Une discipline consiste en un champ autonome du savoir, une identité scientifique avec ses modes de conceptualisation, son épistémè, sa méthodologie, sa recherche, son type d’intervention, son éthique, une anthropologie sous-jacente, une histoire, une relation avec son voisinage, des perspectives, un devenir.
Elle peut être revêtir un caractère universitaire officiel, subreptice ou parasitaire (ainsi la psychanalyse en France).
La psychothérapie relationnelle en tant que discipline se caractérise par (liste non exhaustive) :
– une conception particulière de la relation et des rapports humains
– une méthodologie de l’implication du professionnel en relation de travail
– des règles d’encadrement et de cadrage relationnel
– un mode clinique et un type de sensibilité spécifique
– une prise en compte de la dimension inconsciente de la relation
– une conception de l’apprentissage et de l’éducation
– une conception de l’évolution et du changement
– une prise en compte de la dimension émotionnelle du comportement humain
– une définition du processus par lequel la personne accède à un savoir de soi comme être relationnel
– une conception du sujet
– une conception du processus d’autonomisation
– une philosophie de la psychopathologie
– une représentation de l’univers du sens
– une anthropologie
– une clinique de l’implication
– une éthique et un corpus de règles déontologiques
– une méthodologie de l’observation participante
– une philosophie de la recherche
– un mode de professionnalisation.
Elle représente l’alternative d’une psychothérapie du soin non médical (du souci de soi), axée sur la relation au sens plein et méthodologique du terme (la relation comme ressort du processus de changement), alternative donc à la psychothérapie psychologique ou médicale actuellement professionnalisée sous le titre de psychothérapeute (terme pris dans sa nouvelle désignation institutionnelle). Ces deux champs disciplinaires se répartissent (et éventuellement conjugent, au risque de situations paradoxales) dans le cadre du carré psy.
Au sens où nous l’entendons une discipline peut inclure plusieurs méthodes et non l’inverse. La discipline désigne un vaste champ de référence comportant un modèle métapsychologique, la référence d’une anthropologie (théorie générale de l’être humain), une véritable doctrine, corps de savoir et d’enseignement, qui peut bien entendu comporter des incohérences là n’est pas la question, une importante littérature de référence, une aire de dispute interne et externe, une capacité critique et au débat, une clinique spécifique.
Ni la psychanalyse, hébergée en psychologie et en psychiatrie à l’université, ni la psychothérapie relationnelle, ne constituent au sens universitaire du terme, des disciplines, dûment pourvues de chaires et de filières aboutissant au doctorat et à la recherche dans leur matière.
Cela pose la question du statut disciplinaire institutionnel de ces… disciplines, dont la formation s’effectue dans des Sociétés et Écoles non universitaires, ce qui s’explique pour une part importante par leur caractère implicatif. Leur savoir comporte une part importante de savoir être, d’un savoir-faire et d’un savoir faire être qui lui sont directement corrélés, ce non-savoir, cette expérience de soi en relation avec un ou plusieurs autres – qu’on pourrait dire savoir relationnel, ne relève pas du type de savoir (rationalité procédurale – qu’il n’ignore pas pour autant) administré par l’université.
La médecine pourtant, avec sa clinique, et après elle et selon son modèle une certaine psychologie (d’inspiration psychanalytique, comme on se retrouve !), sembleraient avoisiner la problématique de l’intersubjectivité, apanage de nos deux disciplines rebelles.
En fait non, l’équation personnelle — avoir traversé soi-même une longue expérience psychothérapique ou psychanalytique, n’entre pas dans le cadre universitaire et même s’y adjoint mal, institutionnellement parlant. L’autre partie, l’apprentissage clinique proprement dit, n’est pas non plus toujours assuré, en particulier en psychologie, convenablement par les stages quoi qu’on en dise.
Il reste aux méthodes intéressées la responsabilité scientifique, morale et institutionnelle de s’autoréguler avec la rigueur nécessaire, et à revendiquer le statut de spécialités extra universitaires en qualité de sub-disciplines de la dynamique de subjectivation via la relation intersubjective, prenant en compte d’une manière ou d’une autre l’hypothèse de l’inconscient et du transfert.
Leur articulation avec l’université peut se concevoir, à condition que cette dernière y soit prête, ce qui est loin d’être actuellement le cas, au grand dam des deux parties. Il y eut bien une expérience historique de ce type, avec en France au lendemain de la Seconde guerre mondiale l’hébergement de la psychanalyse au sein de la psychologie clinique (Dr. Lagache) et son alliance temporaire avec la psychiatrie, massivement impulsée par le Dr. Jacques Lacan. La contre-offensive « athéoriciste » à base neuronique et comportementaliste condensée dans les nouveaux DSM mit fin à ce précaire équilibre.
Chacun reprenant ses billes dans la nouvelle donne de l’après Accoyer, les deux disciplines jumelles du processus de subjectivation sont en train de se repositionner, la psychanalyse à l’ombre du statut de psychothérapeute de nouvelle désignation, la psychothérapie relationnelle hors de la zone de paramédicalisation médecine+psychologie. La figure structurelle du carré psy demeurant intacte – ce qui nous donne en tout et pour tout strictement quatre disciplines cardinales.
Le terme discipline demeure flottant. Comme tous les autres. Le présent effort terminologique vise à constituer un cadre d’appellations suffisamment définies pour permettre de mieux fixer et déterminer un corps de concepts et de désignations pratiques permettant de s’entendre, ce qui n’est pas du luxe au vu des combinaisons qui foisonnent.
Philippe Grauer
il s’agit d’un réseau sémantique, c’est l’ensemble du maillage qui fait sens et construit le concept.
– accréditement
– autoréglementation
– reconnaissance
– confirmation
– reconnaissance par les pairs
– discipline
– certification
– diplôme
– légitimation
– métier
– profession
– méthode
– pluralisme
– multiréférentialité
– psychanalyse intégrative
– psychanalyse multiréférentielle
– psychopraticien relationnel
– psychopraticien relationnel®
– psychopraticien multiréférentiel®
– société savante
– titre
– titres
– altertitre
– titularisant
– titularisation
– terminologie
Entrée en date du 30 octobre 2008 – mise à jour le 4 octobre 2011 – 2 décembre 2011 – 14 septembre 2012 – 20 décembre 2012 – 30 avril 2013 – 11 mars 2014 – 14 mai 2015 –
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