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Glossairede la psychothérapie

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psychologie clinique

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Le brillant Daniel Lagache, à la fois médecin, psychologue et psychanalyste, aurait pu mourir de distension ligamentaire provoquée par le grand écart entre ces trois disciplines auquel il avait coutume de s’adonner, déniant leur incompatibilité par sa fameuse « unité de la psychologie ». Il y a comme ça des personnalités englobantes, et des époques où elles peuvent encore disserter sous le sceau du déni, avec d’autant plus d’ardeur que la réalité impitoyablement le récuse. Bref, la psychanalyse s’est fait héberger chez les psychologues, aux bons soins d’un psychiatre, le temps que ça dure, en cultivant l’ambiguïté de la situation sur un demi siècle.

La psychothérapie relationnelle avant la lettre, qui alors s’appelait psychothérapie tout court, du temps des psychothérapeutes (d’avant 2010), s’est bien fait héberger pendant une décennie à l’ANOP, Association nationale des organisations de psychologues(1), pour s’en voir débarquer finalement, en bonne logique épistémologique et institutionnelle, à l’issue de la Déclaration de Strasbourg (1990).

La psychologie clinique permet encore aujourd’hui à la psychanalyse embarquée elle à bord du vaisseau psychologie de considérer qu’elle y a ses chaloupes. Elle y pèse de moins en moins lourd. Aux yeux des thérapies comportementales et cognitives, pénétrées d’un neuroscientisme triomphaliste, la psychanalyse est périmée et d’ailleurs tout à fait insuffisamment « scientifique », entendez scientiste. Pensez donc, grâce à l’imagerie cérébrale et aux implants dans le cerveau on va bientôt tenir la preuve scientifique de n’importe quoi concernant le psychisme, à commencer par la preuve de l’inexistence de l’inconscient, ou sa redéfinition en des termes qui écrasent le concept. En tout cas en matière de preuve, celle de la force du désir d’en finir avec la psychanalyse, la psychothérapie relationnelle et leur fumeux processus d’avènement du sujet, elle, est toujours bien vivante, preuve de leur importance (voir enjeu idéologique et politique, mondialisation, évaluation, expertise, comportementalisme, normalisation) .

Pour conclure, l’habillage du courant psychanalytique dans l’institution universitaire en psychologie clinique permet à quelques UFR de disposer de niches psychanalytiques ce qui conduit les psychologues qui s’y forment à se croire psychothérapeutes relationnels ou psychanalytiques d’inspiration, vu la théorie dispensée, sans avoir parcouru le cheminement requis. Ils n’auront pas acquis la compétence pertinente, que certains peuvent croire avoir absorbée par osmose en ayant passé eux-mêmes un certain temps en psychanalyse ou en psychothérapie (relationnelle ou pas).

Rappelons qu’il faut pour qualifier un psychopraticien relationnel (ex psychothérapeute) qu’il remplisse les cinq critères et pas seulement quelques uns plus des études en psycho. En la matière, on ne saurait raisonner comme à l’université en termes d’équivalences. Une confusion tenace marque l’appellation psychothérapeute pour ces professionnels, et même pour ceux qui les forment, ce qui explique qu’ils ont ignoré jusqu’à une date récente le concept de psychothérapie relationnelle, et son système d’exigences clairement spécifié.

deux mondes

cet encadré provient de l’entrée psychologue clinicien

S’opposent ici deux territoires épistémiques et méthodologiques distincts(2) :

– a)

c’est la relation qui soigne

: deux sujets travaillent ensemble, l’expert sait tenir le cadre mais ne sait rien sur l’autre (quelques hypothèses tout au plus, fournissant des pistes de travail). L’autre découvre, celui en proie au malaise, se découvre, à mesure que se déroule le dialogue entre eux. Progressivement, au fil du processus, le développement de la relation entre eux verra intervenir des prises de conscience chez celui qui est au travail (probablement conjointement avec des découvertes aussi chez le psy). Chemin faisant s’élaborera un savoir sur lui et de lui en relation, référé à son système de valeurs (lui-même réexaminable). Ceci en tenant compte ou non d’une problématique de l’inconscient, et de toute manière des résistances chez les deux protagonistes. Ce qui pourrait s’appeler un sens de sa vie pourra émerger. Un déclic à un certain moment pourrait engendrer un bouleversement bénéfique. Il s’agit d’un travail d’équipe(3), d’une aventure à deux, le spécialiste pris dans le processus s’efforçant d’en éclairer les aléas dans la mesure de sa propre capacité du moment.

On désigne cela comme dynamique de subjectivation, la personne devenant sujet de son histoire et de sa vie, davantage autrice de sa propre existence.

– b)

l’expert traite le malade

: un spécialiste-sujet progresse dans la connaissance de celui qui le consulte, patient-objet : « – C’est normal ? c’est grave docteur ? dites-moi qui je suis et ce que vous en pensez. À travers les protocoles que vous me proposerez je suis prêt à vous suivre sur les (droits) chemins que vous m’indiquerez.

Deux épistémès, deux champs disciplinaires, deux professions, en tout cas deux métiers.

voir à ce sujet :

– FOURCADE Jean-Michel, Quatre modèles heuristiques pour mieux distinguer les psychologies et les psychothérapies, 1998.

Au bout du compte entre des psychologues teintés, et non teints dans la masse, et des psychothérapeutes relationnels spécifiquement formés, la différence est de nature. Seule une habilitation professionnelle du type de l’acceptation dans une société de psychanalyse ou l’agrément par une société titularisante en psychothérapie relationnelle peut qualifier un psychopraticien relationnel(4) ou un psychanalyste. Sans ce maillage indispensable, pas de sécurité déontologique.

C’est à cette condition que certains psychologues, généralement « cliniciens » mais pas obligatoirement, deviendront psychopraticiens relationnels (ex psychothérapeutes) véritablement, ou psychanalystes, au prix de longues études complémentaires (de l’ordre au minimum de 1200 heures). Nombreux sont les psychologues qui continuent d’éprouver de la difficulté à comprendre qu’ils procèdent de deux épistémès distinctes et antagonistes. Se référer à l’entrée cumul.

Voir également

– GROSBOIS Philippe, Éthique et psychothérapie : principe de parité versus principe de compétence, 7 novembre 2013.
psychologue clinicien
clinique
multipolarité

entrée créée en 2013 (?) – modifiée 12 août 2014 –

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