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19 août 2013

pychiatrie : réticence de réforme à gauche André Bitton

aménagements modestes

par Philippe Grauer

C’est tout ce qu’on peut attendre en matière de psychiatrie de la part du gouvernement socialiste. On l’a vu lors des Assises des 39 en juin 2013, quand il apparut clairement que la Ministre MS Touraine entérinait les positions de la HAS prises sous la présidence précédente en matière d’autisme, l’État intervenant à la demande des parents usagers militant au bénéfice de la méthode comportementaliste à l’exclusion spécifiée de la psychanalyse à l’hôpital dans ce domaine, arrachant l’autisme à la clinique du sujet pour le tout comportementalo éducatif.

Les 39 pèsent mais de quel poids au juste ? André Bitton explique que leur pression reste faible et que les usagers devront se battre pied à pied, point de détail par point de détail, en position de faiblesse politique. Les « professionnels en lutte » sont les psychiatres à sensibilité relationnelle, variété 39, qui se voient logés à la même enseigne puisque aucune réforme d’envergure de la psychiatrie n’est actuellement envisagée.

Ne jamais oublier que le carré psy constitue une structure solidaire. Nous psychopraticiens relationnels sommes concernés, quoique nous recevions des personnes en malaise et non des malades (cumul toujours possible), par la santé mentale, le statut et ce qu’on pourrait appeler le système de la folie.

le contexte polémique

À ce propos garder en mémoire l’opposition distinctive entre naturalisation neuro-logique (posture scientiste) vs. intentionnalité d’une conscience (subjectivité : posture humaniste), le point de vue naturaliste oubliant les explications par le sens au profit de celles par les causes. Les allusions dans le texte aux « lobbies de la psychiatrie biologique » (naturaliste) « et répressive » renvoient à la polarisation actuelle entre deux visions du monde de la psychiatrie : neurologisée en maladie mentale (problématique scientiste) ou, second terme de l’alternative, dynamique de subjectivation (problématique humaniste, relationnelle).

voir également

– Laure Murat, Autisme – les méthodes qui marchent : vers quoi, en tournant le dos à quoi ?? [mis en ligne le 13 juin 2013]
– Henri Rey-Flaud, Sortir de l’autisme. Parents, ces vérités qu’on vous cache, Paris, Flamarion, 2013, 139 p., 16 €.-


André Bitton

Médiapart]

Édition : Contes de la folie ordinaire

La gauche a-t-elle jamais eu la volonté de réformer en profondeur l’institution psychiatrique ?

Médiapart – 16 août 2013

par André Bitton

Résumé : Mme Marisol Touraine avait clairement dit, l’été 2011 à une délégation du Collectif des 39, que pour elle, la psychiatrie n’est pas un terrain politique, et que la loi du 5 juillet 2011, selon elle, était applicable.

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La gauche a toujours été très réticente à réformer sur le terrain psychiatrique

Jack Ralite, ministre communiste de la santé de 1981 à 1983, n’a pas pu mener à bien sa réforme de la loi du 30 juin 1838, amorcée en 1982 avec la commission Demay, du fait du tournant de la rigueur de 1983 et du retrait des communistes du gouvernement P. Mauroy (sous F. Mitterand premier septennat).

Pour preuve également, la loi du 27 juin 1990 (F. Mitterand 2e septennat, Claude Evin, ministre de la santé, Michel Rocard premier ministre), réformant et modernisant la vieille loi du 30 juin 1838, qui n’a jamais été qu’une modernisation de la loi de 1838.

Ce sont les mouvements de patients involontaires, d’internés abusifs et illégaux, qui ont contraint aux seuls versants positifs de la loi du 5 juillet 2011, par QPC(1) interposées, par des censures du Conseil d’État et de la Cour de cassation, par des arrêts de la CEDH(2) condamnant la France, accumulés depuis les années 90. La proposition de loi actuelle du député M. Denys Robiliard est elle-même issue d’une QPC d’un mouvement de patients contraints (Conseil constitutionnel, décision CRPA, QPC n°2012-235, 20 avril 2012). Soyons très clairs sur ce point.

Mme Marisol Touraine avait clairement dit, l’été 2011 à une délégation du Collectif des 39, que pour elle, la psychiatrie n’est pas un terrain politique, et que la loi du 5 juillet 2011, selon elle, était applicable.

De plus, le courant sécuritaire du ministre Manuel Valls qui est tout de même dominant au PS, bloque, côté socialiste, une réforme plus ample. Cela se voit clairement sur le volet d’une réforme pénitentiaire, malgré les résultats de la conférence de consensus sur la récidive qui vont contre le tout carcéral.

Néanmoins, cela devrait continuer de bouger en 2014, sur le versant de l’organisation des soins sur le terrain psychiatrie-santé mentale, et donc sur l’articulation médical – médico-social – social, selon les engagements solennels de la Ministre M. Touraine.

Aux acteurs du terrain de continuer à faire pression pour que le pouvoir socialiste continue de réformer ce terrain, même par petits bouts, par des rapports de force successifs.

On verra également que le député PS Denys Robiliard, appartient à un courant de la gauche du PS (le courant Benoît Hamon : « Un monde d’avance »), et qu’il a obtenu ce qu’il pouvait obtenir de la direction du groupe socialiste à l’Assemblée nationale et du Gouvernement actuel qui est dominé par le courant « Hollandais », qui est libéral-social démocrate.

De notre côté, du côté du CRPA et coalitions alliées, nous constatons que la proposition de loi en cours d’adoption fait tomber une bonne partie du régime dérogatoire instauré avec la loi du 5 juillet 2011, qui a mis sur pied d’authentiques perpétuités psychiatriques pour de non criminels (collège de soignants interne à l’hôpital, et collège de deux experts psychiatres extérieurs à l’établissement, pour tout élargissement de patients « médico-légaux », inclus les simples internés en UMD(3) sans qu’ils aient été déclarés pénalement irresponsables), et qu’elle légalise le considérant 12 de la décision du Conseil constitutionnel du 20 avril 2012 sur QPC du CRPA, qui dit que sous programme de soins ambulatoires ou en hospitalisation à temps partiel, aucune contrainte ne peut être exercée. Cela ébranle la logique de la contrainte aux soins telle que l’UMP avait voulu l’instaurer avec notamment des possibilités de contrainte aux soins à domicile. Ce que donc nous avons obtenu du Conseil constitutionnel sur QPC du 20 avril 2012.

Par ces quelques biais, la logique purement sécuritaire et hygiéniste de la loi du 5 juillet 2011, qui avait déjà été ébranlée par les QPC du 26 novembre 2010 et du 9 juin 2011, est remise en cause.

La question d’une remise en cause plus ample de l’organisation de la contrainte psychiatrique reste donc ouverte. Le champ des possibles est actuellement ouvert et dépendra de l’évolution de la jurisprudence et donc des luttes juridiques menées sur ce terrain, comme des échos politiques qui pourront être donnés. C’est aux luttes des patients et anciens patients involontaires qu’on le doit, ainsi qu’à nos connexions avec les professionnels en lutte, mais certainement pas à l’UNAFAM(4) qui s’est située en sens inverse, contre nous, en adversaire habituel, évident, solidaire de FondaMental(5) et des lobbies de la psychiatrie biologique et répressive.

Je tenais à préciser tout cela pour mémoire.

voir aussi

– site du CRPA

– l’article publié en page d’accueil de Mediapart le 13 août 2013.