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titre
– Philippe Grauer, Titre de psychothérapeute – une mécanique institutionnelle complexe
la psychothérapie & les psychologues
– Philippe Grauer, éthique & psychothérapie : de la psychopathologie à l’autoproclamation [7 novembre 2013].
– Philippe Grosbois, Éthique et psychothérapie : principe de parité versus principe de compétence
terminologie
GLPR

Tout le monde dans le cadre du Carré psy se livre à de la psychothérapie. La seule qui vaille étant celle que celui qui écrit ou prononce le terme pratique lui-même. On peut, suivant un principe classificateur proposé par Jean-Michel Fourcade distinguant objectivité / subjectivité, scinder le champ de la psychothérapie en deux zones épistémologiques et éthiques distinctes.

Un fois cette taxinomie établie, on peut procéder aux mixages en procédant avec un minimum de rigueur mais on sait mieux où on est, où l’on va, où on en est, à chaque cas particulier. La question de l’emploi du pluriel pour désigner la psychothérapie trouve une première réponse si l’on considère qu’il en existe au moins de deux sortes.

– 1) le champ disciplinaire des psychothérapies prescriptives issues d’un savoir construit sur le modèle des sciences de la nature par la méthode expérimentale : psychologie expérimentale, neuropsychiatrie, thérapies comportementales et cognitives, thérapie systémique. La formation correspondante, sanctionnée par un diplôme (à l’issue en psychologie d’un véritable concours qui ne dit pas son nom, et ne s’annonce donc pas au départ), s’effectue par enseignements théoriques et stages. Les praticiens formés à ces psychothérapies sont les psychiatres et les psychologues cliniciens qui reçoivent leur formation théorique dans le cadre de l’université et leur formation pratique au cours de stages. Ils utilisent des protocoles ne nécessitant pas une expérience psychothérapique personnelle. La médecine a entrepris de régir l’ensemble de ce champ, ce qui conduit à la médicalisation de l’existence.

– 2) le champ disciplinaire psychanalytique et psychothérapique du transfert et de la relation

a) la psychanalyse dans sa diversité (freudienne, kleinienne, lacanienne, etc.), et ses déclinaisons psychothérapiques (à base de transfert et d’écoute de l’inconscient) selon les écoles. Mais la psychanalyse étant pratiquée essentiellement par des psychologues et psychiatres, se voit subrepticement inféodée à leurs institutions universitaires de référence, ce qui ne va pas sans la gauchir dans son identité disciplinaire (corporatisme, psychothérapisme) et qu’au sens rigoureux du terme on serait justifié de parler de psychiatrie psychanalytique et de psychanalyse psychologique.

Étant constant que l’appellation professionnelle psychiatre-psychanalyste ou psychologue-psychanalyste dissimulée dans la pratique d’un mot pour un autre aboutit à un brouillage du cumul de deux disciplines l’une universitaire l’autre non, qui perdure avec la survenue du titre réservé aux psychologues et psychiatres de psychothérapeute au sens nouveau du terme (agrémenté du port de ce titre par un certain nombre d’ex psychothérapeutes d’avant 2010, période durant laquelle ce terme désignait le nom de métier des actuels psychopraticiens relationnels).

b) le groupe des écoles relevant de la psychothérapie relationnelle.

Issue des théories de la psychologie humaniste américaine, sur la base du constat de l’inadaptation de l’application à la psyché humaine de la méthode expérimentale propre aux sciences de la nature, la psychothérapie relationnelle a construit son paradigme sur le principe implicatif (participatif) de la méthode expérientielle. Elle voisine la psychanalyse en l’infléchissant selon des méthodes actives et à médiation, adossée au principe de la phénoménologie. Mais pas seulement. Certaines méthodes ignorent à peu près tout de la psychanalyse en tant que corpus théorico-clinique (1). Développée dans les années 1970 sous le nom pluriel de Nouvelles Thérapies (2), différenciée de la psychanalyse dont elle est pour une part importante issue, elle en a conservé les fondements, le cadre et les modalités de formation, et en est demeurée épistémologiquement parente. Actuellement elle est en passe d’hériter de l’extra-territorialité dont la psychanalyse s’était fait un privilège.

Ainsi la psychanalyse, discipline de l’inconscient, dans sa diversité, et – post-freudienne –, la psychothérapie relationnelle, discipline de la relation, peuvent, conceptuellement regroupées, se voir considérées comme ressortissant d’un courant épistémologique unique, œuvrant à la dynamique de subjectivation, paradigmatique des méthodes de type prescriptif objectiviste et cognitiviste.

Ces deux disciplines du psychisme axées sur la subjectivité et l’intersubjectivité, privilégient en effet essentiellement la relation thérapeute-patient comme ressort du changement. Ce qui impose à leurs praticiens un type de formation et d’entraînement spécifique, consistant

a) à effectuer un travail psychothérapique ou psychanalytique personnel préalablement ou concurremment à l’acquisition des connaissances théoriques et méthodologiques propres, et à l’engagement dans une formation pratique.

b) à apprendre leur métier selon un principe de transmission et d’entraînement différent de celui engagé avec les futurs psychologues et psychiatres, différences entre ces deux professions comprises, dans le cadre du cursus universitaire – même avec des stages pratiques en hôpital. Il s’agit d’entraîner et familiariser le futur professionnel avec, en situation transférentielle, la conduite du contre-transfert, et, toujours en relation, celle des processus de maturation et de changement.

De la sorte, les ex psychothérapeutes relationnels (ainsi dénommés jusqu’à l’application de la nouvelle loi) – aujourd’hui psychopraticiens relationnels –, à l’instar des psychanalystes, ont généralement reçu une part de leur formation théorique et à la recherche dans le cadre universitaire (pas obligatoirement en psychologie), et procédé à leur formation – théorie, méthode et apprentissage spécifique – dans le cadre d’écoles ou sociétés professionnels privées. Ceci du fait capital qu’elles engagent une implication personnelle et expérientielle que le cadre universitaire, centré sur la rationalité procédurale, ne permet pas de mettre en œuvre. Actuellement, en situation de reconversion, les futurs psychopraticiens relationnels reçoivent l’ensemble de leur formation dans une école privée. À noter qu’inversement psychiatres et psychologues recourent à ces mêmes Écoles lorsqu’ils souhaitent pratiquer légitimement la psychothérapie relationnelle.

Au bout de compte on peut dire que les quatre professions du psychisme (psychiatre, psychologue clinicien, psychanalyste, psychothérapeute d’ancienne dénomination) pratiquent la psychothérapie (3), au sens générique du terme – heureusement non précisé. On parlera ensuite de psychothérapie mono méthodique, poly méthodique dans le seul cadre de la relationalité, inter méthodique ou plus rigoureusement parlant inter disciplinaire, en combinant des méthodes issues des deux grandes familles disciplinaires prescriptive et relationnelle.

Sur le terrain la coopération entre professionnels d’obédiences épistémologiques variées a fonctionné de façon positive avant la nouvelle réglementation du titre de psychothérapeute par l’article 52 de la loi du 9 août 2004, et se poursuit, malgré les blocages corporatistes de la part d’universitaires imbus de leurs sentiments de supériorité [débat clos depuis avec la loi HTPS du 21 juillet 2009]. Le public a besoin de tous, et pour notre part nous nous plaisons à souligner que nous ne nous sentons pas trop inutiles à son service.

Si préalablement à ce texte il n’existait aucune réglementation légale en la matière, ceux qui prirent à partir de 2001 le nom de psychothérapeutes relationnels [appellation périmée depuis, remplacée par celle de psychopraticiens relationnels, psychothérapeute relationnel est encore possible, réservée aux psychothérapeutes de nouvelle désignation qui se réclament légitimement de la psychothérapie relationnelle® ou du SNPPsy.], conscients de la nécessité de procurer au public la garantie d’une éthique et d’un professionnalisme conséquents, avaient mis en place depuis bientôt un demi siècle l’encadrement de leur profession. Ils s’étaient regroupés pour créer successivement deux syndicats, le PSY’G (1966 / 75) puis le SNPPsy (1981), puis deux fédérations, la FFdP (1996) puis l’AFFOP (1998) (4), tous organismes promouvant les Cinq critères de reconnaissance de leurs praticiens, regroupés depuis 2011 dans le cadre du GLPR.

Cinq critères

– avoir suivi un travail psychothérapique (ou psychanalytique) personnel accompli pour professionnels
– avoir reçu une formation spécifique de haut niveau (incluant la psychopathologie nécessaire)
– suivre une supervision et formation permanente durant toute leur vie professionnelle
– adhérer à un code de déontologie spécifique
– avoir été confirmé par un collectif historique de pairs expérimentés.

C’est sur la base de ces cinq critères qu’un processus de titularisation des professionnels par une Commission de pairs expérimentés d’une part, et d’agrément des organismes de formation d’autre part, fut mis en place, enregistrant professionnels et organisations sur des annuaires publics.

Philippe Grauer

11 août 2011 – 22 juillet 2012 – 15 novembre 2013 –

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