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12 janvier 2010

Bulletin de la société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse du 11 janvier 2010(Ed. Henri Roudier)

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Séminaire Année 2009-2010 à Espace analytique

IMAGE ET PSYCHANALYSE

, Animé par Vannina Micheli-Rechtmann et Jean-Jacques Moscovitz

LUNDI 11 JANVIER 2010 à 21H . DEBAT SUR LE FILM

LE RUBAN BLANC

RÉALISÉ PAR MICHAEL HANEKE (ALLEMAGNE 2009, Palme d’Or au Festival de Cannes 2009)

Invités : Hervé Icovic , directeur artistique de la version française du film, Gilbert Guillard, germaniste à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, spécialiste du cinéma allemand

4, place Saint- Germain des Près Paris VI Hôtel de l’industrie

Informations : vannina.micheli@wanadoo.fr 01 44 07 12 34
jjmoscovitz@free.fr 01 43 25 02 11


DU RÊVE ENTRE DEUX LANGUES

Jérôme Lèbre reçoit
JEAN-PIERRE LEFEBVRE,
traducteur

le VENDREDI 15 JANVIER 2010 à 20h30 à l’ENS, 45 rue d’Ulm, Paris Salle CAVAILLÈS

Présentation de la nouvelle traduction de la
Traumdeutung de Freud, L’Interprétation du rêve
éditions du Seuil, janvier 2010

L’Interprétation du rêve : un livre d’auteur, apparemment lisse, articulé, systématique, linéaire, aujourd’hui encore identifié à ce que Stefan Zweig appelait une « heure étoilée de l’humanité », à une création géniale, mais qui se présente aussi comme un défi déroutant à l’édition scientifique tant il est le produit d’un atelier bourdonnant de lectures, de batailles, de reprises, de contacts avec les patients, de rapports plus ou moins allusifs avec un public. Paradoxe quasi onirique, objectivement inévitable, dont l’écriture est un acteur essentiel. Métaphore, aussi, de ce que la traduction affronte. » – J.-P. L.

Notre séminaire vient de se demander ce qu’il y a d’irréductible dans la langue, à propos du terme « ethos » et de son interprétation par Heidegger. Jean-Pierre Lefebvre, traducteur exceptionnel de Hegel ou de Celan, et maintenant de Freud, est bien placé pour répondre à cette question. Il pourra nous présenter sa toute nouvelle traduction de L’Interprétation du rêve pendant une séance entière, alors même que nous faisons route vers Freud et ce qui résiste dans le « caractère » freudien. » – J.L.

(voir également à ce sujet le dossier paru récemment dans Le Monde ; on trouvera les articles à la fin du Bulletin

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Le statut de la femme dans la médecine : entre corps et psyché

XI-ème colloque MEDECINE & PSYCHANALYSE

Vendredi 15, samedi 16, Dimanche 17 janvier 2010

Maison de la Mutualité

24, rue Saint Victor

75005 Paris

Sous la direction de Danièle Brun

Professeur émérite à l’université Paris 7 – Denis Diderot

Présidente de la « Société Médecine et Psychanalyse » SMP

Avec la collaboration de l’IEC

Institut Emilie du Châtelet

Comité scientifique

Pr. Roger Bessis, Pr. Danièle Brun, Dr. Michèle Levy-Soussan, Pr. Roland Gori, Marcela Gargiulo, Marie-Lise Babonneau, Pr. Alain Vanier.

Organisation administrative
-* Société Médecine et Psychanalyse, (SMP)
-* Centre de recherches « Psychanalyse et Médecine » (CRPM)
-* Université Paris 7-Denis Diderot (GIS)
-* études freudiennes pour l’édition des Actes du 11e colloque, à paraître en janvier 2010

Intervenants
Sylviane Agacinski, Jean Claude Ameisen, Marie-Lise Babonneau, ,Sophie Berville-Levy, Roger Bessis, Pascal Bolot, Claude Boukobza, Danièle Brun, Monique Bydlowski, Catherine Caleca, Bernard Chervet, Krishna Clough, Anny Cohen-Letessier, Sylvie Consoli, Madeleine Dayan-Lintzer, Marie-José Del Volgo, Marc Dommergues, Franck Dugravier, David Elia, Martine Frischmann, René Frydman, Marcela Gargiulo, Roland Gori, Françoise Héritier, Christian Hoffmann, Jacky Israël, Gérard Jorland, Nelly Korschia-Valantin, Simone Korff-Sausse, Julia Kristeva, Nathalie Lapeyre, Laurie Laufer, Marie-Christine Laznik, Dominique Lecourt, Michèle Lévy-Soussan Françoise Loux, Stanislas Lyonnet, Michela Maria Marzano, Isabelle Maury, Philippe Mazet, Jacqueline Morisi, Marie-Rose Moro, Micheline Moyal-Barracco, Marc Perez, Jean-Pierre Peter, Lenio Rizzo, Ouriel Rosenblum, Catherine Saladin, Dominique Sandre, Benoît Schlemmer, Didier Sicard, Conrad Stein, Rajaa Stitou, Jean-Christophe Thalabard, Jean-Bernard Trudeau, Alain Vanier, Catherine Vanier, François Villa, Viviane Viollet, Geneviève Wrobel, Nathan Wrobel, Jean-Michel Zucker.

On trouvera le programme à l’adresse suivante :

http://espace-analytique.org/spip.php?article391

Secrétariat du congrès
Tél. : 09 52 10 39 54

Fax : 09 57 10 39 54

Courriel : agnes.cousin@medpsycha.org

Adresse postale (pour toute correspondance y compris l’envoi des chèques pour l’inscription) :
SMP/ Agnès Cousin

77 rue Aristide Briand

92300 LEVALLOIS

Mise à jour régulière des informations sur le site de la SMP : www.medpsycha.org


Assises sur le savoir du psychanalyste

Association de psychanalyse Jacques Lacan

6 et 7 février 2010 à Paris

12, rue Durouchoux – 75014 Paris (Métro et RER : Denfert-Rochereau)

L’Association de psychanalyse Jacques Lacan prend la décision de ces Assises qu’elle organisera à Paris les 6 et 7 février 2010. Ce seront des assises ouvertes, sans aucune réserve liée à des désaccords épistémiques ou historiques, à quiconque se juge concerné par le présent de la découverte freudienne.

L’accueil se fera le samedi 6 février à partir de 14h, les travaux débuteront à 15h jusqu’à 18h30. Un cocktail permettra de poursuivre les débats de façon informelle et conviviale. Le dimanche 7 février, nous travaillerons ensemble de 9h à 18h.

Ces assises vont se dérouler en trois temps, un temps consacré au savoir du psychanalyste, un temps consacré à la passe et un temps consacré a l’association. Chacun de ces moments sera introduit par la lecture d’un rapport écrit par un petit collectif de travail. (Les rapports seront envoyés fin décembre à toute personne inscrite aux Assises).

Ensuite, deux psychanalystes invités nous feront part de leurs réflexions :
– Pour la demi journée sur le savoir du psychanalyste sont invités Marie-Claude LAMBOTTE et Erik PORGE
– Pour la demi journée sur la passe sont invités Claire HARMAND et Jean-Louis MEURANT
– Pour la demi journée sur l’association sont invités René MAJOR et Annie STARICKY.

Pour tous renseignements : Véronique Sidoit : 01 47 83 52 66 / 06 12 49 76 95 – vsidoit@gmail.com et sur le site : http:// www.apil.org


 

Les dépendances à l’adolescence

ÉCOLE DES PARENTS ET DES ÉDUCATEURS D’ILE DE FRANCE

SEMINAIRE

18h30 – 21h30 5 impasse Bon secours Paris XI ème

18 février 2010. Adolescence, transformations, désordres et dépendances.

Regards croisés entre la neurobiologie et la pedopsychiatrie

Jean-Pol TASSIN, neurobiologiste, directeur de recherches à l’INSERM

Jean CHAMBRY, pédopsychiatre, au CHP de l’enfant et de l’adolescent – Fondation Vallée, conseiller clinique à l’EPE

23 mars 2010. Troubles des conduites alimentaires et adolescence

Philippe JEAMMET, psychiatre, professeur des universités, président de l’Ecole des parents et des educateurs d’Ile de France

15 avril 2010. Alcool et adolescence

Georges PICHEROT, chef du service pédiatrique au CHU de Nantes

25 mai 2010. Cannabis et adolescence

Olivier PHAN, pédopsychiatre, responsable médical du centre Emergence, spécialisé dans la prise en charge des toxicomanies

17 juin 2010. Cyber dépendance et adolescence

Serge TISSERON, psychiatre et psychanalyste, directeur de recherches à l’Université Paris-Nanterre

Informations et inscription : Marie Laure COMPPER, tel 01 44 93 44 74 ; mlcompper@epe-idf.com


 

LE RUBAN BLANC

Séminaire Année 2009-2010 à Espace analytique
IMAGE ET PSYCHANALYSE , Animé par Vannina Micheli-Rechtmann et Jean-Jacques Moscovitz
LUNDI 11 JANVIER 2010 à 21H .

DÉBAT SUR LE FILM

RÉALISÉ PAR MICHAEL HANEKE (ALLEMAGNE 2009, Palme d’Or au Festival de Cannes 2009)
Invités : Hervé Icovic , directeur artistique de la version française du film, Gilbert Guillard, germaniste à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, spécialiste du cinéma allemand
4, place Saint- Germain des Près Paris VI Hôtel de l’industrie

Informations :

vannina.micheli@wanadoo.fr

01 44 07 12 34

jjmoscovitz@free.fr

01 43 25 02 11


 

DU RÊVE ENTRE DEUX LANGUES

Jérôme Lèbre reçoit JEAN-PIERRE LEFEBVRE, traducteur, le VENDREDI 15 JANVIER 2010 à 20h30 à l’ENS, 45 rue d’Ulm, Paris Salle CAVAILLÈS

Présentation de la nouvelle traduction de la Traumdeutung de Freud, L’interprétation du rêve
éditions du Seuil, janvier 2010

L’Interprétation du rêve : un livre d’auteur, apparemment lisse, articulé, systématique, linéaire, aujourd’hui encore identifié à ce que Stefan Zweig appelait une « heure étoilée de l’humanité », à une création géniale, mais qui se présente aussi comme un défi déroutant à l’édition scientifique tant il est le produit d’un atelier bourdonnant de lectures, de batailles, de reprises, de contacts avec les patients, de rapports plus ou moins allusifs avec un public. Paradoxe quasi onirique, objectivement inévitable, dont l’écriture est un acteur essentiel. Métaphore, aussi, de ce que la traduction affronte. » – J.-P. L.

Notre séminaire vient de se demander ce qu’il y a d’irréductible dans la langue, à propos du terme « ethos » et de son interprétation par Heidegger. Jean-Pierre Lefebvre, traducteur exceptionnel de Hegel ou de Celan, et maintenant de Freud, est bien placé pour répondre à cette question. Il pourra nous présenter sa toute nouvelle traduction de L’Interprétation du rêve pendant une séance entière, alors même que nous faisons route vers Freud et ce qui résiste dans le « caractère » freudien. » – J.L.

(voir également à ce sujet le dossier paru récemment dans Le Monde ; on trouvera les articles à la fin du Bulletin


 

LE CONTRE TRANSFERT

par Patrick GUYOMARD

Argument. Le contre transfert est une notion paradoxale. Elle est à la fois d’un usage courant, nécessaire à la pensée de la pratique et en même temps d’une imprécision critique, voire problématique.

Le terme est freudien, bien que Freud l’utilise peu, Lacan à son tour l’utilise et le critique. Les anglo-saxons s’y référent diversement.

Notion ou concept, le contre-transfert présente-t-il une consistance et une unité, malgré la diversité de ses usages cliniques ?

Patrick Guyomard est psychanalyste, membre fondateur de la Société de psychanalyse Freudienne et professeur à l’Université de Paris 7

Forum de l’Eglise Saint Eloi

Locaux en dessous de l’Eglise (longer le batiment pour trouver une porte qui va dans les sous sols. Le parcours est fleché).

3 place Maurice de Fontenay

75012 PARIS

Métro Montgallet ou Nation

– Tarif individuel : 100 euros
– Tarif adhérent : 84 euros
– Tarif formation permanente : 130 euros

Les inscriptions peuvent se faire par internet, par téléphone 01 43 07 89 26 ou par lettre. site internet : www.epci-paris.fr


 

Assises sur le savoir du psychanalyste

Association de psychanalyse Jacques Lacan

6 et 7 février 2010 à Paris

12, rue Durouchoux

75014 Paris

(Métro et RER : Denfert-Rochereau)

L’Association de psychanalyse Jacques Lacan prend la décision de ces Assises qu’elle organisera à Paris les 6 et 7 février 2010. Ce seront des assises ouvertes, sans aucune réserve liée à des désaccords épistémiques ou historiques, à quiconque se juge concerné par le présent de la découverte freudienne.

L’accueil se fera le samedi 6 février à partir de 14h, les travaux débuteront à 15h jusqu’à 18h30. Un cocktail permettra de poursuivre les débats de façon informelle et conviviale. Le dimanche 7 février, nous travaillerons ensemble de 9h à 18h.

Ces assises vont se dérouler en trois temps, un temps consacré au savoir du psychanalyste, un temps consacré à la passe et un temps consacré a l’association. Chacun de ces moments sera introduit par la lecture d’un rapport écrit par un petit collectif de travail. (Les rapports seront envoyés fin décembre à toute personne inscrite aux Assises).

Ensuite, deux psychanalystes invités nous feront part de leurs réflexions :
– Pour la demi journée sur le savoir du psychanalyste sont invités Marie-Claude LAMBOTTE et Erik PORGE
– Pour la demi journée sur la passe sont invités Claire HARMAND et Jean-Louis MEURANT
– Pour la demi journée sur l’association sont invités René MAJOR et Annie STARICKY.
Pour tous renseignements : Véronique Sidoit : 01 47 83 52 66 / 06 12 49 76 95 – vsidoit@gmail.com et sur le site : www.apil.org
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Freud, une passion publique

Vous trouverez ci-dessous l’essentiel du dossier paru dans LE MONDE DES LIVRES le 7 janvier

Depuis le 1er janvier 2010, les oeuvres de Freud entrent dans le domaine public, devenant, soixante-dix ans après sa mort, des « biens non susceptibles d’appropriation privée ».

A ce jour, et alors qu’elles sont partiellement traduites en une soixantaine de langues, l’établissement d’une édition intégrale (vingt volumes environ), organisée de façon cohérente et dans l’ordre chronologique, n’a été effectuée que dans cinq langues : l’allemand, l’anglais, l’italien, l’espagnol et le japonais. Les correspondances ne sont pas encore disponibles dans leur totalité, mais régulièrement traduites. Après de longues batailles, elles commencent à être accessibles à la Library of Congress de Washington où ont été déposés les manuscrits de Freud. On évalue à 15 000 le nombre de lettres écrites par lui : 5 000 ont été perdues et plus de 3 000 ont été déjà publiées ou sont en cours de traduction dans plusieurs langues.

Deux éditions complètes de l’oeuvre ont été réalisées en allemand : l’une du vivant de Freud, l’autre après sa mort. Publiées à Londres entre 1940 et 1952, les Gesammelte Werke (GW) sont devenues l’édition de référence, complétée ensuite par un index et un volume de suppléments.

La destruction de la psychanalyse par les nazis, qui a eu pour conséquence l’émigration de la majorité des freudiens allemands, autrichiens et hongrois vers les Etats-Unis, a été un désastre pour l’évolution du mouvement psychanalytique, mais aussi pour la publication des oeuvres de Freud. En devenant américains, les psychanalystes européens, contraints à être médecins et à adopter l’idéal adaptatif de l’american way of life, se sont orientés exclusivement vers la clinique, délaissant la partie spéculative de la pensée du maître et les travaux érudits.

Jamais le mouvement psychanalytique allemand n’est parvenu, après 1945, à retrouver son ancienne splendeur : d’autant moins que les quelques freudiens non juifs, demeurés à Berlin, avaient collaboré avec le régime. Seul Alexander Mitscherlich (1908-1982) parvint à sauver l’honneur en créant à Francfort le prestigieux Institut Freud et en obligeant les nouvelles générations à réfléchir sur le passé. C’est sous son impulsion que furent mises en chantier les Studienausgaben (ou textes choisis) destinées à un public un peu plus large que celui des GW. Mais comme Freud n’est plus considéré en Allemagne comme un penseur et que son oeuvre n’a guère été étudiée à l’université, elle n’est pas suffisamment lue pour qu’une nouvelle édition critique ait pu être entreprise chez Fischer Verlag, l’éditeur actuel de Freud.

Partout dans le monde, aujourd’hui, cette oeuvre est donc lue en anglais. Et ce d’autant plus que la plupart des psychanalystes contemporains, inféodés à l’idéologie utilitariste venue d’outre-Atlantique, s’intéressent moins à la genèse des textes du père fondateur qu’à l’exploration des circonvolutions cérébrales. Ils ont presque oublié que celui-ci était d’abord un juif viennois, savant et écrivain, contemporain de Theodor Herzl, ami de Stefan Zweig et de Thomas Mann, héritier de la tradition philosophique allemande : un penseur des lumières sombres.

En conséquence, depuis la seconde guerre mondiale, l’International Psychoanalytical Association (IPA), fondée par Freud en 1910, est une association corporatiste, même si les Latino-Américains, plus puissants que les Européens et les Nord-Américains, résistent à cette orientation, tout en étant parfaitement anglophones.

Et pourtant, c’est au psychanalyste anglais James Strachey (1887-1967) que l’on doit la plus belle traduction de l’oeuvre de Freud : la fameuse Standard Edition (SE), dont l’appareil critique est un chef-d’oeuvre. Proche de Virginia Woolf et du groupe de Bloomsbury, analysé par Freud à Vienne, Strachey a réussi à investir, par amour, l’oeuvre d’un autre, au point de la faire sienne toute sa vie. Certes, la Standard a des défauts – latinisation des concepts, effacement d’un certain style littéraire -, mais elle a le mérite d’avoir unifié les concepts en anglais et elle est la seule à témoigner de ce que peut être la passion d’un traducteur. Au fil des années, elle a été révisée et corrigée. Sa qualité, liée à la domination de la langue anglaise sur le mouvement psychanalytique, a donné lieu à quelques aberrations : ainsi les Obras completas publiées en portugais au Brésil, de 1970 à 1977, ont-elles été traduites de l’anglais. Il est probable qu’avec le passage au domaine public, une nouvelle traduction pourra enfin voir le jour dans l’un des pays où la psychanalyse est une culture nationale.

La situation de la France est unique au monde. Les premiers traducteurs – Samuel Jankélévitch, Yves Le Lay, Ignace Meyerson, Blanche Reverchon-Jouve, Marie Bonaparte – ont été excellents. Mais ils n’ont pas eu le souci d’unifier la conceptualité : les uns étaient psychanalystes, les autres philosophes ou germanistes. De son côté, Edouard Pichon, grammairien, membre de l’Action française et cofondateur de la Société psychanalytique de Paris (SPP), en 1926, créa une commission pour l’unification du vocabulaire psychanalytique français dont l’objectif était de débarrasser la psychanalyse de son « caractère germanique » pour en faire l’expression d’un « génie français » : la civilisation contre la Kultur. Au sein de la SPP, affiliée à l’IPA, la princesse Bonaparte traduisait donc les textes de Freud avec talent sans proposer de travail théorique. Contre elle, Pichon pensait une conceptualité sans traduire le moindre texte.

Durant les années 1950, un nouveau clivage se produisit quand Jacques Lacan effectua sa refonte de la pensée freudienne. Il incita ses élèves à lire Freud en allemand, actualisant du même coup l’idée d’une unification de la conceptualité, dont on trouve la trace dans le célèbre Vocabulaire de la psychanalyse (Presses universitaires de France, 1968), réalisé par Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, sous la direction de Daniel Lagache, lequel mit en chantier aux PUF, à la même époque, un projet d’opus magnum qui ne se réalisa jamais, du fait des désaccords survenus entre les différents protagonistes.

Ayant quitté l’IPA en 1963, Lacan, installé aux éditions du Seuil, n’obtint jamais la permission de traduire certaines oeuvres de Freud : les droits étaient réservés à trois éditeurs – PUF, Gallimard, Payot – et aux psychanalystes membres de l’IPA, seuls habilités à y désigner une équipe. Installé chez Gallimard, Pontalis renonça, lui, à publier des oeuvres complètes, refusa tout projet de passage de Freud dans la collection « La Pléiade » et se contenta de faire traduire, retraduire ou réviser un grand nombre d’ouvrages dans la collection « Connaissance de l’inconscient ». Malgré des préfaces insuffisantes, ces textes sont remarquablement traduits, notamment par Cornélius Heim et Fernand Cambon. Ils mériteraient d’être republiés, avec des commentaires et des notes adéquates, dans la collection de poche « Quarto », comme cela avait été prévu. Hélas, ce projet a été ajourné lui aussi.

Mise en chantier en 1988 par une équipe composée de Jean Laplanche, Pierre Cotet, André Bourguignon (1920-1996) et François Robert, l’édition des ‘uvres complètes de Sigmund Freud (OCSF) n’est pas encore achevée aux PUF, avec 15 volumes parus (sur 21) en édition courante et en poche (dans la collection « Quadrige »). En contradiction avec l’esprit du Vocabulaire de la psychanalyse, cette édition, fruit d’un travail d’équipe et non pas d’une rencontre entre un traducteur et une oeuvre, a été unanimement critiquée. Voulant se situer en symétrie inverse de Pichon, les artisans de cette entreprise ont prétendu faire retour à une sorte de germanité archaïque du texte freudien. Aussi se sont-ils donné le titre de « freudologues », convaincus que la langue freudienne n’était pas l’allemand mais le « freudien », c’est-à-dire un « idiome de l’allemand qui n’est pas l’allemand mais une langue inventée par Freud ». Ainsi traduite en freudien, l’oeuvre de Freud n’est guère lisible en français : tournures incompréhensibles, néologismes, etc. Parmi les inventions, notons « souhait » ou « désirance » à la place de « désir » (wunsch), « animique » à la place d' »âme » (seele) ou de psyché, « fantaisie » au lieu de « fantasme » (fantasie). Face d’un côté à cette version pathologique de l’oeuvre freudienne, et, de l’autre, à l’immobilisme de Gallimard, on comprend que l’entrée dans le domaine public soit en France un événement : un moment de bonheur et de liberté.

Si les traductions françaises publiées aujourd’hui sont différentes les unes des autres, elles ont pour point commun un rejet de toute théorie « freudologique », un retour au classicisme, un refus des dérives interprétatives. Le nouveau Freud français est désormais l’oeuvre d’universitaires patentés. D’où un certain académisme : les traducteurs et commentateurs, normaliens, agrégés, professeurs de lettres, germanistes, philosophes ne se soucient guère des travaux des psychanalystes ou même des historiens du freudisme, et pas du tout des innovations issues du monde anglophone : retour à la langue de Freud, à l’allemand de Freud et à l’Europe continentale qui a vu naître la psychanalyse. Le nouveau Freud français n’est ni lacanien, ni freudien orthodoxe, ni scientiste, ni affilié à l’IPA, il est un auteur du patrimoine philologique franco-allemand, revu et corrigé à la lumière de la philosophie et de la littérature : un Freud de la République des professeurs, démédicalisé, dépsychologisé, dépsychanalysé, peu historisé. Cette perspective est très différente de celle adoptée par les Britanniques.

Puisque la Standard Edition révisée est une merveille, les responsables de la nouvelle édition anglaise ont pris un parti inverse de celui de la France. Chez Penguin, les traductions ne visent pas à corriger les erreurs du passé mais plutôt à donner une autre image de l’oeuvre en l’immergeant dans l’histoire de la culture politique, des études de genre ou des débats historiographiques. Aussi bien sont-elles désormais présentées par d’excellents auteurs anglophones ayant eux-mêmes produit des travaux critiques ou historiques : John Forrester, Jacqueline Rose, Mark Edmundson, Leo Bersani, Malcolm Bowie. Adam Philips est le seul psychanalyste à faire partie de cette entreprise, mais il est aussi un essayiste iconoclaste peu apprécié de ses collègues praticiens.

Une chose est certaine en tout cas : dans le monde entier, l’édition des oeuvres de Freud est désormais l’affaire des écrivains, des universitaires et des historiens. Après des décennies de querelles ou de charabia, Freud est désormais regardé, hors du milieu psychanalytique – et à l’exception notable de l’Allemagne -, comme l’un des grands penseurs de son temps. Cela ne manquera pas de provoquer de nouvelles campagnes antifreudiennes semblables à celles orchestrées depuis vingt ans par les tenants d’un comportementalisme barbare. Car il en va de Freud comme de Darwin ou de Marx. Les déferlements de haine à leur égard semblent être la preuve que leur invention touche à une vérité universelle : quelque chose comme le propre de l’homme. L’être humain est en effet le produit d’une évolution biologique, d’une détermination psychique conflitctuelle et d’un environnement social conçu en termes de classes.

Elisabeth Roudinesco


 

Entretien. « Peur » ou « angoisse » ?

Trois traducteurs s’expliquent

S’agissant d’un auteur comme Freud, tout choix de traduction engage des enjeux non seulement linguisitiques, mais aussi théoriques et conceptuels. Nous avons demandé à trois traducteurs d’expliquer leurs options, en prenant un exemple : le livre de Freud intitulé Das Unbehagen in der Kultur (1930). François Robert appartient au comité éditorial qui supervise la parution des ‘uvres complètes de Freud aux Presses universitaires de France, où ce texte a été publié en 1994 sous le titre Le Malaise dans la culture. Deux nouvelles traductions paraissent ces jours-ci : chez Garnier-Flammarion, Dorian Astor a conservé le même titre ; au Seuil, Bernard Lortholary a préféré, quant à lui, Le Malaise dans la civilisation. Entretiens croisés.

— Comment envisagez-vous l’avenir du texte freudien, à présent que chacun peut en publier une nouvelle traduction ?

Bernard Lortholary : A chaque fois qu’on publie une nouvelle traduction d’un grand écrivain, cela augmente mécaniquement son audience, et cela offre aussi à ceux qui le connaissent déjà un matériau qui nourrit l’échange, la réflexion. Pour Freud, c’est une chance d’échapper à la pierre tombale jargonnante qui a jusqu’ici dissuadé le grand public de le lire, alors même qu’il écrit un allemand tout à fait fluide, et qu’il mérite d’être traduit de façon limpide. Or il l’a essentiellement été par des gens qui connaissaient mieux la psychanalyse que l’allemand. Il s’y sont attelés avec un incontestable courage, mais sans réelle compréhension de la langue.

Dorian Astor : Cette concurrence des traductions permet un travail critique qui oblige à revenir au texte. En France, l’oeuvre freudienne a longtemps été enfermée dans une forteresse psychanalytique qui prétendait détenir sa vérité. Il y avait l’idée que, si l’on n’était pas psychanalyste, on ne pouvait pas traduire Freud. Or dire qu’une traduction est définitive, c’est un réflexe totalitaire. Pour ma part, je suis germaniste, traducteur littéraire, et je refuse de me battre avec les psychanalystes sur le terrain de l’orthodoxie. Mais je peux les affronter sur le terrain de la langue…

François Robert : Nous attendons la confrontation avec sérénité. Toute nouvelle traduction est la bienvenue. Mais attention, il ne faut pas régresser. Chacun peut proposer une traduction qu’on dira plus « lisible », mais l’important est de ne pas revenir en arrière en nivelant tout, au mépris de la rigueur théorique. Notre équipe travaille sur l’ensemble des oeuvres. Il est plus facile de dire « allez, je vais traduire Malaise dans la culture ! », ponctuellement, sans se préoccuper de savoir si tel ou tel terme revient dans un autre livre. On nous a beaucoup reproché de chercher à uniformiser le vocabulaire de Freud. Mais notre but est d’abord de faire apparaître des discontinuités et des continuités dans cette langue qui est faussement simple, car Freud a une manière très spécifique de conceptualiser les mots. Il faut en tenir compte. La diversité, oui ; l’éclectisme, non !

— Pourquoi avoir choisi de traduire Das Unbehagen in der Kultur par Malaise dans la civilisation ou par Malaise dans la culture ?

Bernard Lortholary : La langue allemande dispose des deux termes, « Kultur » et « Zivilization ». Quand on traduit, il faut toujours se demander : ce texte, de quoi il parle, à quelle date, et à qui s’adresse-t-il maintenant ? Freud parle du malaise engendré par la civilisation. Mais il écrit à un moment où les idéologues accusent la « Zivilisation » d’être française, voire juive, par opposition à la « Kultur » allemande. Il met les pieds en terrain miné. Nous n’en sommes plus là. Aujourd’hui, si un journal titre « Malaise dans la culture », on se dit : ah, Frédéric Mitterrand doit avoir de gros soucis… Le terme « culture » a été réquisitionné par ce sens institutionnel. Donc, j’ai choisi Malaise dans la civilisation.

Dorian Astor : Il y a ici un jeu de miroirs. En allemand, le mot « Kultur » est mélioratif, il signifie supérieur. En français, c’est plutôt « civilisation » : on ne parle pas de civilisation papoue, mais de culture papoue. Dans L’Avenir d’une illusion, Freud dit : « Je dédaigne de faire la différence entre Kultur et Zivilization. » A partir de là, il faut savoir comment les choses s’articulent conceptuellement. Freud est l’héritier d’une philosophie où l’on oppose nature et culture. Pour lui, tout ce qui éloigne l’homme de la nature est un fait culturel. Utiliser le terme « civilisation » pour traduire le titre, ce serait en revenir au vieux sentiment de supériorité français façon années 1930. J’ai opté pour Malaise dans la culture.

François Robert : La distinction Kultur/Zivilization appartient à l’univers de pensée allemand. Pourtant, il est possible d’importer le concept de Kultur dans la traduction, où ce mot va prendre une nouvelle acception, parfaitement cohérente avec celle qu’il a aujourd’hui en français. « La culture est édifiée sur le renoncement pulsionnel », répète Freud. Telle est l’opposition pertinente chez lui. Si on traduit par « civilisation », on perd donc le sens nouveau que Freud a donné au mot « Kultur » : la grande nouveauté freudienne, c’est d’assimiler la nature à la pulsion, et la culture à son refoulement.

— Pourquoi avoir choisi de traduire le mot allemand « Angst » par « angoisse » ou par « peur » ?

Bernard Lortholary : Souvent, en traduction, il n’y a pas de solution idéale, on doit choisir la moins mauvaise. D’abord, il faut éviter ce qu’a fait l’équipe des oeuvres complètes : parce que l’allemand dit « das Kind hat Angst vor dem Pferd », ils traduisent « l’enfant a de l’angoisse devant le cheval ». Sous prétexte de cohérence terminologique, on écrit des choses ridicules. Le mot « Angst » recouvre un sens large, depuis la peur de ceci ou cela jusqu’à l’angoisse existentielle. Il faut donc se résoudre à ne pas toujours traduire par le même mot : j’ai choisi tantôt « peur », tantôt « angoisse ». Le contexte donne la solution.

Dorian Astor : La distinction que le français opère entre « angoisse » et « peur » n’existe pas en allemand. J’ai donc choisi « peur », afin de garder la généralité du terme. Par ailleurs, l’angoisse se définit comme une peur dont on ignore l’objet. Freud dit que l' »Angst » se cache derrière tous les symptômes. Parler d’une « angoisse inconsciente », comme le font certains traducteurs, n’a pas de sens. Ce qui est inconscient, c’est l’objet de la peur. Un enfant dit « j’ai peur », il ne dit pas « je suis angoissé ». Et de quoi mon chéri ?, lui demande-t-on. « Je sais pas »…

François Robert : Chez Freud, la théorie de l’angoisse présuppose qu’on puisse parler d' »angoisse inconsciente », comme on parle de « culpabilité inconsciente ». Ce n’est pas le traducteur qui est en cause, c’est Freud lui-même ! Quand on dit « Ich habe Angst vor », on est tenté de traduire par « j’ai peur de ». Mais Freud vient toujours compliquer les choses. Il faut prendre le risque d’une périphrase, pour montrer comment le concept se déploie. Lorsque le petit Hans dit « j’ai peur du cheval », Freud explique que c’est de l’angoisse (« Angst ») et non de la peur (« Furcht »). Si vous passez indistinctement de l’une à l’autre, vous perdez la richesse de la théorie. Il faut donc dire que Hans « a de l’angoisse devant le cheval ». Il y a une grande différence entre le sens courant d’un mot et celui que Freud lui donne. Il est piégeant, vous savez !

Propos recueillis par Jean Birnbaum


Un même extrait, des versions différentes

Peut-être est-il opportun de remarquer ici que le sentiment de culpabilité n’est au fond rien d’autre qu’une variété topique de l’angoisse ; dans ses phases tardives, il coïncide tout à fait avec l’angoisse devant le sur-moi. Et dans l’angoisse les mêmes extraordinaires variations se rencontrent dans son rapport à la conscience. D’une manière ou d’une autre, l’angoisse se cache derrière tous les symptômes, mais tantôt elle accapare bruyamment la conscience, tantôt elle se dissimule si parfaitement que nous sommes obligés de parler d’angoisse inconsciente, ou – si nous voulons garder plus pure notre conscience morale de psychologue, puisqu’en en effet l’angoisse n’est au premier chef, il est vrai, qu’une sensation – , de possibilités d’angoisse. »

« Le Malaise dans la culture », PUF-« Quadrige », traduction de l’équipe éditoriale en charge des Oeuvres complètes, p. 78-79.

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« Peut-être est-il bienvenu de faire remarquer ici que le sentiment de culpabilité n’est au fond qu’une dégénérescence topique de la peur, dans ses phases ultérieures il coïncide tout à fait avec la peur du surmoi. Et dans la peur se révèlent les mêmes extraordinaires variations du rapport à la conscience. D’une certaine façon, la peur se cache derrière tous les symptômes, mais tantôt elle accapare la conscience avec bruit, tantôt elle se cache si parfaitement que nous sommes obligés de parler d’une peur inconsciente, ou – si nous voulons garder plus pure notre conscience de psychologue, car la peur n’est d’abord, il est vrai, qu’une sensation – de possibilités de peur. »

« Le Malaise dans la culture », Garnier-Flammarion, traduction de Dorian Astor, p. 163.
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« Peut-être serait-ce ici le bon moment de remarquer que le sentiment de culpabilité, au fond, n’est rien qu’une forme topique d’angoisse, sous ses formes ultimes il coïncide entièrement avec la peur du Surmoi. Et, s’agissant de l’angoisse, les mêmes variations extraordinaires se manifestent par rapport à la conscience claire. D’une certaine façon, l’angoisse est derrière tous les symptômes, mais tantôt elle réquisitionne à grand tapage la conscience entière, tantôt elle se cache si parfaitement que nous sommes forcés de parler d’angoisse inconsciente ou bien – si nous tenons à avoir meilleure conscience vis-à-vis de la psychologie, car enfin l’angoisse n’est d’abord qu’une sensation – de possibilités d’angoisse. »

« Le Malaise dans la civilisation », Points « essais », traduction de Bernard Lortholary, p. 155.