Facile à comprendre. Le cadre nouveau institué par la loi Accoyer stipule qu’on n’a pas droit au titre désormais réservé de psychothérapeute si l’on n’est ni psychologue ni psychiatre ou médecin ni psychanalyste (Ces derniers généralement déjà répartis entre psychologie et médecine)(1).
Les Nininis doivent changer de nom, puisqu’il exerçaient la psychothérapie à titre exclusif, la psychothérapie relationnelle et uniquement elle, sans détenir de diplômes dans les disciplines voisines à présent uniques bénéficiaires du droit au titre.
On sait qu’il s’agit d’une confiscation de nom, ce que le législateur est toujours en droit de faire. Rien n’a été prévu pour accueillir les psychothérapeutes à titre exclusif dans le nouveau cadre, c’est normal, c’était prévu pour les éliminer. Affaire de corporatisme. Ils peuvent s’ils le veulent faire médecine ou psychologie, on ne saurait vraiment appeler cela une passerelle interdisciplinaire.
En fait nos praticiens et étudiants se sont choisi (2) un autre nom disciplinaire : psychopraticien relationnel. Les noms de métier changent souvent, ça n’est non plus ni une catastrophe sans précédent (nous-mêmes avons déjà changé de nom, avant les années 80) ni une persécution forte. C’est une persécution mais faible : l’activité, le fait de pratiquer la psychothérapie ne leur est pas interdit, il leur est seulement interdit de le faire sous leur ancien nom. Ils ne s’appelleront plus psychothérapeutes – la nouvelle dénomination ayant oblitéré l’ancienne – mais psychopraticiens relationnels(3). Au CIFPR – qu’en toute logique on devrait dire CIFPRM – on forme des psychopraticiens relationnels de la méthode multiréférentielle. Pour tous ces termes référez-vous à notre glossaire.
Dans toute l’Europe les psychopraticiens relationnels proviennent à 95 % de la reconversion. Ils sont en ceci comparable à leurs collègues psychanalystes de la SPP qui le deviennent en moyenne à 57 ans, pour des raisons semblables (eux venant le plus souvent de médecine). Cela crée une différence sensible avec des étudiants tout juste sortis de la fac, travaillant dans des collectifs hospitaliers, où ils apprennent sur le tas un tout autre métier au demeurant que celui auquel les ont préparés leurs études. Ils ont vécu, exercé un métier et des responsabilités, ils bénéficient d’une expérience de vie personnelle, ont atteint une maturité (n’oublions pas qu’ils ont parcouru eux-mêmes un itinéraire psychothérapique ou psychanalytique personnel important) qui leur permettent d’écouter la vie des autres à un moment de l’existence où ils ne sont pas eux-mêmes en train de la découvrir.
Philippe Grauer
Entrée du 20 août 2010 – mise à jour le 14 août 2013 –