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5 décembre 2013

Problèmes de terminologie et de pratiques institutionnelles Philippe Grauer

et pourtant elle tourne la planète psy

par Philippe Grauer

Ce texte provient d’une élaboration issue en partie du travail de réflexion syndicale SNPPsy. Il y est question de l’imbroglio institutionnel et terminologique au sein même de la psychothérapie relationnelle, qui produit des cas de figure dignes de Lewis Caroll sauf que parfois leurs déboîtements dérivent jusqu’à des anti emboîtements susceptibles d’aboutir à des non sens que même la mathématique aurait du mal à comprendre, aux deux sens de ce terme.

Il nous a semblé qu’une école se devait de s’efforcer de contribuer à jeter quelque lumière sur ces foisonnements de formes d’allure paradoxale qu’on rencontre dans notre domaine. Le débat ouvert, que chacun y mette le grain de son sel s’il entend y participer.

De toute façon le public n’en a cure, les professionnels souvent s’y perdent, à moins de ne pas s’en soucier, ou de laisser leur attention flotter avec indifférence sur les flots opaques de ces eaux singulièrement mêlées.

Tout le monde continuera d’aller voir son psy sans trop s’inquiéter de ces questions. Et pourtant elle tourne la planète psy, mieux eût valu tout de même que les astronomes mesurassent son exacte fantaisiste trajectoire et se montrassent capables d’en rendre compte (pardonnez-moi mais je n’ai pas pu faire taire en moi l’amoureux de la subjonctivité).

Deux remarques pour finir. Ce texte, reconstruit à partir d’un rapport plus large, parle à partir de la dynamique institutionnelle du SNPPsy. Les parties ici manquantes feront l’objet d’une publication syndicale interne.


Philippe Grauer

Attention crochets : le graphisme [chat botté] signifie que le mot entre crochets n’est pas valide dans l’usage qui en est fait.

Introduction

Où et comment allons-nous aller maintenant que la situation a changé, nous aussi probablement, et que forts de notre légitimité alternative nous repartons pour la prochaine étape, de consolidation de notre situation de psychopraticiens relationnels, tenants d’une discipline et d’une profession distinctes de celle orientée vers une psychothérapie objectiviste para médicalisée réservée aux psychologues et médecins sous le titre détourné de psychothérapeute de nouvelle désignation.

Une des missions cardinales du SNPPsy consiste à réfléchir à notre profession et discipline en tant que telles. À leur fournir de la définition, de l’idéologie, à les asseoir comme humanistes et relationnelles au sens rigoureux de ces termes. Et ayant mieux pensé notre objet se trouver mieux à même de le promouvoir, protéger, soutenir. Cela tombe bien, nous sommes au moment de la redéfinition, les marques se distribuant selon à la fois une nouvelle configuration, de nouvelles désignations, une terminologie rafraîchie, un ajustement aux voisinages et contiguïtés dans des professions qui ne dédaignent ni le mélange ni le métissage.

C’est dans ce cadre que cette question travaille ce syndicat depuis sa création revient, pourquoi militer au sein du SNPPsy puisque aussi bien on peut et même doit s’inscrire ailleurs.

I – deux logiques institutionnelles historiques

Depuis 1966 (création du PSY‘G) et surtout depuis 1981 (SNPPsy) existe une tension entre

1) une logique syndicale : soutenir et représenter la profession et discipline

– la logique de profession dans son ensemble
– une discipline – de la dynamique interactive de subjectivation, champ psychothérapique de la relation
– un nom de métier – psychopraticien depuis 2010
– un titrepsychopraticien relationnel®.

2) la logique de Méthode : promouvoir la pratique et la recherche dans une spécialité

a) école de méthode, programme transmission validation par diplôme
b) société savante : illustration, soutien, recherche dans une spécialité, un domaine.

Remarque : (a) et (b) sont institutionnellement cumulables.

3) télescopages, chevauchements entre (1) et (2).

– à repérer

4) exception française

D’autre part la logique syndicale représente une exception française. Il y eut une tentative italienne qui ne vécut pas longtemps. Le ralliement du SNPPsy à l’AEP à la suite d’une dynamique impulsée par le PSY’G eut pour résultat la fondation de la FFdP puis de l’Affop(1). La FFdP puis FF2P comportant une section para syndicale intégrée, puisqu’on peut s’y inscrire individuellement. Cela on le sait ne se fit pas sans problèmes, d’où l’ Affop.

À présent que nous reposons une fois de plus la question – et nous sommes toujours aussi nombreux à venir et appartenir pour nous la poser –, nous pouvons lister un certain nombre de points sensibles qui peuvent devenir points d’appui.

(Manquent : de I à III)

IV – Imbroglio de logiques institutionnelles dans notre propre camp

1 –

ZONES DE CONFUSION ACTUELLES

Une tâche de clarification reste à accomplir. Examinons-en les perspectives & le rayon d’action. Notre travail de mise en forme institutionnelle reste inachevé. Nous avons à le conduire plus avant, et à engager la profession dans la réflexion par nous entamée. En effet

– 1.1) Des sociétés savantes de méthode décernent des autorisations de porter des appellations réservées protégées.
– 1.2) Ces autorisations d’un port de nom de Méthode sont souvent entendues avec valeur de nom de profession : gestalt-thérapeute (alors que le nom de profession c’est strictement psychopraticien sans plus), lui-même de façon non pertinente souvent entendu comme « [titre] ».

2 –

un cadre surréaliste

La figure que nous entreprenons de décrire ressemble parfois à un miroir qu’on pourrait traverser dans les deux sens. Alice, où es-tu encore passée ?

– 2.1) un syndicat se portant caution solidaire syndicale [une fédération dans le cas de la FF2P] délivre un titre d’exercice professionnel protégé INPI, lequel titre confirme un praticien comme exerçant une discipline, la psychothérapie relationnelle® (dans le cadre de laquelle se situe sa Méthode de référence) [voir aussi 4.3.2].

– 2.2) Ça se complique avec la référence disciplinaire, sorte de « subtitre ». En effet le SNPPsy délivre également si l’on n’est pas habilité au port du titre, une autorisation d’exercer sans le titre mais avec la chose du titre, d’exercer donc sous le nom de discipline de psychopraticien relationnel – bien entendu sans le ® indiquant qu’il s’agit d’un [titre] puisqu’en tel cas il n’y a pas [titre]. Si vous trouvez ça limpide faite-le nous savoir [se reporter à 4.3.1].

– 2.3) par contre, contradiction logique, psychopraticien relationnel® qui lui est un titre, est délivrable par plusieurs sociétés savantes de l’Affop qui détient pour sa part le trade-mark (par pur hasard de l’Histoire : première réponse obtenue à deux demandes parties concurremment. Mais les deux demandeurs ne s’étaient pas interrogés sur les développements que nous sommes en train précisément de produire aujourd’hui seulement) et en attribue le pouvoir titularisant. La protection INPI est donc fédérale et sa légitimité se répartit entre syndicat et méthodes de façon équanime. Les différences de niveau institutionnel se trouvent effacées, en tout cas (em)brouillées.

2.4) Incohérence. Comme cette confusion s’organise en famille cela n’est pas trop grave (?) puisqu’on reste entre amis (mais gare à l’incestualité), sauf qu’en procédant ainsi on rejoint le système FF2P de la validation-certification de méthode puisque ce sont des méthodes qui en arrivent à délivrer une certification professionnelle dénommée [« titre »] (je mets entre crochets l’appellation quand elle est selon la terminologie que je m’efforce de définir à l’usage de tous, problématique, en toute logique, prohibée).

2.5) Emboîtements aporétiques. Tout de même cette variété de [titre] en l’occurrence confond discipline et Méthode, on ne sait plus où on en est (se souvenir que discipline contient méthode(s)). Comment fonctionnent les emboîtements et déboîtements ? (2) (…)

V – retour sur les questions de terminologie et articulation avec les sociétés savantes

Voici à titre d’aide-mémoire quelques éléments destinés à mieux nous situer et repérer dans le labyrinthe de nos circuits de légitimation et représentation.

1 –

appellation protégée vs. titre d’exercice

Réflexion pour une réarticulation entre société savantes souveraines dans leur sphère scientifique couverte par leur appellation protégée, réservée (pour les vins et produits de bouche en France on dit contrôlée – par l’État, toujours lui ! en l’occurrence les appellations de méthodes sont administrées seulement par leurs spécialistes) et le syndicat responsable du titre d’exercice professionnel.

2–

spécialiste / professionnel

a) qui vous déclare spécialiste d’un champ théorique et pratique appelé Méthode : analyste bioénergéticien, gestalt-thérapeute, en prononçant quelle formule, quels mots dans quels termes ?

b) qui vous déclare psychopraticien relationnel, professionnel de notre discipline commune ?

3–

DEUX DISCIPLINES

Nous avons affaire à deux disciplines – pas davantage, éventuellement plus ou moins cumulables dans la pratique et selon les lieux d’exercice. Deux disciplines dont nous sommes la seconde. Il s’agit :

3.1) de la psychothérapie objectiviste, à protocoles (pourrait-on dire de style autoritaire ?), d’inspiration médicale, pratiquée par des psychologues ou des psychiatres(3).

3.2) de notre psychothérapie relationnelle, anti-autoritaire, intersubjectiviste, pratiquée à titre principal ou exclusif essentiellement par nos psychopraticiens relationnels, sortis de nos écoles.

> Remarque 1 : on peut actuellement être l’un sans l’autre.

> Remarque 2 : dans le cadre de répartition du carré psy la psychanalyse peut se voir décrire

– 3.2.1) comme une méthode relevant du champ de la dynamique de subjectivation, qu’on dirait psychothérapie relationnelle de l’inconscient ;

– 3.2.2) comme une discipline, du fait de son importance culturelle historique et de son implantation parasitaire en psychologie et psychiatrie, disciplines constituées qui d’ailleurs auraient tendance à la considérer comme une… méthode (exception momentanée faite de la citadelle de la Cause freudienne à Paris 8), sauf à l’assimiler à la psychopathologie dite clinique.

4 –

SCHÉMA DE CURSUS

(rappel)
Quand on entre dans le métier on obtient dans l’ordre

– 4.1) Le diplôme de sortie d’École vous déclare bien formé, bien sachant et praticien débutant validé sous caution provisoire de l’École (avec inscription au SNPPsy comme membre étudiant d’une école agréée).

– 4.2) L’appellation : diplômé (mais pas obligatoirement) vous adhérez à une société savante qui vous inscrit et certifie comme (psycho)praticien de sa Méthode, vous voici bénéficiaire de son appellation protégée réservée et de sa confraternité – faudrait-il ajouter en stricte logique et pas davantage ?

> Remarque : Peut-on envisager dans ce cas pour ne pas embrouiller les choses en n’indifférenciant pas syndicat (discipline) et Méthode (une des méthodes de la discipline que soutient et représente le syndicat), de ne pas parler de [« titre » de méthode] (expression entre crochets pour : non valide) mais d’appellation (ou certification ?) ? On pourrait suggérer d’ouvrir le débat avec des représentants de Méthodes de l’Affop pour commencer à se concerter à ce sujet.

– 4.3) Le titre d’exercice professionnel : à son tour le syndicat (représentant la discipline, pluraliste quant aux méthodes de ses membres) examine lui votre exercice de psychopraticien relationnel quelle(s) que soi(en)t votre ou vos Méthode(s) de référence, s’en déclare (ou non, bien entendu) caution solidaire,

– 4.3.1) il entérine dans un premier temps votre appartenance et référence disciplinaire en qualité de psychopraticien relationnel (discipline) ; [souvenez-vous, 2.2 soutenait la même chose] pour

– 4.3.2) dans un second temps garantir par votre titularisation en qualité de psychopraticien relationnel®, cette fois il s’agit d’un titre d’exercice professionnel. Lequel titre est garanti dans le cadre des accords du GLPR à l’exclusion de tout autre (Le GLPR ne prend pas en charge de cautionner les certifications de méthodes, il agit au rang institutionnel supérieur comme groupe de liaison de syndicats et fédérations).

> Remarque : ce titre alternatif d’exercice désignant une profession de santé non médicale – PSNM – constitue l’alternative paradigmatique du titre d’exercice d’État de psychothérapeute, à tendance paramédicale (qui n’est aucunement une certification universitaire) réservé aux psychologues et médecins (les psychanalystes en qualité de psychologues ou de psychiatres sont désormais massivement psychothérapeutes (titre d’exercice et non diplôme on est bien d’accord ?) de par leur profession de couverture).

5 –

DIPLÔME ET CERTIFICATION DE MÉTHODE

Ces deux entités ne sont pas systématiquement conjointes au titre syndical. Précisément vous êtes généralement déjà diplômé (école), mais pas obligatoirement, certifié (et non titré) par ailleurs dans votre champ méthodique de référence et d’appartenance (soit : psychopraticien relationnel(4) gestaltiste(5)) cependant pas obligatoirement non plus. Inversement notez que le syndicat n’est pas qualifié pour faire de vous un psychopraticien de Méthode. Dans le cadre du titre vous conservez le libre choix d’appellation et de référence (de méthode(s)).

6 –

TITRE – brève définition

Le titre garantit confraternellement la qualité d’un exercice {professionnel } reposant sur une compétence acquise dans une discipline. Dans le cadre de laquelle le psychopraticien relationnel (le plus généralement muni d’un diplôme d’école agréée) exerce selon une ou plusieurs Méthode(s) sous son/leur(s) appellation(s) protégées (réservées)).

7 –

USAGE

– Dans le (récent) usage le praticien a souvent pris l’habitude de se désigner par son appellation de Méthode, il se dit tagada thérapeute. Les façons de dire façonnent celles de penser (et réciproquement). Une commission terminologique confraternelle pourrait chercher à s’assurer d’une terminologie commune, cohérente avec des institutions harmonisées, encadrant et donnant forme à l’usage.

8 –

Problèmes d’interface institutionnelle

Si tagada-thérapeute s’entend :

(tagada / Méthode ) + (thérapeute / profession ) = la totale

alors pourquoi un syndicat ? pour la culture du pluralisme uniquement, plus comme voiture-balai pour ceux qui ne relèvent précisément d’aucune société savante, plus pour les actions politiques professionnelles générales échappant aux méthodes ? Cela nous concerne nous mais risque fort d’indifférer la masse de nos psychopraticiens relationnels.

9 –

SÉPARATION ET ARTICULATION DES POUVOIRS

Vous avez dit pouvoir ? on commence à comprendre que ça ait tendance à se compliquer. Problème : comment se réunir et se mettre d’accord ensemble sur ces termes ? ou d’autres si le dialogue y conduit, sur ces termes mais surtout sur nos horizons tant de spécialistes que de professionnels. On conçoit difficilement qu’une puissance renonce à son pouvoir contre rien. Comment pourrions-nous faire ? qui sommes-nous, institutionnellement parlant tous autant que nous sommes, de quoi sommes-nous chacun et mutuellement comptables et responsables, que représentons-nous, que voulons-nous, comment pouvons-nous faire avancer les choses, nos choses ?

10 –

ÉTHIQUE, DÉONTOLOGIE

Nous avons également des problèmes d’éthique ou déontologie. Ne chicanons pas sur la terminologie concernant la morale professionnelle à ce point. Qui cautionne et sanctionne un professionnel (discipline) par rapport à un spécialiste (Méthode) ? si on pouvait différencier, attribuerait-on l’éthique à la méthode et la déontologie au syndicat, auteur d’un code ? ce dernier champ me paraît grand ouvert à l’exploration.