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Glossairede la psychothérapie

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scientisme

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religion de la science

« Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n’auront plus que des crédulités scientifiques. » Cette jolie phrase d’Anatole France dans L’hypnotisme dans la littérature, élégamment synthétique, le réhabiliterait à elle seule de l’opprobre dans laquelle l’ont tenu les surréalistes.

— Second exergue, une sentence de Saint Augustin citée par B. Odier dans un article en ligne (collecté le 8 août 2013) :
Vae caecis ducentibus, vae caecis sequentibus (malheur aux aveugles qui mènent, malheur aux aveugles qui suivent).

— « Vision très en vogue chez les mâles blancs éduqués de plus de 60 ans qui consiste à penser que la science a toujours tout résolu et qu’elle continuera à trouver des solutions » — Éric Guyardi in … Le Monde Magazine, 21 décembre 2018, « Retour à un flagrant déni », qui revient sur la question de l’imposture climatosceptique de Claude Allègre. En matière de climat cela donne : « Ne vous embêtez pas, continuez à polluer tranquille, on va trouver un moyen de régler le problème. » Applicable aux déchets des centrales atomiques, cela donne des situation à la Ubu. Appliqué à la psychothérapie cela donne, les médicaments, les thérapies cognitivistes à protocoles, le DSM, la médicalisation de l’existence, voici, agrémenté de références neuroscientifiques et tempéré par un recours happycratique à l’injonction du bonheur par la méditation, la solution universelle aux personnes en difficulté psychique. Au scientisme psychothérapique bien enrobé nous proposons l’alternative de l’humanisme relationnelliste.

— Voir également l’article scientisme de Wikipédia. Bien fait.

Au regard du scientisme, « foi dans l’application des principes et méthodes de la science expérimentale dans tous les domaines, » les sciences humaines ne pèsent pas lourd et la statistique a vite fait de supplanter dans les faits l’intuition clinique. La question est précisément celle de la substitution subreptice de la foi (on peut dire aussi la théorie, à ne pas confondre avec la vérité scientifique) à la méthode rationnelle critique.

L’idéologie qui en découle, largement développée dans le soviétisme et toujours en vigueur aux États-Unis, où elle voisine avec le New Age – la pensée mystico magique faisant le pendant à sa rigidité –, autorise tous les débordements, comme l’administration de camisoles chimiques psychiatriques aux opposants, ou l’administration, elle même abusivement médicamenteuse, de l’idéologie DSM mondialisée dans le domaine de la santé mentale (à quoi nous opposons la santé psychique) et l’extension à tendance hégémonique du comportementalisme répandu de nos jours sous les couleurs du cognitivisme et des neurosciences, il vaudrait mieux parler de neuroscientisme, précisément, brutalement opposé aux disciplines de la dynamique de subjectivation représentée à l’université par la psychanalyse hébergée en psychologie (qui cherche par tous les moyens à s’en débarrasser) et par la psychothérapie relationnelle, tenue par les tenants d’un scientisme populiste pour charlatanerie.

Pour le scientisme il n’est de science que dure, et les sciences humaines et cliniques ne devraient pas se dire sciences, puisque non infalsifiables – ce qui est exact. Le scientisme ignore l’existence d’une épistémè de la subjectivité, articulée au champ philosophique, que la psychologie « scientifique » tient en horreur.

couple scientisme – pensée magique

L’ennui avec le scientisme, c’est que sa rigidité engendre une contre rigidité, une sorte de véritable pensée flasque, consistant à gober sans capacité critique un discours spiritualo extrême orientalisant et des fragments non identifiés de pensée magico religieuse (Jung se trouve souvent embarqué dans cette direction, mais la question de la spiritualité et du mysticisme reste considérable dans notre domaine, s’agissant de la penser et d’en penser ou délimiter l’articulation avec la psychothérapie), assaisonné de propos pas toujours philosophiquement rigoureux sur l’erreur de Descartes, dont le discours de la psychothérapie relationnelle – et de la psychanalyse, doit se garder de la contamination.


3 octobre 2012 – mise à jour : 8 août 2013 – 17 mai 2014 –22 décembre 2018 —

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