par Philippe Grauer
Lundi 28 octobre au 33 ave Robert Schuman (Métro Joliette)
Les deux registres psy / spi, psychothérapie et spiritualité, selon les praticiens s’articulent, se hiérarchisent et relaient par niveaux, s’interpénètrent, se distinguent, se tournent le dos. Le religieux pour ceux qui le sont se vit comme soubassement de la relation d’être à être à la recherche de sens, face aux données existentielles de l’absurde et de la finitude (mort), pour ceux qui ne le sont pas appartient à un autre registre, celui de la relation à l’univers, conjoint à quelque chose de l’ordre du « jeté dans le monde » (Dasein) ou du sentiment d’appartenance au grand Tout – Spinoza disait Nature –, qui reste à analyser et élaborer quand il se présente(1).
Par ailleurs, au motif de la lutte contre les dérives sectaires, définies de façon vague(2) et par conséquent inquiétante pour la République, par des institutions (au demeurant non démocratiquement élues) gérant des franchissements de lignes imprécises, le simple terme de spiritualité peut devenir la signature d’activités individuelles ou collectives se livrant à de l’abus sur des personnes en situation de fragilité. Les temps et surtout les personnels ont changé, depuis l’époque fondatrice d’Alain Vivien.
Il s’agit actuellement, dans le cadre de la multiplicité des savoirs, de situer la spécificité du domaine du psychisme, et la façon dont nos théories et pratiques psychothérapiques se tiennent face aux dangers du sectarisme, à l’imprégnation par l’idéologie New Age avec laquelle, développement personnel aidant, nos adversaires confondent la psychologie humaniste(3), face enfin à l’intolérance du dogmatisme scientiste – sans compter les relations avec le monde de la pharmacie, promptes à voir d’un mauvais œil (tiens, le discours de la magie !) toute démarche alternative ?
Nous avons salué la nomination à la succession de Georges Fenech du socialiste Serge Blisko à la tête de la Miviludes(4). Nous rappelons ici que le SNPPsy a été parmi les premiers, du temps où Jospin était Premier ministre, à appuyer les travaux de ce qui s’appelait alors la MILS(5), et proposer son aide à la définition du péril sectaire et à la lutte contre le danger qu’il représente, ayant par ailleurs organisé un colloque sur ce thème. Nous nous sommes situés depuis notre origine et entendons tenir cette ligne politique avec constance.
Il se trouve que depuis Jung, Maslow, Grof, l’insistance, la pénétration dirions-nous, de la religiosité dans le domaine de la psychothérapie humaniste ne cesse d’exercer sa pression. Comment la spi attitude peut-elle quant à elle constituer une défense particulièrement résistante au travail sur soi ? En quoi consiste au juste la spiritualité et quel rapport la psychothérapie peut-elle entretenir avec elle ? Qu’est-ce que la psychothérapie relationnelle peut dire à ce
En quoi consiste et que peut signifier une politique de disqualification dont la méthodologie et l’éthique laissent à désirer, allant jusqu’à l’émission de listes noires par la Miviludes, ou comme le GENEPI – pour le coup autoproclamées(6), comme susceptibles d’estampiller la moralité républicaine d’associations d’inspiration ou d’exercice psychothérapique –, à l’encontre de « thérapies spirituelles » pas autrement définies et montrées du doigt que par cet énigmatique syntagme ? Que signifie la mise à l’index dans une liste à la Prévert(7) de l’Analyse bioénergétique, non pardon, de la bioénergie (de quoi, de qui s’agit-il au juste ?), au motif improbable qu’Alexandre Lowen a eu l’audace d’intituler un de ses ouvrages La spiritualité du corps, de la gestalt-thérapie, de l’analyse transactionnelle, et que sais-je encore ?
La chasse aux sorcières – le braconnage en tout cas, reste ouverte tant que ces pratiques aussi ridicules qu’odieuses n’auront pas cessé, et que les excuses publiques aient été prononcées(8). Jusqu’ici la Miviludes a trouvé le moyen de dériver jusqu’à l’intimidation rampante. Cela n’est pas sain, en particulier de la part d’une instance qui précisément a pour mission de lutter contre des formes vicieuses d’asservissement. Récemment notre Sénat lui-même ayant entendu dans le cadre d’une Commission d’enquête, des dépositions sur la question des sectes, abracadabrantes, navrantes pour l’esprit humain, en tout cas pour l’esprit critique, a reçu un Rapport (Milon-Mézard, 3 avril 2013. On retrouve parmi ses membres une vieille connaissance, l’anesthésiste socialiste Catherine Génisson grâce à qui Accoyer a fait passer son amendement du 7-8 octobre 2003 à l’unanimité des quelques présents, ce qui lui a fourni le fâcheux impact dont il avait besoin) dont nous vous présentons ici-même le texte sous pdf – [Document : Sans titre] – et dont les Verts proposent une critique dont on peut prendre connaissance, il vaut mieux en une aussi sensible matière disposer d’éléments de controverse pour mieux éclairer son avis. Tout cela mérite résolument clarification. Les Verts, toujours eux (examiner leurs thèses ne signifie pas les adopter aveuglément), ont donc en cette circonstance pris position pour que se dissolvent les fantasmes d’un autre âge allant à l’encontre de toute démarche de type alternatif – nous pratiquons un soin non médical, assimilable au souci –, nichassent-ils jusque dans les rouages de l’État.
En quoi et comment un syndicat comme le SNPPsy, une école comme la nôtre – et d’autres, agréées AFFOP, garantissent-il une psychothérapie laïque ? Il serait bon de le faire savoir. L’intelligente et sensible réflexion de Bernard Ginisty recoupe à pic la nôtre, selon le point de vue religieux qui est le sien, nous n’hésitons pas à vous la proposer pour étayer notre propos. Que pensez-vous de tout cela ?
Manifestation de Rentrée, le SNPpsy et notre École, et peut-être bientôt d’autres organisations régionales psys – dont déjà Psys en lien Provence – vous proposons une rencontre sur ce thème le Lundi 28 octobre au 33 ave Robert Schuman (Métro Joliette). Venez nombreux penser la laïcité psychothérapique, et définir par le dialogue et le témoignage clinique l’articulation entre registres qui ont chacun tout à gagner à se voir nettement distingués.
– la déstabilisation mentale ;
– le caractère exorbitant des exigences financières ;
– la rupture induite avec l’environnement d’origine ;
– les atteintes à l’intégrité physique ;
– l’embrigadement des enfants ;
– le discours plus ou moins anti-social ;
– les troubles à l’ordre public ;
– l’importance des démêlés judiciaires ;
– l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
– les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.
Cette méthode du faisceau d’indices correspond à la nature très diverse du phénomène sectaire. Annexe p. 239 du récent Rapport Milon Mézard au nom de la Commission d’enquête sur l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé. De toute façon en aucun cas cette pré-définition, en effet améliorable, ne cadre avec les méthodes psychothérapiques blacklistées en tant que telles ces dernières années par les soins de la Miviludes.
Chronique hebdomadaire de Bernard Ginisty du 16 septembre 2013
par Bernard Ginisty
La question de la laïcité continue de susciter dans notre pays des débats d’importance majeure. En décidant d’afficher dans toutes les écoles de la République une charte de la laïcité, le gouvernement a suscité les réserves des représentants de certaines religions, ou, plus exactement, de certains courants au sein de ces religions. Comme la laïcité à la française s’est construite à travers la lutte contre le cléricalisme catholique, elle est suspectée par certains d’être une machine de guerre contre les religions.
En instaurant l’espace de l’éducation nationale comme laïc, la République Française affirme que chaque être humain est appelé à une responsabilité personnelle dans l’accès aux questions du sens et des valeurs qui éclairent l’existence. Si le domaine religieux constitue l’espace des langues maternelles du sens, le spirituel commence avec la seconde naissance. Nous avons tous reçu, de façon plus ou moins formelle, une langue maternelle faite d’une synthèse d’éléments traditionnels, éthiques, médiatiques sans lesquels une vie humaine ne peut se construire. Chacun, à un moment donné est conduit à en faire l’épreuve personnelle. Toutes les grandes écoles de spiritualité indiquent, pour ce passage, la nécessité d’une prise de distance par rapport à son milieu d’origine et d’une transformation de sa conscience.
En langage chrétien, cela se dit ainsi : nul ne peut faire partie du Royaume s’il ne renaît de l’Esprit. A ceux pour qui la filiation abrahamique constituait en soi une justification, le Christ ne cesse de rappeler que le donné de l’histoire ou de la géographie ne saurait constituer quelque privilège que ce soit. « Ne vous avisez pas de dire en vous-mêmes : « nous avons pour père Abraham ». Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham » (1). Revendiquer sa généalogie ou sa géographie comme porteuse, par elle-même, de justification a autant de « sens » que la pierre que les hasards et la pesanteur ont fixé à tel ou tel endroit.
Finalement, c’est la distinction des « ordres », telle que la définit si lumineusement Pascal, qui donne tout son sens à la laïcité En refusant de confondre l’ordre de « l’esprit » et celui qu’il appelle de la « charité », il fonde l’espace laïc comme l’analyse Jacques Julliard dans son ouvrage Le choix de ¨Pascal :
« Si paradoxal que cela puisse paraître, Pascal fut d’abord pour moi professeur de laïcité. Et à ce
Le même Bernard Ginisty – décidément ! récidive dans un article suivant :
Nos sociétés sont en deuil des certitudes que les grands prêtres des totalitarismes, communistes ou ultralibéraux, ont distillés tout au long du XXe siècle. Dans cette crise surgissent des appels au « religieux » ou au « spirituel » comme valeurs « refuges ». Or, ce n’est pas de refuges dont l’homme a besoin, mais de cette seconde naissance dont ne cessent de parler les grands mystiques de toutes les religions. Il ne s’agit pas de vendre, à un monde orphelin de certitudes, de nouveaux dogmes ou de nouvelles institutions qui le dispenseraient de cette renaissance à laquelle chaque être humain est appelé. Et peut-être est-ce le poète René Char(1) qui définit avec le plus de justesse le sens profond de toute communauté spirituelle : « L’aventure personnelle, l’aventure prodiguée, communauté de nos aurores. »
(1) Évangile de Matthieu 3,9
(2) Jacques JULLIARD : Le choix de Pascal, Éditions Desclée de Brouwer, 2003 p. 42
– Geneviève Mattei, Ontologie, spiritualité & psychothérapie — psy-spi : problématique de leur articulation [mis en ligne le 27 février 2007].
– Philippe Grauer, Mettre fin aux dérives de la Miviludes [mis en ligne le 4 août 2012].
Nous avons le plaisir de vous convier à la journée découverte de notre école de formation de psychopraticien, conduite par Pascal Aubrit et Henry Kisiel, qui aura lieu :
L’objectif de cette journée consiste à découvrir et à expérimenter le programme de l’école, les formations que nous dispensons et notre méthodologie reliée à la psychothérapie relationnelle. Elle se déroulera dans une alternance de séquences expérientielles et de temps d’élaboration. Une présentation du cursus de formation au CIFPR sera suivie par un temps de questions-réponses.
Lieu : Centre de Psychologie Biodynamique du Père Lachaise
Salle ALIZE
59 boulevard de Ménilmontant, 75011 Paris
Code immeuble : 19 B 60
Code BLOC 1 : 1519