par Philippe Grauer
L’assuétude, vaste question dans une société où les lignes relatives aux règles et à leurs gardiens bougent. Dans la perspective du fameux « changement de paradigme », où l’individu, toujours lui – quelle
La psychothérapie relationnelle connaît bien ce combat, qui s’est inspirée et renforcée des expérimentations de soins communautaires tant avec les Alcooliques anonymes, Weight Watchers et puis tant d’autres, qu’avec des centres de réhabilitation de drogués comme Synanon, faisant naître collatéralement à la dimension psychothérapie institutionnelle celle de psychothérapie populaire.
Quoi qu’il en soit ne pas oublier non plus de s’intéresser au débordement de la règle elle-même, avec le système DSM – Big Pharma prêt à faire de tout et n’importe quoi un trouble addictif, et à instaurer une sorte d’idéologie de l’addiction à partir d’un cadre qui préconise de faire l’économie de toute psychologie dynamique et de la recherche de sens(1).
Revenons aux fondements, qu’est-ce que déborder, qu’est-ce que déborder chroniquement signifie et comment y faire face dans la singularité clinique contemporaine ?
La SFPI tient un colloque de qualité sur ce thème le 18 octobre. Le CIFPR a plaisir d’y convier ses étudiants et vous invite à y participer. Comment une approche intégrative à base psychanalytique peut-elle contribuer à enrichir le débat et la pratique dans ce
: « Ethical psychiatry diagnosis »
Psychiatre, chercheur, Professeur émérite à la Duke University of California (USA). Il a rédigé le rapport sur « les troubles de la personnalité » du DSM III, dirigé le DSM IV et été un témoin privilégié de la rupture entre psychiatrie et psychanalyse aux USA dans les années 70. Actuellement un des principaux pourfendeurs du DSM 5. Dans son Sommes-nous tous des malades mentaux? Odile Jacob, 2013, 432 p. , il interroge :
La psychiatrie n’est-elle pas en train de nous égarer en présentant des individus en bonne santé comme des malades ? Tensions, déceptions, peines, pertes et même passions : n’a-t-elle pas de plus en plus tendance à traiter comme des pathologies ce qui relève en réalité de la vie normale ?
Inflation diagnostique, surconsommation de médicaments, multiplication de traitements inadaptés et inutiles, dépenses excessives, stratégies marketing sauvages des laboratoires pharmaceutiques : est-ce nous qui sommes malades ou bien la psychiatrie qui devient folle ?
Allen Frances a dirigé le groupe de travail qui a conçu et rédigé le DSM-IV, parfois qualifié de bible de la psychiatrie. Alors que paraît une nouvelle version augmentée, le DSM-5, il tire la sonnette d’alarme : cessons de surmédicaliser les vicissitudes de la vie humaine ! – texte publié sous l’adresse Odile Jacob, octobre 2014.
Sommes-nous dans une société de l’excès ? Sans hésitation, la réponse est oui. C’est même une des caractéristiques de notre société qui pousse à « l’hyper », au « trop » au « tout. » Si nos sociétés sont potentiellement addictives, tout le monde ne devient pas pour autant alcoolique, toxicomane, acheteur compulsif ou accro au sexe, au travail ou aux jeux vidéo.
Des toxicomanies à l’alcoolisme en passant par les addictions sans substance, existe-t-il des points communs entre ces addictions ? Et si oui quels sont-ils ? De quoi est-on dépendant ? Est-on plus vulnérable à certains moments de la vie ? À partir de quand peut-on parler d’addiction ? Quelles frontières entre normal et pathologique, lorsque nous parlons de dépendances ?
De l’usage à la dépendance, des mécanismes particuliers sont à l’œuvre, liés à la fois aux contextes sociaux, culturels, économiques, psychologiques, biologiques. En tant que cliniciens, parler d’addiction c’est s’intéresser : au sujet, à son désir et à son histoire ; à la dépendance comme processus constitutif de la subjectivité ; la dépendance comme mécanisme ainsi qu’aux différents éléments qui permettent de définir le lien comme addictif.
Joyce McDougall, qui a contribué à promouvoir en France le concept d’addiction sous sa forme psychopathologique, avance que dans les conduites addictives, « il y aurait une défaillance de l’étayage maternel ne permettant pas à l’enfant d’élaborer les processus de séparation. L’objet maternel interne serait vécu comme absent ou incapable de consoler l’enfant perturbé.»
Notre clinique nous amène fréquemment à constater des liens étroits entre addictions, troubles de l’attachement, troubles du narcissisme, de l’identité et des limites du moi. Nous nous nous intéresserons tout au long de ce colloque aux phénomènes cliniques, sociologiques et biologiques qui sous-tendent les conduites addictives.
:
– La compréhension des défaillances dans la construction du moi qui sont au cœur des différentes addictions évoquées.
– L’articulation des différents modes de compréhension des addictions ; différentes approches, scientifique et objective, sociologique et clinique.
– Les dispositifs thérapeutiques les plus appropriés à chacun des patients qui se présentent à nous comme souffrant d’addiction.
9H00-9H30
des participants
9H30-9H35 Jean-Michel FOURCADE, Président de la SFPI
9H35-10H05 Pr Edmond MARC : Toxicomanies, addictions et dépendances : essai de clarification.
10H05-10H45 Pr Nicole AUBERT : La société hypermoderne, une société par excès.
10H45-11H05 Pause
11H05-11H35 Pr Jean-Benjamin STORA : Dépendances, psychosomatique, et neurosciences
11H35-12H15
– Pierre VAN DAMME : Dépression et addiction :
– Laure d’ HAUTEFEUILLE : De la maltraitance à la dépendance au lien amoureux.
12H15-13H00
: Edmond Marc, Jean-Benjamin Stora, Pierre Van Damme, Laure d’Hautefeuille
Modérateur : Christine Bonnal
13H00-14H30 Déjeuner
– 14H30-15H10 : Pr Christophe NIEWIADOWSKI : Recherche biographique, clinique narrative et alcoologie clinique
– 15H10-16H30
Pierre de ROMANET : La toxicomanie, une mauvaise réponse à une bonne question
Lucienne SPINDLER : Libertinage, sexualité ordinaire, et/ou addiction
Caroline ULMER-NEWHOUSE : Sexe et dépendances
Nicolas de HYS : Approche intégrative de patients dépendants dans le cadre psychiatrique.
16H30-16H50 Pause
16H50-18H00
: Lucienne Spindler, Caroline Ulmer-Newhouse, Pierre de Romanet, Nicolas de Salles de Hys
Modérateur : Jean-Michel Fourcade