► Mots clés : Dolto, Matneff, Vanessa Springora
Quatre contributions sur les interviews litigieuses de Françoise Dolto et la situation de la psychanalyse française.
Bulletin de la SIHPP
9 février 2020
Chers amis
À propos de Françoise Dolto
Nous avons déjà évoqué dans le bulletin du 16 janvier ce qui, dans le sillage de ‘’ l’affaire Matzneff’ ’, se jouait à nouveau autour de la personnalité de Françoise Dolto et de son œuvre. Nous y revenons dans ce bulletin.
Rappelons que Françoise Dolto est mise en cause (1) pour des propos publiés à l’automne 1979 dans la revue féministe »Choisir la cause des femmes ».
Élisabeth Roudinesco, présidente de la SIHPP, analyse ce qu’il en est dans un entretien donné à Eric Favereau pour le journal Libération. Vous le trouverez au début du bulletin.
Suivent trois textes publiés récemment dans la presse qui reflètent assez bien la diversité des réactions qui traversent le monde psychanalytique à propos de cette affaire :
— Une tribune de Serge Tisseron parue dans Le Monde
— Un entretien que vient de donner Claude Halmos à ELLE
— Des extraits d’un long entretien que vient de donner Gérard Bonnet au Point
Bien à vous
HR
Libération du 7 février 2020
Entretien avec Élisabeth ROUDINESCO
Propos recueillis par Eric Favereau
Avec l’affaire Matzneff ont ressurgi des propos de Françoise Dolto sur la pédophile et la violence conjugale. Des propos qui, hors de leur contexte, et même s’ils méritent la critique, alimentent, selon l’historienne, une «légende noire» autour de la psychanalyste et de la psychanalyse. Elle pointe aussi la responsabilité des représentants de la discipline, isolés dans leur forteresse, se posant en victimes d’un complot.
En 1979, la revue féministe Choisir la cause des femmes publie, dans le cadre d’un ensemble sur «les enfants en morceaux», un long entretien avec la psychanalyste Françoise Dolto. A l’occasion de l’affaire Vanessa Springora-Gabriel Matzneff, le Canard enchaîné a reproduit le 8 janvier de larges extraits de cet article. La psy pour enfants y tient des propos déroutants, pour ne pas dire révoltants. On l’interroge sur les femmes battues, elle répond : «C’est le mari qui doit être aidé et non la femme battue.» Sur l’inceste, elle lâche : «Dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère !» Propos ahurissants, qui le sont d’autant plus aujourd’hui. L’affaire Matzneff a aussi déclenché une mise en cause d’intellectuels de renom, dont Françoise Dolto, accusés de complaisance vis-à-vis de la pédophilie à l’époque, ce qui est inexact dans le cas de la célèbre psychanalyste. Élisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, revient sur cette violente polémique. Et tente de comprendre pourquoi le monde de la psychanalyse va si mal aujourd’hui.
Libération. Comment réagissez-vous à la polémique autour de certains textes de Françoise Dolto publiés dans le Canard enchaîné en janvier ?
Élisabeth Roudinesco. Françoise Dolto tenait souvent des propos insensés, notamment quand elle a commencé à être célèbre et qu’elle répondait n’importe quoi à n’importe qui. Dans toutes les citations bien connues, recueillies depuis des lustres sur Internet, c’est toujours la même litanie : elle prend les enfants pour des adultes parce qu’elle leur reconnaît, à juste tire, un statut de sujet, confond l’inconscient avec le conscient et accumule des cas particuliers tirés de sa clinique, comme si elle s’adressait à un cercle d’initiés : les femmes battues désirent «inconsciemment» être battues, les enfants aiment séduire «inconsciemment» les adultes, notamment leurs pères, etc.
Libération. Cela s’appelle un dérapage, non ?
É.R. est plus grave qu’un dérapage, car le défaut majeur de ces propos, c’est de laisser croire à la puissance absolue de toute forme d’interprétation, fût-elle un délire du psychanalyste lui-même. Rien ne prouve en effet que toutes les femmes battues désirent «inconsciemment» être battues et que tous les enfants aiment «inconsciemment» séduire sexuellement des adultes. Et même si, au cours d’une cure, un tel constat peut être fait, en aucun cas on ne doit tirer d’un cas particulier une théorie générale, et en aucun cas on ne doit laisser un sujet en souffrance se complaire dans une telle situation. Surtout s’il s’agit d’un enfant qui n’est jamais consentant, quelle que soit la séduction qu’il puisse exercer sur un adulte.
Le problème, c’est que ces citations ne dépassent pas cinquante pages au regard d’une œuvre d’une trentaine de volumes. Et les attaques sont récurrentes. Cela permet d’occulter l’apport de Dolto dans le domaine de l’enfance. Le réductionnisme est toujours l’idéologie des imbéciles, que ceux-ci soient les adeptes d’une légende rose (Dolto a toujours raison, elle est géniale), ou les fanatiques d’une légende noire (elle est pédophile et vichyste).
Libération. Mais peut-on se contenter de cet argument ?
É.R. Évidemment non. Et c’est là qu’il faut critiquer la publication des œuvres posthumes de Dolto.
Libération. C’est-à-dire la censurer ?
É.R. Catherine Dolto, détentrice du droit moral sur les œuvres de sa mère, a écrit que celle-ci ne voulait pas que ses propos de 1979 soient reproduits car on lui faisait dire n’importe quoi : c’est exact. Mais pourquoi avoir laissé traîner, depuis trente-deux ans, toutes ces citations ? Pourquoi n’avoir jamais publié, avec des notes en bas de page, et de façon chronologique, la totalité des textes de Françoise Dolto ? Si cela avait été le cas, les citations auraient été replacées dans leur contexte, quitte à en faire une critique sévère. Depuis 1988, de nombreux livres, avec des passages insensés, ont été publiés dans le désordre et ils se sont vendus comme des best-sellers. Les adorateurs de Dolto vivent dans le culte évangélique de leur «sainte mamie», et face à l’adversité qui est rude, ils réagissent par l’indignation et le rejet de toute rationalité.
Libération. Ces propos de Dolto surgissent dans un contexte particulier, où la psychanalyse est profondément attaquée.
É.R. Oui, c’est un désastre. Dans une période où les ligues de vertu s’emploient à réviser les textes du passé, on ne fait plus la différence entre des pédophiles et des penseurs qui ont signé des pétitions favorables à la dépénalisation de l’homosexualité ou contre des lois abusives sur le détournement de mineurs. En bref, on met dans le même sac Dolto, Foucault, Matzneff, Deleuze, Cohn-Bendit : tous violeurs d’enfants.
Libération. Mais Lacan aussi pouvait avoir des propos insensés…
É.R. C’est différent. Françoise Dolto n’a pas la dimension intellectuelle de Lacan. Tous les deux formaient un couple fascinant, l’un avec la puissance conceptuelle, l’autre avec son génie clinique de l’enfance. Pour mettre fin à cette binarité – hagiographie d’un côté et démonologie de l’autre -, il faudrait une vraie biographie – comme celle que j’ai écrite sur Lacan en 1993 – et qui mette Dolto à sa vraie place de fondatrice de la psychanalyse de l’enfant en France, et en France seulement, et dont l’enseignement oral a fait merveille : fort heureusement, il y en a des traces, avec des transcriptions, des films et des émissions de radio. Mais elle n’a pas le statut de Melanie Klein ou de Donald Woods Winnicott, qui ont inventé de nouveaux concepts et dont les œuvres sont traduites et lues dans le monde entier, alors que Dolto est peu connue à l’étranger, notamment dans le monde anglophone.
La vie de Dolto est passionnante. Elle s’est arrachée, par la psychanalyse, à son milieu d’origine : l’extrême droite d’Action française. Il faut comparer son itinéraire à celui de Simone de Beauvoir et de bien d’autres femmes de sa génération qui ont su, par le travail et les études, se dégager de leur milieu.
Libération. Certes, mais c’est un coup porté encore sur la psychanalyse. Les propos de Dolto ne sont pas inventés par les médias…
É.R. Bien sûr qu’ils ne sont pas inventés, mais ils les ont manipulés de façon haineuse. Quant à la crise de la psychanalyse, dont l’enseignement est à l’agonie à l’université et a disparu des études de psychiatrie, les principaux responsables en sont les psychanalystes eux-mêmes, ceux de la génération née entre 1945 et 1965. Ils n’ont pas su combattre l’anti-freudisme radical qui a explosé dans les années 90. Ils se sont isolés dans une forteresse sans changer ni leurs cursus ni leur conception binaire de l’histoire, se posant en victimes d’un complot de leurs ennemis, lesquels sont bien souvent stupides. Enfin, ils ont fait preuve d’une homophobie insupportable face aux changements de l’ordre familial. En 1999, réagissant au PACS, certains ont même dit que le mariage homosexuel était impossible car contraire au complexe d’Œdipe.
Libération. Mais pourquoi particulièrement les psychanalystes français ?
É.R. En effet, c’est un phénomène strictement français, même si le déclin existe ailleurs. Dans les autres pays, les psychanalystes vont beaucoup mieux qu’en France, ils se sont adaptés à la réalité, ont modifié leurs formations, n’ont pas méprisé les psychothérapies et ont fait preuve d’une vraie ouverture envers les historiens du domaine. Les psychanalystes français se sont pris pour supérieurs aux autres car ils pouvaient s’enorgueillir d’avoir eu Lacan, le dernier grand penseur du freudisme dont l’œuvre rayonne dans le monde entier et ne leur appartient plus du tout, comme celle de Freud d’ailleurs. A cet égard, les lacaniens idolâtres et les antilacaniens fanatiques se ressemblent : Lacan est leur objet fétiche.
Libération. Vous êtes bien sévère !
Non, je suis lucide. Les psychanalystes français ont fait de cette magnifique discipline une sorte de machine à tout interpréter : la politique, l’histoire, les événements, la subjectivité, etc. Et les médias adorent les convoquer pour fabriquer le profil psychologique de tel ou tel personnage célèbre (Macron, Sarkozy ou Strauss-Kahn), ce que j’ai appelé la psychologie de bazar.
Libération. Au passage, les analystes se sont braqués contre toute évaluation de leurs pratiques…
É.R. Si l’on veut évaluer les cures psychanalytiques à l’aune des principes de l’INSERM, cela ne va pas. Car on est dans le domaine de la subjectivité et le modèle diagnostic-traitement-guérison ne convient pas. Les comportementalistes ont eu le tort de croire que c’était possible et je leur souhaite bonne chance, ils vont droit dans le mur en se prenant pour des savants au même titre que les neurologues ou les biologistes.
Libération. Mais qu’aurait-il fallu faire ?
É.R. Ranger la psychanalyse dans le domaine des sciences humaines, et certainement pas du côté d’une psychologie dite «scientifique». Il faut créer, comme partout dans le monde, des instituts privés pour former des psychanalystes en trois ans, après un cursus universitaire solide, et cesser de pratiquer des cures interminables, souvent silencieuses avec des interprétations qui ne tiennent pas debout. Il faut tirer la leçon des erreurs du passé et comprendre la formidable explosion des psychothérapies ainsi que la demande des patients qui, aujourd’hui, ne vont ni vers la psychanalyse ni vers le comportementalisme, mais vers le coaching, la méditation et autres thérapies qui n’ont rien de scientifique : soyez heureux dans un corps en bonne santé (happycratie), etc.
Libération. Quel avenir alors pour la psychanalyse ?
É.R. Ce qui va dominer, c’est la culture psychanalytique qui traverse l’art, la littérature, la philosophie. Freud est devenu un penseur incontournable dans le monde entier. Les débats entre historiens, philosophes et littéraires sont d’une grande richesse. Les cliniciens français doivent cesser d’être à la fois arrogants et déprimés.
Libération. Vous oubliez le bulldozer des neurosciences qui se prennent pour l’alpha et l’oméga de la raison…
É.R. C’est trop facile d’accuser les neurosciences. Pour autant, la croyance que tout est cérébral est une folie. Et pour un peu, les adeptes des neurosciences risquent d’être pris dans le même délire interprétatif que les psychanalystes. Il faut une triple approche pour traiter les maladies de l’âme : la chimie (psychotropes), l’environnement social, le psychisme (cure). Etre totalitaire, c’est aller vers l’échec.
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Le Monde du 2 » janvier 2020
Tribune
Les propos tenus par Françoise Dolto autour du viol des mineurs et de possibles désirs sexuels de l’enfant pour l’adulte (Le Canard enchaîné daté du 8 janvier) sont assez problématiques pour que la réponse ne se contente pas d’envisager le « climat de l’époque », le revirement freudien qui a remplacé la théorie du traumatisme par celle du fantasme, ou encore la confusion que le lecteur peut faire en croyant que la psychanalyste parlerait de décisions conscientes, alors qu’elle parle de ce qui est censé se passer dans l’inconscient de la victime.
Il me semble que ces propos sont assez graves pour justifier d’aborder un point théorique majeur dont la psychanalyse, à partir des années 1950, et notamment la psychanalyse lacanienne, à très largement sous-estimé l’importance. Ce point, je l’ai déjà expliqué, en 2005, dans mon ouvrage : Vérités et mensonges de nos émotions (Albin Michel). Il concerne la place de ce que Freud appelait les processus secondaires : un domaine aujourd’hui largement étudié par les neurosciences, sous le nom de compétences exécutives. En effet, à la suite de Freud, et sous l’influence lacanienne, la psychanalyse s’est orientée vers le « tout désir ».
Trois registres
Du coup, penser la situation de l’enfant confronté à la perversité d’un adulte séducteur, ne pouvait conduire qu’à deux options. Soit l’enfant est animé d’un désir sexuel pour l’adulte et on peut se demander en effet s’il y a viol ; soit l’enfant est en attente de tendresse comme l’a largement montré le psychanalyste hongrois Sandor Ferenczi du vivant même de Freud, et l’adulte qui prétend répondre aux attentes de l’enfant lui impose en réalité ses propres désirs de manière traumatique.
Nous ne savons guère ce qui se passe dans la tête d’un enfant, mais même si l’enfant pouvait désirer un échange sexuel avec un adulte, ce n’est pas ce qu’il nous faut prendre en compte. Car, sauf s’il a été précédemment abusé, il ne le souhaite pas. De la même façon que « désirer » et « faire » sont deux choses très différentes (la justice ne condamne pas quelqu’un pour ses désirs, mais pour ses actes), « désirer » et « souhaiter » le sont aussi.
Par exemple, je peux désirer faire du parapente, mais je ne le souhaite pas parce que je suis convaincu que je me casserais le cou ! Ou bien, je peux désirer la mort d’un proche qui me fait souffrir, mais je ne la souhaite pas parce que par ailleurs j’aime sincèrement cette personne. Cette intuition que nous pouvons ne pas souhaiter ce que, pourtant, nous désirons, nous fait parfois dire que nous « voulons » et ne « voulons pas » à la fois quelque chose. Mais cette formulation est ambiguë car elle risque de laisser croire qu’il s’agit de deux désirs opposés, ou même d’un désir et de l’interdit qui lui est associé. Mais la distinction entre « désirer » et « souhaiter » nous permet de comprendre que les deux termes de cette opposition ne sont pas identiques.
Le « désir » ne connaît que sa propre logique, alors que le « souhait » est construit au carrefour de l’ensemble des préoccupations d’un sujet. L’être humain n’éprouve pas en effet à tout moment seulement des préoccupations liées à ses désirs. Il éprouve aussi diverses formes d’attentes narcissiques et d’attachement, et, à tout moment, il doit concilier ces trois registres.
Et cette situation n’est pas particulière aux relations entre adultes et enfants. C’est la même chose entre deux adultes. Une femme, par exemple, peut désirer une relation sexuelle avec un homme, et en même temps, ne pas souhaiter cette relation pour des raisons liées au moment, à ses investissements d’attachement ou à ses préoccupations narcissiques. Mais si cette distinction n’est pas clairement posée par elle, elle risque de croire qu’elle « veut » et ne « veut pas » en même temps. Et, si elle tente de formuler les choses ainsi, elle risque de passer, au mieux, pour une personne « ambivalente », et au pire pour une « hystérique qui ne sait pas ce qu’elle veut ». Cette confusion intérieure peut devenir dramatique et conduire à un viol dont l’agresseur pourra dire ensuite qu’à ses yeux, ce n’en était pas un. Mais si nous introduisons la distinction entre « désirer » et « souhaiter », nous disons que cette femme a pu à la fois désirer cette relation, et en même temps ne pas la souhaiter, et que c’est sa parole qui devait primer sur son désir.
Ce que veut ignorer le pervers
Le désir, même partagé, ne suffit pas à lui seul à justifier le rapprochement sexuel, il y faut également le consentement mutuel qui prend en compte beaucoup d’autres aspects. C’est ce qu’a voulu dire, en son temps, le slogan : « Quand une femme dit non, elle dit non. » Et chez l’enfant, les choses sont plus compliquées encore. Il n’a pas, autant que l’adulte, les moyens psychiques de refuser, non seulement à cause de l’obéissance due à l’adulte, mais aussi parce que les processus secondaires sont encore trop fragiles chez lui.
C’est justement ce que veut ignorer le pervers, et ce qui peut le rendre aussi convaincant. Il perçoit le désir que sa victime peut avoir de lui et brandit ce désir comme une justification de son acte. A la limite, il se présente comme un défenseur des droits du désir contre les censeurs et les puritains !
Ce désir peut exister, mais cela ne change rien à ce qui est permis et défendu. Car nous n’avons pas à nous guider sur les désirs que nous percevons chez ceux qui nous entourent, et qui relèvent de leur vie psychique intime, mais sur leurs souhaits, qui relèvent des synthèses que ces personnes font entre les exigences contradictoires de leur personnalité. C’est cela le respect, et il est dû, de la même manière et dans les mêmes proportions, aux enfants et aux adultes.
Serge Tisseron est psychiatre, dessinateur. Il est auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont « Petit traité de cyberpsychologie » (Le Pommier, 2018).
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ELLE (Février 2020)
Rappelons que Claude Halmos a travaillé avec Françoise Dolto et est aujourd’hui l’une des spécialistes reconnues de l’enfance et de la maltraitance. Elle est l’auteure plusieurs ouvrages dont certains ont été rassemblés sous le titre Dessine-moi un enfant (Le Livre de poche 2015)
ELLE. Parmi les propos exhumés de Françoise Dolto, tirés de la revue « Choisir la cause des femmes en 1979, on lit par exemple : « Dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère » Ou encore, quand on lui demande s’il y a bien des cas de viols de petites filles dans les familles, elle dit : « Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes ». Qu’en pensez vous ?
Claude Halmos. Ces propos sont très choquants, mais surtout très surprenants, car ils contredisent aussi bien l’expérience du travail auprès des enfants ers des adultes violentés que l’enseignement de Françoise Dolro elle-même. Aucun enfant maltraité ne veut l’être. Aucune fille n’est violée par son père parce qu’il y consent. Il s’agit d’un désir inconscient ; et surtout « séduire » n’a pas le même sens dans la langue des enfants et dans celle des adultes. Quand une petite fille joue à la séductrice avec un monsieur, elle n’attend pas de lui la réponse que s’il est incestueux ou pédophile, ll va lui donner, et qui la détruira.
ELLE. Peut-on soupçonner Françoise Dolto d’avoir été complaisante avec l’inceste et la pédophilie, à l’instar de certains intellectuels de l’époque post-68, qui ont confondu la libération sexuelle avec le refus de toute limite à leurs désirs ?
C.H. En aucun cas. Elle proposait même que les enfants soient informés à l’école de l’interdit de l’inceste, afin qu’ils puissent se protéger.
ELLE. Est-ce qu’à force de considérer l’enfant « comme une personne » elle a pu considérer que son désir, conscient ou inconscient, donc son consentement, était l’équivalent du désir ou du consentement d’un adulte ?
C.H. Elle pose au contraire, dans toute son oeuvre, qu’un enfant est un être à part entière, égal, en valeur à l’adulte ; mais qu’il reste un enfant, qui a besoin, pour se construire, de l’autorité et de la protection des adultes. Et qu’il faut dans l’éducation, articuler ces deux dimensions, apparemment contradictoires. Par ailleurs, elle a fait découvrir à toute la société la spécificité de la pensée de l’enfant, de ses émotions, de ses fragilités, de ses souffrances, ce. Son œuvre est là-dessus sans concession, contrairement aux propos rapportés dans cette interview.
ELLE. Alors, comment l’expliquez-vous ?
C.H. Ces propos nous sont présentés, façon Dr Jekill et Mr. Hyde comme la preuve de sa monstruosité. C’est absurde et intellectuellement malhonnête. Mais il faut se demander pourquoi elle peut ici, sembler nier la souffrance des femme est des enfants violentés. Cela tient sans doute d’abord à sa manière de communiquer : Françoise Dolto parlait généralement au plus près de son expérience clinique, toujours en mouvement, sans l’avoir toujours préalablement théorisée. En en imaginant ses interlocuteurs « sur la même longueur d’onde » qu’elle. D’où des malentendus inévitables, et notamment une confusion entre conscient et inconscient. Mais il y a aussi des problèmes de fond. Quant à la question : « si un enfant nous dit : « ’’Je suis battu’’ , que faut-il faire ? », elle répond : « C’est l’enfant qui trouve la solution », elle sous-estime le poids de la réalités, celle de son âge et celle de son statut social, qui rendent cela impossible. C’était fréquent à l’époque : dans la la société — même, si depuis 1979, l’idée de la protection de l’enfance a évolué — mais aussi dans le monde analytique où l’on craignait que s’occuper de la réalité de l’enfant n’empêche d’écouter sa parole. Ce que trop de praticiens pensent encore malheureusement, aujourd’hui.
ELLE. Ce n’est pas la première fois qu’elle est attaquée….
C.H. Non. On l’a déjà prétendue laxiste, folle, et même « collabo », pourquoi pas aussi pro-pédophiles ? Elle est attaquée parce qu’elle dérange : poser que l’enfant est un être ) part entière, dont il faut respecter le désir et la parole, ce la dérange. Et puis on l’attaque comme on attaque aujourd’hui la psychanalyse ; et d’autant plus facilement qu’il n’existe aucune biographie susceptible d’éclairer sa personne et son histoire, ses ayants droits s’y opposant… Mais son enseignement reste irremplaçable, pour soigner les enfants, et notamment ceux qui sont victimes d’abus sexuels
ELLE. Le déni sur la réalité des abus sexuels appartient-il au passé ?
C.H. ce qui a changé, c’est qu’on ne croit pas qu’ils puissent n’être que des fantasmes. Mais les enfants qui en sont victimes ne sont toujours pas protégés comme il le faudrait, surtout quand les agresseurs sont leur père que leur mère. Cela tient à la difficulté de concevoir la perversion ; à l’image idéalisée qu’a noter société des parents ; et surtout au fait que notre justice ne peut fonctionner (et heureusement, d’ailleurs) sans preuves. Or un adulte pervers fait toujours en sorte que ses actes ne laissent pas sur le corps de la victime, de traces visibles. Et les enfants petits ne parlent pas. Parce qu’ils sont sous l’emprise de la terreur, et ne comprennent même pas l’acte qu’ils ont subi. Il ne reste donc que la parole des « psys » qui s’occupent d’eux, mais elle n’a pas forcément valeur de preuve, et on classe les signalements. Les miens l’ont souvent été.
ELLE. Vous avez lu Le consentement de Vanessa Springora. Que vous inspire de livre ?
C.H. Un grand respect. Pour que la souffrance de cette adolescente en errance, pour la manière dont elle a réussi à se sortir psychiquement de cette histoire, au prix d’un travail probablement difficile et douloureux. Pour le courage qu’elle a eu d’écrire et de présenter aujourd’hui ce livre au public. Ce qui n’est sans doute pas simple à vivre.
ELLE. Elle nous a confié son désir de pouvoir aider les autres avec ce livre. Vous y croyez ?
C.H. Oui. Ce livre va aider les adolescents à ne pas tomber dans le piège, mais aussi des adultes à comprendre combien les adolescents ont besoin de points d’appui, la nécessité qu’on leur parle quand on les sent en danger. Et puis, il va permettre à ceux qui ont été, enfants ou adolescents, pris dans les pièges d’adultes pervers, de comprendre qu’ils ne sont pas coupables, qu’ils peuvent parler et être entendus. Pour eux, ce livre peut être un phare, aperçu dans le brouillard, qui aide à retrouver sa route. Et on ne peut qu’en remercier Vanessa Springora.
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Le Point du 23 janvier .
Gérard Bonnet, a donné au Point un très long entretien sur les mouvements qui traversent aujourd’hui la vie contemporaine et changent éventuellement notre regard sur les mœurs.
Vous trouverez ci-dessous les passages concernant Françoise Dolto.
On peut trouver l’entretien complet sur le site du Point. Rappelons que Gérard Bonnet, est directeur de l’École propédeutique de connaissance de l’inconscient (EPCI), auteur de nombreux ouvrages. On lui doit notamment un Que Sais-je ? sur les perversions sexuelles.
« Dolto dit vrai sur le consentement des enfants, mais elle a tort de généraliser »
Le Point : La psychanalyse est sous le feu des critiques. Quinze ans après la parution d’un Livre noir, une tribune publiée cet automne dans L’Obs, signée par une soixantaine de psychiatres et de psychologues, réclamait l’exclusion des psychanalystes de l’université, de l’hôpital public et des expertises judiciaires. Avez-vous été surpris par ces attaques, ravivées par la polémique sur certaines déclarations de Françoise Dolto ?
Gérard Bonnet : Pour moi qui ai une carrière assez longue, ce renversement d’intérêt n’a pas d’équivalent, comparé aux autres savoirs. C’est stupéfiant ! Il y a trente ans, la psychanalyse avait pignon sur rue, un peu trop sans doute, et tout le monde en parlait comme de la panacée. Progressivement, une espèce de mise à distance s’est opérée. Avec la publication du Livre noir de la psychanalyse, en 2005, un renversement s’est produit ; on est passé brutalement de l’intérêt au rejet, voire à la haine. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, mais il me semble que le scientisme actuel est le plus important. On parie aujourd’hui sur la connaissance scientifique, dans tous les domaines … Or, la psychanalyse enseigne le contraire : il y a une partie de l’humain qui nous échappe et nous échappera toujours, quel que soit le progrès. C’est le constat qu’a fait Freud à la fin de sa vie : on ne connaîtra jamais le Ça, la part la plus inconsciente de nous-même.
Le Point : Est-elle une science, selon vous ?
G.B. Dans une certaine mesure, oui, puisqu’elle essaie d’établir des notions claires, concrètes et précises, mais, au fond, elle ne peut être véritablement une science car ses données ne sont pas accessibles de front. C’est l’inconscient qui vient à nous, on ne va pas vers lui. … Nous sommes à la merci de données internes qui nous échappent et dont on attend patiemment qu’elles veuillent bien se manifester.
Le Point : La psychanalyse n’est-elle pas responsable de la crise qu’elle traverse depuis les années 2000 ? Dans la lignée de Bruno Bettelheim, elle a pu prétendre ainsi que l’autisme était dû à des carences affectives de la part des mères…
G.B. Il y a eu des excès, on ne peut pas le nier. Pour l’autisme, c’est clair : on s’est mêlés un peu trop d’un donné scientifique, au lieu de laisser travailler les spécialistes ; on a émis des hypothèses bien trop péremptoires. La science établit des lois générales, ce que nous ne pouvons pas faire. Certains autismes peuvent être liés à une histoire pathologique familiale, mais ceux qui se sont permis d’en tirer des généralités ont commis une erreur magistrale. Il y a des autismes liés à des problèmes physiologiques, à des problèmes de croissance, dans certains cas, en effet, la famille a pu générer des difficultés, mais la vérité est que chaque cas est différent. C’est vrai dans tous les domaines, y compris dans les pathologies les plus courantes. On ne peut pas, on n’a pas le droit de généraliser les intuitions que peuvent nous donner nos patients. …
Le Point : La psychanalyse est très critiquée ; que nous dit de notre époque le rejet violent qu’elle suscite aujourd’hui, chez certains ?
G.B. Malraux expliquait, en parlant de son époque, qu’elle était la première « sans un absolu », sans dieu ni référence suprême. Pour la première fois, l’humanité était renvoyée à elle-même. Nous en sommes toujours là, privés de cet ailleurs sacré vers lequel les hommes pouvaient, jadis, se tourner. Les Anciens s’en sortaient très bien quand ça n’allait pas bien : c’était la faute de Dieu ou des esprits. Freud l’énonce parfaitement : les dieux servaient de projections symboliques à toutes nos poussées intérieures, dont nous n’étions pas maîtres. Or, on a fait table rase de cet inconnu, du mystère. Et pourtant, le mystère est en nous. Notre vie est truffée de moments qu’on ne contrôle pas. On le voit dans les lapsus, les actes manqués, que Freud décrit très bien dans La Psychopathologie de la vie quotidienne. …
Le Point : Mais la psychanalyse n’est-elle pas une religion, avec son Dieu, Freud, ses prophètes, comme Lacan, ses dogmes et ses zélateurs ?
G.B. La psychanalyse n’a rien à voir avec la religion, car elle est constamment en évolution. ; l’Université a eu tendance à fabriquer des dogmes et à les enseigner de cette manière, car c’est plus facile. On a cristallisé certaines notions au lieu de leur donner de la souplesse. Il n’y a pas de vérité en psychanalyse, simplement des repères. Le complexe d’Œdipe est typique. Élisabeth Roudinesco nous dit : « c’est ridicule car trop simple ». Quelque part, elle a raison. On ne peut pas nier, quand on suit des enfants, qu’ils puissent à un moment de leur développement être amoureux de leur mère ou de leur père, mais ce n’est qu’un aspect du travail analytique. Quand on suit une cure, on sait la complexité de l’inconscient. Freud a la bonne formule quand il nous dit que les psychanalystes sont des explorateurs…
Le Point : Françoise Dolto fait aujourd’hui polémique. Certains de ses propos ressortent et laissent pantois. Ainsi, quand elle explique que la constipation chez les femmes est « un exhibitionnisme anal » ; que le mot « lire » évoque chez certains enfants le « lit conjugal », ce qui expliquerait leur dyslexie ; qu’ils contractent des otites « pour ne pas entendre certaines paroles » ; que des enfants victimes d’incestes ou de brutalité étaient consentants ou masochistes…
G.B. J’ai bien connu Françoise Dolto, ce que vous rappelez est typique de ce que nous disions sur le danger qu’il y a à énoncer des généralités, en psychanalyse. Elle travaillait au cas par cas ; le problème, c’est qu’elle oubliait que sa clinique n’était pas quelque chose de scientifique. Ce qu’elle constatait chez un enfant ne l’autorisait pas à énoncer une théorie générale. Alors, quand elle en fait des généralités, c’est catastrophique.
Maintenant, il faut remettre tout ça dans son contexte historique : Françoise Dolto avait une grande aura, on l’écoutait et lorsqu’elle voulait alerter les gens, elle le faisait sur un ton péremptoire qui correspondait à son tempérament. Quand elle dit que l’enfant est d’accord lorsqu’il est séduit sexuellement, le problème est que c’est vrai.
Vanessa Springora le raconte bien dans son livre : dans les premières années de sa relation avec Gabriel Matzneff, elle était ravie, trouvait ça merveilleux. Ça a duré un an ou deux mais, durant cette période, elle était consentante. J’ai eu des cas où les enfants me disaient : « Quand il me tripotait, je me sentais valorisé, reconnu et je ne pensais pas que c’était mal. Ce n’est qu’à l’adolescence que j’ai réalisé que c’était un salaud. » Freud appelle cela « l’après-coup ». Le trauma se manifeste quelques années après et c’est une catastrophe.
Ce qui est grave, c’est le fait d’abuser de cette connivence inconsciente de l’enfant qui, dans un premier temps, ne voit que l’attention privilégiée qu’on lui porte. Il ne comprend pas qu’il est en train d’être parasité et que ce parasitage se manifestera plus tard, quand il essaiera d’acquérir une sexualité adulte. L’affaire Preynat, c’est malheureusement ça. Ce n’est qu’en grandissant que ses victimes ont réalisé qu’elles avaient été manipulées, abusées, alors qu’elles se trouvaient sous emprise. La phrase sur le consentement de Dolto, qui fait tant polémique, est malheureusement vraie mais pas au sens d’un consentement libre et éclairé. Au sens inconscient d’une envie d’exister et d’être reconnu. C’est d’ailleurs tout le drame de l’éducation. On peut faire faire à l’enfant ce qu’on veut, en usant et abusant de cette complicité inconsciente.
Le Point : Que dit le psychanalyste du mouvement #MeToo, de l’affaire Adèle Haenel et de la multiplication des révélations sur les violences sexuelles ?
G.B. Mon premier réflexe, c’est la stupéfaction. Je décris ça depuis des années, je ne suis pas le seul et, tout d’un coup, la société se réveille. Je n’ai cessé, depuis trente ans, de dénoncer l’emprise sexuelle, les séductions sur les enfants et les ravages qu’elles causent… Pour nous, et la psychanalyse a été assez claire là-dessus, il était évident que ces attentats sexuels sur des enfants allaient déclencher de graves traumatismes. J’ai eu sur mon divan des dizaines de personnes qui ont rencontré des problèmes de ce genre et qui ont mis des années à s’en libérer. Mais on faisait comme si ça n’existait pas. Vanessa Springora reconnaît d’ailleurs que c’est la psychanalyse qui l’a aidée à s’en sortir. Je n’ai cessé de le dire : les enfants ne sont pas des objets et tout ce qui touche à leur sexualité doit être respecté au maximum. Et ça vaut aussi bien pour les hommes qui abusent des femmes. Je suis ravi que tout cela éclate au grand jour car, à l’époque, nous n’avons pas été entendus là-dessus.
Le Point : Matzneff est-il un pervers ?
G.B. Je le crois. Quelque part, il n’a pas de chance. Il est la suite d’une lignée aussi vieille que l’Histoire … simplement, il le cachait. Chez Matzneff, ce qui est curieux, c’est ce besoin d’exposer sa pédophilie, de la justifier, de l’esthétiser. Le problème, aussi, c’est l’absence de remise en cause. Il ne veut pas, ne peut pas se rendre compte de ce qu’il fait subir à l’autre et ça, c’est typique du pervers. Comme il en jouit, il est persuadé que les autres en jouissent aussi. Il dit : elle était consentante et maintenant, elle se plaint…
Le Point : Que pensez-vous des thérapies en vogue comme les TCC (thérapie comportementale et cognitive) ? Et que répondez-vous à ceux qui disent que la psychanalyse, « ça ne marche pas » ?
G.B. Je n’ai rien contre ces thérapies a priori. Si elles peuvent aider les gens, tant mieux. Freud était d’ailleurs très arrangeant, dans ses premiers travaux, vis-à-vis des autres thérapies telles que l’hypnose, très en vogue à l’époque. Simplement, il faut dire qu’elles ne permettent pas de remettre en cause le fonctionnement psychique ; ça, c’est autre chose.
Quant à la deuxième partie de votre question, elle est très difficile ! Ce qui distingue la psychanalyse des autres thérapies, c’est qu’elle n’est pas un traitement de soins, un traitement curatif mais un traitement de mise en cause … C’est une épreuve, une souffrance, au moins au départ, qui vient s’ajouter à d’autres souffrances. Le patient qui pense faire de la relaxation en s’allongeant une ou deux fois par semaine sur un divan se trompe ; il va, en réalité, passer un mauvais quart d’heure !
Je comprends que, vu de l’extérieur, on puisse penser que la psychanalyse ne guérit pas. D’abord, c’est long, ce qui est à contre-courant du monde actuel. Car au niveau psychique, il n’y a rien à faire, il faut du temps. Et pendant l’analyse, on ne va pas forcément mieux. Mais j’estime qu’à la fin, on guérit quand même, au sens profond du terme. J’ai suivi beaucoup de gens, y compris des gens qui allaient très mal, à l’hôpital psychiatrique, et je suis convaincu que tous ont eu « un mieux », et « un mieux » profond. Quelque chose a fini par bouger en eux, qui fait que c’est plus vivable. Surtout, lorsqu’on fait une analyse, on ne se soulage plus aux dépens des autres alors que, bien souvent, dans la vie courante, quand on rencontre des problèmes, c’est le conjoint, les enfants, les collègues qui prennent ! Quand on a fait une analyse, on se remet en cause quand quelque chose ne va pas, ça devient presque un réflexe.
La première partie d’une analyse, c’est un peu « papa et maman ont fait cela, c’est de leur faute » ; la deuxième partie nous conduit à nous demander « qu’est-ce que j’en fais ? ». La psychanalyse ne conduit pas à une guérison spectaculaire mais enfin, les gens qui racontent leur cure disent en général qu’elle les a réconciliés avec la vie. Moi-même, grâce à mon analyse, j’ai enfin pu être moi. Si je n’en avais pas fait une, c’eût été une catastrophe !
Le Point : Beaucoup de personnes trouvent cela cher… Payer est-il consubstantiel à l’analyse ?
G.B. L’argent, c’est le moyen de la jouissance. Si on n’en engage pas quelque chose, c’est un problème. Cela dit, j’ai travaillé toute ma carrière en hôpital psychiatrique et en dispensaire et j’ai conduit des analyses gratuites pour des tas de gens qui ne pouvaient pas payer. Il faut ainsi rappeler qu’on peut aujourd’hui se faire analyser gratuitement. Mais plus on est à l’aise financièrement, plus la psychanalyse doit être payée. Payer permet d’investir de sa jouissance inconsciente, et donc prendre sur ce qu’on pourrait s’offrir par ailleurs, pour le mettre au service d’un travail sur soi…
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ATTENTION : ci infra menu déroulant débouchant sur une série ancienne de la Newsletter.
28 mars 2016
Chers amis
Vous trouverez ci-dessous quelques annonces, suivies de deux chroniques parues récemment dans le Monde des Livres.
Bien à vous
HR
« Folies à la Salpêtrière, Charcot, Freud, Lacan »
(Ed EDP Sciences, et APM Editions)
Sous la direction et la présence d’Houchang Guilyardi et des auteurs
Discutante: Claude-Noële Pickmann
Ont contribué à cet ouvrage: Sophie Collaudin, Danièle Epstein, Houchang Guilyardi, Marco Antonio Jorge, Marie Jejcic, Alain Lellouch, Danièle Lévy, Christian Pisani, Elisabeth Roudinesco, Colette Soler, Mâkhi Xenakis
Jean Martin Charcot n ‘a pas bonne presse, et pourtant…Hystérie et folie traversent les siècles, prenant les formes de « l’air du temps ». De l’utérus migrateur d’Hippocrate aux recherches neurologiques de Charcot, dudésir inconscient avec Freud à la jouissance du parlêtre chez Lacan… C’est à cette traversée historique et conceptuelle que nous convie cet ouvrage
Séminaire SPF Christian Chaput et Chantal Lheureux-Davidse
ESPACE, FORME ET IMAGE DU CORPS DANS L’AUTISME ET DANS LA PSYCHOSE
Année 2015-2016 « Le lien, un lieu d’être »
« Survivre dans un environnement non humain »
Autisme et psychose ne sont pas à mettre sur le même plan quant à leur origine et à leur symptomatologie, même si des éléments psychotiques peuvent surgir chez certaines personnes autistes, même si des phases de repli autistique sont fréquentes chez les patients psychotiques.
Cependant, construire un lien thérapeutique repérable et énonçable, restaurer la fonction symbolisante, et donc permettre d’exister à soi même, au monde et à l’autre sont à la base de la résolution potentielle des conflits et de l’accès au désir reconnu. Quand la parole est défaillante nous prenons en compte l’espace, les formes, pour construire une image du corps suffisamment stable afin que le « corps propre » puisse accueillir l’expérience vécue, aussi bien dans l’autisme que dans la psychose. Rapprochements et différences seront particulièrement mis en valeur.
Ce séminaire théorico clinique, s’appuie essentiellement sur nos pratiques respectives dans ces deux champs. Sensorialité avec le rôle fondamental du regard, espace interne et externe, dessins de mouvements et de formes, quelquefois modelées, articulation avec la dynamique interne des oeuvres d’art, seront une sorte de fil rouge qui nous permettra de donner à comprendre les modalités particulières de la rencontre dans le transfert, tel qu’elle s’inscrit avec ces patients.
Invitée:
Caroline GROS, (Psychanalyste, philosophe, Marseille) :
« Le jour où il m’a voulue pour lui »
Informations Christian Chaput : chaput.christian@libertysurf.fr
Temps et hors temps de l’inconscient
Intervenants : Jean-Gérard BURSZTEIN, Laurent CARRIVE, Boas EREZ, Gilles MOUILLAC
`
le 6 avril 2016 (13h-15h)
11 mai 2016 (13h-15h)
25 mai 2016 (13h-15h)
8 juin 2016 (13h-15h)
22 juin 2016 (13h-15h)
Informations
Renseignements
Conférence de Elisabeth ROUDINESCO
« Vies des hommes illustres, vie des patients ordinaires »
« Dans un contexte de pluralité des sources du savoir, quels enjeux psychiques pour les enseignants? »
Informations
Nombre de places limité ; s’inscrire à : rencontresdelacademie@ac-paris.fr
Je vous rappelle l’adresse du blog de notre ami Serge Tisseron; cliquez ici.
Conférence d’ Elisabeth ROUDINESCO
Lauréate du Prix Décembre
Pour « Freud en son temps et dans le nôtre » (éd. Seuil)
avec
Gisèle CHABOUDEZ, Alain VANIER
Informations ici :
Didier CROMPHOUT
La constitution et l’histoire de la psychiatrie,
prise dans le décours de la psychanalyse.
Notre ami Didier Cromphout est membre du bureau de la SIHPP où il assure vaillamment les fonctions de trésorier.
Informations et inscriptions ici
Conférence de Paul MOYAERT
La rage de la pulsion et la rage comme pulsion.
A propos de l’agressivité chez Freud.
Informations ici
Roland GORI
Pensées en résidence
Vous trouverez ci-dessous un lien informatique qui vous donnera accès au site qui recueille les interventions de notre ami Roland Gori
Cliquez ici :
Le concert
¿QUE QUIERE UNA MUJER ?
que devaient donner
Carmen Hernandez, Jean-Pierre Bluteau et Olivier Ombredane le 31 mars à la Maison de l’Amérique latine
est reporté à une date ultérieure
Il aura lieuà la fin du mois de mai ou au mois de juin
PARUTIONS
Stephen GROSZ
Les examens de conscience (The Examined Life. How We Lose and Find Ourselves),
(traduit de l’anglais par Emmanuel Maffesoli et Clément Bosqué, Slatkine & Cie, 236 p)
Quelques petites histoires de la folie ordinaire
Né dans l’Indiana en 1952 et installé comme psychanalyste à Londres depuis vingt-cinq ans, tout près du Freud Museum,Stephen Grosz réussit un tour de force avec ce premier ouvrage écrit en 2013 et déjà traduit en une vingtaine de langues. Il raconte avec simplicité et émotion trente histoires de patients ordinaires.
Des femmes, des hommes et des enfants de toutes conditions ont donc accepté que leur thérapeute se livre à ce difficile travail consistant à exposer leur « cas » en une multitude de vignettes. Grâce au talent du narrateur, on découvre au fil des pages une série de nouvelles rédigées à la manière de Guy de Maupassant : « Mieux vaut en rire », « L’Eternel Fiancé », « La Femme trahie », « Vouloir l’impossible », « La Haine enrobée de sucre », etc.
Le lecteur est ainsi immergé dans le quotidien d’une pluralité d’existences, celle par exemple de ce chercheur, éminent professeur, accusé de plagiat, qui oscille entre détresse et exaltation, ou celle de cette étudiante boulimique passant son temps à se mutiler, ou celle encore de cette femme mariée entretenant une liaison secrète avec la nurse de ses enfants et qui se dit terrifiée à l’idée de la perdre, au point qu’elle enchaîne les grossesses pour la garder auprès d’elle.
Pas de charabia conceptuel
Stephen Grosz ne se contente pas d’examiner la vie des autres, il explique comment chaque cure est une épreuve transférentielle au cours de laquelle le patient et le thérapeute se perdent afin de mieux se retrouver. Pour sortir de l’impasse d’une névrose, d’une dépression ou d’une pathologie narcissique, encore faut-il comprendre les motivations inconscientes qui en sont la cause. Loin d’user d’un charabia conceptuel, comme le font si souvent les psychanalystes français, Stephen Grosz décrit des situations dans la droite ligne de l’héritage de l’école anglaise : entre Donald Woods Winnicott (1896-1971) et John Bowlby (1907-1990).
Parmi les moments les plus significatifs de ce travail de la cure, on retiendra l’histoire troublée de l’architecte Daniel K. Ravi d’avoir remporté un concours, il prend le métro pour rejoindre sa femme et fêter l’événement dans un restaurant. Il pose alors son portefeuille sur le siège tout en sachant qu’il risque de l’égarer. Puis, il sort du wagon et oublie le précieux objet. Néanmoins, il fouille inutilement ses poches dans l’espoir de le retrouver. Ainsi passe-t-il du bonheur à l’échec.
Ancienne terreur
Au cours de l’analyse, le thérapeute s’aperçoit que son patient a sans cesse besoin d’annuler ses propres réussites, comme en témoigne un souvenir d’enfance au cours duquel il avait eu peur que ses parents l’abandonnent dans un trou noir. Et c’est en triturant ses poches pour récupérer un portefeuille dont il sait qu’il ne s’y trouve pas qu’il conjure cette ancienne terreur de se perdre lui-même : « Chercher son portefeuille, écrit Grosz, était peut-être un moyen d’apaiser cette angoisse-là. Car il vaut mieux avoir oublié quelque chose qu’être quelqu’un qu’on a oublié là. »
Il est dommage que l’éditeur français ait cru bon de donner à ce beau livre un titre (Les Examens de conscience) qui ne convient pas à son contenu. Il aurait mieux valu s’en tenir à la traduction exacte de l’intitulé d’origine : « la vie examinée. Comment se perdre et se retrouver ».
Elisabeth Roudinesco. Le Monde des livres du 24 mars 2016
Henry ROUSSO
Face au passé. Essais sur la mémoire contemporaine (Belin, « Histoire », 288 p.)
Sébastien LEDOUX
Le Devoir de mémoire. Une formule et son histoire (CNRS Editions, 368 p)
La mémoire fouillée
« A la mémoire de mon père, qui fut apatride et réfugié mais eut la sagesse de laisser le passé derrière lui »… Surprenante dédicace de la part d’Henry Rousso, dont les travaux sur la mémoire des années noires – Le Syndrome de Vichy (Seuil, 1987) et Vichy, un passé qui ne passe pas, avec Eric Conan (Fayard, 1994) – font autorité. Qui plus est en ouverture d’un recueil d’articles intitulé Face au passé, où il évoque à la fois les politiques de mémoire après la guerre, les cycles mémoriels succédant à un traumatisme historique ou le procès du criminel nazi Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961.
Mais c’est qu’ayant montré, avec d’autres, que l’histoire n’apparaissait plus aux Français comme une tradition à transmettre mais comme un espace conflictuel, marqué par l’oubli de ses moments les plus honteux, ce membre fondateur de l’Institut d’histoire du temps présent se méfie désormais du rôle de juge ou de thérapeute souvent attribué aux historiens.
Trois grandes phases sont à distinguer, selon Henry Rousso. La première, qui remonte aux années 1970, est liée à l’histoire orale et aux cultures populaires : le révolu y est encore pour l’essentiel source de nostalgie. La deuxième concerne, dans les années 1980, les « lieux de mémoire », mis en avant par Pierre Nora, et la manière dont une société reconfigure sans fin son passé en fonction du présent. La troisième, à partir des années 1990, est celle du « boom mémoriel » : la Shoah devient le modèle pour penser tout traumatisme historique, non sans ambiguïté, comme le souligne Henry Rousso.
Outil de mobilisation
Car, longtemps, l’amnistie fut un mode classique de sortie de crise : au nom de la réconciliation nationale, interdiction était faite à chacune des parties de ressasser le passé. Un tel instrument politique nous est devenu insupportable ; Pompidou en fit l’expérience lorsqu’il accorda en 1971 sa grâce à Paul Touvier, déclenchant une tempête qui aboutit deux décennies plus tard à la condamnation de l’ancien chef de la milice lyonnaise.
Ce schéma esquissé par Rousso, le jeune chercheur qu’est Sébastien Ledoux ne le remet pas en cause dans sa passionnante étude d’une formule, celle du « devoir de mémoire ». Étonnante approche que de s’en tenir à l’histoire d’une expression. Au départ simple néologisme, à la limite du jeu de mots, celle-ci est devenue un concept entre les mains des historiens, puis un terme clé de la politique commémorative entretenue par l’État, enfin un véritable outil de mobilisation favorisant à partir de la fin des années 1990 une vague de « lois mémorielles »… S’attacher aux seules occurrences de la formule « devoir de mémoire » dans les médias ou les discours politiques permet toutefois à Sébastien Ledoux de changer radicalement d’échelle.
L’histoire n’apparaît plus aux Français comme une tradition à transmettre mais comme un espace conflictuel
À ce degré de précision, le rôle joué par tel ou tel acteur du processus devient flagrant. Rien de surprenant dans le cas de Serge Klarsfeld, créant en 1979 l’association Fils et filles de déportés juifs de France afin de lutter contre le négationnisme et de faire admettre l’implication directe de Vichy dans la déportation. Sébastien Ledoux révèle toutefois que les représentants d’associations mémorielles ont eu un impact peut-être moins important que d’autres agents, plus discrets. A commencer par Jean Laurain, député de Metz devenu ministre des anciens combattants sous Mitterrand, ou Serge Barcellini, ancien professeur d’histoire-géographie qui fit une longue carrière au même ministère : tous deux s’employèrent à mettre en place une pédagogie de la mémoire destinée à combler le déficit d’unité nationale.
Mais aussi Jean-Marie Cavada, dont l’émission « La Marche du siècle », consacrée le 10 juin 1992 à la rafle du Vél’d’Hiv ou intitulée, le 30 juin 1993, « Le devoir de mémoire », joua un rôle considérable. Ou encore un homme politique comme Jacques Chirac, soucieux de prendre l’exact contre-pied de Mitterrand en insistant sur la responsabilité de l’État français durant la guerre et en plaçant l’accent sur les victimes, au détriment, a-t-on pu dire, des résistants.
D’autres indicateurs permettent ainsi de repérer la manière dont un concept issu du discours universitaire, puis passé dans les médias et la politique, s’est imposé avec la force de l’évidence. En juin 1993, le libellé du devoir de philosophie au baccalauréat (série A) était : « Pourquoi y a-t-il un devoir de mémoire ? » Et non « Y a-t-il ? » ou « Faut-il ? ».
Objet de jugement plus que de connaissance
Reste que nombre des premiers défenseurs du « devoir de mémoire », tels Alain Finkielkraut ou Pierre Nora, se sont depuis révélés de virulents critiques de ce nouveau régime mémoriel, où l’histoire, soumise à une incessante demande de reconnaissance des souffrances passées, est objet de jugement plus que de connaissance.
Car le paradoxe, souligne Henry Rousso, est que « plus on a dénoncé les crimes de Vichy, plus la France a connu la renaissance de mouvements nationalistes et identitaires ; plus l’Europe a accordé à la Shoah le statut d’événement référentiel, plus l’antisémitisme a refait surface ». Qu’en conclure ? Que les politiques de mémoire mises en place n’ont pas suffi à restaurer une unité collective que la politique n’assurait plus.
Car la gestion du passé ne se réduit pas à une opposition stricte entre oubli et reconnaissance. Peut-être était-ce là la leçon du père d’Henry Rousso : se taire n’est pas toujours refouler. Au chercheur, il revient de reconnaître qu’il est aussi des formes de « silence vertueux », quand bien même celles-ci se situent aux limites de son savoir.
Jean-Louis Jeannelle. Le Monde des Livres du 24 mars 2016
18 février 2016
Chers amis
Vous trouverez ci-dessous quelques annonces et quelques rappels (1). J’ai également signalé en fin de bulletins quelques parutions.
Je dois quelques mots d’excuse à notre ami Christian Chaput. L’intitulé de sa conférence du 1er février (Séminaire Espace, forme et image du corps dans l’autisme et dans la psychose) était : « Lien et transpassibilité » .
Un correcteur automatique a fait de la transpassibilité une transmissibilité qui, si elle était beaucoup plus convenable du point de vue des automates, trahissait quelque peu le propos de notre ami… et je dois avouer que, je n’y ai vu que du feu… il est vrai que nous vivons des temps où la graphie des mots peut déclencher, en France du moins, des querelles qui en d’autre temps auraient fait sourire..
Bien à vous
HR
(1) Vu les ennuis techniques qui ont quelque peu désorganisé mes connexions sur internet, je ne suis pas sûr que tout nos correspondants aient reçu le bulletin. J’ai donc repris quelques annonces que j’avais publiées en janvier.
Paris, le 24 février 2016 à 18h00
Biblothèque Cuzin, 17 rue de la Sorbonne 75005 Paris
Conférence de Guy-Félix Duportail
Sur la connexion entre philosophie et psychanalyse
Genève le 2 mars 2016
À 20h au 33 Peillonnex, Chêne-Bourg/Genève
Séminaire de Mario Cifali
Un miroir de l’interprétation psychanalytique
Quel rapport Freud entretient-il avec l’œuvre d’art ? En quoi est-elle l’écran d’un regard projectif, d’une pensée interrogative grâce à laquelle le créateur de la psychanalyse se parle et nous parle ? Comment son rapport aux romanciers, aux peintres et aux sculpteurs, nous concerne-t-il, si tant est que nous soyons sensibles à l’au-delà d’une esthétique et à l’interprétation innovante qu’il propose ?….
Informations : cliquez ici
Cherbourg le 4 mars 2016, à 21 h
Centre Hospitalier Les Genêts, Pavillon d’accueil, Avenue de la Banque à Genêts, 50470 La Glacerie — Cherbourg.
Dans le cadre du séminaire de de lecture freudienne, conférence de
Françoise Wilder à propos de son ouvrage paru récemment
Margarethe Hilferding, Une femme chez les premiers psychanalystes, (Ed. Stock)
Françoise Wilder est également l’invitée le 5 mars de la librairie Au brouillon de culture à partir de 17H00 – 29 Rue Saint-Sauveur, Cherbourg.
Informations cliquez ici
Grenoble le samedi 5 mars 2016 de 14h à 17h30
Hôtel Europôle, 29, rue Pierre Sémard, 38000 Grenoble
S.P.F. Rencontre-débat avec
Andrée LEHMANN
à propos de son livre
L’atteinte du corps. Une psychanalyste en cancérologie (Erès, 2014)
Informations ici
Strasbourg les 5 et 6 mars 2016
Espace St Michel, Clinique de la Toussaint, Strasbourg
SPF. Fabrique du Dire – « Quitte ta terre et deviens qui tu es »
« Quitte ta terre et deviens qui tu es »
Avec la psychanalyste italienne Pia De Silvestris
Impossible de ne pas entendre, dans la promesse d’un devenir, celle d’un mourir. « Deviens qui tu es » est donc aussi : « deviens qui tuer » ! Quitter la terre de l’enfance, son ambivalence et son indétermination. Tuer (tu es) « le genre qu’on n’a pas », comme dit la chanson (Guy Béart)….
Informations cliquez ici
Paris le 7 mars 2016, de 19h30 à 22 h00
Soirées de l’EPCI
Conférence de Philippe LACROIX
Le refoulement dans tout ses états
Discutant : Benjamin ABDESSADOK
Barcelone, le 12 mars 2016, de 9h30 à 13h30
Institut Français Calle Moia 8,
Dialogue avec Élisabeth Roudinesco
Freud y el Psicoanálisis Hoy
Entrevue animée par Roberto Goldstein (APA-AEHP) et Nicolas Gougoulis (SPP-AEHP)
Informations cliquez ici
Bruxelles le 18 mars 2016
Au repos des Chasseurs, Avenue Charles-Albert 11, Watermael-Boisfort
École Belge de psychanalyse
Conférence de Pierre DELION
La fonction phorique
Informations cliquez ici
Paris, les 19 et 20 mars 2016
Campus des Cordeliers, 15 rue de l’École de Médecine 75006 Paris
Journées d’Espace analytique
La psychanalyse et le fait religieux
Comité d’organisation : Paul-Laurent ASSOUN, Fethi BENSLAMA, Gisèle CHABOUDEZ, Claire GILLIE, Patrick LANDMAN, Dominique TOURRÈS-LANDMAN, Catherine et Alain VANIER
Informations cliquez ici
Paris, le 24 mars 2016
Hopital Maison Blanche 26, rue d’Hauteville 75 010
Dans le cadre du séminaire « L’institution dans tous ses états »
animé par Pierre GORCE et Françoise L. MEYER,
Conférence de Guy Rousseau, psychanalyste
D’un lieu pour dire dans l’histoire du mouvement de psychothérapie institutionnelle.
Informations cliquez ici
Washington, les 4 et 5 mars
Katze Arts Center, American University,
Colloque interdisciplinaire
IPA Committee for Women and Psychoanalysis Cowap Conference
The Courage to Fight Violence Against Women
Informations cliquez ici
Signalons dans le dernier numéro du Débat (2106/1 N° 188) la publication d’un débat entre Fethi Benslama , Guy Dana, Pierre Delion et Élisabeth Roudinesco ( pages 157 à 167)
La souffrance psychique aujourd’hui
Informations cliquez ici
Un numéro spécial dédié à Jean OURY de la revue INSTITUTIONS devrait paraitre au mois de mars.
Cet ouvrage collectif, évoque les multiples «lieux du dire» que Jean Oury a permis d’ouvrir à l’institution comme à chacun dans sa singularité. Il parcourt à plusieurs voix l’histoire d’un engagement polyphonique, et les outils de Jean Oury élaborés au sein d’une clinique à l’écoute du sensible.
Informations et souscription cliquez ici
La Vie avec Lacan, de Catherine MILLOT, (Gallimard, « L’Infini »)
« Lacan, amour et bouts de ficelle », par Élisabeth Roudinesco
Le Monde des livres du 18.02.2016
Écrivaine et psychanalyste, Catherine Millot livre ici un témoignage cru de sa liaison amoureuse avec Jacques Lacan, dont elle fut l’analysante entre 1972 et 1981. Autant dire qu’elle l’accompagna pendant les dernières années de sa vie, entre le moment où il donna un séminaire étourdissant sur les femmes mystiques (Encore, Seuil, 1975) et une époque où, atteint de mutisme, il se plongea dans la fabrication de ses nœuds borroméens, cherchant dans la topologie la clé logique de la folie humaine : « Il les fabriquait aussi avec des “bouts de ficelle” qu’il coupait et rabotait. J’allais régulièrement au rayon accastillage du BHV l’approvisionner en cordages marins. »
De cet homme qu’elle admirait, Catherine Millot dresse un portrait qui ne contredit jamais ce que l’on sait déjà de lui. Libertin et extravagant, fasciné par l’Église catholique, cherchant à rencontrer le pape, amoureux de la Rome baroque, armé d’un poing américain pour se défendre des agresseurs, Lacan se plaisait en la compagnie des évêques et des cardinaux en soutane.
Le psychanalyste transgressait sans cesse les règles de la cure et, lors de ses célèbres présentations de malades de l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, il n’hésitait pas à s’adresser de façon assez rude à des patients : « Ainsi, à un transsexuel qui revendiquait sa qualité de femme, il ne cessa de rappeler, au cours de l’entretien, qu’il était un homme, qu’il le veuille ou non, et qu’aucune opération ne ferait de lui une femme. Et pour finir, il l’appela “mon pauvre vieux”. » Émerveillée par cette scène, Catherine Millot, intéressée elle-même par le transsexualisme, en conclut que Lacan parlait ainsi à cet homme pour lui signifier que la condition humaine peut prendre le visage du malheur.
Rites insolites
Incapable de se séparer d’aucune femme, Lacan exigeait de chacune d’elles la soumission à des rites insolites : voyager à trois, partager les mêmes lieux, fréquenter des personnages insupportables (Armand Petitjean, par exemple, écrivain collaborationniste). En bref, cet étonnant Lacan baroque et sans limites entendait mener l’existence qui lui convenait, considérant d’ailleurs que « les femmes s’apparentaient toujours à quelque fléau ».
Pourtant, Catherine Millot n’accepta jamais de se plier à de telles manies. Elle aimait Lacan, qui le lui rendait bien, et elle voulut être sa « dernière femme », ce qui fit naître chez la précédente (madame T.) une effroyable jalousie. Celle-ci traita alors sa rivale de « descendante d’un singe » : « Je m’étais aisément reconnue, écrit Catherine Millot, étant pourvue de longs bras et d’un certain prognathisme. »
Catherine Millot savait que cet attachement ressemblait à un amour mystique : « J’avais le sentiment d’avoir saisi l’être de Lacan de l’intérieur (…), convaincue qu’il avait de moi un savoir absolu. (…) Une part de mon être lui était remise, il en avait la garde. » Elle savait bien aussi que son amant, qui avait quarante-trois ans de plus qu’elle, déclinait sous ses yeux. Aussi, quand Lacan voulut un enfant d’elle, elle décida de mettre fin à la cure et à la liaison : « Ce fut un déchirement pour moi, un séisme pour lui. »
Voilà donc un récit de vie rédigé d’une plume alerte, dans le style Harlequin, par une femme qui a l’âge que Lacan avait quand elle le rencontra en Italie, au cœur des Cinq villages (Cinque Terre) de la côte ligurienne, sublime paradis aujourd’hui classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Un Lacan couleur fauve.
Michèle RIOT-SARCEY,
Le Procès de la liberté. Une histoire souterraine du XIXe siècle en France
(La Découverte)
Les élans brisés de la liberté
Julie Clarini
Le Monde des livres du 18.02.2016
En 1848, entre l’abdication de Louis-Philippe en février et la répression de juin, s’est ouvert un temps des possibles où s’est rêvé un autre monde. Quelques semaines pendant lesquelles « l’utopie a semblé devenir vraie », écrit Michèle Riot-Sarcey dans Le Procès de la liberté. Car on ne réclamait pas la république pour le seul suffrage universel, on ne s’insurgeait pas pour une réforme électorale, mais pour que la liberté s’accomplisse totalement, devenant réellement, comme l’écrivait le penseur militant Pierre Leroux (1797-1871), « un pouvoir d’agir ».
Cette ambition sociale s’est mesurée dans le foisonnement des expériences d’autonomie ouvrière, dans la multiplication hétéroclite des associations, dans l’invocation de la fraternité. Le peuple redevenait sujet de l’histoire révolutionnaire confisquée par les vainqueurs de 1789.
Histoire des brusques sursauts de l’idée de liberté, l’ouvrage rompt avec une lecture du XIXe siècle comme un continuum se parachevant dans la IIIe République. Au contraire, il laisse apparaître les ruptures, reconstitue avec brio les élans brisés, comprend, au plus près des paroles et des pratiques, ce qui n’est pas advenu et qui résonne encore fortement avec notre présent : une autre idée de la liberté.
« Penser l’historicité, c’est saisir le possible, occulté après coup, dont l’idée subsiste dans le souterrain des mémoires », écrit l’historienne dans sa postface. Une ambition théorique qui rend possible un autre regard sur le XIXe siècle et offre notamment de très belles pages sur les œuvres de Courbet ou de Hugo.
Signalons, de la même auteure, la parution en poche du
Genre en questions. Pouvoir, politique, écriture de l’histoire, (Creaphis, 376)
Communiqué de la présidente de la SIHPP
Chers amis
Je vous signale la parution dans Madame Figaro de cette semaine (p.114-115) d’un entretien avec la psychanalyste Gohar Homayounpour. Elle y répète de façon très claire ce qu’elle affirme déjà dans son livre (Une psychanalyste à Téhéran, Bayard). Le tchador, dit-elle, est un signe culturel, une parure comme les autres, «une écharpe» : «La femme iranienne est la même que la femme française ou anglaise». Au nom du respect des différences culturelles, Gohar Homayounpour explique qu’il faut se soumettre aux lois des pays où l’on pratique la psychanalyse : «Le port du voile ne transforme pas le psychisme des femmes. Où que vous viviez, vous respectez la loi. En Iran, elle impose de porter une écharpe sur la tête. Je porte une écharpe, mes patientes aussi. Mais ce n’est pas le traumatisme de leur vie. Sous des cultures différentes, les souffrances sont les mêmes partout. Elle ont pour nom solitude, deuil, trahison, amour introuvable.» Et encore : «On ne va pas chez le psy parce qu’on n’aime pas François Hollande, Vladimir Poutine ou Hassan Rohani.»
Cette apologie du voile islamique au nom de la différence des cultures est d’autant plus intolérable que Gohar Homayounpour ne dit pas un mot des autres souffrances des femmes iraniennes, mises à mort, battues, violées et lapidées, contraintes de porter, non pas une «écharpe», mais le stigmate d’un obscurantisme qu’elles ne cessent de combattre. Avec de tels propos, Gohar Homayounpour condamne la lutte des femmes iraniennes pour leur émancipation, donnant ainsi une image désastreuse de la psychanalyse qui est une avancée de la civilisation sur la barbarie.
Au moment où nous sommes très nombreux à soutenir les principes de la laïcité – qui vont de pair avec la défense d’une psychanalyse laïque – et notamment le combat de Natalia Baleato, fondatrice de la crèche Baby-Loup, je tiens à rappeler combien sont inacceptables les propos de Gohar Homayounpour.
Et je vous engage à lire l’excellent livre de notre amie et collègue Caroline Eliacheff, Comment le voile est tombée sur la crèche (Albin Michel, en librairie début novembre). Cet ouvrage dénonce fort bien ce que peut être l’emprise des différentes formes de voiles islamiques sur le corps des femmes. Rien à voir avec des «écharpes», ni avec une quelconque parure culturelle.
FRANCE
Diffusion : dimanche 20 octobre 2013, à 21 heures sur France Culture
« Voix de femmes : Elisabeth Badinter – Nathalie Richard » sera diffusé sur France Culture, dans le cadre de l’émission Théâtre & Cie.
Paris du 22 au 25 octobre 2013
Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm 75005 Paris
Semaine de l’histoire : Histoires de révolutions
Mardi 22 octobre 2013. Définir les révolutions
— Ouverture avec Sylvia Estienne, Julie Joly, Gilles Pécout, Henri Pigeat, Marie-Bénédicte Vincent
— Dire la révolution. Séance animée par Jean-François Lassalmonie et Daniel Rojas, avec : Claude Markovits (CNRS), Claude Mazauric (Université de Rouen) Florian Mazel (Université de Rennes 2)
— Reconnaître la révolution . Table ronde animée par François Avisseau et Julien Zurbach, avec : Michel Dobry (Université de Paris 1) Renaud Girard (Le Figaro) Jean-Clément Martin (Université de Paris 1) Ahmad Salamatian (Ancien secrétaire d’Etat et parlementaire iranien)
— 17h00- 19h00, théâtre de l’ENS Conférence inaugurale
Timothy Tackett (professeur à l’Université de Californie, Irvine) : « Révolution et Terreur : Réflexions sur les origines d’une culture politique de la violence pendant la Révolution française (1789-1793) »
Mercredi 23 octobre 2013. Faire la révolution
— Acteurs : peuples en révolte et peuples révolutionnaires. Séance animée par Diane Chamboduc et Cléo Rager, avec : Vincent Challet (Université de Montpellier 3), Marie-Hélène Congourdeau (CNRS)
— Médiateurs : presse, médias et révolutions. Séance animée par Christophe Charle et Hélène Vu Thanh, avec : Philippe Bourdin (Université de Clermont-Ferrand), Christian Chesnot (France-Inter), Maryline Crivello (Université d’Aix-Marseille), Annie Duprat (Université de Cergy-Pontoise)
— Les soixante-huitards étaient-ils des révolutionnaires ? Table ronde animée par Gilles Pécout et Emmanuel Laurentin, avec : Philippe Gildas (Europe 1 et Vivolta), Elisabeth Roudinesco (Université de Paris 7- ENS), Xavier Vigna (Université de Bourgogne), Michelle Zancarini-Fournel (Université de Lyon 1)
Jeudi 24 octobre 2013. Croiser les révolutions
— L’internationale des révolutions. Séance animée par Delphine Diaz et Rahul Markovits, avec : Manuel Covo (EHESS), Axel Körner (University College, Londres), Francis Prost (Université de Paris 1), Jérémie Tamiatto (Université de Paris 1)
— Révolutions des sciences et révolutions politiques. Séance animée par Antonin Durand et Henri Pigeat, avec : Jean-Luc Chappey (Université de Paris 1), Christian Gilain (Université Paris 6), Sophie Nivelle-Cardinale (TF 1), Michael Palmer (Université de Paris 3)
— Printemps des peuples, printemps arabes. Table ronde animée par Béatrice Garapon et Julie Joly, avec : Sylvie Aprile (Université de Lille 3), Bernard Heyberger (EHESS-EPHE), Guillaume Mazeau (Université de Paris 1), Henri Pigeat (AFP-CFJ), Jean-Pierre Sereni (Le Monde diplomatique)
Vendredi 25 octobre 2013 / Se souvenir des révolutions
— Mémoires historiographiques révolutionnaires
Séance animée par Sylvia Estienne et Antoine Lilti, avec : Catherine Brice (Université de Paris- Est-Créteil), Annick Lempérière (Université de Paris 1), Pierre Serna (Université de Paris 1)
— Célébrer et commémorer les révolutions. Table ronde animée par Gérard Courchelle et Marie-Bénédicte Vincent, avec : Massimo Baioni (Université de Sienne), Angelo D’Orsi (Université de Turin), Jean-Numa Ducange (Université de Rouen), Ran Halévi (CNRS), Alexandre Sumpf (Université de Strasbourg)
— Conférence de clôture
Jean-Noël Jeanneney (ancien président de la Mission du bicentenaire de la Révolution française) :« 1789-1914 : d’une commémoration à l’autre »
Le programme complet et les horaires se trouvent sur le site de l’ENS.
Paris,
Ecole des Beaux Arts (amphi du mûrier)
14 rue Bonaparte 75006 Paris
PSYCHANALYSE, ART ET IMAGE VI
Cycle de 5 conférences sous la direction de Alain Vanier , Professeur des universités, , Directeur du Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société de l’Université Paris Diderot – Paris 7.
Lundi 4 Novembre 2013 de 17H00 à 19H00,
Markos ZAFIROPOULOS
Les manières de table et leurs troubles inconscients. De près et de loin
Lundi 2 Décembre 2013 de 17H00 à 19H00
Georges VIGARELLO
Les métamorphoses du gras
Informations à cette adresse
Paris, du 14 novembre 2013 au 22 mai 2014
EHESS, 105 bvd Raspail, Paris (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris),
Séminaire
Histoire du corps : objets, méthodes
Rafael Mandressi, chargé de recherche au CNRS,
Thierry Pillon, professeur à l’Université de Rouen,
Georges Vigarello, directeur d’études à l’EHESS
Le corps a longtemps été « oublié » par les historiens. Son originalité est d’être à la croisée de l’enveloppe individuelle et de l’expérience sociale. Ses objets s’étendent des investissements les plus sensibles aux représentations les plus « travaillées ». Comment entendre pourtant ce thème du corps dont le trajet historique relèvent de sciences et de regards différents ?
Le séminaire s’attachera d’abord à affronter ces épistémologies hétérogènes, celles validant les approches de sciences biologiques autant que les approches de sciences humaines. Il s’attardera ensuite aux points de rencontres possibles : la manière par exemple dont certains imaginaires culturels nourrissent des modèles croisant les deux champs et donnant une relative unité à l’objet.
Jeudi 14 novembre de 19 h à 21 h: Introduction. Georges Vigarello, Thierry Pillon, Rafael Mandressi
Programme et renseignements : cliquez ici.
Ecole de Propédeutique à la Connaissance de l’Inconscient.
Soirées de l’EPCI. Le Cycle d’Introduction est dispensé sur douze lundis soirs, de 19h30 à 22h, entre Novembre et Juin, à l’IFSI des Diaconesses 95 rue de Reuilly, 75012 Paris. Chaque soirée est consacrée à un thème majeur : celui-ci est traité par un spécialiste, il est argumenté ensuite par un discutant qui anime le débat.
De 19h30 à 22h, Salles de cours 95, rue de Reuilly 75012 PARIS
Paris le lundi 18 novembre 2013
L’INCONSCIENT C’EST LA RÉPÉTITION
Juan David NASIO
Discutant : Gérard BONNET
Paris le lundi 2 décembre 2013
LA SUBLIMATION
Sydney LEVY, Sophie DE MIJOLLA
Discutant : Marie-France PATTI
Plus d’informations à cette adresse
Association Psychanalyse et Médecine
Un jeudi par mois de 21h à 23h
Café Malongo, 50 rue Saint André des Arts 75006 Paris
De la guérison. Psychanalyse et vérité
Sous la direction de Houchang Guilyardi Danièle Epstein, Geneviève Vialet-Bine
Poursuite du programme de l’année précédente ; on trouvera la liste des conférences à cette adresse.
Liste des séminaires.
Après-coup du colloque
La Salpêtrière, un théâtre de l’hystérie. D’une scène à l’autre: Charcot, Freud, Lacan
Une publication -à paraître courant 2014- réunira les principaux textes du colloque.
Paris le 16 novembre 2013
Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital
de 9h à 16h Mairie du IXe arr. Salle du conseil
XXV-ième Colloque
SEXUALITE FEMININE
Quoi de neuf sur le continent noir ?
Organisé par Diane Sourrouille, Marine Lalonde, Jean-Baptiste Legouis
Renseignements et inscription à cette adresse.
AMERIQUE LATINE
Buenos Aires les 7, 8 et 9 novembre 2013,
Colloque
Figures actuelles de la ségrégation.
La subjectivité à l’épreuve du social.
UFR d’Études Psychanalytiques – Université Paris Diderot
“CRPMS Centre de Recherches Médecine Psychanalyse et Société (CRPMS)”
Coordination : Élise Pestre
Collaborations scientifiques : Especialización en Infancia e Instituciones. Facultad de Psicología. UNMDP Red INFEIES
Programme et renseignements à cette adresse.
PARUTIONS
Les Actes du 14eme Colloque de la SMP sont disponibles
LE RISQUE : ANTICIPER, PRÉVENIR, TRAITER, ACCOMPAGNER.
Information à cette adresse
Patrick AVRANE, Les Pères encombrants, PUF
Vous trouverez ci-dessous la chronique que Caroline Eliacheff a consacré récemment à cet ouvrage sur l’antenne de France-Culture
Savez-vous ce qu’est un « père encombrant »? Dans la mythologie freudienne, de Moïse à Œdipe, le père est par essence encombrant et Freud lui-même en encombre plus d’un. Il est donc logique qu’un psychanalyste, Patrick Avrane, s’attaque à ce sujet.
Un père encombrant n’est pas destructeur comme peut l’être un père incestueux, sadique ou dévoyé. Un père peut encombrer son fils ou sa fille par une présence insistante qui se pare des vertus de la modernité, c’est le père copain-collant ; par son absence qui le rend inaccessible qu’il soit mort ou qu’il se dérobe. De biens d’autres façons encore. Patrick Avrane part de la clinique non pour imposer à ses patients – en majorité des adultes – ce qu’il sait, mais pour les écouter. Cela peut vous paraître une évidence mais elle n’est pas la mieux partagée. Puis, l’auteur use de la littérature, du cinéma ou de la peinture non pour y appliquer une grille de lecture mais « pour écouter ce que l’auteur, toujours en avance sur l’analyste a saisi et peut nous transmettre ».
C’est ainsi que le psychanalyste, attribuant à ses patients des prénoms originaux issus de la mythologie grecque, d’un roman de Chrétien de Troyes ou de pièces de Molière ou de Corneille, applique le principe commun à Freud et à Sherlock Holmes selon qui: « c’est une erreur capitale que d’échafauder une théorie avant d’avoir tous les éléments. Cela biaise le jugement ». Un analysant partageant les obsessions et les interrogations de Patrick Modiano autour du destin de leur père, l’auteur montre comment Modiano a fait une œuvre de ce père qui se dérobe. Son absence est remplacée par des signes témoignant tous de sa présence dans la géographie parisienne.
D’autres pères sont plus subtilement encombrants parce qu’ils ne déçoivent jamais. Ici, c’est un tableau de Vermeer, « La jeune fille au verre de vin » qui fait écho au cas d’une jeune femme par la présence dans le tableau d’un autre tableau : celui du pater familias à qui la jeune fille tourne le dos, exprimant sa demande à celui qui la contemple de l’extérieur et qui, lui, se trouve en face de ce père omniprésent. Comme si l’art du peintre faisait écho à celui du psychanalyste.
Jules Verne, lui, est un père encombré par son fils qu’il accuse inlassablement de « vanité », seule façon pour ce fils d’attirer l’attention de ce père plus intéressé par sa célébrité que par sa paternité, n’adressant à son fils que des paroles vides. On reconnaîtra aisément que les enfants de célébrités sont parfois des briseurs de rêves.
Représenter un père mort pour une mère qui en était amoureuse est un encombrement qui peut devenir une aliénation. Et c’est bien sûr au fameux roman de Barbey d’Aurevilly, Une Histoire sans nom que Patrick Avrane revient car on ne se lasse pas d’y découvrir les ressorts de l’âme humaine.
En filigrane, se dégage ce qu’on peut attendre d’un père ordinaire : non qu’il soit parfait mais que sa place, quelle qu’elle soit, ne soit pas figée et encore moins immuable.