Vous trouverez ci-dessous quelques informations.
La première section de ce bulletin est consacrée à Rafah Nached.
Les annonces habituelles sont regroupées après cette section.
En fin du bulletin, vous trouverez un article de Pierre Delion, paru dans l’Humanité du 18 octobre, protestant contre les nouveaux projets d’évaluation qui occupent les têtes pensantes du ministère de l’Education Nationale français ; il s’agit cette fois des enfants de cinq ans.
Rafah Nached
Les dernières nouvelles sont assez sombres. Houriya Abdelouahed, maître de conférence à Paris 7, proche de la famille nous a adressé le message suivant : « Faïsal (le mari de Rafah) vient de m’informer du rejet, par le juge, de la demande d’acquittement présentée par l’avocat. Donc, Rafah reste incarcérée pour un temps indéterminé. Les conditions sont toujours les mêmes, c’est-à-dire inhumaines (vivre dans un dortoir, ne voir son mari (à travers un grillage) que deux fois par semaine…). Faisal dit également que son état est stabilisé pour le moment et qu’elle garde la tête haute. »
Voici le compte rendu, rédigé par Laurent Le Vaguerèse de la première réunion du Comité de soutien à Rafah Nached qui s’est tenue le 13 octobre à Paris.
Après une brève présentation des participants et un rappel de la situation dans laquelle se trouve notre collègue, nous avons rassemblé, afin de les préciser pour chacun, les informations concernant la qualification, la formation, et la nature des relations de travail de Rafah Nached avec les psychanalystes français.
Contrairement à ce que le titre de docteur qui lui est souvent attribué dans les pays arabes pourrait laisser penser, Rafah Nached n’est pas médecin. Elle a fait ses études à l’Université Paris VII il y a plus de 20 ans. Sophie de Mijolla a été parmi ses professeurs. Celle-ci a rappelé le colloque organisé en 2009 sur la psychanalyse au Maghreb et au Machrek dans lequel Rafah Nached a fait une conférence sur l’histoire de la psychanalyse en Syrie et décrit ses 30 ans d’activité dans ce domaine. Ce colloque a été suivi d’un numéro de la revue Topique sur ce même thème (N°110 juin 70 ) http://www.oedipe.org/fr/actualites/histoirenached
A la suite de la parution de ce numéro un second colloque a été organisé par la revue Topique dans le cadre des jeudi de l’Institut du Monde Arabe en 2010 auquel Rafah Nached a participé depuis la salle.
Nos collègues de l’Association de Psychanalyse Jacques Lacan, ont pour leur part fait état de relations de travail étroites qui ont consisté notamment dans la tenue à Damas de séminaires en lien avec des psychanalystes français de cette association. Il a été précisé que Rafah Nached avait des contacts avec les analystes français indépendamment de leur affiliation institutionnelle et d’une façon très ouverte à tous les courants de la psychanalyse. Nous n’avons aucune précision quant à sa formation psychanalytique proprement dite dont elle n’a pas fait état publiquement à notre connaissance.
Nous avons fixé à l’unanimité des présents le cadre de notre action. Les participants ont tenu à souligner les risques que celle-ci encourt actuellement.
Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de notre collègue Rafah Nached innocente des accusations qui sont portées contre elle, les activités qui ont fait l’objet de son arrestation étant d’ordre strictement professionnel et en parfaite adéquation avec son travail de psychanalyste.
Concernant les actions à entreprendre pour favoriser sa libération nous avons insisté sur l’importance à accorder à la poursuite des pétitions. L’action des associations adhérant au Comité de Soutien est totalement libre mais se doit de respecter le cadre ainsi fixé pour notre action commune
Chaque signataire des différentes pétitions doit être invité à participer activement à leur diffusion et à intervenir auprès de toutes les instances représentatives de son pays et de son lieu de travail. Des conseils municipaux, maires, députés, sénateurs aux directions des universités- et en particulier de l’Université Paris VII où elle a fait ses études de psychologue clinicienne , des députés aux responsables des services et des pôles hospitaliers ainsi qu’aux directeurs des hôpitaux : tous doivent être conviés à manifester leur soutien à l’action que nous avons entreprise.
La prochaine rencontre est fixée au jeudi 10 novembre à 21h. Le lieu en sera fixé ultérieurement.
Première manifestation institutionnelle : le vote du CA de Paris 7
Fethi Benslama, professeur de psychopathologie et directeur de l’UFR Sciences Humaines cliniques, a proposé hier une motion au Conseil d’Administration de l’Université Paris 7 pour la libération de Rafah Nached. Celle-ci a été votée à l’unanimité.
Fethi Benslama va adresser ce texte à toutes les universités françaises, et au plus grand nombre possible d’universités européennes.
Voici le texte de la motion
Motion du Conseil d’Administration de l’Université Paris Diderot Paris 7, pour la libération de Rafah Nached
Le Conseil d’Administration de l’Université Paris Diderot Paris 7 et son président demandent aux autorités syriennes la libération immédiate de Rafah Nached — psychanalyste et ancienne étudiante formée dans leur université —, détenue injustement depuis le 10 septembre et dont l’état de santé est alarmant. Ils s’associent à toutes les voix qui s’élèvent pour exiger l’arrêt de la violence et la fin de toutes les détentions arbitraires en Syrie. Ils appellent leurs collègues des universités françaises et européennes à s’associer à cet appel.
Paris, le 18 octobre 2011
Le CASP (Comité d’action syndical de la psychiatrie) a publié également le communiqué de presse suivant.
Le C.A.S.P, qui regroupe la très grande majorité de psychiatres de tous exercices, a appris avec une grande émotion l’arrestation de Madame Rafah NACHED. Psychanalyste formée en France, elle exerce son métier avec une conscience professionnelle reconnue unanimement. Nous demandons sa libération immédiate.
Lettre à l’ambassadeur de Syrie à Paris
Monsieur l’Ambassadeur,
Le C.A.S.P, qui regroupe la très grande majorité de psychiatres de tous exercices, a appris avec une grande émotion l’arrestation de Madame Rafah NACHED. Psychanalyste formée en France, elle exerce son métier avec une conscience professionnelle reconnue unanimement. Nous vous demandons respectueusement d’intervenir pour obtenir sa libération immédiate et vous assurons de notre considération distinguée.
Dr A Vaissermann, Président du C.A.S.P
Anne Le Bihan et Veronique Sidoit (Collectif de l’appel du 12 septembre pour la liberation de Rafah Nached), ont créé un blog consacré à Rafah Nached dont voici l’adresse :
http://liberationrafahnached.org
Vous y trouverez des ‘informations, mises à jour régulièrement. En dernier lieu un article de Marc Ruellan, ami et collègue de travail de Rafah Nached qui a participé au Colloque de Damas en novembre dernier.
Je vous rappelle également l’adresse (in le site Oedipe) consacrée à Rafah Nached: http://www.oedipe.org//phpPetitions/index.php?petition=3
Vous trouverez ainsi d’autres liens. La place manque pour les donner tous.
Liste des Associations participant au Comité de soutien à Rafah Nached (sous réserve d’une mise à jour)
Association de la Cause freudienne-Belgique
Association Envers de Paris
Association Franco-Argentine de Psychiatrie et de Santé Mentale
Association Internationale Interactions de la Psychanalyse
Association Lacanienne Internationale
Association Lire Dolto aujourd’hui
Association Nationale de Psychologues pour la petite enfance
Association Piotr-Tchaadaev
Association pour L’Étude de la Psychanalyse et de son Histoire (ALEPH)
Association de psychanalyse Jacques Lacan
Association Psychisme et Cancer
Association des Psychologues freudiens
Cartels Constituants de l’Analyse Freudienne
Cercle Freudien
Collège de clinique psychanalytique des forums du Champ lacanien du Sud-Est Coût Freudien
Département de Psychanalyse de l’université Paris 8 et son équipe d’accueil (EA 4007 Section clinique)
École de la Cause Freudienne
École de Psychanalyse des Forums du Champ Lacanien –France
Ecole de Psychanalyse Sigmund Freud
Errata
Espace Analytique
Eurofédération de psychanalyse
Fédération des Ateliers de Psychanalyse
Federation Europeenne De Psychanalyse et Ecole Psychanalytique de Strasbourg(FEDEPSY)
Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse
Inter-associatif européen de psychanalyse
InterCoPsychos
La lettre lacanienne une école de la psychanalyse
Le Point de Capiton
Psychanalyse Actuelle
Quatrième Groupe
Radio-a
Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital
Revue Mental
Revue Quarto
Revue Topique
Savoir et Clinique
Séminaire Inter-Universitaire Européen d’Enseignement et de Recherche en Psychopathologie et Psychanalyse (SIUEERPP)
Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse
Société Médecine et Psychanalyse
Société de Psychanalyse Freudienne
Société Psychanalytique de Paris
Société Psychanalytique de Recherche et de Formation (SPRF)
Souffrances au travail
UFR Sciences Humaines Cliniques
Université Paris-Diderot Paris 7. Union pour la Formation Continue en Clinique Analytique pour l’Université Populaire Jacques Lacan (UFORCA)
Buenos Aires le 27 octobre 2011
La Asociación Latinoamericana de Historia del Psicoanálisis tiene el agrado de invitarle a la mesa redonda
El psicoanálisis en la cultura
Participan
Samuel Arbiser, psicoanalista
Esteban Peicovich, escritor
María Inés Rodríguez Aguilar, historiadora
Lautaro Vilo, dramaturgo
coordina : Gustavo Dupuy.
Gilda Sabsay Foks PRESIDENTA
El jueves 27 de octubre de 2011 a las 20.30 hs. en el Museo Roca Vicente López 2220 – Capital Federal
RAPPEL
BEYROUTH, les 28, 29, 30 octobre 2011
Colloque de la Société Libanaise de Psychanalyse (SLP) et de la Société Internationale d’Histoire de la Psychiatrie et de la Psychanalyse (SIHPP)
GUERRE FINIE, GUERRE INFINIE
Hôpital Mont Liban, Hazmieh
avec le soutien d’ Alternative Fédérative des Associations de Psychiatrie (ALFAPSY) et la participation de l’Université Libanaise, Faculté de Médecine
PROGRAMME – (Traduction simultanée Arabe Français)
Vendredi 28 octobre. Ouverture 16h30
Dr. Elie Gharios, Président Honoraire de l’Hôpital Mont Liban
Maud Saikali, Présidente de la SLP
Dr. Pierre Yared, Doyen de la Faculté de Médecine, Université Libanaise
Aurélien Lechevallier, Ambassade de France
Elisabeth Roudinesco, Présidente de la SIHPP
Ziyad Baroud, Ancien Ministre de l’Intérieur
Chawki Azouri, SLP
Théâtre : Le visiteur d’Eric Emmanuel Schmitt, sera joué par la Troupe du Collège protestant français de Beyrouth, au Collège protestant, le vendredi 28 (sous réserves)
Samedi 29 octobre 2011
9h30 David Sahyoun – Un pays en voie d’effondrement
10h00 Michel Hajji Georgiou – Alice au pays de la violence, de l’autre côté du miroir
10h30 Discussion. Modérateur Chawki Azouri
11h30 Anicée el Amine – Peur et jouissance tragique (titre provisoire)
12h00 Maud Saïkali – La guerre des fantasmes
12h30 Discussion. Modérateur Julia Borossa
13h00 Pause déjeuner
15h00 Julia Borossa et Caroline Rooney – Pourquoi la loyauté ? Guerre, famille et allégeance.
Dimanche 30 octobre 2011
9h30 Antoine Courban – L’impossible victoire du bien
10h00 Sophie Bastien – La morale camusienne en temps de guerre
10h30 Discussion. Modérateur : Christian Chaput
11h30 Emmanuel Habimana – Le pardon sans demande de pardon : un processus inachevé
12h00 Discussion. Modérateur François Provansal
13h00 Pause déjeuner
15h00 Hicham Bazzi – La vie en commun et la guerre civile au Liban
15h30 Marco Antonio Coutinho Jorge – La guerre dans la vie quotidienne
16h00 Discussion. Modérateur : David Sahyoun
17h00 Clôture : Elisabeth Roudinesco et Chawki Azouri
En marge du Colloque se tiendra le Symposium ALFAPSY,
La guerre des maux n’aura pas lieu
SAMEDI matin, en atelier – Modérateur Paul Lacaze
Latéfa Belarouci – Le terrorisme en Algérie : du trauma à l’impunité et l’oubli
François Compan – Le conflit, genèse et logique
Jean-Marc Delogivière – Le colonel est alarmé, Félix passe
Hervé Granier – Le droit à la guerre de tous contre tous et de chacun contre lui-même
Toujours à Beyrouth, le samedi 29 octobre 2011 à 19h:00, Salle Schéhadé
(18ème Salon du Livre Francophone de Beyrouth, BIEL)
La Librairie LE POINT en collaboration avec la Société Libanaise de Psychanalyse ont organisé une conférence- débat
Lacan, envers et contre tout
donnée par Elisabeth Roudinesco et Chawki Azouri
Paris, le Samedi 5 Novembre 2011
De 10h à 13h et de 15h à 17h30, 92, bld du Montparnasse
ÉCOLE DE PSYCHANALYSE DES FORUMS DU CHAMP LACANIEN-FRANCE
Troisième manifestation du trimestre en hommage à Jacques Lacan à l’occasion du 30è anniversaire de son décès
LACAN, PSYCHANALYSTE
Comme praticien de la psychanalyse, qu’avez-vous reçu de l’analyste que Lacan fut pour vous ?
Nous avons posé cette question à des analystes, membres de différentes associations :
I. Françoise Gorog, Erik Porge, Michel Bousseyroux
II. Claude Dumézil, Patrick Valas, Colette Soler, René Tostain,
III. Jacques Adam, Irène Diamantis, Francis Hofstein, Jean-Guy Godin
Paris le samedi 26 novembre 2011
De 15h à 18h au local d’Espace analytique, 12 rue de Bourgogne, 75007 Paris
COLLOQUE
Incidences et insistance du réel dans la pratique analytique
organisé par un cartel composé de : Guy Dana, Andrée Lehmann, Danièle Levy, Claude-Noële Pickmann, ClaudeRabant, Bernard Toboul
Introduction : Bernard Toboul
Guy Dana : Espace et psychose : qu’est-ce qu’une articulation ?
Claude-Noële Pickmann : Le réel, c’est le mystère du corps parlant
Claude Rabant : Le point gris du cosmos. Du trouble et du sexuel
Comment l’analyste travaille-t-il avec le réel dans la cure ? C’est ce que nous interrogerons à partir de la clinique.
DEUX COLLOQUES organisés par le CECCOF
Les mauvais sentiments
Paris les 18 et 19 novembre 2011
96 avenue de la République 75011 Paris
Intervenants :
Nicole Prieur (Philosophe, Psychothérapeute),
Bernard Prieur, (Directeur Fondateur du Ceccof, Psychanalyste, thérapeute familial)
Robert Neuburger, (Psychiatre, Psychanalyste, Thérapeute de couple et de famille)
Catherine Ducommun-Nagy ( Présidente de Institute for Contextual Growth, à Glenside)
Eric Bonvin, (Médecin psychiatre, psychothérapeute).
Serge Tisseron, (Psychiatre, Psychanalyste, Directeur de Recherches Université Paris X)
Dijon les 1er et 2 décembre 2011
Centre Régional de Documentation Pédagogique
3 avenue Alain Savary, Dijon
Amphithéâtre Bouchard
Intervenants :
François FAGARD, (Assistant socio-éducatif, Thérapeute familial CHU Dijon service psychiatrie et addictologie) – Ceccof Dijon
Agnès WALCH(Historienne Paris)
Jean-Philippe PIERRON, (Philosophe Université Lyon 1)
Nicole PRIEUR, Philosophe (Psychothérapeute)
Catherine GARITTE, (Maître de conférence en psychologie du développement de l’enfant, Paris X)
Nicolas JUENET (Praticien hospitalier, Psychiatre, Dijon)
Bernard PRIEUR, (Psychanalyste, Thérapeute familial)
Joël LEREUIL, (Psychiatre, praticien hospitalier CH La Charteuse DIJON)
Catherine COSTENTIN (Professeur en classes préparatoires scientifiques et littéraires au Lycée Chaptal à Paris
Francis FARRUGIA (Professeur de Sociologie et Anthropologie, Université de Franche Comté)
Jean-Michel HAVET (Psychiatre, Thérapeute familial, Reims)
Plus de renseignements à l’adresse suivante : http://www.ceccof.com/ceccof/evenements
PSYCHANALYSE ACTUELLE A CHANGE D’ADRESSE
Voici la nouvelle adresse du site
https://sites.google.com/site/psychanalyseactuel/
Vous y trouverez toutes les informations habituelles
Le Séminaire de Michel Guibal débute le 20 octobre 2011 à Paris
Il se tient à la Maison des Mines et des Ponts et Chaussées, 270, rue Saint Jacques – Paris – 75005
Les troisièmes jeudis du mois, à 21 heures.
On peut joindre Michel Guibal au 06 21 16 15 33 par e-mail : ludus2@free.fr
Il s’ouvrira par une conférence de Michel Durel dont voici l’argument :
L’étendu
Cependant j’adjouteray qu’à bien considerer ce que c’est que l’etendue, on trouve que c’est une notion relative, qui suppose quelque nature qui s’etend, ou quelque sujet etendu. (1)
La référence à Leibniz — ici tout à fait hasardeuse — veut indiquer qu’un fil sera tiré depuis les séances du séminaire de M. Guibal consacrées à Spinoza au cours de l’année 2010-2011.
Du point de vue clinique, il sera question cette fois du corps de l’analysant et des phénomènes somatiques qui peuvent l’affecter au cours d’une cure et parfois, significativement, à la fin de la cure.
Nous tenterons d’aborder la question more geometrico, en usant du nœud borroméen (version donnée par J. Lacan dans La Troisième en 1974). En passant, nous évoquerons le paradoxe qui s’étend des mathématiques chinoises aux mathématiques occidentales pour ce que nous en comprenons.
FRANCE – Evaluations comportementales.
L’idéologie de l’évaluation revient à la charge dans les coulisses du ministère de l’Education nationale
L’article suivant, de la plume de Pierre Delion, p
rofesseur à la Faculté de Médecine de Lille-II, chef du service de pédopsychiatrie du CHRU de Lille est paru dans le journla L’Humanité du 18 octobre
Comment aider réellement les enfants de maternelle qui en ont besoin ? Virus de l’évaluation des risques chez les jeunes enfants : le retour
Depuis quelques jours la blogosphère est en émoi pour commenter le retour de projets gouvernementaux visant à évaluer les enfants de « mat.sup, » entendez maternelle supérieure ou grande section, pour mieux repérer les élèves à risque, voire à haut risque et, ainsi, les aider. Ces évaluations porteraient sur les « matières scolaires » et sur le comportement des enfants. Il est même question de préparer les enfants aux évaluations en les entraînant pendant leur dernière année de maternelle, afin de leur faire passer avec succès leur premier examen scolaire. Moyennant quoi les enfants qui ne seraient pas reçus, dès lors réputés à risque ou à haut risque, seraient aidés à revenir dans la norme statistique.
Que des évaluations soient utiles pour les instituteurs afin de juger des effets de leur pédagogie sur leurs élèves, personne ne le contestera. Encore faut-il savoir comment les entreprendre sans déroger à quelques principes éthiques dont on a franchement l’impression que les porteurs du projet en question ne les ont même pas entraperçus. Nous avons déjà quelques exemples des effets délétères de bonnes idées. Ainsi, lorsque le rapport Legrand, paru en 1982, avait proposé que les enfants puissent apprendre à lire, écrire, compter au cours de leur deuxième cycle, redéfini comme comprenant la grande section, le CP et le CE1, la grande section était rapidement devenue la classe où les apprentissages pouvaient commencer pour ceux qui étaient prêts, gagnant ainsi un an pour ceux qui envisageaient déjà Polytechnique. On a vu avec quelle force la possibilité de commencer ces apprentissages en grande section est devenue la norme et les effets qui en ont résulté pour ceux qui n’étaient pas encore mûrs pour s’y conformer. De la même manière, une évaluation portant sur les critères annoncés va-t-elle instaurer une norme nouvelle protégeant les enfants n’ayant rien à signaler (RAS), et stigmatisant ceux dont les résultats les placeront dans les catégories à risque et à haut risque. L’argument avancé de l’aide qui en résulterait montre l’hypocrisie sinon des concepteurs du projet qui peuvent encore croire les paroles gouvernementales, du moins celle des politiques qui savent qu’ils ne peuvent ni ne veulent dégager aucuns moyens lisibles pour y répondre. Je rappelle que la loi sur l’égalité citoyenne et l’intégration en est déjà un exemple insupportable. Tous ceux qui ont lu cette loi en ont été ébahis au niveau des intentions. Mais quand, dans le même temps, le gouvernement annonce la suppression de quasiment 100 000 postes, dont une bonne proportion dans les dispositifs destinés à faciliter l’intégration, on ne peut qu’être dubitatif sinon révolté par un tel cynisme. Alors, comment pourrait-on croire que les évaluations proposées aujourd’hui soient destinées à aider qui que ce soit ? Pour ma part, et en appui sur les analyses livrées par mes amis cofondateurs du collectif Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans, créé en 2005 à la suite du rapport sur le trouble des conduites et ayant recueilli 200 000 signatures de soutien, je crois qu’un tel projet, loin de proposer une quelconque aide à quelque enfant que ce soit, est davantage organisé pour repérer les enfants déviants et les catégoriser dans une sorte de classe-prison d’enfants à risque, prédisant ainsi leur futur comportement également à risque. Je fais remarquer que les mots « à risque » et « à haut risque » sont connotés de l’atmosphère pénitentiaire, et qu’ils pèseraient lourd sur le destin des enfants en question. Les psychosociologues ont d’ailleurs étudié l’effet de « prophétie autoréalisatrice » que de tels dispositifs ne manquent pas d’entraîner à coup sûr. Sans compter les ravages anxiogènes que de telles pratiques déclencheraient chez les parents des enfants « en délicatesse » avec l’école à un moment donné.
Vous me direz : « C’est bien beau de râler sur ces propositions, mais alors quelles sont les vôtres ? » Tout d’abord, un enfant de maternelle est encore dans le monde du jeu. Que pour les plus âgés d’entre eux, en grande section, leurs capacités créatives soient l’occasion de commencer à apprendre des bases qui leur serviront dans les apprentissages réglés est une évidence et cela nous réjouit toujours de voir les potentialités qui peuvent émerger dans ces circonstances. Mais c’est en jouant en maternelle que le futur élève de CP va fabriquer son énergie pour apprendre. Le contraindre trop tôt à y renoncer pour gagner du temps pour l’entrée en faculté ou la préparation aux grandes écoles n’a aucune pertinence. Ensuite, la sélection de groupes à risque inscrit dans le groupe des enfants, les marques profondes de différences de maturité ou de comportement qui, à cet âge, sont d’une grande variabilité du point de vue maturatif. Un enfant pourrait être considéré « à risque » en juin et « grandir » suffisamment pendant l’été pour sortir du groupe à risque. À quoi les promoteurs du projet m’objecteraient : qu’à cela ne tienne ! une nouvelle évaluation à la rentrée et le tour est joué ! Mais voilà où le bât blesse : pensons-nous intéressant de conforter ce monde de l’évaluation permanente ? Sans compter le coût de ces évaluations pour l’éducation nationale ? Ne serait-ce pas plus utile de conserver les postes d’enseignants et de psychologues pour aider in situ les enfants qui en ont besoin et auxquels les professionnels peuvent faire appel de façon individualisée et discrète, en accord avec les parents, sans déclencher de grandes manœuvres angoissantes pour les plus fragiles ? Ma position est la suivante : bien sûr que des enfants de maternelle souffrent de difficultés diverses relevant de causes multiples et conduisant à des troubles aussi bien cognitifs que de comportements. Mais ce n’est pas en faisant apparaître de façon apparemment objective ces signes de souffrance qu’on peut trouver des solutions sinon trop générale. C’est davantage, me semble-t-il, en facilitant la reconnaissance par les instituteurs de ces signes de souffrance et en les aidant à trouver pour chaque cas et avec les parents les solutions qui conviennent le mieux. Cela peut aller d’une attention particulière portée sur un enfant pendant une période donnée, à l’organisation de la classe de telle sorte que l’enfant ou les enfants en difficulté puissent bénéficier de cette attention de l’adulte. Mais cela peut aussi déboucher sur la demande d’un conseil, d’une observation en classe par un psychologue du Rased, et entraîner une ou des rencontres avec les parents pour envisager à partir de chaque cas particulier les solutions appropriées : aller consulter un pédopsychiatre dans certaines indications, un pédiatre dans d’autres, prendre contact avec un orthophoniste si nécessaire, quelquefois se soucier des aspects socio-économiques familiaux et interroger le travailleur social référent de la famille, bref, s’appuyer sur les dispositifs créés précisément pour satisfaire à ces signes de souffrance de l’enfant de maternelle. Mais voilà que d’un seul coup se fait jour une évidence : que deviennent les services en question dans l’école ? La médecine scolaire, les Rased, les surcharges d’enfants par classes… ? Et en dehors de l’école : que deviennent les services de PMI, les secteurs de psychiatrie infanto-juvénile, les CAMSP ? Combien de pédiatres restent-ils dans notre pays ? Les médecins généralistes ont-ils le temps pour aider les petits enfants dans de telles situations ? Non vraiment, là, c’est trop de désinvolture de la part de nos gouvernants : le double discours a trouvé ses limites. Il faut en finir avec cette politique démagogique et en revenir aux fondamentaux : un enfant souffre, il a besoin d’être aidé au cas par cas. Inventer des groupes d’enfants à risque ou à haut risque est dans la « droite » ligne des projets Bénisti et autres fantasmes de mise en ordre de l’enfance sans tenir le moindre compte des aléas du développement, ni des professionnels qui pourraient, s’ils étaient soutenus par l’État qui les régit, trouver de vraies solutions humaines, concrètes et personnalisées pour chaque enfant.
Pierre Delion, auteur de Tout ne se joue pas avant trois ans, Albin Michel.
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Communiqué de presse Pasde0deconduite du 13 octobre 2011
Le ministère de l’Éducation nationale prévoit d’instaurer des évaluations pour les enfants de 5 ans en école maternelle, qui comporteraient un volet comportemental intitulé « devenir élève » conduisant à trier les enfants en trois catégories : « RAS », « à risque » ou « à haut risque ».
C’est le retour sous une autre forme du carnet de comportement préconisé en 2005 par N. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, et auquel il avait dû renoncer face à l’opposition vigoureuse des professionnels de la petite enfance et de la santé, des enseignants et des parents.
Sélectionner des enfants « à risque » comportemental reprend le projet de dépistage précoce des enfants agités, avec une démarche de prédiction inhérente à cette notion de risque.
Un tel projet d’évaluation chez les enfants de grande section, s’il se mettait en place, ferait planer un climat de suspicion sur l’école maternelle vécue comme une école qui trie et désigne les enfants avant même qu’ils ne soient devenus des élèves assujettis à l’obligation scolaire.
Ce projet créerait un système de transmission de l’angoisse en cascade : – les parents, inquiets du jugement prédictif porté sur leur enfant, voudront le préparer à l’évaluation, exerçant sur lui une forme de pression de crainte qu’il ne soit repéré comme « à risque » ; – les enseignants feront passer ces évaluations, à la recherche d’un idéal d’élève plus que modèle, avec le sentiment d’être à terme eux-mêmes évalués de façon indirecte ; et que ces évaluations seront diffusées et conduiront à des comparaisons entre écoles. Ces angoisses conjuguées des parents et des enseignants viendront parasiter la relation de l’enfant à l’école : à cet âge se sentir mesuré insécurise les enfants, au risque qu’ils réagissent par de l’agitation ou de l’inhibition ou par une peur de l’école.
Tout cela au moment où le gouvernement augmente jusqu’à trente-cinq le nombre d’enfants par classe en maternelle, où les RASED destinés à aider les enfants les plus en difficulté sont démembrés, les postes de psychologues et d’enseignants spécialisés supprimés, et où partout manquent les auxiliaires de vie scolaire laissant de très nombreux enfants handicapés sans accompagnement spécifique.
Ainsi, d’un côté la politique gouvernementale retire l’aide aux enfants les plus souffrants, d’un autre elle entend les trier, les désigner et les stigmatiser.
Cette obsession du risque et d’une prévention rabattue sur le dépistage et la prédiction met en danger la confiance dont les enfants ont besoin pour investir l’école et désirer devenir élèves.
Comment peut-on à ce point mépriser les fondements de l’éducation, de la psychologie et de la socialisation du jeune enfant ? Il faut des compétences, de la confiance et du temps pour que l’enfant s’autonomise et expérimente le sens des relations aux autres. A contrario la réponse proposée par le ministère, sous la forme de quelques semaines d’entraînement aux bonnes manières, revient à installer un radar comportemental sur le chemin de l’école.
Sous prétexte de prévention et d’éducation, le projet gouvernemental d’évaluation des enfants à 5 ans mettrait en place un dispositif qui les enferme dans des prédictions auto-réalisatrices nocives et qui impose le retour aux vieilles méthodes du conditionnement et du formatage comportemental.
Pour le collectif Pasde0deconduite, ce ne sont pas les enfants qui sont « à risque » mais les évaluations comportementales en école maternelle qui les placeraient dans une situation à très haut risque.
Le collectif Pasde0deconduite rencontrera le ministère de l’Éducation nationale la semaine prochaine et lui demandera le retrait du projet d’évaluation des enfants en grande section de maternelle.