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19 octobre 2009

Bulletin de la société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse du 19 octobre 2009(Ed. Henri Roudier)

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Hommage à Edouard Zarifian

La revue NERVURE, dirigée par F. Caroli et G. Massé,  vient de publier les interventions du colloque  du 20 février dernier à l’Hôpital Sainte Anne.

Vous y trouverez les interventions de F. Caroli,  E. Roudinesco, Cl. Finkelstein, P.H. Keller, D. Tabuteau, R. Gori, P.Delion
www.nervure-psy.com

Un blog est dédié à Edouard Zarifian : http:// edouardzarifian.over-blog.com


 

Primeras Jornadas de Historia, Psicoanálisis y Filosofía

22 y 23 de octubre de 2009

Organizadas por las cátedras de Filosofía de la Historia e Historia de la Psicología (Cátedra I),  de la Universidad de Buenos Aires
Centro Cultural de la Cooperación – Av. Corrientes 1543 3er. piso, Buenos Aires

Estas jornadas buscan construir puentes críticos entre el psicoanálisis, la historiografía y la filosofía. Antes que indagaciones empíricas o puramente teóricas, proponen elaborar las implicancias de los cruces inter y transdisciplinarios, repreguntando las perspectivas que condicionaron durante un siglo las conversaciones del continente teórico inaugurado por Sigmund Freud y la práctica de la historia. La triple perspectiva de la historiografía, el psicoanálisis y la filosofía busca fomentar interrogaciones teóricas que revisiten las prácticas habituales de los distintos campos. De allí que se definan ejes temáticos orientados a estimular extensiones e intercambios teóricos.

Apenas edificados los cimientos de la doctrina freudiana, ese discurso se vio conducido al terreno de la historia, ensayando un abordaje novedoso de fenómenos del pasado remoto y del reciente. Y la reacción inversa no se hizo esperar. Basta con recordar el lugar central que las nociones psicoanalíticas ocuparon en indagaciones históricas o filosóficas de los representantes de la Escuela de Frankfurt o de Norbert Elias.

Lejos de haber sido un entrecruzamiento precipitado, ese mutuo intercambio denota que la invención freudiana porta inquietudes y herramientas que no podían permanecer ajenas al trabajo historiográfico, ni éste podía dejar de influir en el proceder del psicoanálisis. Tal vez la obra de Michel de Certeau haya sido el intento más acabado y ambicioso de fundamentar y demostrar el rédito de ese parentesco. La actualidad de cada uno de esos autores alcanzaría seguramente para revisitar el diálogo entre estas disciplinas; empero, el fin de estas jornadas no es tanto realizar una relectura de esas obras puntuales, sino poner nuevamente al descubierto los problemas teóricos y metodológicos que implica la conexión entre discurso psicoanalítico, historiografía y filosofía de la historia.

Ejes temáticos:

–  La epistemología de la historiografía y el psicoanálisis: recorridos, novedades, perspectivas.
–  Historias del psicoanálisis: problematizar un campo de estudios. ¿Existe una historia psicoanalítica?
–  Psicoanálisis de la historia: balances y perspectivas.
–  En las fronteras entre historia y psicoanálisis: mentalidades, culturas, transmisiones. Contactos con las ciencias sociales.
–  Alcances historiográficos de nociones psicoanalíticas: resignificación a posteriori, temporalidad del Inconsciente, recuerdos encubridores.
–  Psicoanálisis: ¿Teoría de la memoria o teoría de la historia? Recuperación de una distinción clásica.

Consultas: psicofilohistoria@gmail.com

Inscripciones:

-* Estudiantes: Gratuito. / Oyentes: Gratuito (se otorgará certificado de participación).
-* Expositores: 100 pesos (se otorgará certificado de participación y CD-ROM con las ponencias). Descuento para becarios y docentes: 70 pesos.
-* Comité científico : Hugo Vezzetti (Historia de la Psicología), Daniel Brauer (Filosofía), Alejandro Dagfal (Historia de la Psicología), Guillermo Wilde (Antropología), Francisco Naishtat (Filosofía)
-* Coordinación académica : Omar Acha (Historia y Filosofía, Facultad de Filosofía y Letras-UBA) Mauro Vallejo (Historia del Psicoanálisis, Facultad de Psicología-UBA)

 


PSYCHANALYSE ACTUELLE

PROCHAINES RENCONTRES AVEC UN AUTEUR ET SON OUVRAGE
Lundi 9 novembre 21h15 débat animé par Maria Landau, Guillaume Moscovitz,  Marcel Drach, sur l’ouvrage d’Imré Kertesz « L’Holocauste comme culture » éd. Actes Sud avril 2009.

Lundi 14 décembre 21h15 – Gérard Pommier :« Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse » éd. Champs Flammarion 2004/2007

Samedi 23 janvier 2010 14h30 – Claude Lanzmann : « Le Lièvre de Patagonie » éd. Gallimard février 2009

Lundi 8 février 21h15 –  Colette Soler : « Lacan, l’inconscient réinventé » éd. les Puf septembre 2009.

Samedi 13 mars  14h30 – Roland Gori et Marie-José Del Volgo : « Exilés de l’intime » éd Denoël 2008

Toutes informations sur le site http://psychanalyseactuelle.free.fr

 


CENTRE DE RECHERCHE EN PSYCHANALYSE ET ÉCRITURES

email : sarmient@msh-paris.fr
http://crpeparis.free.fr

Séminaires d’études pratiques et cliniques de formation psychanalytique à la Maison des Sciences de l’Homme

Salle 214, à 20h30, 54  bd. Raspail, 75006 Paris,  M° Sèvres Babylone.

Isabelle FLOC’H
Psychanalyste, peintre, Isabelle Floc’h tiendra un séminaire sur Le féminin et l’écriture, ou le roman comme Nom du Père Autour de la vie et le parcours intellectuel de Virginia Woolf.

Les mercredi 23 septembre 2009, 13 janvier 2010, le 17 mars 2010 et le 19 mai 2010

Philippe JULIEN

Psychanalyste, écrivain, ancien membre de l’École freudienne de Paris, Philippe Julien fera deux conférences à partir desquelles nous entendrons ses positions par rapport à certains points concernant les homosexualités.

Salle 214, les mercredi 2 décembre 2009 et le 6 janvier 2010
Rencontres avec des auteurs psychanalystes suivi d’un débat à la Maison de l’Amérique latine
Auditorium  217 bd. St. Germain, Paris 75007. Entrée libre

Mardi 3 novembre à 21h : Anne JURANVILLE « La mélancolie et ses destins » éd. Puf
Mal-être, spleen, tristesse, les noms qui véhiculent l’idée de souffrance morale se déclinent à l’infini. Hier réservé à une «élite» intellectuelle, le sentiment mélancolique est un trouble auquel on reconnaît aujourd’hui une ampleur tangible traversant l’ensemble de nos sociétés…

Avec la participation d’Isabelle FLOC’H .

Mardi 8 décembre à 21 h : Silvia LIPPI « Transgressions – Bataille, Lacan, » éd. Erès, coll. Point Hors Ligne, 2008

Silvia Lippi analyse dans son livre le concept de « transgression », notion souvent oubliée, stigmatisée, ou que la doxa psychanalytique attribue de façon figée à une structure en particulier, la perversion.La transgression est abordée dans les travaux de Bataille et de Lacan par divers biais. Si on sort de l’acception commune du terme, si on donne au mot « transgression » le sens que lui donne Bataille, la transgression est un excès qui a aussi la fonction de blocage dans son mouvement. La transgression a besoin de la loi pour exister, mais elle n’est pas le franchissement de la limite. Elle est le va-et-vient entre la limite et le hors-limite, car la ligne qu’on dépasse est encore la ligne qu’on retrouve. Comment concevoir alors, le rapport entre loi et transgression, si les deux peuvent se confondre ? Et comment la transgression, se lie-t-elle aux concepts fondamentaux de la psychanalyse : inconscient, désir, fantasme, jouissance, pulsion, structure, parole ?

Avec l’intervention de Paul-Laurent ASSOUN et Christian HOFFMANN

 


 

Colloque « Bébés-juniors-seniors »

Paris, le vendredi 27 novembre 2009,

Interviendront des professionnels de la petite enfance, de l’adolescence et du sujet âgé   désireux d’échanger à partir de leurs pratiques  sur les questions communes intéressant   ces trois temps de changement dans la vie, quand corps et psyché ne sont plus ou pas en phase.

Comité scientifique : Dr Patrice Huerre, Dr Nancy Pionnié-Dax, Dr Caroline Eliacheff, Dr Myriam Szejer, Dr Cécile Hanon, Dr Jérôme Pellerin

Parrainages Collège international de l’adolescence, La cause des bébés, Société de psycho-gériatrie de langue française

Renseignements et inscriptions :  Patricia Bronet
patricia.bronet@sfr.fr, tel 01 70 13 42 34


JOURNÉES DE TOURS

Les 21 & 22 novembre 2009

De l’Hospitalité

Renseignements : http://www.lasocietepsychanalytiquedetours.net/


JOURNÉE D’ÉTUDE : LES PARADOXES DE L’AUTISME
Samedi 24 octobre 2009 de 9h à 17h30

Département de Psychanalyse de l’Université Paul-Valéry Montpellier III
Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de Montpellier (Crises, EA 4424)

Université Paul-Valéry – Montpellier III  Amphi H

Renseignements :  marie-noelle.diochon@univ-montp3.fr ;  04 67 14 54 62

La problématique générale de cette rencontre sera d’aborder l’autisme en dehors de toute référence médicale en considérant cette affection comme une position subjective paradoxale et, jusqu’ici, largement inexpliquée. Il s’agira de penser l’autisme comme une façon tout à fait particulière d’habiter le monde, et comme un questionnement décisif sur notre propre condition humaine.

Ainsi, la compréhension de l’univers psychique de l’autisme est un espace de recherche privilégié pour éclairer les opérations mentales archaïques qui président chez tout humain à son introduction au stade primitif des sensations et, par la suite, à son accès au registre supérieur des perceptions, ce que la grande thérapeute Frances Tustin appelait « la naissance psychologique » de l’être humain. À ce titre, l’autisme apporte une lumière irremplaçable sur les zones d’ombre de notre vie psychique. Ce sont ces régions obscures que cette journée d’étude se propose d’explorer, afin d’approcher la complexité contenue dans les verbes « communiquer », « éprouver », « habiter », « donner corps », « parler ». C’est ce que les enfants autistes nous donnent à penser.

Communications

Françoise Koehler, psychanalyste, présidente de l’Association « Petite enfance et psychanalyse ».
Jean-Claude Maleval, psychanalyste, professeur de psychologie clinique à l’Université européenne de Bretagne, Rennes 2, auteur de L’autiste et sa voix (Seuil, 2009).

Bertrand Ogilvie, psychanalyste, professeur de philosophie politique et de psychanalyse à l’Université de Paris 10-Nanterre. Directeur de programme au Collège International de Philosophie, auteur de Lacan. La formation du concept de sujet (PUF).

Bernard Salignon, professeur d’esthétique et de psychanalyse à l’Université Paul-Valéry – Montpellier III, auteur de Où. L’art, l’instant, le lieu (Cerf, 2008.
Marie-Jean Sauret, psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique à l’Université de Toulouse-Le Mirail, auteur de L’effet révolutionnaire du symptôme (Erès, 2008).

La journée sera présidée par :
-* Jean-Daniel Causse, professeur à l’Université Paul-Valéry-Montpellier III, directeur du département de psychanalyse, auteur de Figures de la filiation (Cerf, 2008)
-* Henri Rey-Flaud, professeur émérite de l’Université Montpellier III, auteur de L’enfant qui s’est arrêté au seuil du langage. Comprendre l’autisme (Aubier, 2008).


IHEP

Rappelons l’adresse du site /www.ihep.fr
Vous y trouverez les renseignements concernant de très nombreux séminaires
Entre autres  :

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Paris – 2009-2010

René MAJOR

LA MALADIE AUTO-IMMUNE DU CAPITALISME

Projection de l’économie psychique dans l’espace social, l’économie de marché reproduit un mode de rapport à l’autre dans lequel l’argent, comme substitut d’objet partiel, joue un rôle déterminé et déterminant.
Poursuivant notre étude des rapports de l’économie néo-libérale à l’économie libidinale, nous examinerons comment, depuis la fin de la guerre froide, le capitalisme triomphant, naguère hanté par le spectre du communisme, a vu sa propre demeure, son oïkos, envahie par les fantômes. Là où la production se mettait à l’abri de toute loi autre que la sienne propre, son nomos étant la loi du marché, son auto-reproduction détruisait ses propres défenses jusqu’à la libération de l’argent fou. (Le trader spécule sur les fantômes, quitte à devenir un martyr de la valeur d’échange.) Il faut faire, produire, éliminer, avec l’entêtement qui est lui-même le produit de la pulsion partielle en question et que la pulsion de pouvoir arraisonne à son tour aux fins de contrôle du lien social.

E.N.S. – 45, rue d’Ulm – Paris 5e
2009 : les jeudis 26 novembre et 10 décembre
2010 : le séminaire se poursuivra aux dates annoncées sur le site.
21 h à 23 h – SCHÉMA D’ACCÈS AUX SALLES ENS
L’on assiste au séminaire sans inscription ni frais.

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Genève – 2009-2010

Mario CIFALI

COMMENT FREUD EST-IL POSSIBLE ?

Freud est-il actuel ? Comment son ¦uvre l’est-elle, et continue-t-elle d’opérer en ses effets ? Si « le désir est bien l’essence de l’homme » (Spinoza), quel est le Désir de Freud, intransmissible aux « coquins », comme il l’avoue dans sa Science des rêves ? Quelle est sa subversion, bien trop édulcorée par une psychologie du moi ou cognitiviste ? Invoquer la méthode révolutionnaire, invoquer l’inexplicable génie, invoquer la grandeur du sage, invoquer le créateur naturel, cela nous satisfait-il ? N’y a-t-il pas autre chose, et de foncièrement autre (pour ne pas dire énigmatique), qui passe inaperçu en raison d’une vision psychique et historique qui dédaigne « l’immuable, l’immortel et la vérité », comme aurait pu le déclarer Platon, et ceci à la faveur du mutable et du mortel, de l’évolution et de la corruption ?

À quel obstacle l’interprétation freudienne se heurte-t-elle en ses frontières ? Comment s’avère-elle, et bien trop souvent, enrôlée par une vision psychogénétique ? Comment élude-t-elle, et trop naïvement, la connaissance psychique et cosmogonique, la fable, toujours présente au commencement, des antiques philosophies de l’âme, – fable, soulignons-le, qui resurgit à peine voilée, déformée, dans les figures de la métapsychologie ?

À ces questions, où le singulier du savoir psychanalytique rejoint l’universel, et à bien d’autres, nous tenterons de répondre au cours ce séminaire 2009-2010, en faisant nôtre le principe heuristique selon lequel « le véritable ami de la science aspire naturellement à l’être, ne s’arrête pas à la multitude des choses particulières auxquelles l’opinion prête l’existence, mais procède sans défaillance et ne relâche point son ardeur qu’il n’ait pénétré l’essence de chaque chose avec l’élément de son âme ».

Renseignements tél. à Genève : 022 348 05 40

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Göteborg – 2009-2010
Per Magnus JOHANSSON

OM FÖRHæLLANDET MELLAN PSYKOANALYS OCH RELIGION

Seminariet tar sig an förhållandet mellan psykoanalysen, den dominerande politiska diskursen och religionens plats i det västerländska samhället

LE RAPPORT ENTRE LA PSYCHANALYSE, LE DISCOURS POLITIQUE D’AUJOURD’HUI ET LA PLACE DE LA RELIGION DANS LA SOCIÉTÉ OCCIDENTALE

Association freudienne (Freudianska föreningen), Institut d’Épistémologie, Université de Göteborg, Suède
Stora Nygatan 13, 41308 Göteborg
2009 : les dimanches 11 et 18 octobre, 8 et 15 novembre, 6 et 13 décembre
2010 : les dimanches 17, 24 et 31 janvier, 7 et 28 février, 7, 14, 21 et 28 mars, 18 avril, 9, 23 et 30 mai
15 h à 17 h

tél. 00-46-31-155470
http://www.permagnusjohansson.com/
http://www.freudianska.org/bibliografi/pmjbibl.html

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Lyon- 2009-2010

Anny COMBRICHON

POÉSIE – PSYCHANALYSE – POLITIQUE – QUELS ENJEUX ?

Quatre vingt ans après la publication de Malaise dans la culture les accents prémonitoires de Freud soulignant les effets de la pulsion de mort, de la pulsion d’emprise, ont dépassé la réalité : guerres, colonisation, totalitarismes, génocides, terrorismes, chute des idéologies politiques et religieuses ont débouté toute illusion sur l’espèce humaine.

Ces mines à fragmentation multiple laissent dans le tissu social, en résonance avec les histoires individuelles complexes, des marques indélébiles, des scories perverses, des liens distordus, des constructions fragilisées.

La cure, dans la force de son désir par la rigueur et la souplesse de son écoute est souvent le seul lieu d’hospitalité, terre d’asile, dans les cheminements imposant déconstruction (Jacques Derrida), déliaison, afin d’émerger à une vérité du sujet. L’espace poétique ouvert au jeu des mots, à l’entrelacs des sens (du sens insensé) permet d’inventer une langue nouvelle, parole en archipel (René Char), en « rhizome » (Gilles Deleuze), à partir de l’étrangeté décryptée, de l’étranger accueilli, du non (nom) dit, toujours à cerner.

La poétique de l’interprétation partagée, la douceur des gestes sont l’indispensable tact nécessaire pour affronter les violences d’une telle emprise. Mélancolie, honte, culpabilité laissent alors place à une énergie trop longtemps enclose, condensée (Maria Torok) qui peut inventer de nouvelles formes de communauté dans la diversité du « tout monde » (Édouard Glissant), dans la libre circulation des frontières intérieures.

Ce groupe de travail s’attache depuis des années à en confronter les questionnements, à en tenir les bords, dans un temps où la psychanalyse après sa période de lumière entre en résistance, se retire dans sa chrysalide.

Sécrétera-t-elle les fils de soie pour en effectuer la trans-mutation attendue ?
Ce n’est pas sans tenir ces instances qu’elle peut espérer son retournement, pas sans joie, pas sans amitié, au risque de mourir.

Pour tous renseignements, prendre contact avec Anny Combrichon Tél. 04.78.37.26.65

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Le Séminaire Psychanalyse/Criminologie ne tiendra pas cette année ses réunions mensuelles mais organisera une ou plusieurs soirées publiques qui débuteront au second semestre avec la participation de :
Maryan Benmansour, Laurent Caillard, François-R. Dupond Muzart, René Major, Serge Portelli et Chantal Talagrand.
Les dates et thèmes de chaque débat seront annoncés en temps utile sur le site.

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lanuitsecuritaire@collectifpsychiatrie.fr

Le collectif  « Contre La Nuit Sécuritaire – Appel des 39″ organise une rencontre nationale
Samedi 28 novembre  à Montreuil
(La Parole Errante à la Maison de l’Arbre).

Voici  leur dernier communiqué.

Depuis plusieurs mois, un mouvement se construit au sein de la psychiatrie. Pour sa part, le collectif des 39 a élargi son action au-delà de la condamnation du discours  sécuritaire. Lors des nombreux forums et rencontres organisés, nous avons pu constater la présence d’un engagement fort au sein des personnes confrontées au soin psychique ainsi qu’une importante volonté de résistance. De multiples témoignages ont montré une indignation massive vis-à-vis des conditions dans lesquelles se pratique la psychiatrie aujourd’hui, manifesté une exigence de modifier les pratiques quotidiennes, de sortir de l’isolement afin d’opérer une mise en commun.
Pour prendre acte de ce tournant et l’élargir, nous avons décidé d’organiser  une rencontre nationale le samedi 28 novembre à Montreuil (La Parole Errante à la Maison de l’Arbre).

Il s’agirait de questionner ce qui est en jeu à travers l’ensemble des « réformes » qui voudraient s’imposer, à savoir la réduction des « usagers de santé mentale » à une somme de conduites déviantes à corriger, impliquant en miroir la réduction du rôle de soignant à une somme de fonctions : celle de technicien, d’agent administratif, d’agent du maintien de l’ordre public Déplaçant ainsi les priorités du soin psychique sur un pôle gestionnaire et sécuritaire, au détriment de la dimension thérapeutique relationnelle, aboutissant à cette situation paradoxale de créer une nouvelle génération de soignants dont la priorité n’est plus de soigner.

Cette exigence de « modernité » et de « réalisme » ne conduirait-elle pas à une réactualisation de pratiques passéistes, telles que le tri, la mise à l’écart, l’enfermement irréversible des populations « marginales », au sein de laquelle les « néo-soignants » reproduiraient une version contemporaine des antiques « gardiens de fous » ?

La seule position lucide et réaliste en psychiatrie est-elle celle qui nous est prescrite par les réformes en cours ? Ou nous est-il possible d’envisager avec sérieux une position soignante rénovée, fondée sur le soin relationnel, la rencontre singulière et le travail collectif ?


XXXVIIIes Journées de l’Ecole de la Cause freudienne

COMMENT ON DEVIENT PSYCHANALYSTE À L’ORÉE DU XXIE SIÈCLE

7 et 8 novembre 2009

Palais des Congrès
Paris

Renseignements  :

ecf@causefreudienne.org

ou  www.causefreudienne.net/agenda/evenements/journees-ECF


Du côté de L’APPEL DES APPELS

Vous y trouverez sur leur site tous leurs communiqués ainsi qu’un certain nombre d’interventions

Vous trouverez ci-dessous la transcription de l’entretien de France-Culture du mercredi 22 juillet 2009, d’Antoine Mercier avec Roland Gori, Professeur de psychopathologie à l’Université d’Aix-Marseille-I

Antoine Mercier : « D’autres regards sur la crise », toute cette semaine, dans le cadre de ces XXIVe Rencontres de Pétrarque sur le thème « Après la crise quelle(s) révolution(s) ? » Roland Gori, bonjour !

Roland Gori : Bonjour !

Antoine Mercier
: Donc, vous êtes effectivement, psychanalyste, professeur de psychopathologie clinique à l’université d’Aix-Marseille et j’allais dire, surtout, pour ce qui nous concerne, l’initiateur du fameux L’Appel des appels qui a rencontré un grand succès cette année à l’occasion de cette crise. Je voudrais juste citer la première phrase, pour remettre cet Appel des appels dans son contexte : « Nous, professionnels du soin, du travail social, de l’éducation, de la justice, de l’information, de la culture, attirons l’attention des Pouvoirs Publics et de l’opinion sur les conséquences sociales désastreuses des Réformes hâtivement mises en place ces derniers temps. » Voilà le début de cet appel qui a rencontré, je le disais, beaucoup d’échos, à un certain moment. Où en est-on aujourd’hui, j’allais dire peut-être, quelques mois après le lancement de cet Appel, Roland Gori ?

Roland Gori : Alors, on en est au constat d’une urgence de communiquer, de dire et d’analyser, tout en prenant du temps. C’est un peu un paradoxe, mais finalement l’Appel des appels est né du c¦ur des métiers de l’humain, du Bien Public, de l’espace public, qui ont considéré que, du c¦ur de leurs métiers, ils pouvaient révéler une dimension du politique. Je dis bien du politique et non pas de la politique, c’est-à-dire selon la manière dont on conçoit le soin, selon la manière dont on conçoit la justice, selon la manière dont on conçoit l’information, selon la manière dont on conçoit l’éducation etc., il est évident que c’est tout une conception de l’homme qui se révèle. Or, depuis plusieurs années nous assistions à l’émergence de nombreuses pétitions : « Pas de zéro de conduite », « La nuit sécuritaire », « Sauvons l’hôpital », « Sauvons la recherche », « Sauvons l’Université ». On n’arrête pas d’essayer de sauver, ce qui montre bien qu’effectivement, n’est-ce-pas, nous sommes dans une civilisation qui fait faillite au moment même de son triomphe, comme disait René Char et

Antoine Mercier : Alors, ce qui est intéressant, là dedans, effectivement, c’est la transversalité. Ça a cristallisé à ce niveau-là. Donc, qu’est-ce qui est commun dans tout ça ? Soulignez bien ce qui nous

Roland Gori : Alors, ce qui est commun, si vous voulez, que nous prenions la réforme de la justice, la réforme de l’hôpital, la réforme des Universités, la réforme, n’est-ce-pas, du soin, ce qui est commun, c’est finalement qu’on nous demande de nous normaliser en incorporant des valeurs qui donnent l’image d’un homme économique, rationnel, performant, qui doit réagir immédiatement, qui doit accepter d’être dans la contingence, dans une espèce d’idéalisation de l’immanence, qui doit essentiellement, pourrait-on dire, vivre au ras du comportement, au ras du comportement performant. Alors, si vous voulez, ce qui est frappant c’est ça, c’est-à-dire que quel que soit le secteur d’activité

Antoine Mercier : Alors, prenons l’exemple, par exemple de votre domaine, la psychologie en général.

Roland Gori : Si on prend l’exemple de la psychologie, de la psychanalyse, de la médecine, pour aller très vite, quand par exemple, on ne parle plus de patient mais on parle de client, c’est pas seulement, si vous voulez, un changement de mot. C’est un changement du concept même de soigner et ce changement du concept même de soigner c’est un changement même, si vous voulez, de civilisation. Puisque finalement, la valeur d’une société se mesure à la manière dont elle traite les plus vulnérables de ses membres. Donc, à partir du moment où, pourrait-on dire, quelqu’un en souffrance est considéré comme un consommateur de soins, est considéré comme un client, c’est quand même tout le rapport civilisationnel à la vulnérabilité qui change. Quand vous prenez par exemple, l’Université, – puisque je suis universitaire et que je connais bien les questions de recherche, n’est-ce pas -, quand finalement ça n’est plus la qualité d’un article ou la qualité d’un livre qui se trouve évaluée mais en quelque sorte la marque de la revue dans laquelle il est publié, on est bien dans une politique des marques, on est bien dans toute une conception si vous voulez, de l’humain, qui est quand même très éloignée des fondamentaux justement, de la démocratie, de la République et de l’héritage, il faut quand même le dire, du Comité National de la Résistance, c’est-à-dire que quand par exemple, on considère pour prendre l’exemple de la Sécurité Sociale, n’est-ce pas, la Sécurité Sociale est née de la Libération, est née de la résistance, est née d’une conception de la solidarité nationale, quand on n’est plus sur le thème de la solidarité mais sur le thème d’une pensée du risque assurentiel individualisé, il y a bien quelque chose qui change, qui est pas seulement lié au soin ou à la prise en charge sociale.

Antoine Mercier : Alors on peut dire, malaise, malaise dans la civilisation, on peut dire crise, c’est vraiment le c¦ur de notre sujet. Encore un petit détour : chaque société a les pathologies qu’elle mérite

Roland Gori : Oui.

Antoine Mercier : Est-ce que vous pouvez dire un mot de cette phrase que vous avez dite il y a quelques temps ?

Roland Gori : Oui, alors, effectivement, si vous voulez, chaque société a pourrait-on dire, la psychiatrie qu’elle mérite, et chaque psychiatrie a la pathologie qu’elle mérite – je vais très vite -, ce qui n’est pas du tout rassurant pour la nôtre, de société.

Antoine Mercier : Alors, expliquez-nous

Roland Gori : Alors en deux mots, si vous voulez, il est évident par exemple qu’à l’heure actuelle, on a tendance à rechercher dans les vulnérabilités génétiques ou dans les dysfonctionnements neurocognitifs, les troubles du comportement des enfants. Par exemple, l’hyperactivité, le trouble de l’attention ou encore le trouble des conduites ou encore, si vous voulez, au niveau des adultes, l’addiction, la dépression, etc. Bon

Antoine Mercier : Pourquoi ? Parce que ça rassure ça, d’avoir des faits objectifs qui permettent d’expliquer les situations ?

Roland Gori : Non enfin ça rassure c’est pire que ça, si j’ose dire. C’est-à-dire que ça disculpe le social de la part qui est la sienne, dans la constitution des symptômes. Puisque, si vous voulez, si vous avez une vulnérabilité génétique qui pousse vers le suicide, si vous avez une vulnérabilité génétique qui pousse si vous voulez vers les troubles oppositionnels de provocation, à partir de ce moment-là, vous ne tenez plus compte du contexte et de l’histoire, aussi bien de l’histoire individuelle que de l’histoire collective. Donc, il faut bien voir que je ne crois pas à l’Immaculée conception des savoirs. Ils émergent de la niche écologique d’une culture et d’une civilisation, ce qui ne veut pas dire encore une fois qu’il n’y a pas de part génétique dans la détermination de nos comportements, qu’il n’y a pas de dysfonctionnements neurocognitifs, ce n’est pas ça. Ça veut dire simplement que nous préférons mettre en avant ces savoirs plutôt que d’autres, comme ceux par exemple de la psychanalyse ou de la phénoménologie, parce que cela est idéologiquement plus correct.

Antoine Mercier : Et on revient sur votre opposition, notamment, à cette politique systématique d’évaluation au sens de mesure technique.

Roland Gori : Oui, alors, il faut bien voir qu’effectivement le dispositif de servitude à l’heure actuelle, la normalisation des pratiques professionnelles à l’heure actuelle, elle se fait au nom d’une évaluation, au nom d’une évaluation généralisée, comme si avant, il n’y avait pas d’évaluation. Bien sûr qu’il y avait des examens, il y avait des jurys, il y avait de toute façon des commissions qui se réunissaient pour le recrutement des universitaires ou leur promotion.

Antoine Mercier : Donc, on a changé le mode

Roland Gori : On a changé le mode, c’est-à-dire que le mot de signification qui a été vidé de sa signification pour, finalement, en reprendre une autre

Antoine Mercier : Le mot évaluation.

Roland Gori : Oui, c’est le mot et bien sûr la procédure c’est-à-dire que avant, par exemple, pour aller très vite, l’évaluation qu’est-ce que c’était ? C’était donner une valeur après en avoir parlé avec d’autres, d’un acte, d’un produit, d’un article, d’une recherche. L’évaluation, maintenant, c’est la mesure d’un écart à un standard, et un standard qui nous vient, il faut bien le dire quand même, du monde Anglo-saxon, c’est-à-dire que quand on parle par exemple de communication dans des revues internationales, ça veut dire une publication dans des revues États-Uniennes. 98% des revues indexées, si vous voulez, dans les bases de données bien cotées, c’est-à-dire les bonnes marques, sont d’origine États-Uniennes. Donc, c’est une façon de nous amener à incorporer la pensée culturelle, sociale, civilisationnelle des États-Unis.

Antoine Mercier : Alors, on va reparler de tout ça dans notre conversation pour le bonus Internet mais, un tout petit mot encore, on a quelques secondes, sur ce que vous avez appelé la crise de la parole parce que ça, c’est aussi central dans la crise que nous connaissons : crise de confiance, crise dans la parole, dans la fonction de la parole. En quelques secondes si c’est possible.

Roland Gori : En quelques mots ça va être très difficile mais on va quand même essayer. Et si vous voulez, il est évident qu’à l’heure actuelle, on est quand même on va dire, dans un fétichisme des chiffres, un fétichisme des indicateurs, comme si la qualité de quelque chose était une propriété émergente du nombre ou du chiffre. On est dans une civilisation numérique. Bon, alors, il y a des aspects très positifs, il ne s’agit pas bien évidemment de revenir en arrière, on n’est pas nostalgiques ou ringards, ce n’est pas le problème. Ça veut dire simplement, si vous voulez, que quand même, les fondements même par exemple, de notre démocratie s’établissent sur la distribution d’une parole où la pourrait-on dire, l’autorité, provient de la capacité de convaincre c’est-à-dire de convaincre par des arguments à la fois logiques et rhétoriques et non pas de contraindre. Vous savez que pour les Grecs, n’est-ce-pas, pour la démocratie grecque, en quelque sorte, contraindre sans convaincre était une forme de barbarie. On peut se demander si aujourd’hui, avec en quelque sorte la dictature des indicateurs quantitatifs et des chiffres, qui se sont d’ailleurs révélés faux, c’est-à-dire qui, quand même relèvent de l’imposture

Antoine Mercier : C’est ça la faille

Roland Gori : Voilà si nous ne sommes pas dans une forme nouvelle, light, de barbarie.

Antoine Mercier : Voilà ! Merci beaucoup Roland Gori, on vous retrouvera donc ce soir dans la Cour Soulages du Rectorat Montpellier, vous serez en compagnie de Jean-François Copé, Alain Gérard Slama et Alain Krivine, qui n’ont que le prénom de commun On va poursuivre donc notre conversation pour le site Internet et demain on recevra Olivier Mongin, qui est le directeur de la revue Esprit.

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Antoine Mercier : « D’autres regards sur la crise », on poursuit notre conversation avec Roland Gori, pour le site Internet de France Culture. Roland Gori, j’aimerais bien qu’on reprenne le problème, j’allais dire, par le haut. On a parlé tout à l’heure de L’Appel des appels, on pourra revenir sur ce que ça devient, la stratégie que ça occasionne [interruption suite à un problème technique de sonorisation] pour voir où tout cela peut aller parce qu’il y a la critique, le temps de la critique et peut-être aussi le temps de la construction. Mais je voudrais reprendre la question par le haut de cette crise, qui nous occupe aujourd’hui, et vous aviez dit il y a quelques temps qu’il y avait un problème au niveau de la temporalité des choses et même vous avez parlé de « mépris de la temporalité », comme symptôme ou comme manifestation de la crise d’aujourd’hui. Est-ce que vous pouvez développer ce point qui me paraît évidemment central ?

Roland Gori : Alors, je crois que nous sommes dans une civilisation qui a tendance à idéaliser l’immanence, c’est-à-dire l’instant. Je vais peut-être prendre volontairement l’exemple, me risquer sur l’espace de votre métier, le journalisme. Au niveau du journalisme – je ne parle pas de France Culture, bien évidemment

Antoine Mercier : Naturellement !

Roland Gori : Bien sûr ! Le journalisme est quand même à l’heure actuelle dans une culture du fait divers qui a tendance à produire d’ailleurs une politique à partir des faits divers, c’est-à-dire c’est un peu comme si nous ne nous donnions pas la perspective de l’histoire, de la tradition et de la temporalité. Alors, je crois que ce rapport au temps c’est aussi, nous le savons, un rapport ontologique, un rapport à l’être, c’est une façon aussi de désavouer que nous sommes à la fois des êtres mortels, que nous avons à assumer quelque chose de notre rapport à la mort, nous avons à assumer également notre rapport à l’histoire et que notre vie est pourrait-on dire, une histoire qui ne cesse de se construire et finalement d’assumer un héritage sans testament, pour plagier René Char. Je crois que nous sommes davantage aujourd’hui, et ça fait le lien un peu avec la question de la marque, avec la question de la mode, avec la question, si vous voulez, des réactivités immédiates, nous sommes dans une culture d’un nouveau capitalisme qui insiste davantage sur la réactivité immédiate, sur l’instant, sur la consommation. Nous ne cessons d’être dans des existences qui se consomment elles-mêmes. Lacan disait d’ailleurs que « le capitalisme se consume en se consommant » et je crois qu’il y a là vraiment une parole très vraie.

Antoine Mercier : Alors, on a évacué toutes ces grandes questions métaphysiques finalement. Pourquoi ? Comment on en est arrivé là, au niveau idéologique même ? Comment le système, que vous décrivez, a pris le pas sur l’ontologie ?

Roland Gori : C’est vraiment très difficile, en quelques minutes, d’essayer de tracer le parcours qui nous a amenés si vous voulez, à cette étape. Mais je crois qu’incontestablement nous sommes, si vous voulez, dans une étape d’une civilisation de l’homme économique et tout à l’heure vous parliez de l’Appel des appels L’Appel des appels, c’est finalement un mouvement d’opposition social et culturel qui proteste, quand des professionnels se voient imposés des réformes qui visent à décomposer et à recomposer leur métier au nom de valeurs d’un homme économique, d’un homme calculateur, d’un homme performant, d’un homme mesuré sur ses prestations, sur ses performances, alors même que ces valeurs ont fait la preuve de leur échec et de leur toxicité sur le marché même qui les a générés, c’est-à-dire le marché financier.

Antoine Mercier : C’est pour ça que la crise a ouvert finalement cette perspective de protestation, parce que c’était un échec du système lui-même, là où il devait précisément apporter le progrès.

Roland Gori : Alors, il est évident, si vous voulez, de mon point de vue en tout cas, que cette crise économique n’est pas seulement une crise économique, n’est pas seulement une crise financière, une crise économique, une crise sociale, c’est aussi une crise politique et c’est aussi une crise éthique, c’est-à-dire que finalement, les valeurs au nom desquelles on a demandé à des individus, à des populations, d’accepter de souffrir, se sont révélées, si vous voulez, fallacieuses. Elles se sont révélées finalement, toxiques. Donc, je crois que et alors, c’est d’ailleurs ce qui est absolument terrible, si vous reprenez les choses du point de vue justement de la gestion politique de la crise aujourd’hui, ce qui est absolument surprenant, c’est que nous entendons une parole politique qui ne montre pas ce qu’elle dit, c’est-à-dire qui, par exemple, va pouvoir se référer aux valeurs du Comité National de la Résistance et en même temps démanteler les services publics, ou en même temps transformer par exemple, la Sécurité Sociale ou l’hôpital dont je parlais, si vous voulez, tout à l’heure. Donc, je crois que c’est vraiment une crise idéologique, au sens que les prescriptions sociales qui étaient faites s’avèrent non légitimes, non fondées et je crois que les gens réagissent par rapport à cela et qu’on ne peut plus leur demander de souffrir en leur disant « demain ça sera mieux et on n’a pas le choix » puisqu’on risque d’avoir un avenir sans lendemain si j’ose dire et on s’aperçoit également que le système qui demande des sacrifices était totalement fallacieux.

Antoine Mercier : Alors, ce système qui demandait des sacrifices, et qui en même temps était vécu comme quelque chose qui s’imposait, comme une nature. Il y avait une naturalisation du système et c’est de ça dont on sort aussi avec la crise sans doute ?

Roland Gori : Alors, il y a cette tendance et là, on revient à cette question du savoir en quelque sorte électif, choisi dans nos civilisations. Pourquoi est-ce qu’on s’intéresse davantage à la génétique ou à la neurobiologie etc. ? C’est sans doute pour, effectivement, nous faire croire que nos comportements sociaux sont naturels, c’est-à-dire je ne dis pas qu’il n’y a pas une détermination biologique, génétique ou autre de nos comportements, je dis simplement que si on insiste uniquement sur le relief génétique ou sur le relief neurobiologique, on a tendance à minorer, à euphémiser les parts sociales, les parts culturelles, les parts subjectives des ces comportements. Donc, si vous voulez, effectivement, ce qui est absolument surprenant, c’est qu’on a tendance à l’heure actuelle, par exemple, avec la neuro-économie, avec le neuromarketing, à considérer que le cerveau fonctionne comme un marché économique. Et donc du même coup, le marché économique pourrait-on dire, pourrait être le prolongement, si vous voulez, de notre fonctionnement cérébral

Antoine Mercier : C’est vrai pour Patrick Le Lay, ça simplement, c’est ça ?

Roland Gori : Alors, pour Patrick Le Lay, ben alors là, on revient à l’histoire de l’information. On pourrait considérer que, finalement, le boulot du journaliste c’est finalement de vendre du temps de cerveau disponible à Coca Cola, et vous vous rendez bien compte que c’est pas seulement, n’est-ce-pas, c’est pas seulement le problème du journalisme, c’est en quelque sorte, le problème du rapport à la pensée, dont le journaliste est en quelque sorte, un acteur principal dans une civilisation au sein de laquelle l’opinion est un objet du gouvernement, privilégié.

Antoine Mercier : Rapport à la pensée parce qu’on peut parler peut-être aussi de crise de la pensée, car ce système que vous décrivez, il ressemble quand même évidemment, sans faire de parallèle, à quelque chose qui ressemble à un totalitarisme soft, on va dire

Roland Gori : Alors, c’est une forme de totalitarisme soft, dès lors qu’on ne tient pas compte c’est un totalitarisme d’ailleurs dès qu’on ne tient pas compte du reste, ou de quelque chose qui serait hétérogène. C’est juste une passerelle, mais par exemple, la manière dont on accueille dans une civilisation l’étrange ou l’étranger, est quand même révélateur si vous voulez, de quelque chose qui est le rapport justement, si vous voulez, à la différence, le rapport à l’autre. Nous sommes dans une civilisation qui désavoue l’autre, pas seulement d’ailleurs, l’autre étranger, mais l’autre tout court, puisque de toute façon, quand, par exemple on fait porter à des enfants de moins de 3 ans, la charge génétique de leur colère, de leurs troubles des conduites, il va de soi que l’on ne tient pas compte des effets que l’environnement peut avoir dans la création de ce trouble. Donc, voilà, mais je ne sais pas si j’ai répondu à votre question Si, peut-être rajouter [] Crise de la pensée que, en tout cas, une civilisation qui, depuis 30 ans essaie de nous initier socialement et culturellement, à une haine de la pensée au profit des faits immédiats comme si les faits pouvaient venir d’eux-mêmes sans une construction, c’est-à-dire, on a quasiment, ça c’est vraiment, on va dire, en germe, dans la modernité, mais alors, ça arrive massivement bien sûr depuis 30 ans, c’est un peu comme si on avait droit à des faits qui soient ventriloques, qui parleraient d’eux-mêmes et ça c’est très vrai par exemple dans le domaine de la psychiatrie ou dans le domaine de la psychologie. On a l’impression qu’on oublie que la manière dont on peut décrire par exemple, les souffrances psychiques et sociales, eh bien, sont, pourrait-on dire, le résultat d’une construction qui est une construction à la fois épistémologique et politique.

Antoine Mercier : Alors, j’aimerais bien qu’on revienne maintenant, à L’Appel des appels, puisque c’est évidemment ce qui est en cours. Ça a été lancé, c’était à quel moment ?

Roland Gori : Ça a été lancé en janvier.

Antoine Mercier : Janvier, c’est ça, donc, on est maintenant plus de 6 mois après avec un écho considérable qui s’est manifesté cette année et c’est là où on a vu que votre prévision, enfin, en tout cas, votre idée générale, était pertinente puisqu’elle a permis de rassembler tous ces professionnels que vous décriviez tout à l’heure : professionnels du soin, du travail social, éducation, justice, information, culture. Qu’est-ce qu’il y a de commun dans tous ces secteurs qui se sont retrouvés dans votre diagnostic ?

Roland Gori : C’est, notamment, les conséquences des réformes désastreuses, qui ont été mises en place, mais qui, encore une fois, ne sont que les symptômes d’une civilisation

Antoine Mercier : Ce n’est pas Sarkozy qui est le problème, c’est ça ?

Roland Gori : Non, non, non C’est, on va dire On peut dire que chaque société a le leader d’opinion qu’elle mérite, qu’on l’approuve ou qu’on ne l’approuve pas, c’est comme ça c’est-à-dire, c’est bien parce qu’on s’étaient habitués Voyez, pour moi, un gouvernement ou un Président de la République, il est autant acteur opérateur d’une civilisation qu’un des effets, un des symptômes. Donc, en quelque sorte, n’est-ce pas, si vous voulez, ça n’est pas le problème lié encore une fois à un Président ou à un gouvernement, ce n’est pas ça le problème. Je crois que l’Appel des appels, c’est le constat, encore une fois, qu’on normalise des professionnels afin qu’eux-mêmes normalisent des individus et des populations pour leur faire incorporer des valeurs comme les valeurs par exemple, de performance, comme des valeurs

Antoine Mercier : Alors, qu’est-ce que vous avez parce que là, allons dans le détail Qu’est-ce que vous avez contre la notion de performance ? Après tout, ou même d’évaluation, qu’est-ce que ça ça s’oppose à quoi ? Une autre vision que vous avez, vous, de l’humain ?

Roland Gori : Non La notion de performance Encore une fois, une notion de performance mesurée comme elle est mesurée, on s’aperçoit qu’elle peut être contreproductive. On peut dire que la crise financière, il y avait des agences de notation et ces agences de notation, eh ben finalement, elles ont cautionné, elles ont cautionné si vous voulez, le désastre qui se préparait. Donc, ça veut bien dire que le caractère commensurable des indicateurs ne donne pas pour autant leur validité. Je crois que c’est un point important, on le retrouve dans le domaine de la recherche, je l’ai déjà dit, dans le domaine de l’Université, on le retrouve dans le domaine du soin. Je vais prendre un exemple concret, qui est un exemple, si vous voulez d’un article des professeurs Dreyfus, Grimaldi et du docteur Marie-José Del Volgo, qui va paraître dans l’ouvrage de L’Appel des appels, qu’on va faire paraître à la rentrée, chez Fayard, qui est coordonné par Barbara Cassin, Christian Laval et moi. Cet exemple est le suivant : Si vous prenez, par exemple, la performance au sens d’une tarification de l’activité de quelque chose de très instrumental, vous avez un patient diabétique qui arrive avec une artérite et le risque d’un membre inférieur qui se gangrène, donc, ou bien vous tentez de « sauver » – entre guillemets – ce membre, ou bien vous l’amputez. Du point de vue, pourrait-on dire du soin, il va de soi que dans la vocation même du médecin, il vaut mieux tout faire pour sauver, n’est-ce pas, le membre, même si on y passe du temps et même si techniquement parlant c’est plus compliqué. Du point de vue si vous voulez, du pôle de production de l’hôpital, c’est plus rentable de l’amputer. C’est-à-dire que la notion de performance, c’est en quelque sorte, si vous voulez, le découpage de nos vies et de nos actes, en termes de séquences techniques qui sont, pourrait-on dire, avec une plus ou moins grande valeur financière. Et je crois que quand vous prenez le rapport Larcher ou le rapport Valenciennes sur le mode, sur la réforme du mode de gouvernance à l’hôpital, la notion du manager, de patron, la notion de production de soins, la notion d’une éthique entrepreneuriale – c’est dans les textes mêmes -, eh bien, vous voyez bien que là, nous avons en quelque sorte une conception de la performance qui se fait aux dépends de l’humain et la réaction des praticiens et des professionnels de l’Appel des appels, c’est de dire « nous ne voulons pas être instrumentalisés pour, finalement, voir nos métiers recomposés selon des finalités qui ne sont pas celles-là mêmes qui les ont fondés, comme le soin, l’éducation, la justice, etc. »

Antoine Mercier : Alors Beaucoup de succès mais aujourd’hui, alors, parce qu’on essaie de se resituer dans l’été, certes, c’est l’été donc les vacances, mais on a quand même le sentiment que ce qui avait démarré dans les premiers mois de l’année, qui avait été très fort au niveau de la réflexion ou de l’émulation, est un petit peu retombé, comme s’il y avait une reprise en main, en tout cas, bon, le G20 etc. « on fait quelque chose, rassurez-vous et ça va repartir ». Est-ce que vous n’êtes pas inquiet pour l’avenir de ce mouvement ?

Roland Gori : Alors. Non, je ne suis pas inquiet. Simplement, vous voyez combien nous sommes colonisés par une novlangue qui nous amène à penser en termes de résultats. La culture des résultats, nous l’avons même dans l’opposition sociale et politique, parce qu’en gros vous me dites : là ça retombe. Non, ça se poursuit dans la durée. Nous ne sommes pas dans une culture du résultat immédiat. Bon, alors bien sûr, au 104, en janvier on avait 1000 personnes. Bien sûr, à Montreuil en mars on avait 1000 personnes, à La friche de la belle de mai à Marseille on avait 1000 personnes

Antoine Mercier : Et même à Montpellier

Roland Gori : À Montpellier on avait 350 personnes etc. Mais on ne va pas tomber dans le fétichisme du chiffre, alors même que c’est justement, si vous voulez, ce fétichisme-là qu’on dénonce. Simplement, se créent des comités locaux. Un numéro de Cassandre sur l’Appel des appels a fait état d’un certain nombre déjà de débuts d’analyse. Je vous ai annoncé un ouvrage chez Fayard à la rentrée. Nous travaillons dans la durée. Des comités locaux se mettent en place, une association s’est créée et nous voulons nous donner le temps de la réflexion puisque nous considérons qu’au sein même de nos métiers c’est ce que l’on tend, essentiellement, n’est-ce pas, à mettre en cause, c’est-à-dire qu’on nous laisse le temps. On nous demande de justifier ce que l’on fait parce qu’il faut bien quand même le dire, nous sommes dans un système très sécuritaire, un système qui s’intéresse non seulement à la performance, mais à la visibilité de la performance et à sa traçabilité et ça c’est le problème essentiel, parce que ça transforme nos métiers en dispositifs de servitude et c’est ce à quoi l’Appel des appels veut faire objection.

Antoine Mercier : Alors là, vous faites objection, vous êtes dans une position critique. À un moment donné va se poser la question peut-être de tracer des pistes, des propositions, non ? Il n’en est pas question du tout ou est-ce que c’est encore de l’utilitaire ? [Rires]

Roland Gori : Alors c’est de l’utilitaire. [Rires] C’est de l’utilitaire, mais il va de soi que nous nous constituons aussi comme un observatoire citoyen de ce qui se passe et en particulier dans l’espace public, puisque je vous l’ai dit et je le répète, ce qui m’a frappé dans l’histoire de l’Appel des appels c’est d’abord que finalement les mots qui ont surgi ont su de nous ce qu’on ne savait pas d’eux si j’ose dire, puisque ça a eu un effet

Antoine Mercier : Ça a dépassé un peu

Roland Gori : Ça a dépassé totalement, bien évidemment, nos attentes et que, d’autre part, si vous voulez, on veut être dans un temps également, de laboratoire, d’analyse, d’idées, et nous avons eu des rencontres avec des représentants syndicaux, nous avons des invitations sur les médias, vous connaissez, puisque vous avez bien voulu m’inviter, bon, nous avons des dialogues avec les politiques lorsque nous avons été invités c’est-à-dire que nous pensons que nous n’avons pas à nous substituer ni aux formations politiques, ni aux formations syndicales, que nous pouvons finalement leur faire part de l’analyse du vécu de professionnels, qui ne sont pas directement branchés sur la production et qui participent à la construction d’un espace public. Et ce qui nous a frappés, c’est ça : c’est essentiellement le besoin de témoignage, le besoin de partage, le besoin d’analyse et puis le besoin de fraternité. Souvenez-vous quand même de La Boétie, n’est-ce pas, son discours sur la servitude volontaire. Qu’est-ce qui peut faire objection à la servitude volontaire ? C’est justement l’amitié, ce qui est l’autre nom de l’amour. C’est la fraternité. Il y a véritablement, si vous voulez, un besoin dans notre pays, – et ça, je pense que les hommes politiques quel que soit leur bord, pourraient s’en réjouir -, il y a un besoin de se réapproprier collectivement l’espace public qui avait été pourrait-on dire occupé par une pure gestion administrative, technique et comptable jusqu’à ces derniers mois.

Antoine Mercier : Merci beaucoup – on reste là-dessus – Roland Gori, d’avoir accepté notre invitation. Donc, je rappelle qu’est paru en poche votre livre qui s’appelait La santé totalitaire, Roland Gori, Marie-José Del Volgo. « Essai sur la médicalisation de l’existence », donc c’est chez Gallimard Champs Essais Flammarion, pardon, Champs Essais. Merci beaucoup, encore une fois d’avoir accepté notre invitation.

Roland Gori : Merci.

Transcription de Maryse Legrand, psychologue clinicienne, de l’entretien