent de modernisation semble se lever sur la formation de psychiatre, qui s’enrichit ci et là de premières formations à la psychothérapie,oh ne nous affolons pas il ne s’agit que de premiers petits pas, ils ne sont pas encore à nous rejoindre. Mais on peut saluer ce progrès.
Globalement en crise grave, la situation de la psychiatrie nous préoccupe car nous avons besoin d’elle sur le terrain, pour le travail en réseau quand c’est nécessaire.

psychanalyse

La psychanalyse n’a pas changé, nous partageons avec elle le principe de base de la dynamique de subjectivation, mis en œuvre par un processus intersubjectif (même quand elle reste très intrasubjective) se déroulant au cours de séances répétées sur une période allant de quelques mois à quelques années, auprès d’un praticien dûment formé entraîné encadré pour cela au sein d’une société savante fonctionnant en formation continue. Elle s’appuie sur sa théorie et clinique, un siècle d’expérience tant dans son domaine d’exercice propre que dans le cadre adapté à la pratique psychiatrique et psychologique hospitalière ou de clinique libérale. En ville de plus en plus les cures longues à trois fois par semaine deviennent rares (la clientèle c’est souvent nous), et la psychanalyse comme tout le monde face à la crise passe à deux voire souvent une séance hebdomadaire, ce qui est tout sauf anodin. Jalouse et fière de son travail à partir des formations de l’inconscient, sa condescendance à l’égard de la psychodiversité même de qualité freine le débat permanent entre les deux disciplines mutuellement fécond. Elle épouse souvent les contours de la psychologie clinique, sa profession (et discipline) de couverture et référence et ses préjugés corporatistes à notre égard.

psychothérapie relationnelle

Notre psychothérapie relationnelle, héritière de la psychologie humaniste américaine, de la phénoménologique existentielle, de l’antipsychiatrie et psychothérapie institutionnelle, du systémisme et de la psychanalyse, n’a changé ni d’identité ni de place au sein du carré psy dont dans le schéma que j’en ai proposé elle se trouve occuper l’aile Est. Elle s’est vue contrainte de modifier le nom de ses praticiens – essentiellement cela, elle a dû se renommer partiellement. Nous devons nous souvenir qu’en nous dérobant le nom la médecine n’a pas pu nous déposséder de la chose ni voler notre âme. Nous continuons de constituer ensemble l’École de la Chose, de notre chose et cause humaniste et relationnelle.

3 – VOISINAGE IDENTITAIRE

Si nous nous rapportons à la psychologie clinique en quoi consistent nos différences et similitudes ?

identités comparatives : nos deux atouts

Nous différons de la psychologie clinique, psychologie psychanalycisée ou psychanalyse psychologisée. La psychologie réduit la psychanalyse à un corpus de savoirs dispensables sur le mode universitaire de la rationalité procédurale, tous comparables et de même niveau. Elle traite de modèles descriptifs protocolisables que les futurs psychologues auront été entraînés à appliquer dans le monde psychiatrique hospitalier – sur la base de leur ignorance du principe du long travail sur soi préalable, et d’un long travail d’apprentissage expérientiel de la relation psychothérapique, qui en réduit la portée.

la clinique

La clinique c’est le nom paramédical que donnent à leur pratique les psychologues …cliniciens. Nous disons pratique pour désigner la même chose, ce qui fait de nous des praticiens(8). En psychothérapie, mais nous devons ajouter relationnelle car psychothérapie tout court est précisément tout vaste. Nous voici psychopraticiens mais relationnels car psychopraticien nom de métier seulement n’est protégé ni garanti par rien. Il demeure que du point de vue du côtoiement de la psychose à l’hôpital les psychologues bénéficient dans ce domaine lors de leurs stages d’apports précieux. Le sentiment de supériorité sur nous qu’ils en tirent(9), de bénéficier d’un privilège, vient en partie de cet accès à une formation stagiaire hospitalière, à ce qu’avec ambiguïté paramédicaliste ils appellent la clinique. On peut s’interroger sur les modalités et fondements de cette formation, pas sur son principe. Si le monde n’était pas mal fait nous aurions accès à ce mode de formation. De fait nous y avons nos petites entrées, par le biais d’alliés passeurs, psychologues et psychiatres formateurs dans nos écoles. Mais la grande porte universitaire nous est pour l’instant condamnée. La génération qui vient s’occupera de cela.

Ferenczi et la suite

Le maniement de la logique de l’inconscient et de la métapsychologie contradictoire avec celui de la psychologie des stades, des mécanismes et de la psychologie des familles fondée sur un œdipe de super marché, relève d’une épistémologie distincte. Nous différons de la mentalité méthodologique et épistémologique de la psychologie, qu’elle se dise scientifique à la remorque du scientisme organiciste neurologiste médical ou clinique à la Janet-Lagache. Notre différence et spécificité se fonde en grande partie sur l’idée de méthodes actives héritée de Ferenczi et après lui d’une quantité de psychanalystes puis de dissidents puis de non psychanalystes humanistes existentiels. Différence prise en compte, notre proximité avec une psychanalyse ni psychologisée ni dogmatique ni dénaturée demeure.

notre ouverture

Notre dimension extra médicaliste ni paramédicale ni scientiste s’affirme. Notre voisinage avec l’anthropologie, la philosophie, la psychosociologie, notre articulation aux sciences humaines, notre curiosité de l’histoire tant de notre discipline que de celle de la psychanalyse peuvent nous procurer l’ouverture nécessaire aux avancées dans la pratique et la théorisation. Le recours de certains courants issus de Maslow, Huxley et tant d’autres à la spiritualité est bien connu, illustration de notre capacité d’admettre la diversité, la complémentarité mais aussi de faire face aux contradictions en recourant au débat plutôt qu’à l’excommunication. L’ouverture dans la rigueur pourrait définir notre option.

nos formations

On voit nos formations s’entourer d’universitaires faute de s’articuler intelligemment à une université qui ne sait pas et ne veut pas travailler avec nous (le montage Lagache poursuit son cours en psychologie : un savoir hétérogène qui ne trouve pas son juste statut). Nous n’ignorons pas la nécessaire dimension intellectuelle et littéraire de notre profession, nécessairement imprégnée de culture et d’art. Notre culture de la créativité est caractéristique de notre style et orientation dans ce domaine. Nos écoles agréées AFFOP, héritières du souci de notre syndicat du temps des Écoles titulaires, dispensent une formation suffisamment bonne et étoffée. Elle n’est pas jonctable avec l’université et pour l’instant ça n’est franchement pas plus mal quand on y mesure les méfaits du scientisme et l’élimination systématique de toute présence scientifique de près ou de loin affiliée à notre Mouvement, à l’humanisme, à la relation.

notre rayon d’action, notre patientèle

Qui recourt à nous ? La psychothérapie dans nos pays est à plusieurs vitesses. Quatre, si l’on compte ceux du quart monde qui n’y ont nul accès, ni culturel ni financier. Le secteur public hospitalier avec son réseau débordé (souvent plusieurs mois d’attente en cas d’urgence) de CMP s’occupe de ceux qui n’ont pas (forcément non plus les moyens) d’exigences particulières en matière de soins psychiques, auxquels la garantie médicale suffit convient ou s’impose. Le secteur des cliniques psychiatriques et de la psychiatrie privée se répartit entre positivistes et tenants de la psychodynamique. Notre secteur reçoit les membres des classes moyennes qui désirent et peuvent choisir leur psychopraticien pour traverser une crise de vie, soit en première intention soit que désabusés par le système scientiste ils n’en soient venus à recourir à des psys plus humanistes. Ils recourent à nous parce que nous nous disons relationnels, qui n’est ils le savent pas un mot creux dans notre bouche, ni le terme passe-partout de toute psychothérapie, mais constitue le ressort de base du processus qu’actionne notre discipline.

4 – DEUX UNIVERS OPPOSÉS

Par là nous nous dressons face à l’hégémonisme mondialiste de la psychiatrie américaine imposant l’idéologie d’un DSM toujours plus idiot, relié aux laboratoires pharmaceutiques, ceci expliquant partiellement cela, qui s’efforce, c’est la médicalisation de l’existence, de régir le carré psy dont nous occupons le territoire des alternatifs irréductibles.

fin des idéologies

On parle beaucoup de la fin des idéologies, celles qui issues de la première guerre mondiale qui fit mourir des progrès de la chimie des millions d’hommes sous des millions de tonnes d’explosifs et de gaz, ces idéologies technico assistées qui ravagèrent la planète une seconde fois. Pourtant s’opposent toujours deux forces planétaires, à l’échelle de la mondialisation, celle, encore hygiéniste, du triomphe « scientifique » de la mise en chiffre et soumission de l’équation humaine à ses modèles mathématiques abstraits, celles de la protestation humaniste de l’irréductibilité de la personne humaine à son plongeon forcé dans les eaux glacées du calcul rationaliste économique décliné en statistico diagnostique.

deux univers de discours deux mentalités opposées

Nous avons bien affaire à la confrontation de deux mondes deux univers de discours deux mentalités, deux cultures, opposées. D’une part celle d’une mondialisation médicaliste de la condition humaine, frappée au coin d’un positivisme scientiste, qui voit des pragmatiques intelligents sortis de l’université ou y appartenant, affectivement idiots et/ou cyniques, travailler dans le domaine psychique sur des cas (vs. sujets), au service d’intérêts financiers qui rendent notre société malade de l’idéologie de la gestion. De ce côté de la ligne on analyse des corrélations statistiques dépendant d’un système de classification insensible. La psychiatrie qui s’y réfère publie des articles dans des revues anglo-saxonnes à fort impact factor elle s’est hypermédicalisée, organicisée, et entend bien médicaliser l’existence.

le discours DSM

L’outil de base de ce mouvement réduisant l’humain à une mathématique abstraite est le DSM. Un univers de discours DSM soit disant athéorique, organiciste à base de mécanique neuroscientiste, structure le champ psycho médical positiviste, s’accorde au consensus libéral de la gestion (du stress, du temps, de la crise, du handicap, du comment vivre), produit une idéologie orientée vers le conformisme et la médicalisation de l’existence. Ce discours et son idéologie sont anti humanistes. Nous y sommes résolument et fièrement opposés.

du psychanalycisme au médicalisme

Le DSM est en partie mais pas seulement parti d’une réaction contre un certain hégémonisme psychanalytique en psychiatrie. La médecine colonisée durant une génération par une psychanalyse non exempte de dogmatisme (et paradoxalement au moins aux États-Unis passablement médicalisée – déjà ! alors il faudrait savoir), comme la psychologie et pour les mêmes raisons a réagi pour recouvrer son identité. Mais pas la peine de passer du psychanalysme au médicalisme. En tout cas fini la psychothérapie abandonnée aux antipsychiatres, anti-nosologie, aux travailleurs sociaux, aux psychothérapeutes non médecins, aux charlatans – terme par lequel les médecins désignent les ennemis de la médecine et de la science. Voici comment psychiatrie et psychologie « scientifique » tournent sur une base idéologique commune.

idéologie du bien-être et de la santé

Leur idéologie du bien-être et de la santé (mentale) administrera l’intime scientifiquement. Des politiques confondant folie, désordre et violence produiront contre elle des règles et mesures sécuritaires, à la diligence des psychiatres. La norme que brave la folie n’est plus religieuse, certes depuis la mort de Dieu, mais pas davantage philosophique ou anthropologique. « Scientifique », i.e. médicale, et juridique, la voici redéfinie par des experts. Dans un univers du Chiffre et de son inflation déraisonnable appliquée aux faits humains, fait florès le conformisme et la normopathie, s’exerce le biopouvoir. Fini le temps des libertaires de 68, voici venu celui des straights, de ceux qui marchent droit, gris, des humains banalisés évalués à l’aune de la « réussite » conforme. Les « perdants » par millions enregistrés à l’enseigne de la dépression ou de la bipolarité dûment stabilisés dans leur handicap prendront leurs médicaments – mais pas trop, il paraît que ça donne l’Alzheimer et que ça coûte des fortunes. Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

univers du sens

Les antagonistes de l’autre part on les trouve dans les deux familles de la dynamique de subjectivation, d’abord représentés jusqu’à la fin des années 50 par la psychanalyse, et depuis les années 60 par le second rameau que nous constituons, les humanistes, devenus depuis le début du siècle les relationnels. De ce côté, notre côté, les conduites humaines sont sensées, pourvues de sens. De ce côté la relation fait lien, le fantasme et le symptôme font sens, le transfert véhicule la revitalisation de conflits restés contentieux. Pour nous dans l’entre-deux relationnel se joue en équipe le devenir et la restructuration de la personne en difficulté. Difficile et passionnant travail, heureusement qu’il existe une corporation compétente pour le prendre en charge spécifiquement.

subjectivistes peu solidaires

Les psychanalystes en prennent leur part. Le camp des subjectivistes reste cependant divisé. Jusqu’à quand ? sur le terrain se nouent des confraternités, des relations d’amitié professionnelle. Des psychologues-psychanalystes et psychiatres-psychanalystes à la mentalité souvent rongée par le corporatisme de leur profession d’emprunt et par le souvenir de leur hégémonie passée gardent en horreur les dangereux amateurs, concurrents et relativement nouveaux venus que constitue notre plèbe. De la masse amorphe des sans diplômes universitaires de médecin ou de psychologue a eu beau émerger une population psychothérapique de praticiens non médecins qui s’est donné les moyens institutionnels de reconnaissance qualifiée par un système complexe d’écoles agréées et d’instances professionnelles titularisantes, rien n’y fit, le discours de beaucoup trop encore de ces psychanalystes de double exercice continue jusqu’à nos jours de méconnaître leurs collègues qualifiés pour exercer une psychothérapie relationnelle non médicale. Hors la respectabilité psychanalytique le plus généralement adossée à la psychologie ou à la psychiatrie point de salut. Nous tendons la main à ceux qui ont compris les bienfaits de l’ouverture de notre côté. À nous de ne pas bouder la rencontre avec les autres.

à la marge

Il est vrai qu’exclus du club des psys universitaires qui accorde la garantie par le diplôme d’État sous la houlette de la médecine, les humanistes issus du protestantisme américain, de la contre-culture et de la psychologie humaniste pas toujours encore identifiables comme condisciples (discipline) ou collègues (métier), leur situation extra universitaire les confinant à la marge. Nous pourrions fort bien nous contenter de cette marge du système de médicalisation de l’existence, trop heureux d’en constituer l’indispensable alternative humaniste.

nos avantages

L’avantage qui nous revient, un bénéfice secondaire de notre nouvelle désignation de psychopraticien, réside précisément dans l’abandon de notre nom de métier comportant le signifiant thérapeute(10) à connotation médicale de maladie (faire passer en bloc la dépression pour une maladie est un abus du biopouvoir) nous laissant le vaste territoire du malaise et de la signification de l’existence, offrant au public la garantie d’être les seuls à décrocher clairement du paramédicalisme et de la médicalisation de l’existence. Un autre avantage, absolument positif celui-là, tient à la mise en vedette du déterminant relationnel qui dit bien ce qu’il veut dire un soin de soi non médical qui passe par la relation, et affiche notre spécificité au public. Un dernier avantage, celui de récupérer une partie de la prétention de la psychanalyse à l’extraterritorialité, à ne pas nous soumettre à la loi inapplicable dans notre domaine des sciences dures, de la statistique et de l’évaluation scientiste.

village gaulois

Face à cela nous, héritiers de la contre-culture (anarchisante) qui conduisit à 68, de la psychologie humaniste américaine, ne reniant pas notre dette envers la psychanalyse, la psychiatrie humaniste relationnelle (Harry Stack Sullivan) et la psychothérapie institutionnelle, n’avons plus qu’à consolider nos villages gaulois à l’échelle européenne et mondiale, pluralistes, comportant par ailleurs d’assez nombreux praticiens intégratifs. Notre idéologie s’affiche humaniste, par delà les analyses du siècle dernier sur l’anti-humanisme théorique. Nous sommes proches de l’idéologie de l’écologisme.

Puisque nous participons bien de notre temps, qui déclare mortes les idéologies en en soutenant de nouvelles, déclarons-nous de notre côté. D’abord il n’y a que nous pour détenir le privilège de l’occuper. Faisons-le fièrement.

nos effectifs

L’Histoire l’atteste nous demeurons. Nous demeurons entre 5 et 600 praticiens environ depuis nos débuts. Évidemment pas les mêmes, depuis 30 ans. Si on s’en tient aux chiffres que peut vouloir dire ce 5-600 là ? après tout selon le taux usuel en France 500 sur 7500 nous devons compter dans les ratios de syndicalisation, en ajoutant le PSY’G nous devons nous situer dans les 10 % classiques. Si l’on additionne les effectifs deux fédérations, qui regroupent ensemble quelques milliers de praticiens, c’est plus qu’honorable pour la profession.

notre rôle parmi les Quatre

Évidemment la diversification de nos organisations(11) ont émietté les effectifs de nos inscrits, comme réparti la titularisation. C’est pourquoi nous restons 550 environ (plus les mêmes qu’en 81). On peut même dire que nous avons accompli et au-delà la parole du Cid
Nous partîmes cinq cent mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port

Sur les 4500 plutôt que les 3000 du poète nous représentons à l’issue de l’évolution sur un tiers de siècle (une génération) actuellement un quart des organisations, la moitié avec l’AFFOP, et à peu près un huitième en effectif de la militance psycho relationnelle.

exopratiques et malpratiques à nos frontières

Autour de nous on doit compter encore 7000 péri psys, les professionnels du développement personnel, du coaching, d’activités psycho-spiritualistes, une nébuleuse qui de tout temps a alimenté à plus ou moins bon escient le fantasme médicaliste de charlatanerie, et dont nous-mêmes avons peiné à nous démarquer sans tomber jamais dans le même mécanisme de dénonciation. C’est seulement cette année que j’ai trouvé la capacité et le courage de discerner que nous pouvions désigner comme charlatans ceux qui pratiquant une discipline autre que la nôtre la revêtaient dans un à peu près qui nous incommodait nous de l’appellation psychothérapie (heureusement jamais relationnelle). Nous devons protéger nos frontières. Nos propres frontières, celles du SNPPsy (et AFFOP), du PSY’G et de la FF2P regroupées dans le cadre du GLPR qui constitue notre Europe de Schengen à nous.

5 – HISTORIQUE

tentative de nous confondre

Nos adversaires s’en étaient pris à nous en faisant exprès de nous confondre avec ceux dont nous nous démarquions, c’est de guerre, sinon bonne. Piégés nous nous sommes dégagés comme nous avons pu. Nos amis psychanalystes de la bonne Cause au début de la crise Accoyer ont protesté « Laissez-nous nos charlatans« . Mot d’ordre provocateur qui nous a bien arrangés, nous n’étions pas capables de faire autre chose que de protester sans trop insister pour ne pas focaliser le conflit là où il ne se situait pas. Nos adversaires politiques attaquaient ainsi nos pseudos pour faire leurre (dont nous avions évidemment à nous désolidariser de l’image), nous prenant peu en considération, attachés à la réalisation de l’objectif majeur visant à soumettre la psychologie à la médecine et sinon d’en finir avec la psychanalyse du moins de la réduire ultérieurement en l’expulsant de l’université – et de l’hôpital.

de l’utilité du Carré psy

Une fois le combat mené dans le cadre de l’alliance avec l’aile Cause freudienne de la psychanalyse qui nous a il faut aussi le dire rassemblés parce que la Cause est organisée politiquement et qu’il fallait livrer bataille sur ce terrain(12), nous avons pu constater que dans la nouvelle donne nous étions restés en place au sein du Carré psy (un concept créé avant même la bataille, au sein du collectif à penser de notre syndicat). L’importance du carré psy tient dans le fait qu’il nous permet de caler et cadrer notre mouvement parmi l’ensemble des disciplines et professions du psychisme (et seulement d’eux) et proposer une grille de repérage stable et clarificatrice. Nous en avions besoin car auparavant la psychologie et la psychiatrie faisaient la loi, s’incorporant quand nécessaire la psychanalyse, le paysage psy c’était cela, avec tout à fait négligeable à la marge, invisible, une bande d’exotiques amateurs cool sans respectabilité ni visibilité médiatique.

de la Coordination psy au GLPR

Le combat mené aux côtés de la Cause freudienne nous a permis de mieux conjoindre nos forces et sitôt la Coordination psy dissoute nous avons été à même de créer le GLPR, unissant nos seules forces. Notre dépendance à une organisation psychanalytique poursuivant ses propres objectifs n’aura duré que le temps de gagner en puissance et en assurance dans la lutte commune en dépit de notre modestie numérique et de nous réunir en une force conjointe autonome.

la psychanalyse divisée

On sait que la psychanalyse (i.e. essentiellement la psychologo-psychanalyse amalgamée) mis à part sa frange millérienne et libertaire (Cause + Manifeste de René Major) a mordu à l’hameçon et que le Groupe de contact qui a cru pouvoir profiter de l’aubaine pour mieux s’arrimer au nouvel ordre psy aménagé par la médecine dans le cadre d’une reconfiguration propice pensa-t-elle à une psychanalyse corporatiste a finalement conduit à transformer les psychanalystes en psychothérapeutes, leur objet phobique, sous hégémonie médicale – la phobie de la psychologie clinique, elle-même en voie de liquidation. Étonnant retournement des choses, stratégie remarquable.

6 – QU’AVONS-NOUS À DEVENIR ? QUE NOUS RESTE-T-IL À FAIRE ?

hors de notre champ attaques contre la psychanalyse

Ainsi une fois terminée la bataille des charlatans, au cours de laquelle nous nous sommes bien comportés, au moment où la seconde manche marquée par l’absorption de la psychologie clinique dans le cadre paramédical du titre de psychothérapeute voit s’engager la bataille de l’autisme pour s’efforcer d’expulserla psychanalyse de l’hôpital, dans la recomposition institutionnelle au sein du carré psy où en sommes-nous quant à nous, qu’avons-nous à devenir, que nous reste-t-il à faire ?

notre personnalité professionnelle et disciplinaire

Notre poids politique est modeste. Nous travaillons dans le cadre de l’Affop à la mise en place d’un portique de la psychothérapie relationnelle, nous soutenons nos appellations et titres, nous publions nos listes, nous nous réunissons et travaillons. Nous maintenons nos écoles agréées (– Affop en ce qui nous concerne), pépinières du syndicalisme. Notre poids professionnel sur le terrain ? stable. Notre importance disciplinaire ? nos meilleures écoles nous confèrent une suffisamment bonne réputation. Notre importance théorique, idéologique, sociologique ? manquant du soutien d’un bon enracinement universitaire nous bénéficions par contre de notre originalité de recrutement et de la qualité de notre formation par reconversion, de notre abord non paramédical, alternatif, des crises de vie et interrogations existentielles de notre patientèle.

psychothérapeute, signifiant cible

En 1981, grands représentants fondateurs de la psychothérapie la seule la vraie nous avons mis la psychothérapie humaniste sur les rails, que dire, nous avons installé la ligne. Nous nous sommes étendus, européanisés, diversifiés dans la décennie 90. Juste assez pour représenter une force, une » part de marché », et nous trouver appartenir au champ psy au moment où l’Académie de médecine se décidait à récupérer la psychologie tandis que la psychanalyse était en train de perdre sa position idéologique dominante en psychiatrie (le secteur dirigeant) et en psychologie, soucieuses chacune de se décoloniser d’elle. Force d’appoint, nous avons eu le sentiment d’accrocher notre wagon à la locomotive de la Cause freudienne, trop heureux de ne pas rester à quai (en réalité nous étions pourvu d’un moteur, quatre, un par organisme historique, et nous avons su les faire tourner). Centre de gravité à cause de notre nom, nous représentions l’entité à dépouiller et la cible de l’offensive populiste de dénonciation (en vue de s’en prendre ultérieurement aux psychanalystes) par une médecine positiviste organisciste appuyée par un site de dénonciation, des laïcs amateurs dangereux.

notre responsabilité institutionnelle

Nous représentons et défendons le noyau politique de notre profession. Fort heureusement nous avions bien travaillé et notre syndicat puis l’AFFOP, alliés au PSY’G, tenaient la route, cependant que la FF2P tenait de son côté la route européenne. Nous avons révélé ensemble que nous étions tout à fait capables de tenir notre rôle et de prendre part à la lutte, notre présence sur le terrain, notre pugnacité politique et intellectuelle, notre réputation, ce qu’on pourrait désigner comme notre coefficient institutionnel, nous ont permis de parvenir au résultat actuel, nous restons une organisation représentative historique responsable reconnue comme telle. Nous représentons et défendons le noyau politique de notre profession. Nous conservons la responsabilité de la penser et de penser la discipline qui la sous-tend, à partir de notre propre activité de réflexion et d’échange comme de la capacité de notre mouvement de maintenir des écoles professionnelles alternatives à l’université de bon niveau.

mouvement alternatif

En effet nous constituons un mouvement alternatif. En tant que tel nous ne nous sommes pas effondrés. Qu’avons-nous désormais à redouter ? Nous ne serons plus que l’objet d’attaques marketing corporatistes du genre les psychothérapeutes sont les seuls à fournir les garanties de soins psychologiques scientifiques administrés par des diplômés de l’université. Nos spolieurs se serviront du nom qu’ils nous ont dérobé. Pénible mais limité.

psychodiversité

Il nous reste à maintenir, protéger, développer notre propre sphère d’activité et d’influence, dans le cadre d’une activité professionnelle résolument non médicale et alternative, au service d’une nécessaire diversité de l’offre de soin (et de type de soin le nôtre étant non médical), que j’ai baptisée psychodiversité. Il nous reste à soutenir notre titre professionnel garanti par nous-mêmes, SNPPsy-AFFOP, et dans le cadre solidaire du GLPR. Il nous reste à drainer vers notre idée syndicale les psychopraticiens relationnels issus de nos écoles. Ce sera à eux de voir, à nouveau partis 500, à combien et dans quelle dynamique ils se retrouveront à quel nouveau port. La nouvelle génération a besoin de nos instituions, de notre syndicat sain et solide, pour occuper son territoire en force tranquille au service du public qui déjà la choisit. Il nous reste à augmenter notre attractivité du côté des sociétés savantes moins politiquement spécifiquement outillées pour la défense de la profession, qui se concrétise avec l’idée relationnelle. Il nous reste à produire des textes de soutien à notre discipline. Comme au début nous avons fondé ce que nous appelions La psychothérapie, pour finir par nous rendre à l’évidence que c’était la psychothérapie relationnelle qui définissait notre identité, nous échoit à présent la responsabilité historique d’installer cette dernière comme incontournable dans le carré psy.

un syndicat de psychopraticiens relationnels

Nous avons hésité en tant qu’organisation pour passer enfin cette année en deux temps dont le second aujourd’hui même, de syndicat de titulaires à un syndicat de psychopraticiens relationnels (discipline), dont une proportion que nous sommes incapables de chiffrer devrait porter le titre professionnel de psychopraticiens relationnels®. Alternatif, honnêtement fondé. Mutation réalisée. Bonne chance à nous et à tous ceux qui viendront se joindre à notre bonne aventure.

maîtres de notre territoire alternatif

Comme en 2004 modestes et importants, nous devrons nous faire reconnaître par des moyens différents de ceux de la génération précédente, hors les sentiers DSM médicalisés du cadre nouveau emprunté par les psychothérapeutes diplômés de l’université. Nous ne serons pas si malheureux de porter haut et fort un nom et un titre honorables que nous saurons soutenir, distincts de celui de professionnels qui ne répondent pas au cahier des charges de nos cinq critères. De toute façon et de plus qui à part nous connaît et pratique la psychothérapie relationnelle ? Nous voici dans ce domaine en position de quasi monopole. Nous voici maîtres souverains de notre territoire alternatif, à la disposition d’un public qui nous connaît et apprécie. La crise est là, la situation est incertaine, comme la vie, le vent n’est pas contraire. À nous de jouer.

(………)


QUELQUES DATES

2 mai 1966 – Fondation du PSY’G.
octobre 1972 – Naissance du CDPH
1973 – Naissance du Centre d’Évolution (Jacques Durand-Dassier)
1981 – Fondation du SNPPsy.
1985 – Titre de psychologue (Claude Évin).
1985 – Naissance du CIFP(13)
1990 – Déclaration de Strasbourg.
1991 – Scission identitaire, l’ANOP (psychologues) exclut les psychothérapeutes du SNPPsy qui refusent de renier la Déclaration de Strasbourg.
13 mai 1995 – Création de la FFdP.
1996 – Publication de Profession psychothérapeute.
juin 1997 – Congrès FFdP de Dourdan : Europe.
octobre 1998 – Colloque FFdP au Sénat.
octobre-décembre 1998 – Création de l’AFFOP par scission (14).
1999 – Colloque FFdP de Strasbourg.
4 mai 1999 – Premier amendement Accoyer.
fin 1999 – Le PSY’G se retire de l’AFFOP.
1999 – Le groupe Cournut (Jean Cournut , Président de la SPP) devient le Groupe de contact – Jacques Sédat contacté par Jean Cournut (mort en 2003), l’appuyant puis le dirigeant.
28 mars 2000 – Proposition de loi Jean-Michel Marchand.
18 novembre 2000 – Colloque SNPPsy salle Victor Hugo à l’Assemblée nationale, La psychothérapie dans notre société, état actuel et perspectives.
novembre 2001 – Naissance de la psychothérapie relationnelle(15)
12 janvier 2002 – 1er Colloque AFFOP Psychothérapeute un métier au-delà des méthodes, salle Victor Hugo à l’Assemblée nationale (16).

21 avril 2002

– défaite de Jospin
7-8 octobre 2003 – Deuxième amendement Accoyer. Offensive contre « les charlatans ».
12 décembre 2003 – Le matin le ministre Jean-François Mattei rencontre les psychanalystes, l’affaire des listes.
12 décembre 2003 – L’après-midi Jean-François Mattei accompagné du psychiatre Christian Vasseur rencontre les psychothérapeutes.
15 décembre 2003Verbatim d’Élisabeth Roudinesco dans Libération.
2004 – Élisabeth Roudinesco, Le patient le psychothérapeute et l’État.
2004-2009} Forums psys (École de la Cause freudienne & Coordination psy)
2004 – Naissance de la Coordination psy : Cause freudienne & apparentés, FFdP, AFFOP, SNPPsy, des psychologues).
5 février 2005 – le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy reconnaît la psychothérapie relationnelle(17).
10 janvier 2006 – 7 avril 2006 – Deux réunions et discussions au Ministère (Xavier Bertrand) de l’ensemble des organismes psys.
novembre 2005 – Changement d’acronyme au SNPPsy : « & psychanalystes ».
2006 – Changement d’acronyme la FFdP devient la FF2P (« & psychanalystes »).
21 juillet 2009 – Loi HPST
novembre 2009 – Fin de la Coordination psy.
février 2011 – Naissance du GLPR.
novembre 2011 – le GLPR adopte le nom de métier de psychopraticien.
novembre 2012 – le SNPPsy passe de syndicat de titulaires à syndicat de psychopraticiens relationnels.