Pour des raisons qui nous échappent et qui concernent l’encyclopédie coopérative en ligne, Wikipédia n’a pas entériné les additions que nous avions commencé de proposer à notre entrée psychothérapie.
Nous avons mis en ligne en conséquence sur notre site les corrections, modifications et apports par nous installés sur Wikipédia, dans l’idée d’enrichir le savoir commun sur la psychothérapie. Il serait utile que l’internaute consultant Wikipédia soit informé de l’existence du son de notre cloche mais comment faire ?
Nous avons annoté le texte, repris au compte de notre site, de façon dégagée par rapport à la rédaction primitivement proposée. Nous avons conservé tous les liens wikipédiens, même dans les cas où nos propres liens auraient pu avantageusement leur être joints, car la technique ne sait pas, elle, constituer de doubles liens.
Reprenant le texte originaire pour compléter ce glossaire nous avons entrepris de l’aggiornamenter. L’original reste à peu près tel quel à Textes et documents (les modifications entamées, interrompues, furent effectées dans ce nouveau cadre).
PHG
Par Philippe Grauer
Cette proposition d’amélioration démontée à peine installée sur ledit site, conduit à déduire que la ou les responsables à Wikipédia de l’article psychothérapie veillent à ce que le point de vue officiel psychologie-psychiatrie d’orientation comportementaliste et médicaliste soit maintenu sans faille sur l’encyclopédie coopérative bien connue. Si les intéressés pensent différemment ils peuvent toujours le faire savoir.
Les psychothérapies (thérapies(1) par la psyché) XIXe siècle, s’originent dans différentes pratiques dont, en particulier, l’analyse psychologique de Janet, la cure par la parole (Breuer), l’hypnose puis la psychanalyse. Sans remonter aux psychothérapeutes du désert dont rend compte Philon d’Alexandrie, on trouve l’emploi du terme chez Paracelse (1494-1541). Au sens moderne du terme c’est le psychiatre anglais Walter Cooper Dendy qui introduisit le terme psycho-therapeia en 1853. On trouve ensuite le terme sous la plume de Maurice Barrès, in Renan, p. 90 : « Ainsi se justifient ces essais de psychothérapie ».
En 1891 Hippolyte Bernheim chef de file de l’École de Nancy publia un ouvrage intitulé Hypnotisme, suggestion, psychothérapie [1].Ces pratiques sont « l’art de soigner par l’esprit » des souffrances tant psychiques que somatiques dans le cadre d’une relation à un psychothérapeute. « La psychothérapie [est] souvent considérée à tort comme un soin de l’esprit » (ibid p.7). Résumant les indications de la psychothérapie Bernheim écrit dans De la suggestion : « Le ténesme, la diarrhée, les vomissements liés à une affection organique peuvent aussi être exagérés par le psychisme et justiciables dans une certaine mesure de la suggestion. » On le voit, le champ médical de la psychothérapie est très vaste ; elle peut intervenir utilement dans toutes les maladies ; mais elle intervient surtout contre l’élément psychonerveux de ces maladies ».[2] Les approches, nombreuses, correspondent à des références théorico-cliniques très différentes voire contradictoires.
En France la psychiatrie (science médicale) et la psychologie (sciences humaines) revendiquent l’activité psychothérapeutique, au sens générique du terme, comme une de leurs fonctions. À ce titre, dans l’enseignement public, selon l’article 91 de la loi du 24 juin 2009 toujours non assortie de ses décrets d’application(2), elle relève[rait] d’une formation universitaire de troisième cycle, c’est-à-dire du titre de psychologue clinicien (Master) ou bien de celui de docteur en médecine (psychiatre). En aucun cas selon ses créateurs ce nouveau titre universitaire (3) de psychothérapeute ne saurait donner naissance à une nouvelle profession. Un décret d’application en a précisé les qualifications minimales requises en psychopathologie pour les psychothérapeutes issus d’autres formations(4).
Toujours en France, dans l’enseignement privé et dans le cadre institué et garanti par ses organismes historiques titularisants, l’activité spécifique dénommée psychothérapie relationnelle relève des sciences humaines fondées sur une clinique de la Relation et du processus de subjectivation. Elle intègre la dimension clinique du souci (prendre soin de soi), et s’intègre dans le cadre d’un néo-humanisme (postérieur à l’anti-humanisme théorique heideggero-althussérien). Elle s’enseigne et se transmet hors de la psychologie, de la psychiatrie et de la médecine, disciplines universitaires dorénavant dispensatrices du nouveau titre de psychothérapeute à leurs étudiants diplômés chargés d’administrer des traitements.
Années 60 — Abraham Maslow lance aux États-Unis l’Association de psychologie humaniste et du même coup le mouvement de la psychologie humaniste . Celui parvient en France en même temps que la psychosociologie, et la non directivité (Carl Rogers) au cours de la même décennie.
Années 70 — 1974 le Psy’G donne à la psychothérapie le cadre d’un syndicat professionnel la soutenant comme profession libérale. Il se centre sur deux axes principaux, la défense de la psychothérapie comme profession libérale, dans le sillage de l’UNAPL, et son inscription dans l’espace professionnel européen, du côté des Méthodes.
Années 80 —1981, le SNPPsy se fonde comme syndicat à vocation d’amorce ordinale, soutenant l’idée d’une discipline nouvelle, indépendante de la psychiatrie et de la psychologie. Il crée un code déontologie qui fait référence, institue un système d’agrément des écoles, et pense la discipline comme distincte, spécifique du soin pris de soi. Il développe en ce sens une réflexion idéologique, théorique et institutionnaliste.
Ainsi en cinq ans deux syndicats professionnels ont lancé dans notre pays le processus institutionnalisant la psychothérapie issue de la psychologie humaniste américaine, avec ou sans influence de la psychanalyse, comme discipline et profession émergeante.
Années 90 — En 1990 la Déclaration de Strasbourg, sous l’égide de l’Association européenne de psychothérapie, regroupant une vingtaine de méthodes-écoles, basée à Vienne (Alfred Pritz président) avec l’appui britannique de l’UKCP, constitue une véritable déclaration européenne d’indépendance disciplinaire. Ses quatre articles rejoignent les cinq critères du SNPPsy (il y manque précisément le cinquième), qui se joint au mouvement européen à l’instigation de Michèle Tordjman et Alain Naissant, du Psy’G.
C’est à la suite de la Déclaration de Strasbourg que les psychologues de l’ANOP – Association nationale des organismes de psychologie, dont faisait partie le SNPPsy (qui à ce titre participa à l’élaboration du code de déontologie des psychologues français) exigèrent du Snppsy qu’il prenne position contre elle et lui retire sa signature, ou se voie exclu.
Les organisations de la psychothérapie humaniste française continuèrent à se se diversifier. Les deux syndicats co fondent en 1996 la FFdP, fédération représentant l’EAP – Association européenne de psychothérapie, au niveau national. Laquelle donna naissance en 1998 à l’AFFOP, dont les deux syndicats furent membres fondateurs avant que le PSY’G se retire. C’est ainsi que l’AFFOP, avec en son sein le SNPPsy, fit face au premier Amendement Accoyer – 1999 – avec la proposition de loi Marchand sur la psychothérapie.
Années 2000-2010 — D’abord désignés par eux-mêmes comme « Les psychothérapeutes », les praticiens de la nouvelle discipline dans la mouvance du SNPPsy en sont venus à se désigner à partir de 1999 plus spécifiquement comme psychothérapeutes relationnels, laissant le champ libre à l’usage du terme générique de psychothérapie par les psychologues, psychiatres et autres psychothérapeutes d’inspiration comportementaliste ou cognitiviste, n’œuvrant pas dans le cadre strict d’une intersubjectivité engagée de part et d’autre, et du primat du ressort relationnel. Voir à ce sujet psychothérapie relationnelle.
Cette décennie est aussi celle du combat contre l’appropriation de la psychothérapie relationnelle et l’élimination de la psychanalyse par la médecine neuro organiciste.
Années 2010. L’avenir réserve ses surprises. Le combat du mouvement pour une psychothérapie relationnelle distincte dans le cadre du Carré psy, agissant dans le cadre du processus de subjectivation, aux côtés de la psychanalyse, se poursuit.
Institutions historiques. Les institutions historiques de la psychothérapie relationnelle, au nombre de quatre, sont par ordre d’apparition sur la scène institutionnelle, le Psy’G, le SNPPsy, la FFdP (devenue à la suite de l’intégration en 2004(5) par le SNPPsy dans son intitulé des praticiens en psychanalyse) la FF2P, cette fédération constituant une sorte de section nationale de l’Association européenne de psychothérapie, basée à Vienne. Ces organismes professionnels furent les premiers à proposer un cadre de titularisation et reconnaissance par les pairs, sur le modèle créé par les deux syndicats.
Regroupements politiques. Unis durant la crise de 1999-2009, de 2004 à 2008 au sein de la Coordination psy réunissant sous la direction de Jacques-Alain Miller la mouvance de l’ECF, la FFdP (devenue FF2P), l’AFFOP et le SNPPsy, les protagonistes de la lutte en front commun pour la psychanalyse et la psychothérapie relationnelle se sont séparés en février 2009. Les quatre acteurs historiques de la psychothérapie relationnelle ont fondé en février 2010(6) le Groupe de liaison de la psychothérapie relationnelle — GLPR, regroupant Psy’G, SNPPsy, FF2P et AFFOP.
Validation, titularisation professionnelle privée. Le système de reconnaissance et de caution professionnelle solidaire de la psychothérapie relationnelle en France s’organise selon deux modèles.
1) Soit dans le cadre de l’Association européenne de psychothérapie (EAP à l’anglo-saxonne), les Méthodes-écoles « scientifiquement reconnues » par l’EAP reconnaissent et valident leurs élèves, leur attribuant un Certificat européen prive de psychothérapie, le CEP. Cette validation professionnelle privée s’organise selon le principe de la reconnaissance de la compétence et capacité du praticien par un jury de pairs dans sa méthode de référence. L’AFFOP conteste la réelle administration par le système EAP du cinquième critère, ramené selon elle à une validation de dossier.
2) Soit le praticien est titularisé par un comité pluraliste de pairs capable de l’authentifier et reconnaître comme praticien en psychothérapie relationnelle par delà sa méthode dans le moment où il s’avère apte à se reconnaître en relation et dialogue avec les dits pairs.
Une variante, cas de figure peu nombreux, consiste pour une Société savante à reconnaître un candidat par passage devant une Commission de pairs par définition non pluraliste. Le sérieux de ladite validation se trouve alors confirmé par sa fédération de référence, en l’occurrence l’AFFOP.
Critères professionnels privés. Dans tous les cas on retrouve les quatre critères du SNPPsy plus ou moins le cinquième, recoupés ultérieurement par les quatre points de la Déclaration de Strasbourg (1990). Ainsi la discipline et profession indépendante sous le nom de psychothérapie relationnelle, adossée à un système d’Écoles elles-mêmes agréées au sein des deux fédérations nationales (AFFOP et FF2P), est-elle à même de garantir de façon responsable les praticiens qu’elle a validés.
Critères universitaires, voisinage scientifique. Tant que le titre générique n’est pas protégé, les psychothérapeutes qui ne relèvent pas du système institutionnel de la psychothérapie relationnelle ci-dessus décrit agissent sous leur seule responsabilité ou sous celle de l’université. Diplômés en psychologie ou médecins, ils bénéficient d’un titre délivré dans une discipline voisine mais étrangère, psychologie clinique ou psychiatrie. L’université française ne forme à l’exercice ni de la psychanalyse ni de la psychothérapie relationnelle. Elle se contente de se proposer — sous réserve de la parution d’un décret d’application — d’ouvrir le droit à exercer la psychothérapie au sens générique du terme à des étudiants diplômés en psychologie ou en médecine, ayant essentiellement dans ce domaine acquis un bagage en psychopathologie qui représente environ le quart de la formation d’un praticien en psychothérapie relationnelle sortant d’une bonne école privée.
Selon les pays, le titre de psychothérapeute est ou n’est pas protégé et, dans ce dernier cas, tout un chacun peut se prétendre psychothérapeute, au sens générique du terme.
La psychothérapie se distingue du développement personnel comme du counselling ou du coaching — ce dernier en vogue dans les pays anglo-saxons —, qui ne présupposent ni formation universitaire ni formation à la psychopathologie, bien que ces activités soient parfois exercées par des psychologues et/ou des psychiatres de formation. Une différence marquante tient au fait que la psychothérapie s’adresse à des personnes en souffrance et en quête de sens.
On peut se faire une idée à la fois de la complexité de ce champ psy et de la possibilité de l’ordonner structurellement en consultant le schéma du Carré psy (Philippe Grauer), dont la conceptualisation, à laquelle se réfère le SNPPsy, peut s’avérer utile.
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25 juillet 2011 –