Processus spécifique en psychothérapie relationnelle et en psychanalyse (caractérisant la relation en termes de transfert – ce qui complexifie le jeu de l’intrasubjectif et de l’intersubjectif, sans oblitérer la dimension relationnelle) par lequel au cours du dialogue psychothérapique, dans l’entre-deux de l’interlocution se déploie progressivement, à l’initiative de celui qui est allé voir quelqu’un (avec qui parler), un fil narratif constitutif (ou re-constitutif) de l’avènement de la conscience de soi comme héros de son histoire, selon le principe de la réalisation de soi (Maslow : « What a man can be he must be »).
Advient alors un Je [dialoguant avec un Tu [parlant d’un Cela – en termes buberiens], le tout selon la méthode, contextualisé dans le monde (à commencer par celui du langage) éclairé d’une façon ou d’une autre par une dimension inconsciente. On peut également parler en termes de Soi (Self), instance globalisante, variable selon les écoles. La personne devient alors, au long d’une temporalité lente (on pourrait parler en termes de « slow psy »(1)), d’un cheminement libérateur, devient alors sujet responsable de sa vie. On pourrait dire qu’elle s’achemine vers elle-même : « va vers toi« (2).
Ainsi à partir d’un cadre strict une intersubjectivité au travail produit dynamiquement et conjointement de la subjectivation et du sens au bénéfice de celui venu parler de son existence à un autre professionnalisé pour cela. Cette dynamique de subjectivation ou processus intersubjectif de transformation, vers une individuation, est spécifique de deux des quatre disciplines constitutives du carré psy, la psychanalyse (répartie en obédiences) et la psychothérapie relationnelle — répartie en méthodes, écoles, techniques (ces dernières beaucoup moins qu’une méthode).
Ces deux disciplines influencent à leur tour les deux autres, la médicale (psychiatrie) et la psychologique. Cela renvoie à la dichotomie fondatrice psychothérapie-1(champ du soin médical) / psychothérapie-2 (champ existentiel ou psychanalytique du soin-souci de soi), et à l’interface possible entre les deux. Si d’entrée de jeu on mélange tout, tout est dans tout et réciproquement ce qui veut dire que rien n’est nulle part et la figure brouillée illisible. Il convient de commencer par distinguer pour pouvoir discerner et articuler.
Philippe Grauer
20 août 2013 – 29 juin 2015 –