Chacun des quatre locataires du Carré psy dit pratiquer la seule psychothérapie qui vaille, la sienne.
À l’exception notable de la psychanalyse française, qui dit pis que pendre de la psychothérapie, que cependant ses praticiens la pratiquent largement, toutefois en la dénommant psychothérapie psychanalytique ou d’inspiration psychanalystique : PIP. Au moins un avantage à cette pratique, elle nécessite une psychanalyse préalable du praticien lui-même. Ajoutons que la psychanalyse s’enseigne à l’université, comme la psychologie et la psychiatrie, mais se transmet au sein de sociétés savantes et parfois d’écoles spécifiques non universitaires ou para ou péri universitaires. .
Les trois autres forment à la psychothérapie telle qu’ils l’entendent de façon diverse.
– En psychologie clinique, on parlera beaucoup de psychopathologie clinique comme cœur de formation. Une psychopathologie d’inspiration naguère psychanalytique (cf. § précédent), à présent beaucoup plus comportementaliste, centrée sur la Thérapie comportementale et cognitive, le radical psycho manquant à l’initiale. Aucune obligation de pratique d’une psychothérapie ou psychanalyse antérieure à la pratique. Dans le cas d’une clinique d’orientation psychanalytique il est conseillé, rien de plus, aux étudiants de faire la démarche. Les TCC par définition n’exigent rien de pareil. La psychothérapie universitaire est affaire de savoir essentiellement (même s’il y a des stages en hôpital). Formation universitaire exclusivement, en facultés des Lettres.
– En psychiatrie la psychopathologie est évidemment largement développée, l’aspect psychothérapique étant soit franchement absent soit le plus souvent réduit à peu de choses. Cela n’empêche pas les psychiatres de se dire praticiens de la psychothérapie par excellence et principe. Aucune obligation de psychothérapie ou psychanalyse personnelle. Formation universitaire bien entendu, en faculté de Médecine et CHU.
L’orientation scientifique des deux disciplines dispensant un savoir en psychothérapie au sein de l’université tend vers « une conception médicalisée de la psychothérapie au service d’une prétendue santé mentale, définie en termes de normes, de troubles et de symptômes à éradiquer le plus rapidement possible et aux moindres frais ». Face à cela une orientation d’inspiration résolument humaniste se voit maintenue dans la formation à la psychothérapie qui se délivre …
– … en Psychothérapie relationnelle, où des écoles forment, non de jeunes étudiants mais des adultes en reconversion, à partir de la quarantaine statistiquement parlant, présentant quelque maturité, ayant déjà vécu et travaillé. Dans les meilleurs programmes des bonnes écoles, la formation à la psychothérapie se déroule en cinq années universitaires et comprend 2000 Heures. À quoi ajouter une psychothérapie ou psychanalyse longue et suffisamment réussie (qu’est-ce qu’une psychothérapie réussie ? on peut répondre à une telle question malgré tout). Formation extra universitaire, l’université française contemporaine rongée par le corporatisme, et toute à sa dévotion pour le scientisme, n’acceptant pas le partenariat avec des écoles novatrices dans leur domaine. Dans les bonnes écoles agréées Affop, la formation, qui inclut une transformation de la personne, obéit à des exigences de rigueur méthodologique et critique comparables à celles en vigueur à l’université. Mais dans un style spécifique, sensible à la dimension clinique de l’objet transmis.
La formation à la psychothérapie on le voit comporte des voies aussi diverses que les possibilités de définition de la psychothérapie, concept fourre-tout propre à toutes les confusions.
C’est pour mettre un peu d’ordre dans cet ensemble disparate que à partir de 1997 le SNPPsy, à l’initiative de Philippe Grauer relayant une idée de Jean-Michel Fourcade, prit l’initiative de définir soigneusement la psychothérapie relationnelle, celle à la formation de laquelle des écoles telles que la nôtre ont la charge de procéder, et de cesser de dire qu’ils pratiquaient la et formaient à la psychothérapie sans préciser davantage.
On voit qu’à aborder la question à partir du substantif psychothérapie, on parvient à mesure que l’on conduit l’enquête à affiner et distinguer ces termes voisins que même les spécialistes parfois différencient difficilement.
Alors, bienvenue au club ! Poursuivez vos investigations et bonnes découvertes dans le monde multiforme, complexe et fascinant de la psychothérapie !
Philippe Grauer
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