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4 septembre 2012

Bulletin de la société internationale d’histoire de la psychiatrie(Ed. Henri Roudier)

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Paris, les 20,21,22 et 23 septembre 2012
Rappe
l

Maison de la Chimie : 28 rue Saint Dominique, 75007 Paris

ESPACE ANALYTIQUE. Troisième congrès

Actualités de la psychanalyse

Argument

Comment opère la psychanalyse dans le monde d’aujourd’hui ?
En interrogeant au plus près sa pratique, ses conditions, son lien aux disciplines connexes, il est
saisir ce qui s’ouvre et se ferme dans son évolution : d’où l’intérêt de la confronter aux questions politiques, institutionnelles, techniques et scientifiques, littéraires et artistiques, etc. qui font l’histoire du moment.
En effet, elle doit se réinventer face aux formes contemporaines du symptôme. La psychanalyse n’aura cessé de s’orienter selon l’articulation si particulière entre savoir et vérité qui la distingue de tous les autres discours. Mais cette position est, à certains égards, intenable.
Quand elle diffuse dans la culture, elle en alimente la résistance, et attaquée, elle se défend en oscillant entre pureté de la belle âme et compromis. Le savoir risque alors de virer aux savoirs, la vérité à l’exactitude.
Ce malentendu est son destin, elle garde sa valeur de symptôme et son acte persiste à témoigner de la vérité particulière à chacun.
Elle continue néanmoins de féconder les savoirs de notre temps, toujours au plus près des nouvelles manifestations cliniques comme des logiques qui s’en révèlent.
Les Congrès d’Espace analytique reprennent régulièrement ces questions. Loin de tenter de les épuiser, ils se proposent de les mettre au travail en essayant d’ouvrir quelques tranchées claires.

On trouvera le programme (actualisé) et les formulaires d’inscription à l’adresses suivante
http://espace-analytique.org/
Espace analytique
12 rue de Bourgogne
75007 Paris
espace.analytique@wanadoo.fr

 


Paris les 12,13 et 14 octobre 2012

92bis ,boulevard du Montparnasse. Paris 14°

Le Cercle Freudien organise un colloque sur le thème

Par surcroît ?

Argument

« Guérison » est actuellement un signifiant dont la psychanalyse peut difficilement se servir. Elle ne peut pas non plus s’en passer. Avant de l’amener vers d’autres horizons, le constat de la réaction thérapeutique négative au cœur de l’expérience fut vécu par Freud comme une menace dont la psychanalyse pouvait ne pas se remettre. Nous en sommes là aujourd’hui, alors que la psychanalyse subit un nouveau rejet.

La psychanalyse est née du soin des troubles psychiques et ceci reste un pilier. Même si Freud avance, en 1926, que « l’importance de la psychanalyse en tant que science de l’inconscient dépasse largement son importance thérapeutique », il continue à affirmer en 1932 qu’elle constitue « le procédé thérapeutique le plus puissant ». Non seulement le plus puissant, mais surtout le plus digne, car nous ne voulons pas d’une guérison obtenue par des procédés dégradants qui détruisent l’humain dans l’humain.

La guérison vient par surcroît. Cet énoncé, subversif au moment où Freud l’avançait et où Lacan le reprenait, visait à souligner la singularité du désir de l’analyste. La banalisation dont il est aujourd’hui l’objet implique-t-elle pour autant que la guérison puisse être négligée ? « Par surcroît » ne signifie pas « négligeable » — une négligence qui ferait alors le voile de l’incompétence, de l’imposture ou du cynisme.« Par surcroît », c’est le mode opératoire de la psychanalyse, qui s’engage, entre efficacité symbolique et transfert, sur la voie d’une « guérison » singulière, impossible à programmer, impossible à prescrire. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Pouvons nous arracher les thèses de Canguilhem au discours médical et aux appareils idéologiques, et lui donner sa raison psychanalytique, au même titre que le corps qui pour nous est “ce qui se jouit”, ou que le symptôme qui est ce qui parle sans savoir ce que ça dit, c’est à dire ce qui constitue un savoir de vérité en souffrance, plutôt qu’une pathologie ? Il n’y a pas de psychanalyse sans psychanalyste.

La guérison est, depuis 1920, la boîte noire de notre art, et elle le reste. Pour autant, elle évolue en fonction des mutations socio-culturelles et des avancées de la science ; la guérison est confrontée, par exemple, au discours de l’efficacité. En ce sens, la notion de guérison dans la psychanalyse est indissociable de son pouvoir subversif, tel qu’il s’exerce sur les effets du surmoi collectif. Le moment nous paraît venu de reprendre cette question que l’urgence politique nous impose. Les nouvelles formes de rejet que subit la psychanalyse pourraient, de ce point de vue, contribuer à réveiller les psychanalystes, salutairement.

On trouvera le programme à l’adresse suivante

http://www.cerclefreudien.org/psychanalyse/COLLOQUE-DU-CERCLE-FREUDIEN-PAR-SURCROIT-57.php

cercle.freudien@free.fr

 


Le Séminaire d’Elisabeth Roudinesco reprendra à l’Ecole Normale Supérieure le 20 novembre 2012

Séminaire d’histoire de la psychanalyse 2012-2013.

Questions historiographiques :

Biographies et biographes; construction d’une histoire savante; facettes du révisionnisme.

Elisabeth Roudinesco

GHSS-Paris VII, ENS (Département d’histoire), 45 rue d’Ulm, 75005 Paris

 


Parution

La psychanalyse en Palestine 1918-1948

Guido Liebermann.

Editions Campagne Première

Préface d’Elisabeth Roudinesco

On trouvera ci-dessous un compte rendu de Catherine Clément, paru au début du mois de juillet dans le HuffingtonPost

De la psychanalyse en Palestine

L’un des livres les plus surprenants de l’année s’appelle La psychanalyse en Palestine 1918-1948, publié par les éditions Campagne Première et superbement préfacé par Elisabeth Roudinesco directrice de thèse de l’auteur, Guido Liebermann.

Fils d’un émigré allemand et d’une émigrée d’Ukraine installés en Argentine où la psychanalyse était florissante, Guido Liebermann partit en Israël au début de la dictature militaire du général Videla, puis, cherchant les liens entre le sionisme et la psychanalyse, il vint se former à Paris avant de retourner dans son pays. Par chance, Liebermann déborde de beaucoup les dates indiquées dans le titre, ce qui nous vaut une savoureuse balade sur les rapports houleux entre les différentes couches des aliya, les premières grandes vagues d’immigration en Palestine, qui commencent en 1881 : ce sont des juifs russes chassés par l’antisémitisme de Nicolaï II. A l’époque, survit en Palestine le Yishouv, une très vieille et très pieuse communauté juive, qui bénéficie de la protection ottomane. Deuxième vague, 1905-1914 : les arrivants sont des russes socialistes, et c’est avec eux que s’engage le conflit entre ces militants volontiers athées, fiers d’appartenir au courant de la Haskala, les « Lumières juives », et surtout, profondément laïques. Et ça coince

Contre les petits nouveaux, ces « mangeurs de cochons », le Yishouv défend farouchement la Kalhouka, c’est-à-dire le partage des financements venus de l’étranger. Les petits nouveaux, eux, combattent ces arriérés qui élèvent leurs enfants en yiddish et en ladino, les deux langues des communautés juives ashekenaze et sefardim. La troisième vague, de 1919 à 1923, fait déferler des militants sionistes de gauche qui fondent les kibboutzim. La dernière grande vague avant la fondation de l’Etat d’Israël commence en 1933 avec la prise de pouvoir d’Adolf Hitler, et voit débarquer en Palestine, en flux continu, les juifs germanophones chassés par le nazisme. Là commence l’histoire institutionnelle de la psychanalyse.

Que trouvent en Palestine les médecins et les psychanalystes ? Une très ancienne tradition médicale juive connue dans le monde entier, appréciée par les souverains d’Europe comme par les pachas. Mais aussi toute une tripotée de guérisseurs qui peuvent être rabbins ou imams et pratiquent, par exemple, « l’incubation » – on dort toute une nuit lové contre la paroi du tombeau d’un saint, d’un prophète, d’un Juste – ainsi faisait-on en Grèce antique dans les sanctuaires des dieux sur prescription d’Hippocrate. Au réveil, on sait de quoi on souffre, on est en voie de guérison. Formé en Allemagne, Shimon Frankel fut le premier vrai médecin moderne ; fondateur de l’Hôpital juif de Jérusalem, il se fait excommunier parce qu’il a soigné des excommuniés, et meurt dans l’abandon, à Jaffa, en I880, juste avant la première grande aliya.

Le vrai tournant se passe en 1918, lorsque Chaïm Weizmann, représentant l’Organisation sioniste mondiale, est chargé de mener à bien l’établissement d’un foyer juif selon les termes de la déclaration Balfour de 1917. Weizmann arrive avec un thérapeute frotté aux idées de Freud et de Jung, qui restera cinq ans avant de revenir à Londres : Montague David Eder. C’est un intellectuel d’origine lithuanienne, un médecin qui fréquente la Fabian Society. Son travail de fondateur en Palestine s’appuie sur le socialisme et le sionisme ; mais c’est lui qui fait nommer Freud au conseil d’administration de l’Université hébraïque à Jérusalem, lui qui prend soin des psychanalystes juifs, et surtout, qui prend en charge des milliers d’enfants errants, abandonnés, orphelins de guerre. Comme Frankel, il est désavoué. Chassé par la colère du Yishouv, il retourne à Londres.

Le premier des psychanalystes proches de Freud, l’un de ceux qui porte « l’anneau » que Freud donne à ses fidèles, sera Max Eitingon, qui annoncera son départ en I933, pendant les obsèques de Sandor Ferenczi. La même année, Eitingon fondera la première société psychanalytique de Palestine ; une autre histoire commence, traversée, en Palestine comme plus tard en Israël et comme partout ailleurs dans la psychanalyse, de scissions, de conflits, jusqu’à l’inertie actuelle, peu différente de celle qu’on voit en Europe aujourd’hui.

Les commencements sont toujours les plus beaux…

Catherine Clément

 


Carnet

La disparition de Roger Misès

Le psychiatre et psychanalyste Roger Misès est mort, lundi 23 juillet, à Paris, à l’âge de 88 ans. Tout au long de sa carrière, ce pionnier des soins psychiatriques en institution ne cessa de prôner le maintien des approches multidimensionnelles dans la prise en charge des handicaps mentaux et des troubles psychiques graves. Il s’opposait sur ce point aux tenants des thèses neuro-développementales, dont la visée, estimait-il, était  » essentiellement comportementale et normative « .

Né à Paris le 13 avril 1924, Roger Misès entreprend au sortir de ses études de médecine une formation en psychiatrie, qui le mène très vite vers une carrière hospitalière. En 1957, il devient chef de service à la Fondation Vallée, établissement de santé mentale en faveur des enfants et adolescents situé à Gentilly (Val-de-Marne). Il dirigera ce haut lieu de la pédopsychiatrie française jusqu’en 1990, révolutionnant au passage ce que l’on appelle aujourd’hui la psychothérapie institutionnelle.

Pour comprendre l’importance de ce changement, il faut se souvenir de ce qu’était à l’époque la psychiatrie asilaire. Et de l’état dans lequel le jeune médecin, à son arrivée, trouva cet établissement.  » Deux cents enfants dont cent trente valides s’y entassaient, pour la plupart sous le régime de l’internement d’office, comme s’ils avaient été dangereux pour la société, dans des salles d’hospitalisation insalubres « , rappelle le psychiatre Jacques Hochmann (Histoire de l’autisme, éd. Odile Jacob, 2009).

Roger Misès engage des infirmiers et des éducateurs spécialisés, augmente le nombre de médecins et de psychologues, fait construire de nouveaux bâtiments. Et parvient même à faire remplacer les internements d’office d’enfants par le régime général d’une hospitalisation ordinaire.

 » Si quelqu’un peut être honoré d’avoir puissamment contribué à la mise en place de la psychiatrie de secteur infanto-juvénile, Roger Misès fait partie des principaux acteurs à pouvoir y prétendre « , précise Pierre Delion, chef du service de pédopsychiatrie du CHRU de Lille, pour qui ce pionnier fut  » un maître d’abord, puis rapidement un ami « . Cette politique de santé sectorisée ne se contentait pas d’assigner à chaque service de psychiatrie une aire géographique de recrutement : en préconisant le développement de soins de proximité aussi précoces que possible, en collaboration avec les enseignants, elle faisait s’estomper la camisole et les neuroleptiques au profit des thérapies relationnelles, à l’époque largement inspirées de la psychanalyse.

Elu membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1965, Roger Misès contribua ainsi, avec d’autres, à sortir la maladie mentale de son isolement. Professeur de pédopsychiatrie à l’université Paris-Sud de 1973 à 1990, il mena en parallèle plusieurs recherches cliniques, et codirigea durant cette même période, avec le psychologue Roger Perron, le laboratoire d’études génétiques de la personnalité (université Paris-XI- CNRS) consacré à la psychopathologie infantile. Auteur de nombreux ouvrages – parmi lesquels La Cure en institution (ESF, 1980) et Les Pathologies limites de l’enfance (PUF 1999) -, il supervisa, en 1987, la Classification des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (éd. EHESP), dont la quatrième édition est parue en 2002.

Enfin, et bien que déjà malade, Roger Misès prit sa part au débat qui secoua en mars 2012 le monde de la pédopsychiatrie, lors de la publication par la Haute Autorité de la santé (HAS) de recommandations sur la prise en charge des enfants et adolescents autistes. Soucieux d’apaiser un affrontement qu’il jugeait stérile, il rappela publiquement que l’essentiel, dans ce champ de la psychopathologie comme dans d’autres, est de permettre aux intervenants psychiatriques  » d’apprécier la singularité de chaque cas et de rechercher, en lien étroit avec les parents, les éducateurs, les enseignants, une solution adaptée que l’on fait évoluer à mesure « . L’essence même de la psychiatrie institutionnelle, à laquelle cet homme profondément engagé ne cessa jamais de croire.

Catherine Vincent (Le Monde du 27 juillet 2012)

cf également :

http://www.balat.fr/Roger-Mises-s-insurge-contre-la.html

http://did.asso.fr/les-entretiens/108-roger-mises-un-psychanalyste-en-pedopsychiatrie.html

Nous avons également appris la disparition d‘Ilse Barande, membre de la SPP. Elle était l’auteur entre autre ouvrages, d’un livre consacré à Sandor Ferenczi, d’une Histoire de la psychanalyse en France (écrite avec Robert Barande).